On stage
Point de vue de l'acteur
A peine suis-je entré dans le lieu de la réception que je remarque une ambiance inhabituelle. Les invités se regardent mi-amusés, mi-sceptiques. Je comprends vite leur attitude quand je découvre la disposition de la salle. Elle ne ressemble en rien à tout ce que j'ai pu voir dans les autres soirées caritatives. Une fois débarrassé de mes affaires, on me remet un petit carton m'indiquant ma place : "groupe 4". Je n'ai pas le temps de chercher à comprendre que j'aperçois la fille de l'autre soir. Sarah, si je me souviens bien. Elle discute brièvement avec plusieurs personnes, je la sens un peu agitée malgré l'expression détendue et accueillante qu'elle affiche.
Alors qu'elle quitte un couple, je l'intercepte.
"Salut.
— Oh, bonjour. Je ne pensais pas te voir ce soir."
Encore quelqu'un qui a eu vent de mes déboires avec la famille Brown.
"J'avoue ne pas avoir eu le choix.
— J'espère que la soirée te plaira quand même."
Elle s'apprête à partir mais je sors son briquet de ma poche.
"Tu as oublié ça la dernière fois.
— Tu l'as gardé ? C'est gentil de me le rapporter, mais je n'ai aucune poche dans cette fichue robe, dit-elle, embêtée.
— Alors je te le rends plus tard." assuré-je avec un sourire, replaçant l'objet dans ma poche.
Elle semble étonnée par mon insistance à lui rendre son briquet, mais a l'air trop préoccupée pour s'en soucier. Elle acquiesce machinalement avant de prendre congé. Je la suis quelques temps du regard, puis une voix signale au micro que la soirée va bientôt commencer, et invite les personnes présentes à rejoindre leur place. Je me dirige donc vers le panneau indiquant "groupe 4", surpris de n'y trouver qu'un tapis. Les autres personnalités ne cachent pas leur incompréhension. Je remarque alors des bancs entassés en bordure du tapis. Je suppose que si l'on veut s'asseoir, il va falloir installer nos sièges par nos propres moyens. Nous nous mettons à plusieurs pour disposer les bancs sur le tapis. Certains s'insurgent que personne n'ait préparé leur place, surtout quand ils voient leurs connaissances confortablement installées dans des fauteuils et des canapés de l'autre côté de la salle. L'idée de passer la soirée sur un banc ne m'enchante pas vraiment pour mon dos, mais je commence à deviner l'objectif de cette installation.
En me retournant, j'aperçois une actrice avec qui j'ai tourné récemment me faire un signe de main, appuyé d'un regard interrogateur. Elle est assise au milieu d'une rangée de chaises en plastique, qui me font penser aux kermesses qui étaient organisées quand j'étais encore écolier. Je me surprends à chercher Sarah du regard, mais je ne la vois pas. Je me rends compte que je n'ai absolument aucune idée de qui elle est. Je ne me rappelle pas l'avoir déjà rencontré, mais visiblement elle me connaît. D'un côté, cela m'arrive régulièrement maintenant que je suis en tête d'affiche. Quant à elle, elle est peut-être actrice depuis peu. Peut-être même qu'un jour j'aurais l'occasion de tourner avec elle.
Une voix retentit au micro, interrompant mes pensées.
"Bonjour à tous, je vous remercie d'être présents ce soir, au nom de la fondation Brown et au nom de ma famille. C'est un plaisir de vous accueillir pour une soirée quelque peu particulière, vous vous en doutez peut-être déjà."
Je dois tendre le cou pour réussir à apercevoir l'auteure de la voix qui me semble familière. Sarah ! C'est donc elle, la fille de Joseph Brown ? Décidément, elle est pleine de surprises. Après l'impression qu'elle m'a donnée lors de notre rencontre, je ne l'aurai jamais soupçonnée d'organiser ce genre de soirée, et encore moins d'être la fille de ce producteur. Je ne regrette à présent pas du tout d'être venu, et j'ai hâte de découvrir ce qu'elle a prévu. Elle ne porte plus la robe qu'elle avait toute à l'heure, qu'elle a troqué pour une tenue plus classique : un jean et un t-shirt avec des logos d'associations.
