Évidemment, il faut qu'une affaire comme celle-là tombe quand Tom n'est pas de service ! C'est pourtant le seul officier qui serait vraiment à la hauteur !
Je jette un œil sur le reste de l'équipe : tous sont efficaces mais Tom possède ce quelque chose en plus qui fait de lui un bon chef.
Mariani s'approche du groupe : c'est une vipère celui-là !

- Ça y est ! Les deux PD sont partis ! On respire mieux, non ? ricane-t-il.

Un silence glacé suit ses paroles. Le salopard, tout fier de lui, attend une réaction.
Je m'approche de lui, et d'un geste brusque, le colle contre la bagnole
(Calme toi, Peter, il cherche à te faire péter un plomb, ne marche pas dans son jeu )

- Mariani ! Je t'avais prévenu ! Tes remarques sur Bisson, je ne veux plus les entendre ! Je vais aller jusqu'au bout cette fois et en référer au commissaire tant pis pour ta gueule ! Et ceci est valable pour tout le monde, ok ? dis-je en regardant le reste de l'équipe.

Certains, dans les derniers arrivés, pensent comme cet idiot homophobe. Mais une grande majorité de ceux qui ont déjà travaillé avec Bisson l'apprécie. Il n'affiche pas son homosexualité - c'est pas son genre - mais il ne la renie pas non plus.
Un officier sérieux, alliant droiture et efficacité associé à un instinct sûr et un bon esprit. Lui et Matt sont mes seuls amis et je ne supporte pas que ce mec les insulte.

- Peter ! Viens voir ! m'interpelle Laval, un autre de mes bons éléments. Il est au niveau du bâtiment à la limite de l'effondrement.
Lui et Sanchez sont face au mur.

- Qu'y a-t-il ? demandé-je, encore un peu énervé.

- Le mur bouge ! réplique-t-il. Je cherchais s'il y avait des éléments qui  expliqueraient... pour la gamine. J'ai touché un truc et le mur a bougé.

- Vous avez pris des photos ?

- Bien sûr, Peter, s'indigne-t-il. C'est fait !

- Alors, découvrons ce que ce mur cache. Sanchez, je veux des photos quoi que l'on trouve derrière !

Laval appuie sur une étagère et un pan de mur s'ouvre.

Une odeur pestilencielle agresse nos narines. L'endroit semble n'avoir jamais été aéré : ça pue le renfermé, le moisi.  Impossible de discerner quoi que ce soit, il fait trop sombre. J'éclaire avec  mon portable.  C'est quoi cet endroit ? On peut distinguer des matelas au sol, glauque à souhait.

- Stop ! On ne bouge plus, on risque de détruire des indices. Tout le monde dehors ! On va faire venir une équipe de la scientifique. Laval, tu te charges de les appeler !
Sanchez, tu me mets des gars en surveillance. Aucun journaliste sur place, on fera un point presse plus tard ! Tobias, tu mets une équipe sur l'enquête de voisinage.
Je veux tout savoir sur le mort. Et pas un mot sur la gamine ! Moi, j'appelle le commissaire, je sens qu'on va avoir besoin de renfort ! Au boulot les gars !

- J'appelle Bisson ? me demande Laval.

- Non, je m'en occupe. Je dois l'appeler pour avoir des infos sur la petite.

***

(Matt)

Lorsque la tête de Tom apparaît à la porte,  je réalise l'image qu'il doit découvrir : moi, appuyé contre le mur, la petite  allongée sur mes genoux, endormie. 

- Chut ! Ne la réveille pas, chuchoté-je.

- Veux- tu que je la porte dans le lit ?

- Non, merci. Je vais rester comme ça jusqu'à ce qu'elle se réveille, d'accord ?

- D'acc, me répond-il en nous regardant tous les deux.

Elle dort paisiblement, remue un peu, ouvre les yeux.

- Chut ! N'aie pas peur ! Je suis là. Je te pose sur le lit, d'accord ?  lui expliqué-je immédiatement.

Elle ne dit rien mais me laisse faire.

- Le docteur va venir pour te soigner et je reste avec toi. Tu as compris ?

Elle hoche la tête. ( Oh putain ! Si je m'écoutais, je la serrerais dans mes bras.). Trop d'émotions, je suis au bord des larmes.

Ça frappe à la porte et instantanément, elle se crispe. Je pose ma main sur la sienne pour la rassurer.

- Entrez, docteur ! Il est gentil, n'aie pas peur, précisé-je à la petite, collée à moi.

- Matt, j'en profite, je vais appeler Peter, je reviens, me prévient Tom avant de disparaître dans le couloir.

( Tom)

Le temps de trouver un endroit calme et discret pour joindre Peter.

