Me balader avec un sac McDo dans un hôpital me rend malade. J'imagine bêtement qu'une infirmière va m'arrêter et me traiter de tous les noms ! Matt tu vas me payer ça...

J'arrive chambre 12 et je frappe.

- Ouais ! répond Matt de sa douce voix.

- Un peu d'amabilité s'il te plaît ! dis-je en entrant dans la chambre. Réalises-tu ce que tu as osé me faire faire. Traverser les couloirs avec ça ! insisté-je en montrant le sac.

- Tout le monde s'en fout, Tom ! ricane-t-il. Mais merci quand même ! Un bisou ?

- Tu es sûr ? dis-je en montrant la petite d'un mouvement de tête.

- Ouais, tu as peut-être raison mais ce n'est que partie remise, réplique-t-il avec un clin d'oeil.

- Mange tant que c'est chaud au lieu de dire des bêtises.

- Tiens ! C'est pour toi je suppose, en me tendant la salade.

- Oui et le Subway aussi. Je te laisse le hamburger et les frites !

- Merci beaucoup, dit-il en piquant une frite, avec un air affamé.

Il se tourne vers la petite, immobile et lui sourit.

- Lui, c'est Tom, précise-t-il en me désignant à l'aide de sa main de nouveau pleine. Tu peux lui faire confiance. Il ne te fera jamais de mal, je te le promets. Tu me crois, hein ?

Elle le regarde puis se tourne vers moi et me sourit.

- Merci. Matt te dit la vérité. Je te ferai pas de mal. De toute façon, si cela arrivait, il m'en empêcherait immédiatement.

- C'est certain ! réplique-t-il. Mange.

C'est drôle de se retrouver tous les trois. Je ne sais pas comment en parler avec Matt. Il a l'air d'être tellement à l'aise avec elle. Et vu comment elle le regarde, cela semble réciproque.

- Tom ? Tu m'entends ?m'interpelle-t-il.

- Excuse-moi, Matt, j'étais ailleurs.

- A quoi pensais-tu ? m'interroge-t-il le regard inquiet.

- J'ai eu Peter. Je n'ai pas l'enquête, marmonné-je.

- Et pour quelle raison ? Tu es le meilleur de l'équipe, non ? C'est à cause de mon intervention ? C'est cela, Tom ? s'emballe-t-il.

Il donne un coup de poing rageur sur la table et immédiatement la petite se recroqueville.
Et j'assiste à un miracle : instantanément, il se calme, la rassure et elle se blottit dans ses bras.

- Matt ! Ce n'est pas grave, je m'en fous.

- Menteur. Tu m'en veux ? s'inquiète-t-il.

- Mon Dieu, non ! Comment pourrais-je, bordel ? Tu l'as aidée.

- Excuse-moi ! Tom, je voudrais que tu m'écoutes sans m'interrompre. C'est important.

- Vas-y, dis-je.

- Si personne pouvait s'en occuper, commence- t-il en me montrant la petite d'un coup de menton, est-ce que tu pourrais réfléchir au fait..

- Qu'on l'accueille chez nous ? Oh, Matt ! Je ne savais pas comment aborder le sujet ! Tu as discuté avec le toubib ?

- Tu serais d'accord ? Je ne peux pas envisager l'idée quelle soit dans un ...

- Chut ! Tais-toi ! Elle n'ira pas ! Peter m'en a parlé, ça pourrait être une solution en attendant d'avoir des infos. Il va se renseigner...

- Tu crois qu'on pourrait y arriver ? Tu nous en crois capable ? J'ai besoin que tu me le dises...

- Oui, je crois qu'on est assez fort tous les deux pour s'en occuper. On a assez d'amour pour le partager un peu, tu ne crois pas ?

- Si tu en gardes un peu pour moi ! chuchote-t-il, ses yeux brûlants de désir.

- J'en ai plein, t'inquiète.

La petite nous regarde sans rien dire. Comprend-elle ? Matt fouille dans le sac que j'ai emmené et sort le Mp3 et le casque.

- Je ne le crois pas, tu as pris un casque ? Ah oui, évidemment... pour ne pas abîmer ses oreilles, se moque-t-il.

Il la regarde, lui montre le Mp3 et le casque.

- C'est pour toi, la puce ! Je te montre comment ça marche !

Elle le regarde, prend l'appareil dans ses mains.

- C'est pour écouter de la musique quand je ne suis pas là ! Je vais devoir rentrer à la maison avec Tom.

Elle ouvre des grands yeux et fait non avec la tête, de plus en plus rapidement.

- Non, ne t'inquiète pas. Regarde-moi ! On doit rentrer à la maison pour régler des trucs, mais je te promets qu'on revient demain. Dis-moi que tu es d'accord ?

Elle lui prend la main et continue à faire signe que non, elle ne veut pas !

- Poupée ! Tom et moi, on aimerait que tu restes avec nous, dans notre maison. Tu serais d'accord ?

Elle le regarde, puis moi, et avant même qu'on puisse réagir, elle se jette dans les bras de Matt.
Celui-ci a bien du mal à cacher son émotion, et je suis dans le même état.

- Il faut qu'on s'occupe de cela. Moi, j'aimerais que tu fasses quelque chose pour me faire plaisir : te reposer, manger et ne pas te mettre à grogner après les gens ! lui dit-il avec un énorme sourire. Je te laisse la musique et on revient demain d'accord ?

Et elle hoche de la tête, toute souriante elle aussi.

On frappe à la porte. Une infirmière entre et nous salue.

- Nous venons d'expliquer à la petite que nous devons partir. Elle a compris que nous revenons demain. Elle a de quoi écouter de la musique. Ça l'apaise, précise-t-il . S'il y a quoi que ce soit, voila mon numéro de portable. Je peux être là dans le quart d'heure, ok ?

- Pas de soucis, Monsieur ! Je suis sûre qu'il n' y aura pas de problème, hein la puce ?

- Bon alors, on va y aller. Tu me fais une bise ?

Elle le regarde. Elle n'a pas l'air de comprendre le sens du mot "bise".
Matt se penche vers moi et me fait une bise sur la joue.

- J'ai fait une bise à Tom. Toi, tu m'en fais une ?

Elle le regarde, et avec un grand sourire, elle lui fait une bise.
Dire que ce matin, elle était enchaînée dans un chenil ! Son sourire est un rayon de soleil.
Je m'approche à mon tour. Va t-elle me repousser ou va t-elle avoir peur de moi ? Matt ressent tout de suite mon angoisse, il me connait trop bien !

- Je crois que Tom veut une bise, lui aussi ! Mais si c'est trop tôt, il ne se fâchera pas...

Elle semble hésiter, puis me fait une petite bise. Ça me va très bien.

- Merci la puce !

Nous sortons. Matt marche lentement, contrairement à ses habitudes.

- Ça ira ! Elle a confiance en toi. On appelera tout à l'heure, d'accord ?

- Tom, on ne peut pas les laisser la mettre dans un asile. Tu as vu comme elle est intelligente, elle apprend vite.

- Je vais appeler Peter, tu conduis ?

- Ouais !

Nous sommes à peine assis dans la bagnole qu'il se penche vers moi, et m'attire vers lui. Il m'embrasse longuement, avec une telle tendresse que je ne veux plus bouger.

- Ta bouche m'a manqué ! Il faudra qu'on lui explique parce que pas question de m'en passer ! Je t'aime Tom, tu le sais, hein ?

- Je t'aime aussi ! Tu es un mec génial. Tu sais, te voir avec elle, si tendre, si calme me transporte de bonheur. Ramène-nous à la maison !