Chapitre 17.
Après cette soirée mémorable, j'ai eu beaucoup de mal à m'endormir. L'image de ce repas, mais aussi de ce rire m'a tenu éveillé.
La journée va être longue, d'autant plus que j'ai rendez vous au poste pour faire le point sur l'enquête.
Je dois aussi parler à Laval, sans perdre mon sang froid.
Lorsque je rentre dans la cour, un connard en moto me double, m'obligeant à piler. Je le vois se garer à ma place. Je vais me le faire ! Je sors de la bagnole en trombe bloquant l'entrée et je fonce vers lui en gueulant.
- Eh connard ! Tu as failli m'accrocher et en plus tu me piques ma place ! Dégage ta moto de là avant que je m'en occupe !
Le motard descend de sa moto, enlève son casque intégral...Et une cascade de cheveux noirs en sort. Un visage souriant, illuminé par des yeux d'un bleu limite turquoise me fixe.
- Bonjour ! Je suis l'officier Morel ! Vous me parliez ? C'est votre place ? Donc, officier Brassac, c'est cela ?
- Euh...Oui, bafouillé-je. Je suis l'officier Brassac et en effet c'est ma place. Si vous venez rendre visite à un collègue, il y a un parking au fond à gauche !
Elle me regarde et se met à rire en prenant une grosse voix :
- "Dégage ta moto de là ou je m'en occupe ! "
Je me sens devenir rouge comme un gamin qu'on vient de prendre sur le fait.
- Y a des jours où on est un peu moins aimable que d'autres c'est tout !
Et je lui tends la main avec un large sourire.
- Reprenons sur de bonnes bases. Officier Peter Brassac, chef d'unité, et aussi, certains jours, homme des cavernes ! précisé-je, hilare.
- Officier Anne Morel et voleuse de place régulièrement. C'est vous que je viens voir. Je gare mon engin à une place et je vous rejoins.
- Vous pouvez la mettre là, à la place de Bisson, il ne viendra pas ou mieux , je vais m'y mettre.
(Mais qu'est-ce que tu fabriques, Peter ? Depuis quand tu te laisses piquer ta place sans gueuler. C'est tout juste si je ne me suis pas excusé !)
Je monte dans ma bagnole et me gare à la place de Tom.
Quand j'arrive devant la porte, elle est dos à moi, en train de parler au téléphone.
En plus d'un visage tout à fait charmant, d'un humour à la Matt, elle a un sacré joli petit cul ! (Mais qu'est-ce qui m'arrive ! ) Elle se retourne vers moi et je rougis encore.
- Excusez-moi un instant, j'arrive me chuchote- t-elle
- Bureau 3.
Je salue les hommes présents, et me dirige vers mon antre. Je prends vite connaissance des messages posés sur mon espace. Cet endroit est à mon image, j'y passe beaucoup de temps, trop de temps. Mon bureau est celui de mon frère ainé. Il est en bois foncé, simple, grand et costaud. Il me l'a offert quand j'ai eu ma mutation ici. Au mur, un grand tableau blanc. J'aime visualiser les différents éléments des enquêtes.
Pas de photos perso, je vis seul et à part ma sœur Adèle et mon frère Nils, je n'ai plus personne. Je ne suis pas du genre à les exposer à la vue de tout le monde.
On toque à la porte.
- Oui ! Entrez !
Elle entre, sourire aux lèvres, casque au bras.
- Excusez-moi encore ! Un collègue qui voulait des infos.
- Pas de soucis ! Cela m'a permis de prendre connaissance de messages. En quoi puis-je vous aider ? Je n'ai pas beaucoup de temps, nous avons une méchante affaire sur les bras. Asseyez-vous !
- Merci beaucoup. Voilà. Je suis affectée aux mœurs et je bosse avec un collègue qui m'a signalé que vous étiez en recherche de personnel dans quelques mois ? C'est exact ?
- Valmi, c'est ça ? Vous voulez un café ? Je suis accroc à la caféine ! Posez votre casque sur la chaise à côté !
- Je vous rends nerveuse ? Ou vous parlez toujours avec ce même débit ? Je veux bien un café merci.
- Vous me rendez nerveuse. Clairement... Cela me serait plus facile si tu m'appelais Peter et me permettait de t'appeler Anna. Ici, on se tutoie.
- Ça me va très bien, Peter, répond-elle avec un sourire narquois.
- Bon, alors revenons à Valmi. J'ai bossé avec lui une journée, dans le cadre de renforts entre services. J'ai apprécié son boulot, lui m'a dit apprécier ma façon de bosser. Ça n'engage que lui ! Je lui ai dit que j'avais plusieurs départs à la retraite dans les prochains mois.