- Comment ça avance là-bas ? Tu devais m'informer, tu te souviens, demandé-je.

- Je n'ai pas eu franchement le temps, Tom. J'ai dû faire venir des équipes en renfort...

- Hein ? Que se passe-t-il ?

- Je te raconte mais... silence. A part Matt, pas un mot. C'est du lourd !

La voix de Peter résonne dans l'appareil. Est-il encore là-bas ou de retour au commissariat. Je devrais être à ses côtés.

- Vas-y, lâche le morceau.

-  Nous avons découvert une pièce cachée dans le bâtiment tout pourri. Avec des paillasses. C'est glauque, Tom, m'explique-t-il. J'ai appelé la scientifique et ils sont au boulot. Y a plein d'infos qui tombent donc j'ai dû renforcer l'équipe.

- Je reviens demain, tu sais ! lui fais--je remarquer.

- Je ne pourrais pas te passer l'enquête... J'ai dû la confier à Laval. Tu connais la procédure... Vu le truc, j'ai pas eu le choix !

- Laval est un bon flic. Je pourrais l'aider sans diriger, t'inquiète pas.

- Tom... C'est plus compliqué que ça ... À cause de la gamine... Et de l'implication de Matt. Ça va être compliqué ! bafouille-t-il.

- L'implication de Matt ? Il ne fallait pas qu'il intervienne ? répliqué -je, sarcastique. Même si elle risquait d'en crever ? C'est quoi ces conneries, Peter ?

- Tom, ne le prends pas comme ça ! réplique-t-il, gêné et je comprends immédiatement.

-Évidemment...J'aurais dû m'en douter. C'est une décision du commissaire, hein ?râlé-je désabusé.

- Oui. « Vous savez Peter, ce n'est peut-être pas une bonne chose de mettre Bisson en avant. Je n'ai rien contre son orientation sexuelle, vous le savez Brassac, mais avec cette affaire, cela pourrait être dur à gérer avec les médias » Tu vois le topo.

- Gros connard homophobe, grommelé-je. Mariani va être fou de joie !

- Ne dis rien à Matt, hein ? Je n'ai pas envie qu'il débarque et parte en vrille !

- Et cela n'arrangerait rien, tu as raison ! Mais bon, pour l'instant, il a d'autres choses à gérer.

- Donne-moi des nouvelles de la petite. Que dit le médecin ?

Je lui raconte mon entretien avec le toubib, de son scepticisme concernant les soins prodigués. Ce qui s'est passé tout à l'heure et de l'intervention de Matt.

- Il m'impressionne, tu sais ? Il est toujours avec elle, là ?

- Ouais ! Il s'en veut de ne pas avoir été à côté d'elle quand elle s'est réveillée à l'hôpital. Du coup, il ne veut plus la lâcher. Je ne sais même pas s'il a réfléchi à cette nuit d'ailleurs !

- As-tu songé au fait qu'elle pourrait venir chez vous ?

- Hein ? Non ! Tu penses que cela serait possible ?

- Je ne sais pas. Je me renseigne discrètement et toi tu en discutes avec Matt. Ça pourrait être une situation provisoire, non ?

- Je sais pas, regarde et j'en parle à Matt. À demain.

Matt va grave kiffer qu'à cause de lui, je me retrouve en repos forcé !
Je retourne vers le box mais mon portable sonne.

- C'est moi ! On l'installe dans une chambre. Euh ... Attends... la 12 en pédiatrie au quatrième étage. T'es où ?

- J'allais récupérer un café, tu en veux un ? Ou autre chose ? Tu as mangé ?

- Non et franchement c'est pas grave. La bouffe de l'hôpital. Euh... non merci ! Tu peux passer chez Macdo ou KFC ? S'il te plaît ...

- Quel gamin ! Mais bon tu l'as mérité alors d'accord !

- Merci bébé. Tu es un amour ! Je peux te demander un autre truc ? Avant d'aller chercher Macdo, tu peux passer à la maison ? J'ai réussi à l'apprivoiser grâce à la musique sur mon portable. Alors, si tu peux récupérer mon MP3 dans un tiroir de mon bureau, peut- être que ça l'apaiserait non ?

- Matt, tu es génial. Mais y a un problème. Avec la musique que tu as dans ton MP3, l'apaisement faut oublier !

- Ah Ah ! Rigole bien ! Ta musique de merde la rendrait sourde. C'est gagné d'avance !

- Ok, je m'incline. Tu sais, je vais faire un truc, je t'emmène ton ordi aussi d'accord ?

- Bonne idée ! Tu manges avec nous ?

- Nous ? Je suis pas sûr que le toubib sera d'accord avec ce régime pour elle ! Alors Big mac frites coca ?

- Tu me connais trop bien ! A toute ! Chambre 12, 4e étage.