Chapitre 24.
Je suis sur le chemin du retour, j'ai apprécié ma journée.
Peter est un personnage que j'aime bien. Droit, franc et en même temps fragile. Son explication à propos de sa maison et du décès de sa femme m'a bouleversé. Et j'ai bien remarqué qu'Anne n'y était pas insensible non plus.
J'avais déjà aimé travailler avec lui, même si je n'avais pas été dupe de sa "découverte" dans la baignoire. Je suis quasiment certain qu'il n'a pas pris l'argent de sa propre initiative, je pense plus que quelqu'un l'a fait -Laval à mon avis- et Peter le couvre.
De toute façon, même s'il ne m'a rien dit, je sais que cet argent est chez les garçons et j'en suis très satisfait. Par contre, j'aurais voulu être présent lors de l'explication de la présence de cet argent. Avec le caractère explosif de Matt et le sérieux de Tom, ça a dû chauffer !
J'étais curieux de les rencontrer. Les autres flics parlent beaucoup de Tom, il est apprécié pour son boulot, son homosexualité ne gêne pas grand monde.
Ce soir, je dois contacter différentes personnes pour obtenir des infos supplémentaires à celles que j'ai déjà.
Il n'est pas question que Tom soit muté où que ce soit.
Quant au commissaire Festes, il est temps de lui expliquer que sa façon de gérer ses hommes n'est pas la bonne.
Vu les infos que j'ai, j'espère une démission...
Cela fait un an que j'attends ce moment, en mémoire de Léopold.
Ma vieille Golf est poussive. Elle mériterait une retraite, mais depuis la naissance des jumeaux, on a déjà dû acheter une voiture pour Amy. Se balader avec les petits nécessite beaucoup d'espace, une grande organisation et une tonne de patience.
— Amy ? Je suis rentré !
J'adore dire cette phrase idiote, vous savez pourquoi ?
— Ciel ! Mon mari !
Voilà la raison : ma femme répond toujours avec une phrase plus idiote !
Je monte à l'étage.
À cette heure- là, normalement, Amy donne le bain à nos jumeaux : Frédéric et Maxime.
Dans la chambre, Maxime, dans le parc, tout propre, est apparemment très en forme.
Il a les yeux très clairs, presque turquoise, et avec sa peau foncée, son regard en devient percutant.
— Salut mon grand. Tu as l'air d'être en pleine forme ! On va voir Maman ?
Je le prends dans mes bras, et je me dirige vers la salle de bain en lui faisant plein de bisous.
La pièce est attenante à la chambre des enfants, ainsi Amy peut s'occuper des loustics sans risque.
Elle finit de changer Frédéric quand nous entrons. Je me penche vers elle et l'embrasse dans le cou tout en maintenant Maxime fermement.
— Bonsoir ma belle. J'ai récupéré un truc tout gigotant dans le parc, j'en fais quoi ?
— Ce que tu veux ! Il a été insupportable toute la journée, empêchant Frédéric de se reposer. Il n'a pas dormi depuis ce matin !
— J'ai une idée, je le jette à la poubelle, on met son frère au lit et on en refait deux plus sympas tout de suite !
— Nicolas, si tu approches de moi ton engin à bébés, je te castre, c'est clair ?
— Oui, mon ange. Très clair. Je vais faire manger Max ?
— Oui, c'est dans le micro-ondes, soupire-t-elle. J'arrive.
Elle semble complètement usée. J'installe Max dans sa chaise haute, l'attache bien, et fais chauffer son repas. Amy arrive avec Frédéric et l'installe d'un geste sûr dans l'autre chaise, à côté de son frère. C'est la copie conforme de Max hormis des yeux marron clairs et une tranquille passivité.
— Va prendre un bain, je m'occupe d'eux !
— Non, c'est bon. J'ai besoin d'entendre un adulte. Marre des gazouillis !
— Attends ! C'est moi l'adulte, dis-je en regardant partout.
— Arrête de faire ton clown, Valmi et parle-moi de ta journée.
— A vos ordres, Madame ! dis-je en l'embrassant. Brassac nous a présenté son collègue Bisson. Tu sais, l'histoire de cette gamine dans la niche ?
Tout en discutant, j'enfourne dans la bouche grande ouverte de Max le contenu de son plat.
— Oui, Nicolas je me rappelle... Raconte, dit-elle en commençant à nourrir Fred.
— Quand nous sommes arrivés avec Anne, la moto a terrorisé la petite. Elle était recroquevillée dans un coin de la pièce, le souffle court, les yeux affolés. Je n'avais jamais vu cela avant. Je pensais à eux, dis- je en regardant nos fils.
— Oh ! Nico, dit-elle en me serrant dans ses bras. Tu ne dois pas penser à eux à chaque fois que tu tombes sur une histoire avec des enfants !