Point de vue de Sarah
"Aujourd'hui, je ne vous accueille pas en temps que fille de mon cher père, mais en tant que femme consciente des réalités vécues par un grand nombre de personne dans notre pays et au delà de nos frontières. Vous êtes ici ce soir car vous êtes des donateurs de la fondation, et nous vous sommes reconnaissants pour votre générosité. Quoi de mieux que de vous prouver à quel point vos dons sont utiles en vous présentant quelques-uns des projets que nous soutenons ? Ce soir, nous récoltons des dons pour 3 projets d'associations actives et professionnelles. La première œuvre au Soudan, où depuis 2013 des tensions ethniques et la guerre qui oppose les groupes se partageant le pouvoir se répercutent sur les civils, à présent dans une situation de grande précarité et confrontés chaque jour au danger. Nous accueillerons Will, qui travaille depuis plusieurs années sur le terrain et nous partagera son témoignage. La seconde association est engagée dans la lutte contre le changement climatique, nous recevrons également plusieurs de leurs membres. Enfin, la troisième association que nous soutenons ce soir s'occupe d'hébergements d'urgences pour les personnes sans-abris et réfugiées, mais vous en saurez plus dans quelques instants.
Je vous demande de rester bien assis à vos places pendant les interventions, vous aurez accès au buffet à la fin. Je laisse la parole dès à présent à Will, applaudissez-le bien fort !"
Après avoir introduit Will, je m'assois avec lui sur des chaises disposées sur l'estrade. Je l'écoute présenter son association. Ça y est, la soirée est lancée. Aucun retour en arrière n'est possible. Les personnes semblent écouter poliment, mais sont-elles réellement attentives ? Quelques murmures persistent depuis le lancement, auxquels je m'attendais. La disposition de la salle suscite la curiosité des invités.
"Merci pour cette présentation. Maintenant, peux-tu nous parler de ce qu'il se passe au Soudan, des situations que tu as vécu et qui t'ont marqué ?"
A peine ai-je fini ma phrase que la lumière s'éteint, plongeant la salle dans une totale obscurité. Des exclamations de surprise se font entendre. Des projecteurs s'allument, projetant sur les murs une ville détruite par la guerre, des traces de balles sur les façades des habitations. Pas d'enfant malheureux, pas d'animaux blessés, seulement la ville qui enveloppe la salle et son silence; comme si nous y étions tous.
Will parle de la guerre, de la violence et de la pauvreté dans laquelle les soudanais se retrouvent. Malgré la pénombre, j'arrive à distinguer des regards attentifs. J'avoue avoir été tentée de rajouter une ambiance sonore avec des bruits de tirs, des explosions et une foule qui s'affole, mais le but recherché n'est pas de leur offrir une simulation divertissante de la guerre, ni une crise cardiaque. Les images changent sur les murs, nous plaçant au milieu d'un camp de réfugiés, là encore vide de personnes, mais cette fois-ci avec une bande son illustrant l'agitation et la présence de vie dans ce camp. Les mots de Will sont touchants, et les situations qu'il décrit sont interpelantes. J'espère qu'ils atteindront également les participants de cette soirée.
Après Will, j'accueille sur la scène un petit groupe de jeunes entre 18 et 25 ans, engagés pour le climat. Les célébrités sont surprises par l'éloquence de ces jeunes, et leur connaissance du sujet. Beaucoup d'entre eux n'ont jamais réellement entendu parler de l'écologie. Je ne parle pas du tri des déchets et des fast-food qui retirent les pailles en plastique, mais de réelles actions qui se jouent à grande échelle pour agir face à l'urgence climatique.
"Pourriez-vous nous donner quelques conséquences du changement climatique, qu'est ce qu'il risque de se passer dans les années à venir si nous n'agissons pas d'ici là ?
— Selon un dernier rapport de scientifiques, les températures vont augmenter." commence l'un.
Je vois des personnes commencer à agiter leurs mains devant leurs visages, les techniciens ont allumé le chauffage il y a quelques instants et il fait à présent de plus en plus chaud dans la salle.
"Il y aura de plus en plus de cyclones violents, et les précipitations vont s'intensifier." ajoute une autre.
Les grands ventilateurs soigneusement disposés à chaque coin de la pièce se mettent en route, décoiffant les personnalités si bien apprêtées.
"Et le niveau de la mer va augmenter." conclut l'un.
Des cris se font entendre. Je réprime un sourire d'excitation.
Point de vue de l'acteur
"Ahh mes chaussures !
— Qu'est ce que c'est que ça ?
