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Un globe terrestre, la remise et un jerrican

«Lundi 5 septembre»

MALHABILEMENT ENROULÉ DANS SA couverture, Ariel grogna furieusement lorsque le carillon cliqueta, crachant une mélodie particulièrement discordante. La porte grinça et il se redressa maladroitement, groggy et les yeux gonflés par le sommeil. Dans la couchette inférieure, Camille lâcha un hurlement, roula hors de son lit et atterrit bruyamment sur le sol, ses longues jambes enchevêtrées dans un drap partiellement déchiré. L'éclat de la Lune filtrait à travers le vélux et illuminait faiblement la chambre, aussi Ariel eut-il le loisir d'observer Camille ramper jusqu'au globe terrestre, qu'il s'empressa de dévisser. Ses mouvements anarchiques le faisaient haleter. La porte couina sinistrement et il balança la partie supérieure du globe à Ariel, qui eut un glapissement outré.

— Arrière, Alexis ! persifla Camille en plongeant son bras à l'intérieur du globe.

— Je rêve ou tu planques de la nourriture dans ce truc ? murmura Ariel, décontenancé. Il est quelle heure ? Et qu'est-ce que tu fous ? 

Camille l'ignora, empoigna une poignée de pâtes et bondit sur le côté gauche, s'adossant contre le placard et le faisant dangereusement vaciller. Ariel plissa les yeux et distingua une silhouette longiligne, immobile sur le seuil de leur porte, submergée par la pénombre.

— Écoute, tu t'es déjà vengée. Il y a le petit rebelle, ici. Limitons les dommages collatéraux. 

Silence.

Un déclic retentit et un battement de cœur plus tard, une gerbe de peinture écarlate s'écrasait sur la penderie. Camille balança une multitude de coquillettes vers la porte entrouverte. Elles s'écrasèrent majoritairement sur le carillon, provoquant un bruit infâme. Une boule de peinture jaune vint percuter la poitrine du blond et il chancela, renversant le globe sur le sol, une vague de pâtes jaunâtres cascadant sur le plancher et glissant sous le lit superposé.

— Muller, il faut repousser l'envahisseur ! tonna Camille en récupérant de nouveaux projectiles. 

Ariel jura, vissa la seconde partie du globe au sommet de son crâne puis rejoignit Camille en grommelant quelques indistinctes paroles vengeresses. Une bille de peinture heurta douloureusement sa clavicule et il plongea derrière la valise de son colocataire, ultime rempart à la folie de leur assaillant.

— OK, Soldat Mermaid, le plan est simple, exposa Camille, son souffle chaud caressant les joues d'Ariel. Tu chantes une chanson épique et je fonce vers la démone.

— C'est pas une bonne idée.

— Arrête, je suis un génie.

C'est pas une bonne idée

Camille bouscula la valise jaune et s'élança vers la porte en brandissant son poing gorgé de coquillettes. Ariel se racla instinctivement la gorge puis fredonna un soundtrack du Seigneur des Anneaux. Une nouvelle boulette visqueuse et colorée heurta le sommet de son crâne et dégoulina froidement le long de ses tempes brûlantes, longeant l'arête de son nez et embrassant les courbes de ses lèvres, arquées en un sourire mauvais. Camille claqua la porte et se laissa choir sur le sol en marmonnant un « victoire » manquant cruellement de conviction.

— J'ai besoin d'une cigarette. 

Au final, ils passèrent plus d'une heure et demie à frotter la peinture collée aux murs et à balayer les coquillettes renversées sur le plancher bombé et polychrome.






Une alarme stridente déchira le silence. Les premières lueurs de l'aube glissaient paresseusement à travers les fentes du vélux centenaire. Ariel réprima un juron et ouvrit difficilement les yeux, tombant nez à nez face au sourire colossal de Camille, de la peinture sèche égayant sa chevelure blonde, ses élégants yeux verts le sondant intensément.

— Camille, épargne moi ton sourire jovial dès le matin, alors que notre chambre pue la peinture, la cigarette et la bougie parfumée, grogna Ariel, bougon. Je veux dormir.

Spiderpion va passer dans vingt minutes maximum. Crois moi, tu ne veux pas que ce taré vienne te réveiller. 

Le carillon cracha son infâme mélodie et Mathis débarqua, rayonnant. Il portait une cravate blanche ornée de hérissons, un pull Bob Razowski aux couleurs criardes et avait abandonné son bonnet multicolore pour une chapka. Lentement, il mâchonnait un chausson aux pommes à l'aspect savoureux. Mathis haussa un sourcil interrogatif lorsqu'une coquillette égarée craqua sous la semelle de sa chaussure.

— On a subi une attaque éclair de la commotionnée, claironna Camille. 

Il enfila son manteau vert, retroussa machinalement les manches, dégota un bonnet en laine gris et le vissa énergiquement au sommet de son crâne. Mathis engloutit la fin de sa pâtisserie et braqua son regard d'obsidienne sur Camille, un sourire ironique balayant ses lèvres pulpeuses.

— Encore ?

Mermaid et moi, on compte se venger, lança le blond en enfilant une paire de chaussettes dépareillées, sautillant sur place afin de ne pas s'écrouler sur le sol.

On 

Ignorant les balbutiements révoltés de son nouveau colocataire, Camille saisit brusquement son édredon et le jeta sur le sol, l'incitant à se lever et lui arrachant une nouvelle salve de jurons obscènes. C'est en caleçon, fatigué et sous les moues railleuses d'un blond au sourire ravageur et d'un métissé à la cravate ornée de hérissons souriants qu'Ariel entama sa première journée à Saint-Charles.









Onze heures. Ariel était éreinté, irritable et particulièrement froid. Quelques résidus de peinture valsaient au sommet de son crâne, jouaient à cache cache avec sa tignasse hirsute et le démangeaient horriblement. Mathis chuchotait, ses bras secoués de mouvement anarchiques, ses pieds raclant l'asphalte aux rythmes de ses enjambées, longues et désordonnées. Les mains dans les poches, tête baissée, Ariel se rembrunit légèrement. Saint-Charles était silencieux, simplement ébranlé par le piaillement des oiseaux, le grésillement des mouches et le ploc-ploc soporifique des gouttières crasseuses et inondées. L'air était lourd, pluvieux et étouffant.

 — Tu as toujours cette clé ? brailla Camille en interrompant la tirade enflammée de son ami.

— Affirmatif. La tradition peut perdurer, Raiponce.

— Alexis est probablement en train de sécher, je ne l'ai pas vu ce matin, précisa le blond, pensif, et il se retourna, lançant à Ariel une œillade désespérée. OK, Mermaid, tu es prêt à nous donner un coup de main ? 

L'intéressé lui jeta un regard torve. Camille affichait une moue grave, la capuche de son manteau remontée. Ariel apercevait nettement ses joues blafardes, étoilées de taches de rouille, ses grands yeux verts, l'arête de son nez légèrement bosselé et son sourire éblouissant. L'air frais lui picotait la peau et rougissait ses pommettes. Ariel baissa les yeux et continua à émietter le gâteau gisant au fond de sa poche depuis probablement plus d'une décennie.

— Non, répondit-il finalement, agacé.

— Tu pourras te venger de la démone qui t'a forcé à bouffer de la peinture à trois heures du matin, argua Camille.

— Je marche. Qu'est-ce qu'on fait ?






Cette tradition était stupide en plus d'être dangereuse. Ariel le comprit à l'instant même où Mathis lui expliquait la manœuvre. Il n'était pas dupe. Il était à Saint-Charles depuis moins de vingt-quatre heures et avait frôlé la catastrophe à trois reprises. Sans le vouloir. Omniprésente, l'angoisse menaçait de l'engloutir à tout instant, nouant ses entrailles et lui asséchant la gorge. L'imprévu pointait encore le bout de son nez et Ariel détestait ça.

— Neutralisez correctement la menace, capitaine Raiponce, intima solennellement Mathis.

Camille hocha la tête, tourna les talons et héla un homme, nonchalamment appuyé contre un mur et surveillant les élèves, morose.

Spiderpion.

L'unique surveillant du Lycée Saint-Charles. Il n'était pas très grand ni très corpulent et arborait un tatouage – une toile d'araignée – épousant les contours de son coude gauche, sinistre. Des sourcils broussailleux, un regard flamboyant, un nez épaté, un rictus méprisant et un air sévère, Spiderpion inspirait la crainte, la haine et l'amertume. Aigri, cynique et rébarbatif, les élèves devenaient un exutoire à son insatiable colère. Une fois à la hauteur de l'adulte, Camille pointa un extincteur du doigt et commença à faire de grands gestes, ignorant les soupirs irrités et le ton mordant du surveillant.

