Je ne savais pas où j'allais. Mes pieds me guidaient tous seuls.

Le soleil était en train de se coucher. Avec un peu de chance je pourrais voir un trait de lumière vert quand il aura complètement disparu... Mais qu'est-ce que je racontais moi ? Je crois bien que j'essayais de cacher l'inévitable.

J'allais mourir.

Je suis arrivée inconsciemment à la falaise. Je dois bien vous dire que pendant une microseconde j'avais envie de sauter. Ça aurait été beaucoup moins douloureux que ce que j'avais vu. Mais le problème c'est qu'en bas c'est de l'eau alors ça marche pas.

Alors je me suis assise et j'ai regardé la mer.

Moi : Tu m'expliques ?

Je m'adressais à mon père. Mais comme d'habitude c'était le silence complet. Même pas un vague plus grande que les autres pour me dire qu'il m'entendait. Rien.

Si j'avais bien compris la prophétie, Percy devrait faire un choix suprême qui aura pour conséquence de sauver l'Olympe ou bien la détruire. Mais ce choix devrait lui coûter sa vie. Mais dans ma vision c'est moi qui mourrai. Je n'ai pas vu Percy mort, au contraire je l'ai vu me...

Moi : Pourquoi tu me réponds jamais ? J'en ai marre ! J'essaye de ne pas écouter Cronos mais depuis le début tout ce qu'il dit est vrai ! Je vais mourir...

Là, j'étais vraiment en colère contre mon père.

Moi : Ok tu es occupé, je peux comprendre. Mais les seuls signes que j'ai eu de toi c'est une lettre et quand tu m'as parlé dans ma pensée. Je sais même pas à quoi tu ressembles ! Et puis, comment maman pouvait connaître la prophétie alors qu'elle est mortelle ? Tu lui as dit ? Même Percy ne la connaissait pas alors qu'il est directement concerné ! Alors, POURQUOI ?

J'avais les poings serrés et mes veines ressortaient. J'étais en colère parce que je comprenais pas, je déteste quand je ne comprends pas.

De rage j'ai tapé un bon coup sur le sol avec mon poing.

Nico : Faut arrêter avec cette manie de toujours taper un truc quand t'es en colère.
Moi : Occupe-toi de tes oignons !

J'étais vraiment en colère, et dans ces situations là fallait pas me déranger parce que sinon je disais des choses vraiment méchantes. Au plus profond de moi je savais que Nico n'y était pour rien, et je voulais qu'il parte sinon je sens que je vais le regretter toute ma vie.

Il a eu l'air surpris de ma réponse, d'habitude je suis pas comme ça.

Nico : Eh ! Je dis ça pour ton bien ! Je sais que tu es en colère mais contrôle-toi un peu !
Moi : Nan, sans blague !

Je me serais foutu deux grosses baffes là. Et Nico commençait à être agacé.

Nico : Je veux juste t'aider, ok ? Je suis ton ami je te rappelle. Alors raconte-moi ce qui s'est passé.

Non, non, non, non moi. Ferme-la moi-même je t'en prie... Je sens que je vais dire quelque chose de blessant.

Moi : Toi mon ami ? C'est ce que t'appelle être un ami ça ? Un mec qui donne presque jamais de nouvelles et qui me dit rien ? T'as une drôle définition du mot « ami » !

Après ma déclaration, il est devenu plus sombre. Comme le jour où je l'ai rencontré.

Nico : Bon bah, puisque que je suis pas ton « ami » je m'en fou de ce qui se passe. Je m'en vais, salut !

J'ai dit la chose la plus horrible qu'il soit :

Moi : C'est ça ! Bon débarras, qui voudrait un fils d'Hadès comme ami de toute façon ?

Je ne le pensais même pas, c'était juste pour le blesser. Je l'ai attaqué sur son point faible, je suis vraiment horrible.

Je sais qu'il pense que personne ne veut être son ami à cause de ça. Mais le fait que je lui dise ça... Il s'est retourné deux secondes pour me regarder.

Le regard qu'il m'a lancé a tout de suite fait disparaître ma colère. Il était rempli de tristesse. Ensuite il s'est retourné et est parti vers la forêt.

Moi : Nico, attends ! Je sais pas ce que je dis ! Attends-moi !

Mais il avait déjà disparu en vol d'ombres.

Je suis restée là, sans bouger à côté d'un arbre. J'étais en colère contre moi-même maintenant.

Moi : Mais pourquoi j'ai dit ça ? Je suis vraiment la pire des salopes !

J'ai tapé contre l'arbre mais je me suis arrêtée directement après et je me suis assise dos contre l'arbre.

Et j'ai pleuré.

Moi : Je... je suis vraiment horrible !

