Quand on me croise, on ne fait pas attention à moi. Soit on continue son chemin sans un seul regard pour moi, soit on m'écrase en s'asseyant lourdement sur moi, sans aucune pensée pour le pauvre banc que je suis.
Eh oui, je suis un banc. Un banc des rues plus précisément. Et ce n'est pas facile d'être ce que je suis, croyez moi.
Quand les gens passent dans la rue, il ne me jettent pas un seul petit coup d'oeil compatissant. Ça ne leur coûterait rien pourtant. Ou alors ils ne se rendent pas compte de la misère que j'endure.
Aucun respect ne m'est témoigné. Je n'échappe à rien : graffitis, vandalisme et j'en passe.
Mais lors d'un chagrin d'amour, c'est vers moi qu'on tourne. On s'assoit sur mes planches de bois taguées et on pleure toute les larmes de son corps. Heureusement pour vous que je ne suis pas rancunier et que de ce fait je vous accueille toujours à planches ouvertes.
La nuit est tout aussi horrible que le jour. Il fait froid, il pleut, il neige, il vente et parfois même il grêle. Lors des canicules, je dois supporter les quarante degrés sans aucune possibilité de climatisation.
Les rares nuits ou il fait bon, le bruits des voiture me vrille les clous.
Je n'est jamais dormi depuis la date de ma fabrication, il y a une dizaine d'année.
Et ces gens qui dans les moments où ils sont en colère m'arrache une planche. Vous vous imaginez que juste par colère je vous arrache un bras ou une jambe ?
Tiens ? Un homme en tenue de travail arrive vers moi. Lui, c'est la personne que je connais qui est la plus gentille et respectueuse envers moi. Il me répare, me repeint, me retape. Après sa visite, je suis comme neuf. Heureusement qu'il y a des gens comme lui.
J'espère après ce cours récit vous avoir sensibilisé à ma cause.
La prochaine fois que vous verrez un de mes semblable dans la rue, un parc ou un jardin, pensez à lui témoigné le respect qu'il mérite.
Les personnes ayant un coeur le feront, j'en suis sûr.
Peut-être que nous nous verront un jour qui sait ?
En attendant, bonne journée, et faites attention aux bien publics comme vous dites, vous les humains.