— Oliv ?

— Excuse-moi, Dan ! J'étais dans les nuages, dis-je en sortant de mes pensées.

— Tu étais très loin. On dirait que tu as vu un fantôme, se moque-t-il.

— Pas loin. J'ai parlé avec un fantôme.

— Besoin d'en discuter ?

Oh j'aurais tellement de choses à dire mais te parler d'Isa, là pour l'instant...

— Pas dans l'immédiat. Tu disais quoi ?

— Il va se passer quoi après ?

—  On continuera à se voir. On va faire d'autres trucs, mec.

—Tu crois réellement que j'oserai débarquer chez eux, comme ça ?

— Non, bien sûr. Tu les appelles pour voir quand tu peux passer, et tu passes.

— Franchement. En dehors d'ici, ils s'en foutront de ma gueule.

— N'importe quoi, ma poule ! Je me fous pas de ta gueule ! s'esclaffe Nicolas en lui ébouriffant les cheveux amicalement.

— Ouais, bien sûr. Toi, Nicolas tu es presque comme nous ! Mais Peter, Franck. Je ne suis pas un mec très malin...

— Ça c'est certain ! Tu es con, aussi, réplique Nicolas mort de rire. Dan, toi et les gars, vous pouvez débarquer
à la maison quand vous voulez.

— Et Amy va être d'accord avec ça, tu crois ?

— Bien sûr. De toute façon, je vais faire appel à vous. Pour me filer un coup de main pour des travaux. Les garçons ont besoin d'avoir chacun leur chambre.

— Surtout Fred, pour être débarrassé de Max ! Compte sur moi, Nicolas, assure Dan.

***
(Inès)

— Bonjour, Inès, me salue Tom en me rejoignant sur les marches. Comment allez-vous ?

— Bien. Merci à vous  de me permettre de venir voir Lilou.

— Inès. Je ne vois pas pourquoi je vous refuserais ces visites. Pouvons-nous nous tutoyer ?

— Oh oui, bien sûr. Voir Lilou me fait du bien. Matt m'a appris ce qu'elle avait dit. J'en suis désolée.

— Tu n'y es pour rien. Nous sommes en train de rechercher une maison plus grande.

— Qu'ici ? m'étonné-je en regardant autour de moi.

— Non, non ! rigole-t-il franchement. Ici, c'est chez Peter. Notre maison à nous, Matt et moi. Tu as compris que nous vivions ensemble... En couple, précise-t-il.

— Oui. Je sais que vous êtes ensemble. Vos regards...

— On est très tactiles, aussi, j'avoue. Bref, notre maison est bien pour un couple. Lilou n'a jamais voulu dormir ailleurs que sur le canapé depuis qu'elle est arrivée. Nous avons conscience qu'elle a besoin d'un lieu pour elle.

— Elle a de la chance. Elle a deux chouettes papa !

— Merci. Ta phrase me fait énormément plaisir. Lilou a besoin de cela pour grandir. En espérant que notre amour ne soit pas un obstacle.

— Je ne comprends pas. Tout le monde a l'air d'accepter votre couple.

— Ici, oui ! Mais ce n'est pas toujours le cas. Je ne suis pas sûr d'avoir envie qu'elle subisse cela !

— Elle voit l'amour, pas le reste. Et autour d'elle, je ne vois que cela. Toutes ces personnes, hommes et femmes, resplendissent de bonheur. Damien et moi, nous l'avons senti dès le premier jour.

— Damien ? Il a l'air d'être important pour toi.

— Il l'est. Il a été ma boussole, ma bouée quand je vous cherchais. Il a été patient pendant mes angoisses. Il a été là. Tout le temps.

— Wouah !

— Oui ! C'est pour cela que je me demande si je dois lui gâcher sa vie. Je ne suis qu'une coquille vide.