— Je sais, mais tu l'aurais vue. Ils ne pouvaient même pas la consoler tellement elle avait peur.
Depuis que les garçons sont là, c'est devenu un rituel. Nous les nourrissons ensemble en nous racontant notre journée.
— Les garçons commencent à s'agiter, il est temps de les coucher, tu viens ?
— Ouais, je prends le monstre, prends le sympa !
—Tu n'as pas honte de parler comme ça de tes fils ! Ils sont adorables ! me réprimande-t-elle.
— Tu vois Max, tu es a-do-rable ! sussuré-je à mon fils. C'est ta Maman qui le dit ! Elle te pardonne d'avoir été insupportable toute la journée.
— Nicolas Valmi, je te conseille de poser ton fils et de courir vite.
Je pose Max dans son lit et je me retourne vers ma femme.
— Courir moi ? Je préfère affronter le danger.
Et j'ouvre les bras dans lesquels elle se blottit, je suis bien. C'est ainsi tous les jours, et cela depuis 3 ans. Les conditions particulières de notre rencontre font beaucoup rire nos amis. Amy m'a fait un bouche à bouche pour me réanimer : Ouais, ma femme est pompier ! Enfin était pompier car depuis les jumeaux...
Pour être complètement honnête, je ne vais pas pousser pour qu'elle reprenne son activité : je suis assez jaloux !
A ma décharge, Amy est une bombe antillaise avec un corps de femme sportive, des yeux bleus verts, des cheveux noirs corbeau et des longues jambes. Elle est à tomber et c'est moi qu'elle a choisi.
Nous couchons les petits, pour l'instant ils partagent la même chambre.
Ce n'est pas génial surtout quand Maxime empêche son frère de dormir, mais la chambre prévue n'est pas finie. Et je n'ai pas le temps en ce moment et plus de vacances à prendre.
Heureusement Frédéric s'endort très vite, suivi par Maxime. Nous allons ranger et profiter un peu du calme.
— Pose-toi tranquillement, j'ai le Babyphone. J'ai un coup de fil à passer. C'est important. J'ai ramené le repas il n'y a plus qu'à le faire chauffer.
— Trop cool. Merci, dit-elle en s'allongeant avec délectation sur le canapé.
Je vais dans la pièce qui me sert de bureau. Là aussi ce n'est pas fini, j'ai posé le placo mais je n'ai pas encore eu le temps de peindre. Je pianote un numéro.
— Salut ! Tu as de nouvelles infos à me donner ? Tu as pu discuter avec elle ? Elle a fait des photos ? Tu as pu les regarder ? Tu m'en copies quelques unes avec son accord. Sans cela, je veux rien, c'est compris ? Tu vois ça assez rapidement, cela commence à urger, il a un autre mec dans le collimateur. Merci Franck, bye.
Je sens l'adrénaline monter dans tout mon organisme. Le moment que j'attends depuis plus de trois ans se rapproche. Il faut que je reste concentré jusqu'au bout. Je n'ai pas le droit de tout faire foirer.
— Nicolas ? Tu en as encore pour longtemps ? Je commence à avoir faim ! appelle ma femme.
— Je suis là, réponds-je en entrant dans le salon.
Je m'accroupis à côté du canapé et je lui chuchote dans le cou.
— Moi aussi, j'ai faim !
— Ah bon ? Tu as faim de quoi ?
— De tes lèvres, de ton cou, tes splendides oreilles, énuméré-je en ponctuant chaque mot d'un baiser.
— Je t'ai connu plus affamé !
— Ouais, mais si je suis plus lent, j'ai peur que nos fils nous empêchent d'aller plus loin ! dis-je en ricanant bêtement.
— Tu as raison, tu te rattraperas plus tard quand ils seront adultes.
Après ce moment de tendresse, nous restons blottis l'un contre l'autre.
Depuis la naissance des jumeaux, ces moments de câlins sont plus rares. Entre mon boulot et les horaires des enfants plus le boulot de la maison, nous n'avons plus beaucoup de temps pour notre couple. Et puis Amy est complexée par son corps moins musclé qu'avant.
— Tu as réfléchi à ce que je t'ai dit l'autre jour ? Cela te permettrait de te poser un peu.
— Nicolas, tu me connais, je n'y arriverai pas. L'idée que quelqu'un s'occupe de ma maison, nettoie mon linge. Non, je peux pas.
— Personne à la maison pour t'aider. Donc il faut mettre les petits à la halte-garderie de temps en temps pour te laisser souffler.
— Ils ont six mois ! Tu veux déjà t'en débarrasser ?
— Non, idiote ! Je veux juste que tu te reposes. C'est complètement intéressé de ma part. Tu auras plus de temps pour mes câlins.
— Je me disais aussi. Allons manger avant qu'ils se réveillent !
Il est bientôt 21h.
