Chapitre 48.
J'ai dormi dans ses bras. Il m'a simplement serrée contre lui, sans rien dire.
Je sais qu'il a mal à cause de ce que j'ai vécu.
Mais il n'a pas encore entendu le pire... Aurais-je le courage de lui parler ? Y suis-je obligée ? Je pourrais être lâche et ne pas aller jusqu'au bout. Ne pas lui dire jusqu'où je suis allée. J'aimerais qu'il ne me déteste pas et en même temps je ne supporterais pas de lui mentir.
Il a été là pour moi, tendre, attentif. Peut-être me pardonnera-t- il ?
— Tu es réveillée, Chica ?
— Oui, bonjour.
— Bonjour. Je te prépare un petit déjeuner ? me demande-t-il gentiment.
— Non, je n'ai pas faim. Merci.
— Tu dois manger, même un peu. Tu es toute menue !
— Ça ne passe pas.
— Pas grave. Je ne suis pas sûr d'avoir très faim, non plus, commente-t-il.
— Désolée. Je vais appeler Joe, il va me récupérer.
— Non, tu n'as pas compris, se défend-il. Je veux entendre la suite de l'histoire, Chica. Et je ne veux pas que tu sois désolée, surtout pas.
— Je ne sais pas si je vais y arriver, Dam'. Je ne veux pas te ..
— Tu crois que je vais te lâcher, c'est ça ? Quoi que tu me dises, je serais là, je te le promets. Tu me crois, hein ?
— Oui, je te crois. Mais cela ne m'empêche pas d'avoir peur.
— Va prendre une douche, je vais te trouver des fringues à mettre, et je te pose ça devant la porte. Pendant ce temps, je vais appeler Marc pour le rassurer, d'accord ?
— Oui. Merci.
(Damien)
Je ne peux pas la laisser partir. Je veux qu'elle lâche toute son histoire. Cela va être dur, je le sais mais je suis convaincu que, elle, cela peut lui permettre de se sentir mieux.
Et puis, égoïstement, je suis prêt à la garder dans mes bras toutes les nuits.
Mais ça, je vais le garder pour moi. Elle a besoin de prendre confiance en elle. Je m'en moque, je suis quelqu'un de patient.
- Merci. Tu es beaucoup plus grand que moi mais je suis au chaud. Je peux laver mes vêtements?
- Oui. Donne ! Mes vêtements te vont bien, Chica, tu ressembles à un petit oiseau tombé du nid.
- Tu as eu Marc ?
- Oui. Je l'ai rassuré. Il t'embrasse. Je lui ai dit que tu l'appellerais ...plus tard.
- D'accord. Je voudrais finir de te raconter. Ça me détruit de garder tout ça en moi !
- Viens ma belle. Je suis là, vas-y, je t'écoute.
- Il s'occupait du bébé, commence-t-elle sans attendre. Je faisais l'essentiel : change, biberon, toilette.
Il passait énormément de temps avec la petite dans les bras, il lui parlait. Je le trouvais touchant.
Un jour, j'étais en train de donner le biberon, et je me suis mise à fredonner une chanson. Ça l'a mis dans une colère épouvantable. Il m'a pris la petite des bras, l'a posée dans le parc. Puis il m'a foutue une volée. Assez forte pour me faire mal, pas assez pour me tuer.
La consigne était claire : mon rôle était de s'occuper d'elle, rien d'autre. Interdiction de lui parler, de chanter et encore moins de sourire au bébé. Alors pendant quinze jours, pour me punir, il m'a baillonée.
Ça le faisait rire, de me voir gérer le bébé avec un sparadrap me couvrant la bouche. Moi aussi d'une certaine façon , quoi qu'il puisse dire comme insultes, je ne pouvais pas lui répondre.
Au bout d'un moment, ça a dû le lasser, il me l'a ôté. Plus jamais je n'ai tenté un sourire ou une chanson.
Je voulais voir Emma, il n'y allait pas régulièrement. J'avais peur : je l'ai supplié.