— Je suis trempé !"
Je me retourne vers l'origine des cris et voit le groupe 3 s'affoler. De l'eau vient de sortir de sous leurs pieds, inondant le sol et leurs chaussures avant de s'évacuer par des grilles stratégiquement placées pour que l'inondation reste localisée.
Je souris, amusé. Cette femme est incroyable. Elle illustre le changement climatique en inondant les chaussures luxueuses des donateurs.
Les personnes semblent outrées, mais refusent de perdre la face. C'est là que son calcul est ingénieux. Risqué, mais réussi. Quelques rires et applaudissements se font entendre, que je rejoins avec enthousiasme.
"Venez, on a des serviettes." s'exclame un des acteurs de mon groupe.
Les membres du groupe 3 accourent vers notre tapis, et nous leur faisons de la place sur nos bancs.
Les jeunes engagés pour le climat sont sortis de scène, et il ne reste plus que Sarah, à présent debout.
"La dernière association, mesdames et messieurs, accueille les personnes sans domicile depuis 70 ans, et s'occupe également des personnes venues se réfugier dans notre pays depuis une vingtaine d'années. Différentes raisons, que ce soit la guerre comme nous l'avons vu avec Will, les catastrophes climatiques, ou encore des persécutions politiques ou religieuses, forcent des hommes, des femmes et des enfants à s'exiler, quittant leur pays, leurs proches et leur emploi. Ces changements bouleversent leur quotidien et ils se retrouvent souvent dans des conditions insalubres en attendant que leur demande d'asile soit acceptée, ou même encore une fois qu'elle est acceptée. L'association souhaite construire plus d'établissements d'hébergement d'urgence, et renforcer les conditions d'accueil des bâtiments déjà existants."
Elle marque une pause, observant la salle. "Qui a accueilli les personnes du groupe 3 ?"
Quelques personnes de mon groupe lèvent timidement la main.
"Est ce que quelqu'un du groupe 1 peut me dire pourquoi ils n'ont pas accueilli le groupe 3 ?"
Elle a de la chance, beaucoup d'acteurs sont de grandes gueules et n'ont pas peur de s'exprimer, compensant le scepticisme des autres.
"Ils étaient trop loin, et on a pas la place ! s'exclame l'un d'eux.
— Merci pour votre réponse. Cette mise en scène ce soir est seulement à titre expérimental, je précise qu'elle ne donne lieu à aucun jugement. Si je me tourne vers le groupe 4, pourquoi avez-vous accueilli le groupe 3 ?"
L'hésitation se fait ressentir, mais quelqu'un prend la parole.
"Parce qu'on avait des serviettes, on n'allait pas les laisser comme ça !
— Merci pour votre réponse. Mais alors, dans les groupes 2 et 1, il n'y avait pas de serviettes ?
— Ah tiens, si ! s'exclame un membre du groupe 2.
— Ici aussi ! poursuit un membre du groupe 1.
— Le groupe 4 a séché et accueilli le groupe 3 sur leurs bancs, en se serrant légèrement pour qu'ils aient de la place. C'est le but de cette association, accueillir et soigner les personnes en difficulté, avant de les accompagner pour qu'elles puissent retrouver un emploi, un logement et une vie sociale. A l'origine, ses fondateurs doutaient d'avoir les moyens et la place pour ces projets. Ils ont sauté le pas et se sont rendus compte de ce qui était possible, en grande partie grâce aux dons.
— C'est une gamine qui nous fait la leçon maintenant !" souffle un homme à côté de moi.
Elle devait se douter que toutes ces démonstrations ne seraient pas accueillies positivement par l'ensemble des donateurs.
"Ce soir, j'ai voulu vous donner l'occasion de voir les choses sous un autre angle. Sans aucun jugement, sans aucune condamnation, car chacun ce soir a vécu une situation qu'il a reçu aléatoirement. Le groupe 1 a pu profiter de la soirée dans des fauteuils confortables, avec des boissons à volonté."
Quelques voix protestent en se tournant vers le groupe 1, qui rend des regards embarrassés. Elle poursuit, imperturbable.
"Mais, rappelons-le, ils ne l'ont pas choisi. Le sort réservé au groupe 3, vous le connaissez. Le groupe 4, quant à lui, est arrivé sans aucun siège pour s'installer. Ils ont dû s'allier pour porter des bancs et s'asseoir par eux-mêmes. Qu'est-ce que cela vous évoque ?"
