Chapitre 13.
Nous sortons de la chambre. Sa petite main se crispe dans la mienne. Evidemment dans un hôpital, il y a du monde, des bruits et des odeurs. Elle doit se demander où elle est. Je m'arrête, m'accroupis à sa hauteur et je lui chuchote à l'oreille.
- Y a du bruit, hein ? Si tu veux, je te prends dans mes bras ? Oui ?
Et comme à son habitude, elle hoche de la tête, lâche la main de Tom et attend. Elle est vraiment craquante. Je lui fais un super sourire et la prends dans mes bras.
J'ai envie de prendre la main de mon amant et d'avancer comme ça, tous les trois.
Mais je sais aussi que contrairement à moi, Tom est quelqu'un de très pudique (en public !) et je respecte ça.
Il me sourit, se rapproche, me chuchote un " je t'aime ".
Nous nous dirigeons vers la voiture. Sûrement une première pour elle.
- Matt, monte derrière avec la puce, me dit Tom. On n'a pas de siège et si elle a peur tu la rassureras !
- Ok ! On est bien sur le parking, là ? Embrasse-moi !
- Matt ! gronde-t-il en levant les yeux au ciel.
- Ah j'ai compris. Petite puce, je vais faire un truc - un bisou à Tom - parce que j'en ai envie ! Et il m'embrasse sur la bouche.
- Matt ! Tu es chiant !
Tom la regarde, prêt â lui expliquer ce comportement qui pourrait l'impressionner. Elle nous regarde avec ces grands yeux verts et un énorme sourire.
Tom et moi nous éclatons de rire. Elle n'a pas l'air impressionné le moins du monde. On vit ensemble, on s'aime, on ne va pas se cacher. Ni lui ni moi ne pourrions y arriver de toute manière. Et ce serait malsain de lui cacher la vérité.
Derrière, entre le ronronnement du moteur, et ma fatigue, je sens mes yeux se fermer. Quand je les ouvre à nouveau , je découvre Tom appuyé sur le fauteuil qui me fixe.
- Je me suis endormi ?
- Je confirme. Cela fait un petit moment que je profite du spectacle.
Il me fait un sourire et regarde la petite qui dort profondément.
- Tu viens m'ouvrir la porte, s'il te plait ? Elle est belle, hein ?
- Toi aussi. Vous étiez très beaux, tous les deux.
- Sois pas jaloux ! Toi aussi t'es beau bébé, me dit-il moqueur. Prends la dans tes bras que je sorte.
- Attends, Matt, s'affole-t-il. Je ne sais pas, elle pourrait avoir peur, elle ne me connait pas.
- Tom... Elle te connait, elle sait que tu es gentil. Prends-la dans tes bras, s'il te plait.
Elle grogne dans son sommeil, je la tends à Tom. Celui-ci me sourit et la prend délicatement contre lui. Elle ouvre les yeux, le voit et se rendort dans ses bras.
- Tu vois ! Elle n'a pas peur de toi, chuchote-t-il pour me rassurer. Où va -t-il chercher cette assurance ?
Il déverrouille la porte d'entrée, l'ouvre, se retourne vers moi.
- Entrons.
Et la façon dont il dit ce mot me colle des frissons.
Je pose la puce sur le canapé, la recouvre avec un plaid. Matt s'approche de moi, m'enlace. Je me colle tout contre lui. On est bien. Il se penche et m'embrasse tendrement puis de façon plus ardente. Au début, je lui rends son baiser, mais la présence de la puce me gêne. Il s'arrête, me regarde et dans un souffle il me dit.
- On continuera tout à l'heure, en petit comité. Je vais prendre une douche rapide. Cela devient indécent ! en me montrant son pantalon.
Et il part en rigolant.
Toujours à côté du canapé, je n'ai pas bougé. Je regarde la petite fille allongée là.
Elle dort profondément. Ses cheveux sont foncés, très sales, et tout emmêlés. A-t-elle déjà pris un bain ? Je pense à la description de Peter, espérant qu'elle n'ait jamais été dans cette baignoire.
Il est presque seize heures. Je ne sais pas si elle a mangé à l'hôpital. Est- ce qu'il reste des yaourts ? des céréales ? Qu'est-ce qu'elle mangeait ? Toutes ces questions sans réponses vont me rendre dingue ! D'un côté, imaginer ce qu'elle a pu subir me met dans le même état !