Bien sûr, l'homme manipulateur qu'il était, a trouvé un accord. Je serais à sa disposition, quand il le désirait, en échange il me laissait voir Emma une heure. Une semaine à lui contre une heure avec Emma. J'ai vu Emma dix heures.
Elle était prostrée, n'avait plus la force de se battre. Je ne pouvais plus rien faire pour elle. Je devais mettre toute mon énergie à nous sauver, Ellie et moi.
Alors j'ai tout fait pour mériter sa confiance, de ne pas le fâcher. Je m'occupais du bébé comme il le voulait. Sans lui parler, sans lui sourire, comme un robot. Je lui ai dit que l'état de santé d'Emma m'inquiétait. Il a été clair, il ne pouvait rien faire.
Il ne l'a pas dit mais j'ai très bien compris, elle ne servait plus à rien.
Elle lui avait donné ce qu'il voulait : Ellie.
Il a ajouté qu'il ne reviendrait pas sur notre accord pour autant. J'étais à sa disposition. Il ne m'a pas plus touchée. En fait, pour être complètement honnête, de mon enlèvement à la fin, il ne l'a jamais fait. Mais je crois que c'était pire encore. Il me tenait entièrement sous sa coupe. Il exigeait rien d'extraordinaire, pas toujours avec une connotation sexuelle.
Mais, sa façon de l'exiger ne laisser aucun doute .
Avec un sourire, il disait " reste là, ne bouge plus. Tu as juste le droit de respirer. " Et il me regardait pendant tout le temps qu'il le décidait. Je pense que si un jour il m'avait ordonné d'arrêter de respirer, je l'aurais fait. Tout simplement.
J'étais sous son emprise.
Je ne sais pas combien de temps, je suis restée dans cet état de complète dépendance psychique, mais Ellie a grandi.
De bébé, elle est devenue une petite fille. Qui ne parlait pas avec moi, elle me regardait juste. Avec lui, elle était souriante, parlant tout le temps, curieuse. Mais très vite, il a commencé à exiger d'elle une obéissance complète. Elle a plusieurs fois été punie. Rudement. Pas de coups, mais il l' enfermait dans un placard...Souvent...
Il continuait à aller voir Emma, mais quand je lui demandais des nouvelles, il était évasif.
Son comportement a changé, il était moins attentif. Toujours présent, mais il semblait préoccupé.
Un matin, il m'a emmenée dans une partie de la maison, avec Ellie. Il m'a expliqué qu'il devait partir quelques jours. Il y avait assez de ravitaillement pour nous deux. Avant de partir, il a précisé que les règles restaient les mêmes. Pour Ellie et moi.
Il est parti huit jours. La petite ne me parlait pas, elle avait à peine trois ans, mais elle avait intégré qu'elle ne pouvait pas me parler, même quand il n'était pas là.
C'est à ce moment-là que j'ai compris une chose. Si je ne trouvais pas une occasion de la sortir de là, elle serait jusqu'à la fin de ses jours sous son emprise.
Quand il est revenu, il n'a rien dit ni en bien ni en mal. On est retourné dans la maison.
Un soir, il a exigé de moi, un silence absolu. Et il a annoncé :
" la semaine prochaine, une nouvelle va arriver, je veux un nouvel enfant, tu t'occuperas d'elle puis du bébé. "
Je n'ai pas crié. J'ai juste pleuré en silence. Puis quand il m'a redonné le droit de parler. J'ai proposé un accord. S'il acceptait que je parte deux mois, je reviendrai avec de l'argent et je serai à lui, libre et consentante. En échange, il libérerait Emma. S'il refusait je ne lui obéirais plus.
Il m'a puni comme jamais il ne l'avait fait. Pour me faire plier. Mais je n'ai pas cédé.
Après huit jours, j'étais une loque : ou il me tuait ou il acceptait.
Il avait perdu.
Je me suis remise très vite. Il m'a donné quinze jours. Si je le dénonçais, il m'assurait la souffrance pour Emma et Ellie.
Au risque de tout remettre en cause, je lui promis de le tuer s'il leur faisait le moindre mal.
Cela l'a fait rire.
Il ne m'en croyait pas capable.
Il avait tort.
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