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Plus tard dans la nuit, Lucie faisait face à sa page Words. Blanche. Comme elle l'était depuis maintenant cinq mois. Ça commençait à devenir inquiétant. Elle n'avait même pas d'inspiration sur le thème de son prochain roman et sa maison d'édition la pressait d'écrire un chapitre au moins. Leurs mails et les appels étaient de plus en plus insistants. Il fallait envoyer une page avant la fin de la semaine. C'était faisable quand même...
Lucie s'encouragea avec un Thermos de café amer et tapa quelques mots qu'elle effaça aussitôt. Où était l'inspiration lorsqu'on en avait besoin? Le désespoir se peignit sur ses traits et des larmes coulèrent malgré elle. Le visage tourné face à la fenêtre, la jeune femme se laissa aller, seuls spectateurs de son impuissance, un réverbère et le banc de la rue sombre. Une déprime s'empara d'elle et avec, un mal de crâne. Le sommeil fut son seul salut. Elle dormait si bien qu'elle n'entendit pas Maël entrer en agréable compagnie.
Ce fut seulement le lendemain, lorsque le soleil déployait ses faisceaux lumineux qu'elle découvrit à l'entrée une paire de chaussures inconnues. Féminine. Elle haussa les épaules et se servit une tasse chaude de thé de Ceylan et se blottit dans le canapé, les paupières closes. La nuit dernière l'avait épuisée.
-T'es qui toi?
De frayeur, Lucie se releva comme un ressort. Une brunette la dévisageait, prête à la bouffer au moindre faux pas. La jeune femme soupira et se gratta la tête, blasée. Ce n'était pas Pauline au moins.
-Sa colocataire.
-Tu mens! s'indigna-t-elle.
-Ah bon?
Lucie haussa un sourcil et s'interdit de rire. Le ridicule de la situation donnait un aspect assez comique à la scène. Avec ce garçon, elle nageait en plein Vaudeville. Sans déconner, elle avait quel âge cette fille-là?
-T'es sa copine putain. Ouai j'ai couché avec ton mec, cracha-t-elle rageusement.
-C'est bien. Contente pour toi.
Un sourire orna malgré tout les lèvres de Lucie qui but une gorgée de son thé refroidi. Faisant la moue, elle s'empara de son téléphone pour consulter ses mails. Mais une main s'en empara et le jeta à la volée.
-Sale.. Sale p...
-Tut tut tut! Pas de ça ici Rachel..
Maël posa son index sur la bouche de la dénommée Rachel, ce qui la fit taire instantanément. Il était apparu sans crier gare et en toute discrétion. Il lui chuchota quelque chose à l'oreille et celle-ci se détendit pour fondre complètement. Lucie secoua la tête en allant récupérer son cellulaire qui n'avait pas une égratignure. Elle astiqua l'écran et se retourna, le couple s'était éclipsé. Tout du moins c'est ce qu'elle croyait car la porte dans le vestibule claqua avant l'entrée de Maël dans le séjour. Sa mine était en aucun cas repentante.
-Vas-y. Pose-la moi ta question.
-Tu es sûr que tu n'as que 17 ans?
-Pas ça, siffla-t-il.
-Si. Je te pose la question que je veux.
-J'ai pas envie d'y répondre.
Lucie se leva et agacée par l'attitude puérile du garçon, elle regagna sa chambre. Elle mit ses écouteurs et laissa les coups de Maël pleuvoir sur sa porte, le temps d'une chanson.
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