Des échanges de regards se font dans la salle, sans que personne ne se décide à répondre. Alors qu'un brouhaha commence à s'installer, je décide de me lancer.
"C'est injuste !"
Elle m'adresse un sourire reconnaissant.
"Effectivement, c'est injuste. Mais, me direz-vous, il y a toujours eu des injustices dans le monde, et il y en aura toujours. Oui, ce n'est pas un scoop, et loin de moi l'idée de vous faire un discours utopique ce soir. Les projets que nous soutenons et les associations que vous avez rencontré ont pour but de lutter contre ces injustices sans être utopiques, en prenant en compte la réalité du terrain. Nous ne sommes pas touchés et nous ne le seront peut-être jamais, mais ceux qui le sont sont des personnes comme vous et moi, qui n'ont pas choisi d'être là. Mais nous pouvons agir pour les aider. Ce soir, je ne vous demande pas de donner pour la fondation, je ne vous demande pas de donner pour les associations, je ne vous demande pas de donner pour la mise en scène. Je vous propose de donner pour les personnes, les hommes, les femmes et les enfants qui vivent dans des situations difficiles. Je vous propose de donner pour soutenir l'action de jeunes qui veulent changer utilement les choses, qui veulent agir pour notre futur proche et pour celui de nos enfants. Je vous remercie."
Bien qu'elle n'ait pas fait l'unanimité, les applaudissements résonnent dans la salle, surtout du côté des acteurs, plus jeunes et sûrement plus ouverts. Je mets quelque temps avant de les rejoindre, pendu aux lèvres de la jeune femme. Ce qu'elle a osé faire ce soir, très peu l'aurait fait ou y aurait même pensé. Elle a pris le risque de toucher l'égo des donateurs, même en y allant précautionneusement.
"Chaque association a un emplacement. Vous pouvez vous diriger directement vers elles si vous voulez discuter ou si vous avez des questions, leurs adhérents se feront une joie d'échanger avec vous. Pour les dons, vous pouvez soit choisir le projet qui vous tient le plus à cœur, soit faire un don directement à la fondation qui sera utilisé dans les projets actuels et futurs. Et, tout aussi important, vous trouverez le buffet sur votre droite, bon appétit. Je vous remercie encore une fois !"
Après ces indications, d'autres applaudissements résonnent tandis qu'elle sort de scène. Sarah, tu es merveilleuse.
Point de vue de Sarah
Je descends de scène pour me réfugier dans une petite pièce attenante et souffler. Ouf, je l'ai fait. Mon cœur n'a cessé de battre violemment depuis le début de la mise en scène. Tout en buvant un grand verre d'eau, je redoute la réaction de mon père face aux "détails" que je n'avais pas mentionnés. Je risque un coup d'œil à l'extérieur, il est pour le moment trop occupé à discuter avec un homme que je reconnais comme un réalisateur influent. Ma mère est elle aussi en grande conversation avec une dame, et aucune trace de ma sœur. Peut-être ai-je le temps de m'échapper discrètement avant que l'on vienne me blâmer d'avoir ruiné la fondation familiale ?
J'aurais dû envisager cette solution plus tôt, car mon père se dirige droit sur moi, et son expression ne m'inspire rien de bon.
"Comment as-tu pu me faire ça ? Tu te rends compte de la gravité et des conséquences que va avoir ta petite animation ? Pour tes jolies petites idées pour combattre l'injustice, je risque de perdre des partenaires, les gens vont me tourner le dos, ils ne voudront plus travailler avec moi. Et c'est quoi cette tenue ?!"
J'entreprends de m'excuser :
"Je suis désolée, je voulais vraiment bien faire."
Alors qu'il s'apprête à poursuivre son sermon, ma sœur arrive en trombe.
"Papa, papa, regardez, c'est incroyable. On parle de la fondation sur tous les réseaux sociaux ! Les internautes disent qu'ils ont énormément aimé la manière dont on a tourné la soirée, et surtout qu'ils vont faire des dons ! Les journaux sortent déjà des articles en ligne !".
Une membre de la fondation, associée de mon père, se dirige vers nous en montrant sa tablette. Ce sont les montants que nous estimons avoir récolté pour le moment, ils ne cessent de grimper. Nous avons déjà dépassé le stade atteint en une soirée l'an passé !
