Party show
L'occasion de revoir l'acteur se présente très bientôt, avec la cérémonie des Oscars où mon père est nommé dans la catégorie du meilleur film. Quant à lui, c'est déjà la troisième fois qu'il est nommé pour l'Oscar du meilleur acteur, et je suis vraiment étonnée qu'il ne l'ait pas encore remporté.
J'ai vu plusieurs de ses films, notamment en avant première pour les plus connus. En tant que fille de producteur, j'ai hérité d'un certain goût pour le cinéma, bien que je sois obligée d'assister à la diffusion de certains films. J'aime beaucoup les films d'action ou d'aventure, mais je préfère regarder les films engagés, qui abordent de réels sujets et cherchent à transmettre un message.
Je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer son implication dans son travail pour chacun de ses rôles, étudiant et se mettant dans la peau de chaque personnage, transformant son corps, apprenant à chanter ou à danser si besoin. Cependant, je ne peux pas nier que certains de ses films m'ont quelque peu rendue mal à l'aise ou m'ont laissé dans l'incompréhension. Mais après tout, c'est un artiste. Qu'il soit en soldat, en geek ou en cafard, je ne peux nier qu'il a du talent et que son jeu d'acteur reste exceptionnel.
J'ai enfilé une nouvelle robe hors de prix que je ne remettrai sûrement jamais. J'ai déjà tenté d'en porter une deux fois, mais je me suis ravisée quand ma mère a failli tourner de l'œil.
La partie que je redoute le plus est le passage sur le tapis rouge. Je suis nerveuse et j'ai du mal à tenir sur mes talons. Nous passons la première partie sans encombre, s'arrêtant derrière mon père pour des photos ou pour qu'il réponde à des journalistes. Arrivés aux escaliers, un mauvais pressentiment me déstabilise. Littéralement.
A chaque évènement, on se demande qui fera une chute mémorable, avec ces chaussures plus esthétiques que pratiques qui donnent un équilibre plus que précaire. Aujourd'hui, c'est moi qui vais les marquer. Ma cheville se tord, je trébuche et m'étale dès les premières marches. Je me sens tellement ridicule. Je n'ose pas regarder mon père qui doit souhaiter en ce moment même ne jamais avoir eu de fille, ce qui ne sera sûrement pas la première fois.
Alors que je m'apprête à me relever, une main secourable se tend devant moi, que je n'hésite pas à saisir. Un rire nerveux m'échappe, dévoilant ma gène, même si d'un autre l'angle je trouverais la situation assez drôle. Le potentiel comique des chutes est trop souvent sous-estimé. Je lève la tête pour remercier la personne qui m'a aidé, et je croise le regard de l'acteur.
Il me sourit de manière rassurante, et me propose son bras pour gravir le reste des marches. Je suis tellement nerveuse que je ne jette aucun regard aux alentours, ni vers ma famille, ni vers les journalistes positionnés derrière la barrière. Je suis persuadée que personne n'a loupé une miette de la scène, mais j'affiche un sourire radieux pour sauver les apparences.
Nous entrons dans la salle, et je souffle comme si j'avais oublié de respirer depuis que je me suis relevée.
"C'est la honte, mon père va me tuer... Mais dis moi au moins que cette chute était plus drôle que ridicule.
— Elle l'était, je t'avoue que je me retiens de rire depuis toute à l'heure."
N'y tenant plus, j'éclate de rire ce qui l'entraine avec moi.
"Tu as pu voir la tête des gens ?
— J'espère sincèrement que l'expression de ton père a été immortalisée."
Son rire est tellement communicatif que j'ai du mal à arrêter le mien. C'est seulement quand je sens le regard de mon père posé sur moi que j'essaie de reprendre un peu mon sérieux. Il reprend son calme également.
"Ta robe te va très bien, même si j'aimais bien ton jean de l'autre soir.
— Merci, personnellement je préfèrerais le porter. Il est bien plus confortable, et plus pratique quand on a prévu de se casser la figure.
—Je te crois."
Un acteur avec qui il s'entend grandement lui fait un signe de la main.
"Je te proposerais bien de venir t'asseoir avec moi, mais je crains que ce ne soit pas approuvé par ta famille.
— Malheureusement, je ne vais pas pouvoir rejoindre la rangée de l'ambiance." dis-je à regret.
En effet, il s'installe chaque année avec les mêmes acteurs, et il se passe à chaque fois une originalité. Que ce soit des fous rires incontrôlables ou des actions inattendues, ils savent toujours ravir les téléspectateurs.
"Merci encore pour ton sauvetage sur le tapis. Et j'espère que tu remporteras l'Oscar cette année, tu le mérites.