Je m'en voulais de tout. Nico était au mauvais endroit au mauvais moment. Et maintenant j'en payais le prix. Il voulait juste m'aider et je l'ai repoussé. Maintenant je l'avais perdu.

Quelqu'un s'est approché de moi et a posé sa main sur mon épaule. J'ai espéré que ce soit Nico, mais non.

Lou : Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi tu pleures ?

Il faut pas que je l'attaque elle aussi. Alors je lui ai raconté que je m'étais disputé avec Nico et que je lui avais dit des choses horribles.

Lou : Je suis sûre qu'il sait que tu le pensais pas vraiment...
Moi : Non ! J'ai vu son regard, il était déçu. C'est mon meilleur ami et je l'ai traité comme un chien ! Je suis vraiment horrible !
Lou : Tu sais, des fois on dit des trucs débiles, ça arrive. Je suis sûre que vous finirez par vous réconciliez. C'est impossible que vous restiez fâcher tous les deux !
Moi : Je le veux tellement...

Il faisait nuit maintenant. Et on a entendu la conque qui annonçait le dîner.

Lou : Viens, on réfléchit mieux après avoir eu l'estomac rempli.
Moi : J'ai pas faim. Je... je vais aller dormir.
Lou : Mais...
Moi : Dis aux autres que j'étais fatiguée. Mais là je suis vraiment pas d'humeur.

Je suis partie vers mon bungalow.

Une heure plus tard Percy est entré et moi j'ai fait semblant de dormir.

Percy : Julia ?

Il s'est assis sur mon lit à côté de moi, mais je n'ai pas bougé.

Percy : Je sais que tu dors pas. Je fais la même chose quand ma mère veut me parler et que je veux pas lui répondre.

Je n'ai toujours pas bougé.

Percy : Bref... Lou nous a dit que tu étais fatigué. Bon, moi j'y ai pas du tout cru. Faut pas lui en vouloir mais j'ai réussi à lui faire cracher le morceau. Tu t'es énervée contre Nico à cause de ce que tu as vu et tu t'es défoulée sur lui. Je sais pas ce que tu lui as dit, mais je suis sûre que vous allez vous réconciliez, hein ?

Il m'a dit ça en me caressant les cheveux. Je me sentais beaucoup mieux grâce à lui.

Percy : Par contre Julia, il va falloir que tu parles de ta vision. Je ne te dis pas une heure fixe, mais quand tu te sentiras prête dit-le, d'accord ?

Il m'a fait un bisou sur les cheveux et il est parti se coucher.

Il était le grand-frère idéal. Mais pourquoi ma vision me prouve le contraire ?

Pourquoi ai-je vu Percy avec son épée trempée de mon sang ?

***

Le lendemain était une journée vraiment triste.

Je me suis levé et on est allé petit-déjeuner. Percy me regardait d'un œil rassurant pendant tout le repas mais je ne me sentais pas prête de tout lui dire.

J'arrêtais pas de penser à Nico, surtout à cause de la grosse fissure dans le sol. Je voudrais tellement le retrouver et m'excuser... Je déteste être fâché avec mes amis. Imaginez que vous vous êtes fâchés avec votre ami et qu'il ou elle lui arrive quelque chose, vous vous en voudriez toute votre vie de n'avoir pas était là pour lui/elle...

Percy a fait l'inspection des bungalows avec Annabeth. J'espère sincèrement que notre bungalow est dans un état passable parce que j'ai pas eu le temps de le ranger avec tout ce qui s'est passé hier.

Je les voyais passer de bungalow en bungalow car j'étais en train de jouer au basket avec les Apollon. Vous me direz : « Mais c'est complètement irresponsable ! Tu es en guerre je te signale, et toi tu joues ! ». Moi je vous dis qu'il faut se détendre un peu parfois ! Surtout que j'aime bien le basket.

Annabeth : Tu es un lâche, Percy Jackson !

Je me suis retournée vers l'origine de la dispute et j'ai vu Percy et Annabeth face à face, leur visage à deux centimètres l'un de l'autre. Percy est vraiment dans la mouise car Annabeth a l'air vraiment énervée, qu'est-ce qu'il lui a fait encore ?

Annabeth : Si tu n'aimes pas nos perspectives tu devrais peut-être partir en vacances avec Rachel.
Percy : Annabeth...
Annabeth : Si tu n'aimes pas notre compagnie.
Percy : C'est pas juste !

Après ça Annabeth l'a bousculé et elle est partie vers le champs de fraisier. Au passage, elle a tapé le ballon de tetherball, qui s'est mis à tourner autour de son poteau.

J'ai reporté mon regard sur Percy qui lui aussi m'a regardé. Il a levé les bras pour me dire qu'il ne comprenait pas. Et moi je me suis frappée le crâne pour lui faire comprendre que c'est un crétin.

