
Chapitre 6 Égalité des sexes
Edward scruta longuement les tables pour s'attarder sur celle partagée avec Amanda un an plus tôt ! Le souvenir jaillit aussitôt.
Amanda découvrit de la panique dans le regard du Bordelais.
— Qui y a-t-il, Edward, parle-moi.
Prenant son courage à deux mains, le Bordelais attrapa délicatement les doigts de sa compagne pour avouer un terrible secret.
— J'ai fait la rencontre de personnes peu fréquentables et... non, laisse tomber, on est là tous les deux,c'est le principal. Tu es trop belle.
Edward se leva pour se pencher au-dessus de la table. Il ressentit les doigts d'Amanda se raidir, l'accélération de ses palpitations cardiaques alors qu'il approchait ses lèvres des siennes. Elle accepta son baiser en fermant les paupières. Le temps s'était arrêté, chacun semblait découvrir le tout premier baiser ! Le coup de foudre, un geste du destin, l'inévitable rencontre à ne pas rater... Chacun le nommerait comme il le souhaiterait !
Ils finirent par se rasseoir pour se contempler en silence.Edward s'aperçut qu'il maintenait encore les doigts d'Amanda. Une légère transpiration dans les paumes trahissait leur émotion réciproque.
Amanda était finalement parvenue à faire une rencontre tant désirée, sincère, sans honte d'exprimer ses craintes. Et, il était tellement mignon !
Edward avait enfin touché le pactole ! Il était satisfait de former un couple avec une fille au physique de rêve, à la gentillesse aussi tolérante que vrai.
Le souvenir provoqua un pincement indélébile au cœur, il n'était plus le même, mais l'aimait toujours autant. Le doute était mortel, l'attachement tout autant !
Il s'apprêtait à faire demi-tour, mais se figea en l'apercevant un plateau à la main. Comment avait-il pu abandonner une silhouette aux rondeurs si parfaite ? Il n'appréciait pasla coupe garçonne, mais se perdait dans l'arôme de son odeur, sa chaleur corporelle.
— Excusez-moi monsieur, mais vous ne portez pas la tenue adéquate pour...
Il contourna le serveur,étant venu chercher Amanda quelques minutes plus tôt sans lui prêter la moindre attention. Son insistance énerva le motard qui posa son index sur ses lèvres.
— Fermes là !
Le serveur le dévisagea avec inquiétude, gêne, affolement, avant de finalement prendre la direction du bar. Edward ne quittait pas des yeux son ancienne compagne prenant la commande d'un couple. L'accélération de son cœur rythma lourdement dans ses tympans en lui rappelant le gentil garçon qu'il avait pu être. Il serra les poings pour chasser cette faiblesse, puis prit la direction de l'objet de ses pensées. Une odeur connue lui fit gonfler les narines en le faisant obliquer sur sa droite, Rosanne. Leur unique rencontre rejaillit un court instant.
L'ambiance était paisible dans la résidence, il en aurait presque oublié l'altercation d'hier ! Le grognement soudain de Rex le fit sursauter, le chien quitta sa position calme pour celle d'attaque. Il se pencha pour récupérer la laisse quand il entendit des bruits de pas dans son dos. Le berger allemand contourna son maître qui serra fermement la laisse pour le stopper.
— Vous gardez la résidence, lui demanda une rouquine cheveux court en tee-shirt ?
— Je suis en patrouille avec la police, annonça fièrement Edward en évitant d'être nommé comme simple agent de sécurité.
Il la jugea de haut en bas, les cuisses fermes sous le short,le tee-shirt moulant une assez forte poitrine, la cigarette qu'elle sortait sensuellement d'entre ses lèvres humides.
— Vous êtes venu vous occuper de la chienne de Jeanne ?
— Pardon ?
— Là où a disparu le policier municipal voilà cinq minutes!
Le maître-chien haussa les paupières. Il ne l'avait pas croisé par hasard, elle avait assisté à toute la scène.
— On nous avait avertis de la nuisance nocturne.
— Ah ça, les nuisances, elle en fait partie.
Edward ne put s'empêcher de sourire.
— Moi, c'est Rosanne et toi ?
— Edward !
Elle frottait déjà sa joue contre la sienne pour lui murmurer à l'oreille.
— Que fais-tu là ?
