La Mort est une employée asexuée (bien que j'utiliserai le pronom "elle" ici), dénudée de sens et de personnalité. Elle vient te prendre selon son humeur, et pour moi, elle n'a pas de fauche, elle ne travaille seulement que par ces mains squelettiques sous sa cape noire étincelante. Elle hésite dans le choix de sa prochaine victime tel un carré de chocolat dans une boite tous casi identiques à l'intérieur, coeur noir obscure, mais différents en apparence. Dur travail ? La victime, nous en l'occurrence, frémit à l'ouïe de son arrivée, elle a peur de se retrouver digérée par la gloutonne Mort qui moissonne l'espoir.

      Chaque fois, le même rituel, Mort impitoyable se demande si le goût changera, celle-ci espère, son palet devenu expert dans le temps dit-elle, sait reconnaître à l'emballage, l'exquisité du chocolat, fière, pourtant l'habit ne fait pas le moine et elle s'en retrouve alors déçue... Les plus bons, sont les petits, elle le sait bien, ils n'ont pas eu le temps de faire face à l'air impur, mais dommage ses patrons les lui interdisent sinon il n'y aurait plus de chocolat, c'est la vie. Parfois, elle désobéit. Parfois, elle croque un bout d'un carré, mais le repose, car elle est barbouillée, ainsi le destin fatal de ce carré est remis à plus tard. Parfois, même souvent elle dévore tel un ogre sans faire attention à l'apparence, il s'agit en réalité de sa crise d'hypoglycémie qui se transforme en une crise de foie. Mort est ainsi remplacée par une nouvelle Mort. Soulagées, les proies soufflent, mais grelottent toujours dans cet univers froid et sinistre, attendant le moment où Mort ne pourra être stoppée. Sa Fureur s'abattra, pour sûr.
De nos jours, Mort pleure, elle ne peut manger à sa faim, car les produits chimiques contenus dans les chocolats agissent comme des bombes nucléaires dans son ventre. Les carrés ne sont plus que des formes difformes pour la majorité.
Elle vomit alors dégoûtée que ses proies possèdent une carapace dure comme le fer qui n'est qu'autre que Science.
Elle rigole, car elle sait que ce n'est pas fini, avec son allié la Vie qui peut certes être d'avantage un ennemi, nous massacre...
Nous ne sommes que des proies, nous le rappelle-t-elle...

       En soit ce n'est pas la mort en elle-même qui m'effraie aujourd'hui, après tout ce n'est qu'une "étape naturelle dans la vie", mais au fond si la réincarnation existe réellement nous pouvons remettre en question la signification de "mort", ainsi pouvons-nous parler du sens de ''réel" : qu'est-ce qui n'est pas réel, ce qui l'est, qu'est ce que la réalité ? NON NON on s'égare, comme par habitude, je fuis, fuis non par peur, mais par exaspération, rien ne change, rien ne bouge... Une vie monotone.
Aujourd'hui, j'ai peur de la vie inconstante, peur de n'avoir pas assez profité, j'ai peur de me retrouver demain devant mon dernier soupir en me demandant : Qui suis-je ? Qu'ai-je accompli dans cette misérable vie ? À quoi ai-je servi ? Des questions existentielles dans lesquelles je me renie, je ne suis plus maître de moi, aliénée je vis au dépend des autres, de leurs envies. Ils veulent de moi une fille belle, gentille, disciplinée et polie, ce que je ne suis point, celle que je voudrais être attend le jour de sa naissance.
La mort est aussi la finitude de l'existence, ainsi, j'ai peur de la cessation de ma vie mélancolique, je veux qu'elle soit remplie de couleurs DONC OUI en soit j'ai peur de la mort, mais pas comme tout le monde le penserait.

      ASSEZ ! Je veux me rebeller contre Mort ! OUI, REBELLONS-NOUS ! Aujourd'hui est le jour tant attendu...
Je t'adresse ainsi cette lettre Mort : t'ai-je bien décrite ? Rigoles-tu de ma condition humaine ? De notre goût ? De ma folie grandissante ? Je veux pouvoir t'entendre chuchoter dans mes derniers instants, tu es délicieuse,tel une douce mélodie; tu peux partir rejoindre les autres étoiles sur ma cape sans honte; tu as bien vécu.

    Ton  jugement est là, mais ne te préoccupes pas de ceux des autres, leurs tours viendra.
Attends-moi, Mort, je ne te décevrai pas ! Attends moi... Voilà, celle que je suis, combattante au coeur argentée !