𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖉𝖔𝖚𝖟𝖊
Lundi.
Le retour à la réalité s'était fait violent, beaucoup trop violent pour les deux jeunes hommes. Le samedi soir, les nouveaux amants s'étaient endormis dans les bras l'un de l'autre, même si Jungkook avait été particulièrement gêné à cause de sa timidité ; mais heureusement, Taehyung avait su le mettre à l'aise et l'avait rassuré. Le plus jeune ne voulait pas que leur relation aille trop vite, et son opinion était partagée par le deuxième.
Le trajet du retour s'était agréablement bien passé, et le brun l'avait passé avachi sur le coloré, à dormir paisiblement. Et désormais ils étaient de retour dans leur appartement universitaire. Il était encore très tôt et pourtant, Taehyung était déjà debout. D'un œil tendre, il regardait Jungkook, tout en parlant à voix basse à Jiyong. Yoongi devenait de plus en plus compliqué à gérer, entre l'absence de Hoseok et son désir de retourner dans le cartel. Le vert ne semblait pas comprendre qu'il était impossible pour lui du moins d'y retourner, puisque sa couverture avait sauté.
Cela devenait urgent de trouver une solution. Le cartel continuait à commercialiser la drogue, et leur planque était introuvable. Jiyong avait bien tenté d'interroger certaines personnes bien placées, il n'en n'avait rien tiré. Et pour lui, interroger rimait avec torturer.
« Écoute moi bien, Taehyung, » commença ce dernier, « si on n'agit pas rapidement, on va se retrouver dans une belle merde. Laisse-moi y aller. Je suis le plus apte à monter les échelons. Je sais que tu l'as vécu aussi, comme moi, mais toi cela t'a laissé des cicatrices. Et puis, Jimin m'a dit que tu avais quelqu'un. Personne ne m'attend à la maison, moi. »
« Jiyong... » souffla Taehyung en pinçant l'arête de son nez. « Ce n'est pas une solution, tu comprends ? Je ne veux pas que tu risques ta vie. »
« Si je ne la risque pas, les gens vont continuer à mourir ! » cria le jeune homme de l'autre côté. « Réfléchis comme un chef, et pas comme un ami, pour une fois. Je suis notre meilleure solution, tu ne peux pas le nier. »
Le cœur de Taehyung saignait. Jiyong comptait énormément pour lui, il le considérait comme un frère, comme les autres. Il ne le supporterait pas s'il lui arrivait quelque chose au cours de la mission. Surtout celle-ci...
Mais il ne pouvait pas contredire Jiyong. Il était leur meilleure chance de réussir à faire imploser le cartel. Son taux de résistance à la douleur était beaucoup plus élevé que la normale, c'était à peine exagéré de dire qu'il se mettait à rire quand on essayait de le faire souffrir physiquement ; et surtout, il n'avait aucun scrupule à faire mal en retour. Beaucoup le considérait comme un vrai sadique, cruel sur les bords, et indifférent.
« Je n'ai jamais voulu être le chef, » avoua le coloré, « surtout pas pour envoyer mes amis à l'abattoir. »
« Tu n'as pas le choix. Ne rend pas les choses plus difficiles qu'elles ne le sont, d'accord ? Je vais m'en sortir. Je m'en sors toujours, tu le sais. »
« Fais attention à toi, Ji'. »
Taehyung raccrocha. Il était terrifié. Les mains tremblantes, il posa son téléphone sur le bureau et prit son visage entre ses paumes. Une larme roula sur sa joue, qu'il s'empressa d'essuyer, mordant violemment sa lèvre.
Encore une fois, il n'avait pas réussi à les protéger. C'était lui le chef, pas vrai ? Alors pourquoi les autres ne le laissaient-ils pas se sacrifier à leur place ? À quoi servait-il, coincé dans cette université ? Il n'avait aucune piste, rien. Quel piètre chef faisait-il !
Il sursauta quand il sentit deux bras s'enrouler autour de ses hanches, et un torse se coller à son dos. Il soupira quand un souffle chaud s'écrasa dans son cou.
« Je ne sais pas ce qui se passe, mais... » fit Jungkook d'une petite voix, « tout finit par s'arranger. Même si les temps paraissent durs, la roue tourne, et... enfin, j'en suis l'exemple vivant. »
Taehyung lia ses doigts aux siens, fermant les yeux. Il ne voulait pas pleurer devant lui, mais finit par fondre en larmes. Son corps était pris de spasmes, et il se recroquevilla, serrant fermement les doigts du plus jeune. Hoseok était sûrement mort, Jiyong allait se jeter dans la gueule du loup, et Yoongi allait se laisser couler sans son amant.
Sans un mot, le brun se colla contre son torse et enfouit son visage dans son cou. Il ne savait pas pourquoi son aîné pleurait, mais simplement le fait de l'entendre le faisait trembler. C'était la première fois qu'il le voyait craquer. Il l'avait vu en colère, heureux, triste... mais pleurer, jamais. Il lui avait toujours paru comme un roc qui ne pouvait pas casser.
