12
La journée s'organise autour de trois repas, occasionnellement quatre : Le petit déjeuner, le déjeuner, le dîner et le goûter. Cette fois, exceptionnellement, Lucie en organisa un cinquième. Le pique nique du soir, une sorte de souper en quelque sorte.
Sur le balcon du salon, Maël attendait morose, posé avec nonchalance sur la rambarde, il leva le visage vers le ciel et y vit les étoiles et la lune qui brillaient au loin.
La jeune femme l'interpella depuis l'entrée, un sac en plastique à la main. Elle portait un gilet en cotte de maille, vestige précieux de sa grand-mère. Elle avait fait un effort pour paraître plus décontractée, elle avait libéré ses cheveux de leur queue de cheval habituelle.
Tenant les clés de la voiture dans sa paume, elle tendit celle de l'appartement à Maël et dans un silence complice, il franchirent le seuil, puis descendirent l'escalier de concert.
Une fois dans la voiture de Lucie, il ouvrit grandement la fenêtre malgré la fraîcheur de la nuit. L'écrivaine démarra et le vent s'engouffra dans l'habitacle. La chaire de poule les saisit immédiatement. La voix du garçon murmura:
-Tu sens? C'est la liberté ça ! Ne pas savoir où aller, s'égarer.
-Tu souhaites t'égarer?
-Je sais pas ce que je veux. Roule pour l'instant, Lucie.
A l'évocation de son prénom, elle frissonna et la main timide de l'adolescent se posa sur celle de la conductrice, aussi légère qu'un papillon. Elle remonta sur son poignet puis serpenta le long de son avant bras avant d'effleurer l'épaule. La jeune femme frissonna de nouveau mais ce ne fut pas de froid cette fois-ci. Elle avait les yeux posés sur la route, les phares de la voiture illuminant la chaussée. Le paysage défilait, c'étaient ces magasins ouverts, ces centres commerciaux aux façades criardes et aux néons clignotants. Il y avait de nombreux passants qui déambulaient en cadence sur les trottoirs de la ville.
Maël avait toujours sa main sur l'épaule de Lucie, il n'avait pas bougé depuis. Puis il enroula de l'index une des mèches de la jeune fille.
-Qu'est ce que tu..?
-Chut...
Le lycéen continua à jouer avec la chevelure tout en observant les badauds défiler. Le vent lui fouettait les joues.
-Ma mère me faisait ça quand j'étais gosse. Pour me faire du bien, ça marchait. Je veux te faire du bien aussi, Lucie.
-C'est à moi de te changer les idées, pourtant.
-C'est bon, c'est rien un anniversaire.
-C'est important, surtout 18 ans.
-Wouahou !Je peux boire, fumer, fuguer et voter en toute légalité. Super!
-Maël..
-J'ai déjà fait tout ça. Sauf voter mais ça m'intéresse pas t'façon.
La jeune femme sourit, mutine.
-Je croyais que t'aimais pas la cigarette ?
-J'aime pas, ouai. Tu grandis plus vite, tu meurs quoi.
-Si je fume, tu penses que je grandirais plus vite?
La poigne de l'adolescent se crispa dans les cheveux de Lucie sans lui faire mal.
-Je t'interdis de fumer!T'entends?
-Je pense être assez grande pour savoir ce qui est bon pour moi Maël.
Les lampadaires inondaient les rues d'une lumière artificielle, la voiture roulait toujours au gré du hasard.
-C'est l'autre qui t'incite à faire ça?
-L'autre? Ah.. Tu veux parler d'Éric?
-M'en fous de son prénom. Il a une mauvaise influence sur toi.
-C'était une simple supposition à l'origine tu sais. De toute façon, je finirai bien par grandir. Dans quelques temps, je passerai la barre de la vingtaine que je le veuille ou non.
-Alors on a 1 an de différence.
-Et quelques mois...
-Rien à faire de ces quelques mois ! Ça compte pour du beurre.
-Tu parles comme un enfant.
-Arrête de faire la grande !
Lucie rit légèrement. Maël regardait son profil et se dit qu'il aimait son rire, il l'aimait vraiment beaucoup...
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