— Matt était un homme brisé. Regarde-le ! Peter était l'ombre de lui même. Vois comment il regarde Anne ! Et Léo, lui, a été brisé au point qu'il ne sera plus jamais un ado plein de vie. Pourtant, quand Lilou lui sourit, il est heureux. Ne ferme pas ta porte à Damien, Inès.

— Merci.

— Tom ? Amenez- vous tous les deux ! C'est l'heure du goûter !

— On arrive Nicolas, on arrive ! Viens Inès, profite de la bonne humeur. Croque dedans ! me dit-il en m'entraînant avec lui.

— Avec plaisir.

Tout le monde est autour de la gigantesque table de Peter. Enfin presque, il manque Anne et Peter, au boulot.
Timide, je n'ose plus avancer. Franck s'approche de moi, me  sourit gentiment, et me prenant délicatement par le bras, il me guide vers une chaise.

— Ne te laisse pas intimider, ils sont assez impressionnants, mais ce sont tous des gars dignes de confiance.

— Et moi, j'ai changé de sexe ? s'offusque Amy.

— Non, Amy. Toi, tu es à part. Tu as du mérite en plus.

— Ah oui ! J'oublie toujours que tu connais Nicolas, ironise-t-elle.

— Je ne peux pas vous répondre, il y a trois enfants ! ricane Nicolas en faisant des grimaces monstrueuses.

Je souris. Tom lève Lilou de sa chaise, s'assied  à sa place en la positionnant  sur ses genoux. Elle tourne la tête en souriant.

— Il est bon ce gâteau ? lui demande-t-il.

— Oui. Chocolat.

— J'avais vu, tu en as partout.

— Laisse- la tranquille, Tom. Je te montre l'annonce après ?

— Quelle annonce, Matt ? questionne Nicolas, le visage presque aussi barbouillé que celui de Lilou.

— Pour une maison, aux Bouets.

— C'est pas loin de chez nous, ça !

— Ouais. Ça me fait un peu chier. Mais la baraque a l'air top.

— Tu parles du chalet ? Ou de la grande avec la véranda ?

— La grande. Tu la connais ?

— Tu entends Amy ? Matt veut louer " la maison" aux Bouets ?

— Tu es sérieux ? On va être voisins ? Allez la voir ! Vous n'allez pas en croire vos yeux !

— Pourrie ?

— Je n'ai pas dit ça ! Vous voulez déménager ?

— Lilou a besoin d'une chambre. Et puis d'être pas loin de vous, ça me plaît plutôt bien.

— Moi aussi, Matt. Elle nous avait tapée dans l'oeil. Avant la nôtre. Trop belle.

— Tom, j'appelle ?

— Oui. Demain je bosse. Mais après je suis libre deux jours.

— Vous foutez rien, vous les flics ! ricane cet imbécile.

— Sérieux, Matt ? Tu dis ça avec deux flics à côté de toi ! Tu mériterais une opération punitive ! Pas vrai Nicolas ?

— Ouais. Mais là je mange.

— Traître ! s'indigne Tom.

— Après le repas, Tom ! Après le repas.

— Tu vois Inès. Ils sont heureux. Fous, idiots mais heureux, dit Franck.

— Tu en doutais Inès ? ricane Nicolas.

— De quoi ?

— Merde, on l'a contaminée. Elle raconte des blagues ! Bises à Inès les joyeux drilles, hurle Nicolas.

(Damien)

Quand je rentre dans la pièce, précédant Dan. Inès est au milieu de Matt, Nicolas et Tom qui sont en train de lui faire des bisous. Elle rit aux éclats. Qu' elle est belle ! Que le son de son rire est doux à mon oreille.

— Damien, mon pote, m'interpelle Oliv. Viens, entre. On félicitait Inès car elle a fait une blague.

— J'ai vu ça. Tu vas bien Chica ?

— Oui Damien. Tu as entendu ? J'ai rigolé !

— Ouais. Ça te va bien. Je peux te féliciter moi aussi ?

— M'embrasser ?

— Oui.

—  Serre moi fort.