« J'aimerais... j'aimerais savoir comment agir. » renifla Taehyung.
« J'aimerais savoir comment t'aider. » souffla le plus jeune en posant une main sur sa joue.
Le coloré releva la tête, les yeux rouges, alors que le deuxième colla son front au sien. Ils étaient tous les deux assis sur le sol, l'aîné les jambes écartées et son amant entre ces dernières. Pas d'ambiguïté, juste... de l'amour. Alors, Jungkook déposa ses lèvres sur les siennes avec toute la douceur dont il était possible. Taehyung posa ses mains sur ses hanches pour le coller un peu plus contre lui alors qu'ils s'embrassaient. Leur baiser avait un goût salé à cause des larmes du plus vieux.
Les deux jeunes hommes se décollèrent, et le cadet frotta le bout de son nez contre le sien.
« Tu ne peux pas m'aider, Kook, » murmura-t-il, « c'est un travail que je dois faire sur moi-même. »
« Prend la décision qui te paraît la meilleure. Je ne sais pas de qui tu es le chef, mais tu l'es bien pour quelque chose, non ? Alors prend les choses en main. »
Une idée naquit dans l'esprit de Taehyung. Un sourire étira ses lèvres alors qu'il les posait une énième fois sur celles de son amant, qui joua avec plaisir avec son piercing. C'était lui le chef, pas vrai ? Alors autant assumer son rôle jusqu'au bout.
En voyant la lueur dans les yeux du brun, une boule se créa dans sa gorge. Il ne voulait pas le mettre au courant. Il le retiendrait à coup sûr, mais il devait y aller. C'était son rôle. Le plus vieux savait qu'il blesserait son amant en partant comme un voleur, mais c'était pour le protéger. Il ne supporterait pas son absence, et encore moins le risque qu'il soit tué.
Jiyong faisait les cent pas dans son appartement. Yoongi le regardait d'un œil morne, avachi dans son canapé, une bière à la main. C'était loin d'être sa première si on regardait les nombreux cadavres de bouteilles à ses pieds. Le vert était perpétuellement saoul, pour éviter de penser à son amant, qui n'était toujours pas rentré. Le premier l'empêchait de se droguer, car il savait dans quel état son ami pouvait se mettre. Il pétait complètement les plombs.
Rien qu'hier, ils s'étaient battus sans retenir leurs coups. Si bien qu'aujourd'hui, ils avaient de nombreux hématomes.
« Tu me donnes mal à la tête. » grogna Yoongi en se levant.
Titubant et à moitié hilare, il se dirigea vers la cuisine pour se servir un énième verre d'alcool. Il prit la bouteille de whisky et avec beaucoup de mal, car il ne voyait plus clair du tout, il s'en servit dans un shot. Il ne sentit pas le goût âcre du liquide sur sa langue, ni la piqûre dans sa gorge. Il manqua de tomber et se retint de peu à la table.
« T'es dans un état pathétique, Yoongi. » cracha Jiyong, agacé. « Arrête de boire comme un trou, putain. Tu penses que Hoseok serait content de te voir comme ça ? »
« Ne parle pas de Hoseok ! » aboya le vert en jetant le verre au sol. « Ne parle pas de lui... »
Sa voix s'était éteinte d'un coup, et couinant, il se laissa tomber au sol. Si son pilier n'était plus là, comme ferait-il pour vivre ? Il vrillait, il ne savait plus comment vivre sans lui. Il avait l'impression d'être séparé en deux, que la vie ne valait plus la peine d'être vécue, comme avant leur rencontre. Si Jiyong n'était pas là, cela ferait longtemps qu'il se serait suicidé.
Des bras puissants le tirèrent contre un torse tout aussi musclé.
« On te lâchera pas, Yoongi, » souffla le brun en le serrant contre lui, « il reviendra, tu m'entends ? On parle de Hoseok. Il reviendra. » répéta-t-il.
Le coloré éclata en sanglots, tremblotant dans l'étreinte de son meilleur ami. Il se sentait si pitoyable... il avait besoin de Hoseok. C'était vital pour sa santé mentale s'il ne voulait pas définitivement plonger. Hoseok était sa lumière. Il errait dans le noir dans l'espoir de la retrouver un jour.
« J'ai si mal... » couina Yoongi. « Pourquoi est-ce que j'ai si mal quand il n'est pas là ? »
Yoongi et Hoseok étaient plus que de simples amants. La connexion entre eux était si puissante que la légende des âme-sœurs pouvait s'avérer vrai. Quand l'un allait mal, l'autre ressentait la douleur. Et quand l'un venait à disparaître... l'autre provoquait sa propre chute.
Le vert finit par s'endormir contre le plus âgé, qui mordait ses lèvres pour ne pas pleurer également. Le désespoir de son ami le touchait profondément. Il se leva, les jambes tremblantes et portant l'autre dans ses bras. Il alla le coucher dans son lit, en espérant qu'à son réveil il irait mieux.
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