1er chapitre
Je tiens une nouvelle fois à remercier biscuitcrame concernant cette magnifique couverture qu'elle m'a concoctée. Merci à elle pour son temps, son travail et sa patience. Je vous la recommande grandement !
Je ne me suis pas beaucoup éloignée. Pas la peine de faire avoir une crise cardiaque à ma pauvre mère. D'ailleurs, il n'est pas non plus nécessaire d'avancer plus, car les ronces commencent déjà à courir sur le sol, à quelques mètres de là.
— Madeline ? appelle ma mère, une inquiétude palpable pointant dans sa voix.
— Je suis juste là. Je finis et j'arrive.
Je me dépêche de faire mon affaire, m'essuie avec un mouchoir en papier que je tiens du bout des doigts, avec précaution. Malheureusement, je n'ai pas pensé à ramener un petit sac poubelle pour le mettre. Cependant, j'ai cru voir une poubelle sur le parking. En attendant, je le mets dans l'emballage usagé du paquet de mouchoir, vide maintenant. ça fera l'affaire pour le moment. Pour me laver les mains, je demanderai à ma mère de me verser de l'eau dessus.
Je suis prête à faire demi-tour, je tourne les talons. Je perçois les phares de la voiture qui percent à travers les fourrés. Je fais un pas, lorsqu'un bruit, venant de mon dos, m'interpelle. Je me retourne, perplexe, le cœur battant à tout rompre. J'ai les chocottes. En fait, je suis plutôt peureuse comme fille.
Le bruit vient de derrière le tronc d'un pin. Je tends un peu plus l'oreille. Ce sont... des sanglots ?
— Madeline ? Tu as fini ?
— Euh... Oui... j'arrive.
Je fais un pas vers l'origine du bruit, m'éloignant un peu plus du parking. Mon pied pénètre les ronces qui ne sont heureusement pas très hautes. Les sanglots que j'entends sont légers. Je me demande qu'est-ce qui peut provoquer un tel bruit, ici. Peut-être un animal ? Mais lequel ? Je m'en veux d'être aussi novice dans la nature sauvage. D'ailleurs, ma mère s'arracherait les cheveux, si elle savait que j'allais m'aventurer je ne sais où, au lieu de revenir vers elle sur le parking.
J'éclaire avec la lampe torche de mon téléphone vers le pied du pin. J'avance encore, avec précaution, puis j'arrive à l'origine des sanglots. Et, là, je ne peux retenir un hoquet d'effroi. Il y a un petit garçon, assis-là, à même le sol. La tête dans ses genoux, les cheveux figés enrobés de boue. D'ailleurs, tous ses vêtements sont déchirés, sans doute à cause des ronces et salis. Sa peau est recouverte d'une fiche couche de crasse.
Sans attendre une seconde, je m'agenouille à ses côtés, enlevant rapidement ma veste pour le couvrir. Aussitôt, je hurle :
— Maman ! Viens vite ! Il y a un enfant ! M'man !
— Quoi ? hurle-t-elle en retour. Qu'est-ce que tu racontes ?
— Viens vite !
L'enfant tremble - de peur ? ou alors de froid - dans mes bras. Et les sanglots redoublent en intensité. Que fait-il ici ? En pleine nuit ? Au milieu de nulle part ?
— J'arrive, reste où tu es, fait finalement ma mère.
Je l'entends verrouiller la voiture. Pendant ce temps, je regarde toujours ce petit garçon, la tête toujours dans ses genoux. Je lui frictionne le dos, tentant de le réchauffer. Enfin... je pense qu'il a froid car, à cette heure-là, il devrait être au chaud, dans son lit.
— Tout va bien se passer, mon coeur. On va te mettre en sécurité. Ne t'inquiète pas.
Soudain, l'enfant bouge. Avec une force phénoménale, il me pousse en arrière. Aussitôt, il se lève et détale, ma veste glissant de ses épaules atterrissant sur le sol. Sur la surprise, je n'ai pas le temps de me rattraper. Je tombe de tout mon long, sur le dos, ma tête frappant une souche. Je suis légèrement étourdie mais, si je ne fais rien, cet enfant peut mourir ! Il est peut-être en grand danger.
Alors, ignorant mon étourdissement et sentant l'adrénaline s'écouler dans mes veines, je me relève. Ma mère commence à arriver quand je me mets à courir, prenant la direction qu'à prise l'enfant.
— Madeline ! Qu'est-ce que tu fais ? s'écrie ma mère.
— Il s'est enfui ! Il faut le retrouver !
Ignorant ma mère, qui me hurle de revenir, je détale à travers les pins. J'ai l'habitude de courir, alors je trouve rapidement mon rythme. Le plus difficile, c'est d'esquiver les fougères et les hautes racines. Tant pis pour les ronces, qui déchirent mes vêtements. Tant pis pour la pluie qui commence à tomber, rendant le sol d'autant plus glissant. Ce qui compte, c'est la vie de cet enfant, semble-t-il perdu au milieu des bois.