Le frôlement de la poitrine contre son bras, la douce chaleur de sa peau, sa voix mélodieuse, l'avait bloqué sur place. Il inspirait avec envie les effluves corporels de la jeune rouquine. Elle l'empoigna subitement pour prendre la direction du couloir menant aux toilettes, aux cuisines. Les toilettes ! Le souvenir des attouchements avec Marianne dans celles du bar de motard brouilla son esprit. Il stoppa pour regarder en direction d'Amanda lui tournant le dos. La pression des doigts de Rosanne le forçant à la suivre le fit réagir.
— Tu es très belle,mais...
— Tu es en danger,suis-moi en silence, murmura-t-elle en le déséquilibrant.
L'altercation sur la route confirmait la remarque, il se laissa embarquer dans les toilettes hommes. Elle claqua la porte dans son dos, puis approcha ses lèvres de son oreille.
— Ta défaite avec Albert ne t'a-t-elle rien apprise ?
— Il m'a surpris,mais...
Elle bloqua ses lèvres de son index.
— Lucien a commis une terrible erreur en t'envoyant !
— Tu connais Lucien ?
Elle ferma les paupières en hochant positivement le visage, puis détourna le regard en direction de la porte. Le motard ne perçut aucune autre présence.
— Mon intervention risque de me porter préjudice. Tu n'es qu'un amateur prétentieusement inapte.
— C'était toi ?Pourquoi ne m'a-t-on rien sur toi ?
— Moins en sait, mieux on se porte.
— Alors ça c'est fin,ricana-t-il.
Elle agrippa fermement sa nuque pour approcher son visage du sien tout en le déséquilibrant au-dessus de la cuvette des toilettes.
— Ton incompétence confirme que c'est un autre qui s'est occupé de ta formation.Esteban ? Non, ce ne peut être que Stephen.
— Ça va, c'est fini de me discréditer à tout...
La jeune femme resserra fermement l'étreinte derrière le cou tout en plaquant son avant-bras sur ses bras pour l'immobiliser contre le mur. L'homme pensait à tort que la force physique le plaçait immanquablement au-dessus de la femme. C'était faux ! Il suffisait simplement d'équilibrer les forces !
— Je ne te permets pas de critiquer Stephen, se plaignit le Bordelais.
— Comme si tu pouvais exprimer la moindre chose.
Edward parvint à approcher ses lèvres de sa tortionnaire pour déposer un baiser. Le goût, la délicatesse, le restant d'arôme de whisky étaient un plaisir. Il goûtait à un fruit défendu, intime, personnel.
La surprise déconcentra Rosanne qui relâcha la prise. Le motard se libéra une main pour l'enlacer sous les fesses. Il la fit ensuite basculer pour la bloquer contre le mur qui se fissura sous l'impact. Il la souleva pour presser son sexe sur son ventre afin de bloquer ses jambes sur la cuvette. Le motard empoigna chacune de ses mains pour les hisser en hauteur.
— La prétention est une erreur, Rosanne !
Elle regrettait amèrement la position dominante d'Edward. Il l'avait bernée ! Avait-il tout calculé depuis le début ? Sa défaite auprès d'Albert avait-elle comme seul but de la trahir sa position d'espionne ?Il était fort, très fort ! La pression grossissante au niveau de son ventre confirmait son besoin de la rabaisser, de prouver sa puissance. Le machisme du pilote d'Harley-Davidson la faisait défaillir, elle ouvrit la bouche pour l'embrasser.
Edward roucoulait de satisfaction, il était parvenu à se libérer pour prendre un contrôle total sur sa tortionnaire. Elle était parvenue à l'impressionner, à l'inquiéter. Il ne s'en serait pas cru capable.Critiquer son mentor avait été son erreur, l'avait grandement énervé. Elle l'excitait, s'ouvrait à ses instincts bestiaux. Le visage subit d'Amanda dans ses pensées rompit toute excitation.
— Il faut qu'on parle, s'exclama-t-il en la relâchant.
Rosanne le repoussa brutalement contre la porte qui claqua en s'ouvrant. Edward trébucha sur les fesses, les mains en arrière. Elle bondit pour s'asseoir sur son ventre, plaqua une poigne solide au cou pour exercer du poids sur ses paumes au sol.
— Ce n'est ni le moment ni le lieu ! Rejoins-moi à dix-sept heures à l'entrée du bac de Royan.
Elle se releva ensuite pour prendre la direction de la sortie en esquissant un sourire de satisfaction.
— Règle vite ton histoire de cul avec Amanda et quitte la ville jusqu'à notre rendez-vous.
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