Je mets les ravioles aux petits légumes à chauffer pendant qu' Amy met la table. Nous commençons à manger quand mon portable sonne. Je jette un œil sur l'écran "Peter". Je fronce les sourcils.
— Décroche, Nicolas ! me dit Amy.
— Peter ? Qu'est ce qu'il y a ?
—Excuse-moi de te déranger chez toi. J'ai un souci, on m'a piqué ma bagnole ! J'avais tout dedans téléphone, papiers , clefs de la maison. Je ne peux pas appeler Tom et...
— Arrête ! T'es où ?
— Au café, pas loin de la maison. Si tu peux juste venir me chercher et m'amener au poste, je dormirais là bas.
—Je suis là dans dix minutes. Tu as mangé ?
— Non, je boufferais au poste.
— Ou tu viens à la maison !
— Non...
— À de suite !
Je regarde Amy pour avoir son accord.
— Ramène-le !
— Il va te plaire. Bises !
— Sois prudent.
Peter m'attendais dehors. En voyant mon visage jovial, il serre les lèvres.
— Pas de commentaire, s'il te plait !
— Allez ! C'est de bonne guerre non ! Raconte.
— Je voulais discuter avec un mec à propos de sa caméra de surveillance. Il était en train de faire le plein d'une bagnole, je suis juste sorti de la voiture. J'ai rien vu venir. Un débutant, je me suis fait avoir comme un débutant. Prends par là, à gauche c'est plus rapide.
— Non. Tu viens à la maison. On a un super canapé.
— Valmi. Tu n'as déjà pas beaucoup de temps avec ta femme, je ne vais pas vous faire chier en plus.
— T'as pas le choix.
Je gare la voiture à côté du monospace d'Amy. Peter sort de la Golf et regarde la maison.
— Tu disais que ma baraque était belle, la tienne est plutôt sympa, dis-moi !
— L'extérieur est génial, dedans c'est pas aussi évident.
Nous entrons, Amy n'est pas dans la salle.
— J'arrive, crie-t-elle de l'étage. Offre quelque chose à ton ami, je suis là dans cinq minutes ! Nicolas, tu peux préparer les biberons s'il te plaît !
— Oui, ma puce. Tu es un petit veinard, annoncé-je à Peter, tu vas connaître ma femme et les petits en même temps.
— Quoi ?
Je suis mort de rire ! J'ai l'impression de l'avoir jeté dans la fosse aux lions. Je prépare les biberons tout en ricanant.
Et puis d'un seul coup, je panique. Putain, sa femme est morte avec leur bébé dans son ventre..Quel con, je fais !
J'entends les pas d'Amy dans l'escalier. Elle entre dans la pièce avec les garçons, un de chaque côté.
Mon Dieu, quel spectacle ! Je jette un œil sur Peter, il se lève tout sourire. Ouf !
— Je peux vous aider ? demande-t- il à ma femme et il ne la lâche pas des yeux.
— Merci. Celui de droite, c'est Maxime, il est chiant comme son père. A gauche le plus sage, c'est Frédéric, comme moi bien sûr, dit- elle tout sourire.
— Alors il vaut mieux que je m'occupe de Max. Merci .
Mais je rêve là, il me fait quoi ?
— Salut bonhomme ! Il paraît que tu es le pénible de la bande ?
— Ouais, c'est lui le meneur. Il dort très peu, bouffe tout le temps, son père tout craché ! commente Amy très en verve ce soir.
— C'est bon, mon cœur ! Je te rappelle que cet homme fera pencher la balance pour une éventuelle embauche ! ironisé-je.
Peter éclate de rire et me met Max dans les bras.
— J'adore votre maison, vous y êtes depuis quand ?
— Un peu plus de deux ans, mais à l'origine c'était prévu avec un enfant ! Les deux nous prennent beaucoup de temps et d'énergie ! Du coup, j'ai plein de chantiers en attente.
— Si tu veux un coup de main, je me débrouille. A deux c'est plus sympa et on avance plus vite !
— Sérieux ?
— Ouais sérieux ! Ça m'occupera !
Nous faisons manger les petits, puis nous. Le courant passe bien entre Amy et Peter. Ils ont le même sens de l'humour. J'en suis très content car si je reste dans son équipe, je pense qu'on se retrouvera régulièrement ensemble.
Pendant que Amy couche enfin les petits, je montre à Peter le bureau où il va dormir. Je prends de quoi faire son lit, mais il prend juste une couverture.
— De quand date ta dernière nuit ?
— Avant la mort de Flora. Mais je n'ai jamais été un grand dormeur, de toute façon.
—Tu peux utiliser mon PC il rame un peu mais ...
— T'inquiète ! C'est très sympa de m'accueillir chez toi . Avec ta femme et les petits. Ça fait du bien le bonheur...J'en prends des doses dès que c'est possible !
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