J'aperçois le garçon, qui court toujours. Heureusement, je suis plus rapide que lui. La distance qui m'éloigne de lui se resserre lentement. Ses sanglots déchirent la nuit. Comme un hurlement. Qu'est-ce qu'il a pu vivre pendant tout ce temps ? Avant qu'on le trouve ?
Soudain, il disparaît. Je m'arrête à l'endroit où je l'ai perdu et voit qu'il a en fait descendu une légère pente, s'arrêtant au pied d'un petit étang. La pluie s'intensifie légèrement. Le petit garçon pleure toujours, les pieds dans l'eau.
— N'ai pas peur, je ne te veux pas de mal.
J'avance avec précaution, pour ne pas l'effrayer. Cet enfant à besoin d'aide et je ferai tout mon possible pour le mettre en sécurité. Pour le rendre à ses parents, qui doivent se faire un sang d'encre pour lui.
— Madeline ? j'entends finalement ma mère, qui débouche de la lisière, essoufflée.
Je ne lui réponds pas, ne voulant pas apeurer davantage le petit garçon. J'avance à petit pas, tendant la main vers son épaule. Prête à le ramener contre moi.
— Tout va bien, d'accord ? Je suis là.
— Madeline... à qui tu parles ? demande ma mère, sa voix se teintant de désarroi.
Ma main s'arrête alors à quelques centimètres du petit garçon. Je me retourne vers ma mère. La lumière de sa lampe torche éclaire légèrement son visage. Elle semble paniquée. Presque... effrayée. Mais, surtout, plongée dans une confusion totale.
— Mais... au petit garçon, maman...
Tout en tournant la tête, j'avance un peu plus la main. Mais mes doigts ne trouvent rien. Le petit garçon avance. Désormais, l'eau lui arrive aux genoux.
— Non ! m'écrié-je. Ne fait pas ça !
Je le suis, tandis que ma mère me rejoint rapidement.
— Madeline ! Madeline, ça suffit, arrête !
Je cours, du moins j'essaie, car c'est difficile de marcher dans l'eau. Je tombe une première fois, me relève, mais ma mère a le temps de me rattraper. Elle me prends le visage dans ses mains.
— Madeline ! Regarde-moi.
— Mais, maman, le petit garçon...
Mes yeux sont fixés sur lui, je commence à pleurer. Je me sens incapable, dans l'impossibilité de l'aider. Brusquement, ma mère me retourne le visage vers le sien. J'arrête soudainement de respirer. Je suis tétanisée. Ses yeux... ses yeux ont disparu. à la place, se trouvent deux champignons noirs, purulents, les mêmes qui poussaient dans les toilettes sèches. Sur ses joues, commencent à couler des gouttes visqueuses, poisseuses, jusqu'à ses lèvres anormalement noires.
Je ne dis rien, paralysée. Mes yeux ne peuvent quitter cette vision d'horreur.
— Madeline...
La voix vient de quelque part, impossible de savoir d'où !
— Madeline !
J'ouvre les yeux, hurlant à pleins poumons. Ma mère est toujours en face de moi, je recule alors, mon dos percutant un tronc.
— Madeline, ma chérie. C'est maman. Tout va bien.
Elle approche son visage et je remarque qu'il est normal. Mon cœur bat à tout rompre. Je fais ce que je peux pour récupérer ma respiration. Je regarde autour de moi, cherchant le petit garçon des yeux. Mais, même l'étang a disparu. En fait, je suis à quelques mètres à peine de là où je me suis soulagée.
— Qu'est-ce que ?
— Tu m'as appelé, puis tu as dit quelque chose d'inaudible. Je suis venue te voir et tu étais allongée là, sur le sol, inconsciente. Tu as dû trébucher et te cogner.
Elle m'aide à me relever. Je tremble de peur. Et de froid.
— Pour une raison que j'ignore, ajoute-t-elle, tu as même enlevé ta veste. Où l'as-tu mise ?
Je nous éclaire le pied du pin, où autrefois je croyais avoir vu... un enfant ? Ma veste est bien là, cependant aucune trace de cette chimère. Je suis vraiment tombée ? C'est la seule explication plausible à tout ce que j'ai pu voir. J'ai tout imaginé. Oui, voilà tout. Ma mère m'accompagne pour récupérer ma veste, puis nous retournons à la voiture.
La fatigue m'accable soudain. Et, tandis que je m'efforce d'oublier ce dont j'ai rêvé, je détourne les yeux de la forêt. J'ai peur d'y voir, tout de même, ce pauvre petit garçon, perdu dans la forêt.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro