- Salut, est ce que tout va bien pour toi? Dis-je en faisant la comédie.

- Non. Je ne t'ai pas, toi. Répondit Stanley en me fixant.

Je voyais une lueur d'amusement dans son regard. Qu'est ce qu'il jouait bien...
Je relevais le regard, impériale, puis m'approcha lentement de lui. J'avais enlevé mes lunettes et changé ma queue de cheval basse en un chignon, ce qui m'allait beaucoup mieux.
Il me prit langoureusement dans ses bras. Je me laissais aller en posant mes mains sur ses bras et un sentiment de bien-être m'enveloppa.
Mon coeur semblait résonner dans ma poitrine et mes joues étaient en feu, même si cela ne choquait personne vu que j'étais blafarde 24 heures sur 24.
Nous tournâmes la tête et fîmes semblant de nous embrasser, même si cela n'était pas du tout le cas.
Nos joues étaient juste collées, et je fus gênée de constater que la mienne était brûlante.
Pendant une fraction de seconde, je pus sentir son doux parfum de fraîcheur, un mélange de menthe et de fruits rouges.
Je me décollais de lui et me retournais vers mon unique public pour le saluer, Stanley fit un geste identique.
J'entendis des applaudissements et le rire satisfait de madame Sipiar.
La seule chose que je reconnus assez facilement était le grognement de Brenda.
La poitrine en feu, je rejoignis le groupe.

- Bon, il ne nous restera plus que quelques répétitions avant le grand soir! Je suis certaine que cette pièce sera la meilleure que ce lycée n'est jamais connue! S'exclama madame Sipiar.

Elle avait bien le droit d'être heureuse, car, c'était elle qui avait écrit cette pièce.
L'année dernière, on avait eu droit à Roméo et Juliette, ce qui était il faut bien le dire, très ennuyant.
Mais cette pièce était bien plus intéressante à mon goût. Certes, des vrais élèves ne parleraient pas comme ça dans la vraie vie, mais à part ça, c'était plutôt bien tournée.

- Excusez-moi, interrompit brusquement Kimberley, pourquoi Anita et Stanley ne s'embrasse pas vraiment? C'est vrai quoi, ça serait mieux.

Madame Sipiar tourna la tête vers nous, vexée.

- T'as pas remarqué que j'ai une petite copine? Dit Stanley en haussant les sourcils.

Sous l'effet de cette remarque, Kimberley se recroquevilla.

- Mais tu t'en fiche, tu as déjà embrassé sa meilleure amie et elle t'as pardonné... Moi franchement j'en profiterais.

Brenda se dirigea jusqu'à elle.

- Tu as dit quoi, là?

- Eh oh! Cria madame Sipiar. Calmes toi Brenda! Retournes à ta place!

Ma sœur s'exécuta, colérique.
J'entendis Stanley étouffer un rire. Stupéfaite, je me grattais les recoins de mes lèvres pour ne pas rire.

- Madame, madame! S'exclama Jane en levant le bras le plus haut possible. Pouvez-vous nous expliquer les entrées? Du genre si moi je suis du côté jardin ou pas. Et les lumières? Quels couleurs vous utiliserez quand je serais sur scène? Et les costumes? On en aura ou pas? Et il y aura combien de spectateurs dans la salle? Et...

- Oh là, elle est pas un peu relou, elle? Demanda Kimberley.

- Je vous dirait tout ça une prochaine fois, dit madame Sipiar légèrement dépassée.

- Et, par contre, serait-il possible de délimiter les espaces entre Anita et moi lorsqu'on sera tout les deux sur scène? Demanda Julian.

Ma professeur chercha à comprendre.
J'avais raison depuis le début, je puais. C'était obligé! De là à délimiter les espaces... Soit ce type a vraiment un problème de narine, soit il est complètement cinglé et il n'aime personne. Je vois que ça.

- Moi aussi, j'aimerais bien, ajouta Brenda, et Stanley est du même avis.

Celui-ci tourna brusquement la tête vers elle pour lui lancer un regard interrogateur.
Brenda lui fit signe que tout allait bien.
J'étais sidérée.

- Euh... On verra... Répondit madame Sipiar, déconcertée par toutes ces étranges demandes.

- Mais pourquoi? Demanda Jane. Elle a l'air super cool Anita!

Ma sœur lui jeta un regard noir et je fus reconnaissant vis à vis de la bonne personne qu'était Jane.

- Tu ne la connais pas! Lança Brenda.

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J'étais prêt de mon casier en compagnie de Mickaël. J'étais en train de lui raconter mon petit moment au théâtre lorsque un petite voix m'interrompit.

- Salut, dit timidement Sabrina, tu sais où est Tess?

Je détournais le regard et vis sa tignasse orange toute emmêlée.
Comme elle était de petite taille, je dû baisser la tête pour l'apercevoir.

- Oui, répondis-je, elle est avec Brenda qui est avec Mike qui est avec Stanley qui sont en train de réviser un contrôle et qui sont normalement vers l'entrée.

Confuse, elle haussa les sourcils et me fis un grand sourire.

- Merci, dit-elle, tu joues bien.

Je mis quelques minutes à comprendre qu'elle parlait du théâtre.

- Ah oui, m'exclamais-je, c'est gentil toi aussi.

Je n'avais rien trouvé d'autre à dire.
Super, n'utilisez jamais cette technique pour vous faire des amies.

- Non, moi je ne rentre jamais dans la peau de mon personnage, expliqua-t'elle, je joue la secrétaire, c'est génial, pas vrai? Je ne sais pas comment tu fais, mais toi, tu y arrives super bien.

Je vais te donner ma technique.
Ingrédients: celui que tu aimes, sœur que tu détestes et un meilleur ami.
Tu prends le meilleur ami et tu révises avec, ensuite, tu prends celui que tu aimes et il faut qu'il soit ton petit-copain dans la pièce.
Tu ajoutes un peu de ta sœur que tu détestes sur la scène et le tour est joué!

- Je me suis juste donnée à fond, dis-je incertaine.

- Oui, je suis peut-être un peu trop timide. Bon, il faut que je te laisse, je dois retrouver Tess. À demain soir! Dit-elle en me faisant au revoir de la main.

Elle me tourna le dos et repartit.

- Wouah, t'es une super menteuse, s'exclama Mickaël en riant, j'y ai pas cru une seconde! Tu as de la chance que Sabrina est naïve, si c'était Brenda, ta réputation aurait déjà été pire que la mienne!

Il s'esclaffa et je levais les yeux au ciel.
Voilà un des moments où je ne pouvais pas le supporter.
Il s'étouffa et se plia en deux en posant une main sur mon épaule pour se retenir de tomber à la renverse.
Son rire devint aigu et des larmes s'échappèrent de ses yeux. Il s'arrêta de rire pour s'effondrer en pleur. Stupéfaite, je le fixais en fronçant les sourcils.
Il était retombé à genoux sur le sol, et je me mis devant lui pour le cacher des regards indiscrets.
Il avait placé ses deux mains sur ses yeux, son fou-rire s'était évaporé et ses gémissements de tristesse résonnaient un peu trop fort dans la salle.
Je m'approchais de lui en essayant de le calmer.
Était-il si amusé qu'il pleurait de rire? Non, son sourire avait disparut pour laisser place à une grimace douloureuse.

- Mais qu'est ce que tu as à la fin? Demandais-je, troublée.

Il releva la tête et je vis que ses joues étaient recouvertes de larmes.
Il me faisait peur.

- J'ai... J'ai demandé à Toasty de venir au cinéma avec moi cet après-midi, et... Et elle m'a mis un gros râteau!

Je pouffais de rire.

- Mais enfin, Mickaël, tu ne sais même pas si madame Toty est célibataire ou pas! Et puis, elle est trop âgée pour toi! Elle à quel âge, plus de 30 ans! Et toi, tu as 17 ans!

- 18 ans, dit Mickaël entre deux pleurs, j'ai redoublé.

Il essuya son visage.

- Et c'est pas la peine de te moquer! Poursuivit-il en se relevant. Je souffre, et c'est pas drôle.

Je fit une grimace pour me retenir de rire.
Madame Toty n'était pas vraiment belle, ni très gentille avec ses élèves. Pourtant, Mickaël éprouvait quelque chose pour elle et, parfois, je la plaignais.
Franchement, mon ami était toujours un adolescent de 14 ans, et il ne changera jamais.