— Allons-y, ordonna Mathis en tapotant l'épaule d'Ariel. 

Le jeune homme acquiesça et ils longèrent l'édifice en forme de U, esquissèrent une grimace en contournant deux poubelles à l'odeur pestilentielle et bifurquèrent à gauche, leur cœur ayant adopté un rythme effréné. Là, ils enjambèrent une barrière métallique et dévalèrent un escalier en colimaçon, débouchant sur une porte métallique verrouillée. Mathis tâta la poche arrière de son jean et en sortit un trousseau de clés. Nerveux, Ariel faisait le guet.

— C'est bon ! annonça Mathis lorsqu'un bruit métallique caractéristique retentit. 

Les deux garçons s'engouffrèrent prestement dans la remise, Ariel écrasant avidement l'interrupteur et s'humectant machinalement les lèvres. Les néons grésillèrent puis crachèrent une lueur fantomatique, illuminant une pièce exiguë, empestant la moisissure et garnie d'étagères croulant sous la nourriture. Des palettes en bois avaient été empilées dans un coin de la pièce.

— Deux baguettes de pain, quelques fruits et un paquet de céréales, ça ira pour ce midi, rappela Mathis, ses yeux voguant subtilement d'un point à un autre. On ne peut pas accéder au frigo.

Il avisa l'air inquiet, les poings serrés et le teint blême du nouvel arrivant et sourit :

— J'ai déjà fait ça trois fois, je gère. Une cuisinière a perdu cette clé il y un peu plus de deux ans. Lorsque je l'ai trouvé, j'ai cherché ce qu'elle ouvrait pendant presque un mois avant d'oser venir ici. Ils n'ont jamais remplacé la serrure. Soit le dirlo l'ignore, soit il s'en fout, soit il a la flemme. Les trois propositions sont plausibles. 

Ariel fut secoué d'un rire nerveux et s'apprêta à saisir une pomme lorsqu'une tornade blonde apparut derrière eux en braillant une chanson païenne. Les deux garçons hurlèrent et pestèrent bruyamment lorsque leur assaillant musical explosa de rire. Un rire cristallin, mélodieux.

— Quelles chochottes vous faites, les mecs. 

Ariel inspira profondément et Mathis réajusta sa cravate ornée de hérissons, feignant la désinvolture. Appuyée contre l'embrasure de la porte, une fille les toisait de ses orbes cristallines, un sourire espiègle errant sur ses lèvres églantines. Ariel lui trouva un charme singulier, une élégance indiscutable et un charisme indéniable. Elle arborait une chevelure échevelée, d'un blond presque blanc, des joues bombées et un visage enfantin. Enfoncée dans une paire de Docs Martens pimpante, mouchetée d'une infinité de paillettes argentées, les lacets usés traînant sur le sol et se coinçant sous ses épaisses semelles, elle semblait fière de sa petite plaisanterie.

— Alexis, qu'est-ce que tu fous ici ?

— Je venais admirer votre ignoble trahison de mes propres yeux, annonça t-elle, nonchalante, son regard bleuté transperçant la boite crânienne d'Ariel.

— Ta coopération laisse un peu à désirer, depuis l'incident commotion, répliqua Mathis en soufflant bruyamment par le nez. 

Ariel serra les poings, quelques répliques acides lui brûlants sournoisement la langue. Alexis leva les yeux au ciel et fit claquer sa langue contre son palais, contrariée. Deux cernes violacées alourdissaient ses prunelles amusées et elle mâchait un chewing-gum avec ostentation.

— Je suis crevée, j'ai faim et Spiderpion me cherche, expliqua t-elle. Trêve ? 

Mathis fronça les sourcils puis se massa les globes oculaires en soupirant, visiblement blasé.

— Trêve. 

Après avoir volé deux baguettes de pain – coupées en quatre et lamentablement écrasées au fond de leurs sacs – quelques fruits, un paquet de Coco Pops, des gobelets et une tablette de chocolat, Ariel, Alexis et Mathis récupérèrent Camille et la pitoyable diversion qu'il entretenait avec Spiderpion alias l'unique menace de ce fichu bahut. Réticent, Camille finit par accepter la trêve proposée par Alexis et ils se dirigèrent vers la forêt de pins, Mathis fredonnant un tube commercial qu'il prétendait détester et Ariel maudissant la jolie blonde et son sourire narquois.