- Vous... tu recherches quel profil ?
- Je ne cherche pas des profils, plutôt des flics pour former des équipes capables de faire du bon boulot. J'ai besoin de chefs, de personnes pour gérer un groupe, de prendre des décisions. Tu penses correspondre à cela, Anne ?
- Teste-moi ! Valmi m'a dit que tu avais besoin d'aide ? Et que tu avais quelques boulets à trainer avec toi !
- Mon dieu ! Ma réputation est foutue, s'il a parlé de Mariani ! Sans rire, Il me faut l'accord de mon et de ton patron et pour moi c'est bon. Appelle Valmi ! Je vous garde tous les deux s'il est tenté !
Elle me regarde avec ce sourire franc que j'ai vu tout à l'heure.
- Ouais, ça me convient bien. Tu n'a rien contre la présence d'une femme dans ton groupe ?
- Ce sera inédit pour moi mais cela ne me dérange pas. Je te l'ai dit, je juge les gens sur le travail qu'ils font, pas sur autre chose.
- Ok ! Ça me changera ! Aux mœurs, les gars sont très machos. Et mon look motard ne les calme pas !
- Pourquoi ? Tu croyais naïvement que ça refroidissait les mecs ?
Et je ricane. Elle me scrute et éclate de rire elle aussi.
- Plus sérieusement, Anne. Si tu bosses avec nous et qu'un seul de mes gars se permet un geste ou un mot déplacé, viens me voir.
- Valmi avait raison, commence-t-elle...
On frappe à la porte et Laval entre.
- Pardon ! Je croyais que tu étais seul, dit-il en découvrant Anne.
- D'où l'intérêt d'attendre le "entrez", Laval ! Je te présente l'officier Morel des mœurs. Le grossier personnage s'appelle Laval. C'est un de mes meilleurs éléments !
Laval hoche la tête pour la saluer.
- Peter, nous avons réussi à isoler suffisamment les visages pour en faire des photos. Tu veux voir ?
- Bien sûr ! Morel, appelle ton patron, obtiens son accord et rejoins-nous.
- Je m'en occupe tout de suite ! réplique- t-elle avant de sortir.
Laval me lance un regard interrogatif
- Les mœurs ?
- Oui. Elle aimerait venir travailler chez nous, avec Valmi. Ça te pose un problème ?
- Non. On y va ?
Nous nous dirigeons vers l'espace de Laval. Il a positionné les photos sur un tableau. En face de chaque photo, l'espace nécessaire pour mettre les infos au fur et à mesure de l'enquête. Il y a dix photos de femmes différentes, six d'hommes. Laval me laisse regarder, puis prend la parole.
- Certaines vidéos sont encore en cours d'exploitation, mais pour l'instant on a rien avec un enfant. Tu as des nouvelles d'elle ?
- Elle va bien, enfin le mieux possible vu les circonstances. D'ailleurs, je ne veux pas que tu parles de l'enquête à Tom, je m'en occuperais moi-même. Tu m'as mis dans une très mauvaise posture hier soir.
- Tu peux m'expliquer pourquoi. Tu ne fais pas confiance à Tom, toi ?
- Mais enfin, Laval, bien sûr que je lui fais confiance ! Mais le sujet est sensible, il y a des infos qu'ils ne seraient pas prêts à entendre. Elle prend une place importante chez eux et émotionnellement ce n'est pas facile à gérer, crois-moi.
- J'ai encore merdé, c'est ça ?
- Non. Tu as juste voulu faire comme d'habitude, c'est tout ! Avez-vous lancé des reconnaissances faciales ? Non j'imagine que les photos ne sont pas assez nettes. Et les photos, elles sont où ?
- J'allais y venir ! En fait, elles ont l'air d'être anciennes, un ou deux ans, que des femmes mais on ne voit pas leurs visages sauf deux gros plans. Pareil pas d'enfants. A part les quelques lignes trouvées sur Ellie. Il n' y a rien Peter, comme si elle n'existait pas. Ou alors c'est ailleurs.
Mon portable sonne. Le commissaire.
- Brassac. Bonjour, Monsieur. Oui, je l'ai rencontré tout à l'heure, en effet. Ce n'est pas en dix minutes que je peux me rendre compte, Monsieur. Avec l'absence de Bisson et cette affaire, j'ai besoin de renfort alors si des collègues sont tentés de travailler avec nous, je les accepte volontiers. Bien, je me contenterai de quinze jours, Monsieur mais avec Valmi et Morel. Merci. A l'aquarium. Cinq minutes d'accord.