Après la sœur, c'est le frère, on est vraiment doués nous...

Cet après-midi on a brûlé le linceul de Beckendorf. C'était vraiment une grosse perte pour nous, et ça me rajoutait un petit remord en plus. Je sais que ce n'est pas vraiment de ma faute... mais j'ai ma part de responsabilités.

Après ça je suis allée aux écuries et je me suis occupée de tous les pégases présents. Blackjack et Brise se taquinaient toujours autant mais ils commençaient à s'apprécier.

J'ai commencé à penser à ce que Percy m'a dit cette nuit. Je devais lui dire ce que j'avais vu, j'étais prête. Mais je pouvais pas lui dire que je l'avais vu me tuer, je voulais pas en fait...

J'ai donc commencé à le chercher mais je l'ai trouvé nulle part. En désespoir de cause je suis allée demander à Annabeth si elle l'avait vu.

Annabeth : J'en sais rien, et de toute façon je veux pas revoir ton frère !

Ouh là, mauvaise humeur, je vois. J'ai pas cherché à comprendre et je suis partie demander aux autres.

Finalement Travis m'a dit qu'il l'a vu partir avec Kitty O'Leary en direction de la forêt. J'y suis donc allée et j'ai croisé Genièvre, la petite copine de Grover. D'ailleurs on a pas eu de nouvelles de Grover depuis longtemps, c'est un peu inquiétant.

Moi : Salut Genièvre ! Dis-moi, tu n'aurais pas vu Percy par hasard ?
Genièvre : Je viens juste de le quitter, il était avec Nico et son chien des enfers.
Moi : Où ça ?!
Genièvre : A la clairière là où se tient le Conseil des Sabots Fendus.
Moi : Merci !

Nico était pas loin, il fallait absolument que je le vois. Je savais que mes excuses n'apporteraient peut-être rien, mais il fallait que je le fasse ! J'avais complètement oublié qu'à la base j'étais là pour Percy.

Je suis à peine arriver à la clairière qu'un chien des enfers est passé devant moi à toute vitesse. J'ai eu le temps de voir que Percy était sur son dos et puis plus rien. Kitty O'Leary avait disparu en vol d'ombres, et il n'y avait aucune trace de Nico.

Moi : Ras le bol !

Ouais, quand j'en ai vraiment marre je parle en français. Je sais pas, c'est naturel. J'avais encore manqué l'occasion de m'excuser et en plus Percy est parti je ne sais où en vol d'ombres. Je suppose qu'il est accompagné de Nico car sinon il aurait jamais eu l'idée de faire ça tout seul. Mais comment je vais expliquer son absence au dîner moi ?

***

J'ai pas réussi à justifier son absence.

A peine je me suis avancée seule à ma table que Chiron m'a demandé où étais Percy. J'ai joué la carte de l'honnêteté :

Moi : J'en sais rien.

Ce qui était vrai en somme !

Chiron : Mais il est parti comme ça, il ne t'a pas prévenu ?

Je sais ce qu'il est en train de se dire : « il ne t'a pas prévenu toi ou cas où tu refais une crise de panique ? ». Nan mais là pour une fois j'étais calme. Je l'avais vu partir. Où ? J'en sais rien, mais il peut se débrouiller tout seul. Mais c'est vrai que d'habitude il essaie au moins de prévenir quelqu'un.

Moi : Moi non. Peut-être quelqu'un d'autre. Quelqu'un qu'il connaît bien...

Je ne visais personne. Je ne regardais pas du tout fixement Annabeth, noooonnnn.

Annabeth : Non, j'ai rien reçu. Je veux bien regarder mon portable mais...

Elle a écarquillé les yeux en l'allumant.

Annabeth : J'ai un message de Sally...
Moi : Vas-y, ouvre-le !

Elle a mis son téléphone en haut-parleur pour faire en sorte que tous les pensionnaires entendent.

Percy : Écoute Annabeth, il faut que tu transmettes ce message aux autres. Demain, retrouvez-moi à l'Empire State Building, nous devons protéger l'Olympe, quelque chose va se passer demain soir. La bataille finale commence, préparez-vous. Faites vite, je vous rejoindrez là-bas, ne t'inquiète pas pour moi. Bip...Bip...Bip...

Comment dire que même quand Percy n'est pas là il arrive à mettre une ambiance de morts ? Après son message tout le monde s'est tu. Quelqu'un a brisé le silence.

Connor : Alors, ça commence ?
Chiron : J'en ai bien peur mes enfants. Demain nous partirons pour l'Olympe. Je vous conseille de vous préparez et d'avoir une bonne nuit de sommeil.

Quelles perspectives réjouissantes ! Ma mort approche à grand pas !