De longues feuilles longilignes et incandescentes embrasaient le sol boueux, gluant et marronnasse de la forêt de pins. Les orties léchaient amoureusement les tibias des adolescents et frôlaient leurs mains aventureuses, les ronces arrachaient leurs vêtements, zébraient leur peau, meurtrissant leurs mains et laissant derrières elles de longs et sinueux sillons vermillons. Quelques secondes plus tard, le groupe contourna un rocher grisâtre, fêlé et titanesque, quelques branches brisées caressant son sommet particulièrement plat. Ariel gloussa bêtement lorsqu'il distingua un pénis gravé au marqueur noir et Alexis lui asséna un violent coup de coude dans les côtes. Le rocher dissimulait cinq chaises en plastique vertes, craquelées, humides et poussiéreuses, disposées en arc de cercle.

— Je te présente le Petit Rocher, annonça Camille, guilleret, et Ariel saisit l'ironie en haussant un sourcil amusé. Mathis, le vin d'honneur ?

Le métissé hocha la tête, ses sombres prunelles malicieuses toisant un instant Alexis, et tourna les talons, enjoué. Il se planta en face d'un pin, se frotta énergiquement les mains et bondit, ses doigts s'agrippant immédiatement à une branche et ses pieds raclant désespérément l'écorce étincelante. Alexis scandait un encouragement puéril et incompréhensible, ses Docs Martens martelant le sol, les lacets jaunes virevoltants et claquants contre les feuilles sèches et croustillantes. Maladroitement, Mathis saisit un jerrican calé entre deux branches. Sale, trempé, quelques feuilles adhérant à la paroi grumeleuse et plastifiée, il était gorgé d'un liquide pourpre.

— Ce con m'avait manqué, gémit Alexis en saisissant avidement le jerrican.

— Ariel, les gobelets ! 

Le brun eut un haussement d'épaule fataliste, fouilla dans son sac et balança à Camille la pile de gobelets blancs. Enfin, ils se laissèrent choir sur les chaises en soupirant, un ciel orageux les surplombant et menaçant de vomir sa colère sur eux. Alexis dévissa le bouchon du jerrican et le coinça entre ses cuisses, sa courte chevelure blonde léchant ses tempes et occultant une partie de son visage concentré.

— Honneur à Mermaid ! déclara Camille en balançant son bras en avant, agitant le gobelet cabossé.

— Si c'est aussi bon que ton café au whisky, je passe mon tour, ricana Ariel.

— C'est du vin, chochotte, rétorqua Alexis en penchant difficilement le jerrican. 

Le liquide rougeoyant dégringola et s'écrasa violemment au fond du verre, manquant de le faire tomber et crachant quelques postillons alcoolisés sur les phalanges crispées du blond. Ariel s'apprêtait à refuser, peu emballé à l'idée d'ingurgiter du vin, lorsque les lèvres de Camille s'ourlèrent en un sourire fugace, gigantesque, son regard de jade empreint d'une bonhomie élégante. Le genre de sourire que les gens aimaient provoquer. Alors, Ariel accepta. Bêtement, il leva les yeux au ciel et s'empara promptement du gobelet, un sourire biscornu jouant sur ses lèvres. Ce fameux sourire réservé, tordu, comme s'il rechignait à dévoiler ses dents légèrement bancales.

— Alors, Ariel Muller, quel genre de personne êtes-vous ? lança Camille, son talon creusant un trou dans la terre meuble. 

Surpris, Ariel leva les yeux vers le petit groupe. Ils l'observaient, comme s'ils attendaient quelque chose en particulier. Une phrase percutante, un mot exultant, un réplique tranchante. Ariel étouffa un rire nerveux et se recroquevilla malgré lui. Ils savaient quel genre de personne il était. Après tout, n'avaient-ils pas lu son dossier scolaire ? Il but une gorgée de vin, gorgeant ses lèvres d'une trace purpurine. Langoureusement, le liquide s'enroula autour de sa langue, colora ses dents et lui arracha une grimace. Ariel exhala une longue bouffée d'air et esquissa un sourire furtif.

— Je suis du genre à m'amouracher de la Lune alors que je ne suis qu'une étoile. 




corrigé — 16/03/2017.

correction 2.0 — 23/07/2017.

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