D'habitude, on ne me regarde pas, pas de cette manière. Cette fille me détail de bas en haut, du plafond au sol de pierre. Elle regarde mes pilliers qui cachent la vue de certains. Elle regarde même toutes mes alvéoles où se trouvent, dans chaqu'une, un autel. Et elle regarde encore plus souvent ma voute où sont inscris plusieurs trous qui l'intriguent. Les autres regardent droit devant eux, écoutent et répondent avec leurs phrases monotomnes, mais elle, elle me regarde.

Ce n'est pourtant pas moi qui les interesse. Je ne suis qu'un tas de pierres scultées et assemblées, avec des décorations en verres colorés. Ils sont tous là pour la cérémonie hebdomadaire, pas pour moi qui les protège. Alors qu'est ce qu'elle a, à me regarder comme ça ? Depuis le XVème siècle que je suis construite, je n'ai jamais vu cela. Ce n'est pas les statues ou les offrandes qui l'attirent, mais moi ! C'est impensable ! Et elle fait ça à chaque fois qu'elle vient. Je ne comprends pas pourquoi. D'autres enfants aussi s'ennuient, mais aucun ne me regardent. Je comprends qu'ils n'y comprennent rien et moi même, je ne suis pas sûre d'avoir tout compris. Je suis censée être la maison d'un être très puissant, mais je ne l'ai jamais vu. Il y en a plein partout des constructions comme moi que les humains construisent en son honneur, de tous les styles. Mais je suis certaines qu'aucune de mes soeurs n'a jamais vu une fille comme celle là, même les plus vielles.

Elle ne lâche vraiment pas mes trous au plafond des yeux. Ça serait sûrement amusant de lui raconter comment je les ai eus. Toute fois, étant donner que l'histoire est assez sanglante, du genre les amoureux de cette ville d'Italie* mais avec des armes à feu, je ferais bien de m'abstenir et de la laisser rêver.
En plus, je ne peux pas le faire. Je ne sais pas communiquer avec elle. On ne m'a pas construit pour parler mais pour protèger. C'est domage, ça aurait peut-être été interessant de lier quelques liens avec cette humaine, en espérant qu'elle ne s'effraye pas ! Mais vu comme elle me regarde, j'en doute. Elle a l'aire fasciné et j'avous que c'est plaisant d'être admirée.

Tiens ! La fille a cessé de me fixer et elle écoute maintenant les chants qui emplissent ma voute. C'est vraie qu'ils sont beaux mais je les ai entendus tant de fois que je n'y prête plus attention. Ça va bientôt être la fin de la célébration et tous les croyants vont partir, emportant la fille avec eux. J'aimerais bien être son amie comme même ; elle a l'aire gentille. Sauf que je ne connais aucun humain qui ne soit devenu l'ami ...

...d'une église.

* Les amoureux de Vérone, "Roméo et Juliette" de Shakespeare