Je raccroche. J'ai obtenu quinze jours avec Morel et Valmi. Le commissaire continue à me faire chier mais il n'a pas eu le choix. Les médias vont être sur le coup dans peu de temps.
- Valmi et Morel arrivent dans cinq minutes. Ils restent avec nous quinze jours.
- Génial ! Tu vois qu'il t'a à la bonne, le commissaire ! plaisante-t-il
- Je vais à leur rencontre. Tu fais une copie de ce que l'on a sur une clé USB pour Morel.
Je me dirige vers les bureaux. Notre espace que le commissaire appelle l'open-space pour faire branché. Nous, nous préférons l'aquarium. J'entends des pas, des voix et un rire. Ils debouchent tous les deux dans le couloir.
- Salut Brassac ! explique Valmi. On vient du bureau du commissaire et il nous autorise à bosser avec vous quinze jours.
- Je sais. Il vient de m'appeler. On a besoin d'aide et que tu sois des mœurs va nous aider. Je vous emmène dans notre antre.
Je surprends un regard de surprise quand ils découvrent le lieu.
- Le patron appelle cet endroit "L'open space". Pour nous, il s' agit de l'aquarium.
- j'aime bien le nom ! Tu nous présentes les poissons ? demande Anne.
- Aujourd'hui, il n'y a que Laval et moi. Sanchez et Tabias travaillent sur les infos à rechercher. Mariani est en repos .
- Surmenage ? ricane Valmi. Et Bisson toujours absent ?
- Crois- moi, Valmi, il préférerait être là. On va y venir.
Ils regardent tous les deux le panneau où se trouvent les photos.
- Anne, Laval a fait une clef usb que tu pourras étudier tout ton saoul. Valmi tu peux faire une mise à jour avec ce que l'on a depuis l'autre jour. Je fais un topo pour que ce soit plus facile ok ?
-Vas-y ! Ça dérange si je prends des notes ? demande Anne très à l'aise.
- Aucun soucis. Bon, alors Jeudi après midi, Bisson et Matt son mec...ah oui, j'oubliais Anne , Bisson est homo, c'est comme ça, si ça te pose un problème, il vaut mieux partir tout de suite
- Je me disais aussi. C'est pour cela que ça ne te dérange pas de bosser avec une femme ! Tu aimes les situations compliquées !
- On reprend, dis-je avec un sourire satisfait. Donc Bisson et Matt se promenaient vers le lac de Fouatras, et dans le chemin une bagnole a failli les percuter. Ils n'ont pas vu la plaque trop rapide.
Tom - Bisson - a pris le chemin d'où débouchait la bagnole. Ils ont trouvé une ferme avec un mec poignardé. Tom nous a appelé, mais entre temps, Matt a fait une autre découverte. Dans le chenil, enchaînée dans la niche, une gamine de peut-être 5 ans, terrorisée. Matt est resté deux heures à lui parler. Il lui a fait avaler un verre d'eau avec un somnifère pour pouvoir la faire sortir de là. Elle grognait comme un animal sauvage. On a trouvé une pièce dérobée avec des paillasses, des trucs malsains genre porno hard. Vous aurez les détails sur le dossier.
Après avoir chercher plus, Valmi a trouvé, l'habitude des enquêtes sur le terrain j'imagine, la cache des vidéos et photos. Voilà, comme vous voyez on a plein de choses et en même temps rien ! Donc ce que je voudrais c'est que chacun de notre côté on reprenne le dossier et on note tout ce qui nous passe par la tête et on voit où cela mène.
- On peut avoir un bureau ou une pièce pour bosser ?
- Je voyais plus chacun chez soi ou alors ...
- Tous ensemble , un genre de brainstorming, ça serait plus efficace, lance Anne.
- C'est possible, chez moi. J'ai la place et je suis seul. Ça vous dit ? Laval ?
- Tu sais bien que oui. Personne m'attends et cette affaire m'empêche de dormir alors au moins que ça serve à quelque chose !
- Valmi ?
- Moi, une fois que j'ai prévenu ma femme, pas de soucis. Ce ne sera pas la première fois ni la dernière.
- Anne ?
- Pareil que Laval et que toi. Personne à prévenir. Juste téléphoner à un hôtel pour après.
- Je peux vous garder à dormir, j'ai largement assez de place pour tout le monde. Alors on fait ça ? Je vous file mon adresse et on se retrouve chez moi dans une heure.
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