"C'était peu conventionnel, ma chérie... mais bravo, je suis fière de toi." dit ma mère qui nous rejoint.
Je reste sous le choc. Non seulement les retombées sont positives, mais en plus ma mère m'a dit pour la première fois de ma vie qu'elle était fière de moi !
Évidemment, ils retournent vite se mêler à la foule pour récolter les lauriers de cette réussite qui leur apportera certainement de nouveaux "amis". Je reste en retrait le temps de reprendre un peu mes esprits, avant d'être obligée de les suivre également.
Un jeune acteur qui semble ne plus pouvoir se passer de moi s'approche en souriant.
"Tu m'as retrouvée, lui lancé-je.
— Comment ne pas te remarquer ce soir ?"
Je souris timidement en guise de réponse.
"On a dû déjà te féliciter mais bravo pour ce que tu as fait ce soir, c'est réellement un exploit. Et entre nous, je n'aurai jamais pensé qu'inonder les donateurs permettrait qu'ils donnent encore plus ensuite !
— C'est le fruit d'une analyse méticuleuse... et d'une prise de risque presque folle.
— Je ne te cache pas que je suis venu ici en traînant des pieds, mais que je ne louperai sûrement aucune de tes prochaines soirées caritatives.
— Malheureusement, je pensais que mon père me déshériterai après celle-ci, mais je vais peut-être devoir recommencer... Ca marchera peut-être la prochaine fois."
Il rit à ma remarque.
"Alors comme ça tu es la fille de Joseph Brown ? Je ne l'aurais jamais deviné !
— Eh oui... mais je n'ai pas encore levé les soupçons sur une possible adoption."
Point de vue de l'acteur
Décidément, j'admire cette fille. Pourquoi est-ce que je ne l'ai pas rencontrée plus tôt ? Peut-être que si j'avais accepté le tournage de son père... Bon sang, elle va jusqu'à me faire remettre en question le refus dont j'étais le plus sûr de ma carrière !
Ne sachant trop quoi faire pour la retenir encore avec moi avant qu'elle rejoigne la foule, je lui tends son briquet.
"Tiens, maintenant que tu as des poches, tu vas pouvoir le garder.
— Merci beaucoup. Il faut que je t'avoue un truc.
— Tu me l'as laissé volontairement ? la coupé-je avec un sourire charmeur.
— Non, tu es dingue ! J'allais dire que je ne m'étais pas rendu compte que je l'avais perdu, pourtant c'est mon seul briquet. C'est peut-être toi qui l'a volontairement gardé, alors ?
— Peut-être bien... dis-je en espérant la faire entrer dans mon jeu. Mais alors, tu n'as pas fumé de la semaine ?
— En fait, je ne fume pas. Enfin, juste dans ces soirées pour emmerder mes parents et pour avoir une excuse pour m'éclipser.
— Décidément, on est jamais au bout des surprises avec toi."
Je remarque que son père nous fixe. Elle doit le remarquer aussi, vu qu'elle coupe court à notre conversation.
"Eh bien, c'était un plaisir de te revoir, merci pour le briquet."
Je la salue à regret.
Point de vue de Sarah
"Pourquoi étais-tu avec lui ?
— Il me disait simplement qu'il avait apprécié la soirée et qu'il allait faire un don à la fondation.
— Je ne sais pas pourquoi il était là, mais il n'a pas à parler avec toi.
— C'est juste son refus de tourner dans un de tes films que tu gardes en travers de la gorge ?
— C'est bien plus que ça, mis à part la merde médiatique dans laquelle il m'a mis, il y a son attitude et sa réputation qui le précèdent. Je refuse que ma fille ait ce genre de fréquentation."
Je reste silencieuse. Mon père ne m'a toujours pas félicité pour la soirée. Pire encore, il ne s'est même pas excusé pour la dureté avec laquelle il m'a parlé avant de réaliser ce que j'ai permis de récolter pour la fondation. Même si je suis habituée à son manque de considération, sauf quand il s'agit de me faire des remontrances, je suis amère.
Quant à cet acteur, bien qu'il ait tenté de flirter avec moi, il me pârait plus vrai qu'un bon nombre de personnalités présentes ce soir-là. Bien sûr, je ne baisse pas ma garde pour autant, mais je me suis permis d'être plus détendue avec lui. Je suis persuadée que les soirées mondaines seraient beaucoup moins ennuyantes en sa compagnie.
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