— Parce que tu regardes mes films ? demande-t-il, mi-touché, mi-amusé.
— Ne crois pas que je les regarde pour ta belle petite gueule, répliqué-je.
— Je ne suis pas sûr de te croire."
Je lui jette un sourire ambivalent avant de rejoindre ma mère qui s'impatiente.
Qu'est ce qui m'a pris de l'encourager ? C'est quelque chose que je fais habituellement par simple courtoisie, mais cette fois-ci c'était sincère. Il va croire que je m'intéresse à lui pour de vrai. Le problème avec les acteurs, particulièrement quand ils sont doués, c'est qu'il est plus difficile de savoir s'ils jouent un rôle ou non.
"On reparlera de ta chute plus tard, mais sache que je n'approuve pas ta proximité avec cet homme, tout comme ton père.
— Merci maman, mais ne t'inquiètes pas, je n'ai pas eu mal."
Ma réponse est volontairement provocatrice. Elle lève les yeux au ciel et je me retourne pour voir qu'il me fixe, amusé. Je fais comme si je me tirais une balle dans la tête avant de rejoindre ma place.
J'ai la mauvaise surprise de trouver un inconnu à côté de moi, sûrement placé volontairement ici par mes parents. Je le salue poliment.
"Bonsoir.
— Bonsoir, je suis Laurent, votre mère m'a beaucoup parlé de vous. Je suis ravi de vous rencontrer.
— De même."
Je suis peu surprise. Les liens se font dans ma tête, et je l'identifie comme le fils des Cooper. Comme je l'avais deviné, il est bien plus âgé que moi. Je serais prête à parier qu'il a moins d'écart avec mes parents qu'avec moi.
"Vous êtes magnifique, ce soir."
Ce compliment sonne très différemment dans sa bouche. Je le remercie avec politesse, et heureusement pour moi la cérémonie commence. Les célébrités se succèdent pour remettre les différents prix. Le film de mon père qui était nommé ne remporte pas de récompense. Il cache sa déception en applaudissant son concurrent. Voilà qui ne va pas le mettre de bonne humeur. Quand vient l'annonce de l'Oscar du meilleur acteur, je croise les doigts discrètement.
"L'Oscar du meilleur acteur est décerné à..." La personnalité au micro prend plaisir à maintenir le suspense... jusqu'à ce qu'elle prononce le nom tant attendu du talentueux comédien. Je le cherche du regard en applaudissant, me réjouissant pour lui.
Il a l'air de ne pas y croire, mais se lève et se dirige vers la scène dans son costume pourpre. La couleur lui sied particulièrement. Son discours de remerciement est bref et désopilant, à son image. Pendant un court instant, nos regards se croisent et je lui adresse un signe de tête de félicitations.
Une fois toutes les récompenses remises, mon voisin se tourne vers moi. Je ne me souviens pas l'avoir vu aussi proche au début de la cérémonie. Sans trop de retenue, il se penche au-dessus de moi pour parler avec ma mère qui est à ma droite. Je sens une vague de nervosité monter en même temps qu'une main se pose dans mon dos. Ce Laurent a l'air très tactile. Je reste immobile, l'air de rien, mais souhaite intérieurement qu'il retire sa main. Le discours de clôture se termine, et je m'excuse auprès de mes voisins, toujours en grande conversation, en signalant que je vais me servir à boire.
Je félicite plusieurs personnes que je croise qui ont obtenu un prix, ou réconforte gentiment celles qui repartent sans récompense.
Quand j'arrive enfin à attraper un verre, je le bois presque d'une traite.
"Je crois que tu as besoin de t'amuser ce soir." m'interpelle une voix derrière moi.
Je me retourne et souris au nouveau lauréat de l'Oscar du meilleur acteur.
"Si tu savais !
— On fait un after avec des amis, ça te dirait de venir ?
— Je ne sais pas trop... Je suis pas sûre d'être à ma place...
— Bien sûr que si, tu verras, je suis sûr que tu vas les apprécier.
— Bon, pourquoi pas... Il me faut juste une excuse en or et crédible pour prendre congé d'eux."
Je désigne ma famille et le fameux Laurent d'un coup de tête. Son regard s'assombrit.
"Pourquoi le fils Cooper est-il avec eux ?"
J'hausse les épaules.
"C'est à l'évidence le nouveau prétendant que mes parents m'ont collé, avec peu de subtilité.
— Dis que tu es fatiguée et que tu dois rentrer dormir.
— De toute manière, ils seront sûrement mieux sans le vilain petit canard, ajouté-je sur le ton de l'humour. Je vais voir ce que je peux faire. Par contre je ne pourrai pas rester trop tard, je bosse demain.
— Tu bosses toi ?"
Et zut. C'est ce qui arrive quand je baisse la garde face à des gens qui me mettent trop à l'aise. J'oublie de me taire.
"Euh... Oui, j'ai un rendez-vous avec un partenaire pour la fondation.
— Ah, si ce n'est que ça, viens t'amuser avec nous ce soir ! Je t'envoie l'adresse.
— Et tu me l'envoie comment ? Par pigeon voyageur ou par signaux de fumée ?"
Ma remarque le fait sourire.
"Par sms, si tu me donnes ton numéro.
— J'accepte uniquement pour ces raisons pratico-pratiques évidentes.
— Bien entendu." acquiesce-t-il en notant les chiffres que je lui dicte dans son téléphone.
Nous sommes rapidement interrompus par le nombre de personnes qui tiennent à le féliciter pour son prix.
Je reviens vers ma mère. Je fais l'effort de suivre une partie de sa discussion avec un des nommés pour l'Oscar du meilleur réalisateur. Lorsque l'occasion se présente, je lui dis discrètement que je vais rentrer car je travaille tôt le lendemain. Elle fait la moue et m'intime d'aller au moins saluer Laurent Cooper avant de m'éclipser. Sans me dire au revoir, elle se retourne pour commencer une nouvelle conversation. Pour expier mon mensonge (je ne commence qu'en fin de matinée), je lui obéis et rejoins mon voisin collant.
"Je vous raccompagne ?
— C'est très gentil, merci, mais j'ai ma voiture.
— Nous pouvons peut-être nous tutoyer ? Nos parents sont des amis proches après tout."
Voulant m'en débarrasser le plus rapidement possible, j'accepte sans discuter. Il s'approche de moi, trop prêt à mon goût, et me fait une accolade.
"A très bientôt, j'espère. Rentre bien, Sarah."
Je ne sais pas pourquoi mais l'entendre dire mon prénom me donne des frissons désagréables. Il y a quelque chose qui me dérange chez ce type, outre sa tactilité perturbante.
Je récupère ma voiture le plus discrètement possible, et rentre dans mon GPS l'adresse reçue par message. L'after a visiblement lieu dans une villa des beaux quartiers.
Je réalise que je risque de connaître très peu de monde là bas. J'ai toujours eu du mal à me mêler avec des personnes de ma génération dans ce milieu. Je ne sais pas pourquoi j'ai accepté cette invitation alors que j'ai pour habitude de fuir les fêtes auxquelles je ne suis pas obligée d'assister. C'est possiblement parce que c'est lui qui m'a invité, et que je me dis que les soirées auxquelles il participe volontairement ne sont peut-être pas si ennuyantes.
Quand j'arrive devant la villa, de la musique entrainante résonne dans le voisinage. J'envoie un sms à la vedette de cinéma pour qu'il me fasse entrer.
Il ne tarde pas à m'ouvrir, m'accueillant avec un grand sourire.
"Tu es venue !
— Oui, je viens de m'en rendre compte aussi. Je ne sais pas comment tu m'as convaincue.
— Ca doit être lié à mon charme naturel
— Ou c'est plutôt une trop belle occasion de m'éloigner de ma famille.
— Tu te trouves l'excuse que tu veux, moi je connais la vérité ! s'exclame-t-il avec un clin d'œil. Viens, je vais te présenter des amis."
C'est la deuxième fois qu'il emploie le mot "amis". Personnellement, je l'utilise rarement car je ne crois pas que des amitiés saines puissent se tisser quand il est question d'intérêt et d'influence. Je le suis jusqu'au salon, où il me présente un groupe de personnes. Je reconnais la plupart pour les avoir déjà vus à l'écran. Ils m'accueillent avec des sourires qui semblent étonnamment sincères, me proposent à boire et me posent des questions sur qui je suis et ce que je fais dans la vie. Je me surprends à prendre part activement aux conversations. Ils sont agréables, drôles et n'ont pas l'air de s'encombrer de convenances pompeuses. Ils sont détendus et ne se prennent pas la tête, j'ai même droit à un lot de potins du monde du show-business. Contrairement aux commérages que j'ai en horreur, tout est relaté avec beaucoup d'humour et de bienveillance.
La star qui m'a invité ici refait son apparition après quelques temps d'absence, sûrement à discuter à droite à gauche suite à sa récompense. Il s'adresse à moi.
"Je ne t'ai pas fait visiter, tu veux faire un tour de la maison ?"
J'accepte avec plaisir sa proposition.
"C'est chez toi ?
— Non, j'habite un appartement dans le centre. C'est la maison d'un de mes amis.
— Alors tu as vraiment des amis ?!"
Il semble surpris par ma remarque.
"Oui, tu me trouves si antipathique et repoussant que tu en doutais ?"
Je me défends en souriant :
"Bien sûr que non ! C'est juste que j'ai rarement vu des personnes réussir à bâtir de vraies amitiés dans le monde du show-business."
Il affiche une expression compréhensive.
"C'est peut-être parce que tu as surtout vu l'angle commercial et participé à des évènements ou l'apparence était de mise. Mais au final, il existe comme partout des personnes géniales, qui deviennent plus que des collègues de travail. Tu as pourtant l'air de t'être bien intégrée ce soir.
— J'avoue que c'est la première fois que je suis aussi à l'aise. D'habitude, je dois toujours dépenser mon énergie pour être celle que l'on attend que je sois. Mais avec eux, j'ai eu l'impression de ne pas en avoir besoin !
— C'est pour ça que je préfère davantage ces soirées plus intimes, où je n'ai pas besoin de me soucier de qui je dois être."
Il marque une pause et ouvre la porte vitrée pour que l'on accède au jardin.
"Tu sais, je te comprends, j'ai débuté ma carrière assez jeune, et ça n'a pas été évident de grandir dans cet environnement, de faire confiance aux bonnes personnes. J'ai essuyé plusieurs déceptions, certaines plus difficiles que d'autres, mais au final j'ai fini par m'entourer de personnes formidables."
J'acquiesce. C'est peut-être l'obscurité ou bien les quelques verres d'alcool que j'ai dans le sang, mais je me sens d'humeur aux confidences.
"Quand mon père est devenu vraiment célèbre, j'avais 10 ans. A ce moment-là, tout a changé si vite et si radicalement que c'en était vertigineux. Mon début de collège a été assez catastrophique, et mes parents m'ont changé d'école pour un prestigieux établissement privé, totalement différent de ce que je connaissais. J'ai découvert l'univers des fils et des filles à papa, et j'ai détesté. Je n'ai pas cherché à m'y intégrer, je suis restée en retrait jusqu'au lycée, jusqu'à rencontrer des personnes en qui je pensais pouvoir avoir confiance. La chute a été rude quand j'ai découvert que rien n'était constant ni vrai dans ces relations, et que tout était fondé sur l'intérêt. Depuis, je n'ai plus jamais fait confiance à personne venant de ce milieu, et je passe mon temps à rester sur mes gardes à chaque soirée."
Il m'écoute attentivement sans m'interrompre, ce qui me pousse à aller au bout de mon histoire.
"C'est pour ça que tu étais distante la première fois que je t'ai parlé ?
— Exact, peut-être aussi parce que tu m'as dérangée dans ma contemplation des étoiles.
— Oh, je suis désolé, si tu veux te rattraper ce soir, tu peux t'installer sur un transat et rester regarder le ciel."
Je souris.
"Pour une fois que je me montre sociable avec des gens, tu me proposes de m'isoler ?
— Je peux rester avec toi, si tu as peur d'être seule.
— Je n'ai peur de rien, d'abord."
Un silence qui n'a rien de gênant s'installe, et j'en profite pour regarder le grand jardin et ses arbres parfaitement taillés autour de nous.
"Je peux te poser une question ? me demande-t-il.
— Vas-y, consenté-je.
— Est-ce que tu me penses digne de confiance ?
— Est-ce que tu l'es ?
— C'est pas du jeu de répondre par une autre question !
— Disons que tu m'as l'air plus vrai que la plupart des personnes que j'ai rencontré depuis un moment.
— J'essaie, tu sais. C'est pas facile tous les jours de rester intègre, de rester fidèle à ses principes. Mais j'essaie d'être quelqu'un de bien, et surtout de rester moi-même.
— C'est très louable. C'est vrai que ça se ressent dans tes choix de film.
— Alors tu les regardes vraiment ?
— Certains, oui.
— C'est important pour moi de pouvoir vivre de ma passion, de l'utiliser pour moi et pour les autres. Pour faire passer des messages, toucher les gens et les faire réfléchir.
— Ça devrait être le but de chaque film, l'objectif principal du cinéma.
— Eh bien, pour la fille d'un homme qui me déteste, tu es plutôt en accord avec moi sur beaucoup de points.
— Je ne suis pas mon père."
Il doit croire que sa remarque m'a atteinte, car il s'empresse d'ajouter avec humour.
"Effectivement, tu n'as pas la même couleur de cheveux et de barbe. T'es un peu moins mon genre quoi."
Je rigole devant son sérieux.
Un flash jailli dans l'obscurité, suivi de bruissements dans les buissons. C'est aussi incroyable que malsain comme les paparazzis sont prêts à tout pour un scoop, de jour comme de nuit, même à s'introduire illégalement dans les propriétés des célébrités. Plus rapide que moi, il a le réflexe de me couvrir avec sa veste et de me cacher avec son corps. Nous nous levons pour nous réfugier à l'intérieur. J'avais une forte envie d'insulter le visiteur indésirable mais je sais, comme beaucoup de stars l'ont appris à leurs dépens, que les réactions face aux paparazzis sans gène ou aux fans envahissants peuvent vite vous donner une mauvaise réputation auprès de l'opinion publique.
Quand nous lui racontons, le propriétaire des lieux soupire et tente de cacher son énervement en allant déloger l'indésirable.
Je passe le reste de la soirée à l'intérieur, à converser avec les amis de l'artiste. Leur gentillesse et leur sincérité me donnent une toute autre vision, bien plus agréable, des relations qui peuvent se tisser dans ce monde. Finalement, elles ne sont pas si différentes d'en dehors des beaux quartiers.
Je profite tellement de cette soirée que je ne vois pas le temps passer. Je décide à regret de rentrer chez moi, et remercie mes nouvelles rencontres pour leur accueil. Ils insistent pour me revoir bientôt à une de leur soirée et m'assurent qu'ils ont apprécié ma compagnie.
L'acteur me raccompagne à ma voiture, en s'assurant qu'aucun photographe n'attend à l'extérieur.
"Merci d'être venue, ça m'a vraiment fait plaisir.
— Merci à toi de m'avoir invité, je n'avais pas passé une soirée aussi agréable depuis longtemps.
— Ça va aller sur la route ? Tu rentres chez tes parents ?
— Non, je n'habite pas chez eux. C'est un peu plus long mais ça ira.
— Tu t'es installée dans quel coin ?
— C'est un petit quartier, je ne pense pas que tu connaisses, plus en périphérie de la ville."
Il semble surpris, mais ne me demande pas d'autre précision.
"Alors rentre bien, et bon courage pour ta négociation demain !
— Ma quoi ?
— Tu m'as dit que tu avais rendez-vous avec un partenaire de la fondation, non ?
— Ah, oui, exact... j'ai dis ça."
Subitement, alors que ça ne m'est jamais arrivé auparavant, je culpabilise de lui cacher la vérité.
"Ce n'est pas vrai.
— Comment ça ? m'observe-t-il, dubitatif.
— La fondation n'est qu'un prétexte qu'ont trouvé mes parents pour sauver les apparences et que j'ai l'air digne de la famille.
— Tu n'y travailles pas ? Pourtant, tu as organisé une superbe soirée !
— Si, je m'en occupe aussi, je m'en serais bien passée car ça me rajoute un travail considérable. Mais ce n'est pas mon vrai métier. Personne ne doit le savoir."
Me rendant subitement compte de mon manque de prudence, je tourne la tête à droite et à gauche pour m'assurer que personne n'a pu entendre mes révélations. Mais le parking est vide. Rassurée, je me retourne vers lui, guettant sa réaction.
"Décidément, tu es pleine de surprise, Sarah Brown."
Je rougis légèrement.
"Mais tu vas devoir te faire pardonner de m'avoir menti. Fais-moi découvrir l'autre Sarah, celle qui vit de l'autre côté de la ville. Je veux tout savoir sur ta double vie."
J'esquisse un sourire aux mots qu'il utilise, ils semblent un peu forts mais décrivent assez bien la situation.
"C'est d'accord. Tu as quelque chose de prévu ce weekend ?
— Je suis tout à toi et tes mystères.
— Tu me donneras ton adresse et je viendrais te chercher pour t'emmener dans mon quartier. Mais il faudra être prudents, parce que si personne ne me reconnaît là-bas, je doute que ce soit pareil pour toi.
— Ne t'inquiètes pas, j'ai des capacités de camouflage que tu ne soupçonnes même pas.
— A bientôt, alors, dis-je en montant dans ma voiture.
— Attends, tu ne m'as même pas dit quel était ton vrai métier ?!
— Ca, c'est à toi de deviner."
Je démarre en lui faisant un clin d'œil. Je quitte la propriété le sourire aux lèvres, cette soirée m'a fait un bien fou. Bien loin de la superficialité à laquelle je m'attendais, elle a changé mon regard sur une partie de l'industrie du cinéma, et particulièrement sur l'acteur.
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