Peter n'a pas donné signe de vie . A-t-il découvert les vidéos ?
****
La route m'a semblé longue pour arriver chez Sylvie. Je ne crois pas y avoir été depuis la naissance de sa dernière fille. Nous nous sommes rencontrés lors d'une enquête, elle était éducatrice. On s'est vu plusieurs fois en dehors du boulot. Comme ça. Pour discuter. Et puis elle m'a présenté son mec... Il était à l'étranger depuis 3 mois.
Tant pis, cela m'aurait plu de continuer. Je l'ai dit à Sylvie, je suis du genre honnête avec les filles !
Matt dit toujours que c'est pour cela que je vis comme un con : seul ! Il a peut être raison.
En tous les cas, j'apprécie de voir Sylvie de temps en temps. Je préfère quand ni son mari, ni ses filles sont là. Il n'y a aucune ambiguïté là- dedans, je suis juste plus à l'aise, c'est tout.
Je me gare. La porte s'ouvre.
- Mon Dieu ! Quand as-tu dormi une nuit complète ?
- Bonjour Sylvie ! Je repars illico si tu me cries dessus ! En fait, j'ai très bien dormi la nuit dernière chez Tom. Tu me laisses entrer ?
- Je ne sais pas. Tu dois faire attention à toi, Peter, me réprimande -t-elle.
- Oui Maman !
- Arrête avec ça ! dit-elle en me tapant gentiment l'épaule. On charge ta voiture et après on discute.
Trois gros cartons sont posés dans l'entrée.
- Tu m'a pris pour les Emmaüs ou quoi ? Tu as gardé quelques trucs pour tes filles ? Je ne veux pas qu'elles me détestent, plaisanté-je pour cacher l'émotion que je ressens.
- Tu es insupportable ! Ils feront le tri, ils n'avaient aucune idée de quelle taille il lui fallait, remarque-t-elle en faisant la grimace.
- Rentrons et je t'expliquerais plus en détail ok ?
Elle fronce les sourcils.
- C'est si dur que ça ? s'inquiète-t-elle.
- Un sale truc... Je n'ai pas besoin de te préciser que c'est confidentiel. Tu ne veux pas me payer un café ? J'ai rien dans le bide depuis ce matin.
- Tu veux une chocolatine avec ?
- Tu veux me couper l'appétit ? dis-je avec un air offusqué.
- Te couper l'appétit. A toi ? Impossible réplique-t-elle en me poussant vers la salle.
- Je ne sais pas par quoi commencer. Ils connaissent cette petite - tout comme moi d'ailleurs- depuis deux jours. Elle était enchaînée dans un enclos comme un chien. Un animal sauvage qui grogne et ne parle pas.
- Mon Dieu ! s'exclame-t-elle, horrifiée.
- Pas de place en foyer disponible avant je ne sais combien de temps. Matt l'a " apprivoisée " donc le reste coulait de source.
- Et moi qui leur faisait des reproches ! Quelle idiote ! Elle est muette ou elle a été habitué à se taire ?
- Je n'en sais rien ! Tu crois que c'est possible de faire ça à cet âge ? Le toubib pense qu'elle doit avoir entre quatre et cinq ans.
- Hélas ! Des nourrissons apprennent à ne pas pleurer pour ne pas se faire crier dessus ! C'est une des raisons qui m'ont fait cesser ce boulot. Ce genre de situation me faisait trop mal.
- Juste une question, ces gamins est-ce qu'ils s'en sortent ?
- Quand on leur donne de nouveau de l'amour, oui.
- Ils lui en donneront, crois-moi ! Matt est resté trois heures en plein soleil à parler à une forme indéfinie qui lui grognait dessus !
- Il est flic lui aussi ?
- Non. Il écrit des livres pour enfants.
- Merci de m'avoir expliqué tout cela, tu n'y étais pas obligé. Je vais m'occuper du repas. J'en ai pour dix minutes, ok ?
Je m'installe plus confortablement dans le canapé. Tout ira bien, je les connais, ils lui donneront toute l'affection dont elle a besoin pour se reconstruire. J'espère juste qu'ils ne se perdront pas eux !
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro