Chapitre 34 Voie sans issue Partie 1
Mercredi, dix-sept heures trente, une moto sportive Yamaha ronronnait sur la départementale menant au Verdon. Le pilote portait un perfecto en cuir avec une illustration d'Iron Maiden agrafé dans le dos, la passagère en veste en jean. Edward roulait fièrement enlacé par sa compagne. Il affichait un machisme satisfait en affichant sa conquête au reste du monde ! Le Bordelais présentait tout autant son bolide de sept cent quarante-neuf centimètres cubes que la délicieuse femme dans son dos. Il était persuadé qu'on le jalousait, l'enviait. Le deux roues circulait harmonieusement dans les virages. Les pétarades du pot d'origine exerçaient une vibration de sonorité grave. Lemaître-chien adorait les sursauts surpris de sa compagne, les étreintes lorsqu'il se penchait dans les virages.
Le retour à sa maison familiale n'avait duré que vingt-quatre heures.Son père lui avait fait une lessive, ils avaient partagé le dîner puis le déjeuner, mais la priorité restait de récupérer sa moto.Edward était un autre homme à moto, plus prétentieux, plus sûr de soi, plus téméraire. Là, il était aux commandes d'une sportive de presque cent chevaux, maître absolu de la route, le mâle par excellence.Les deux roues influençaient immanquablement tout motard.
Les pensées d'Edward se concentraient uniquement sur sa passagère, tout le reste avait été enfoui dans la corbeille !Guillaume Renoir, Albert, Marianne, Rosanne, étaient devenus secondaires, il jouissait d'un amour véritable pour Amanda ! La jeunesse permettait de vivre l'instant présent, d'ignorer les réels problèmes pour satisfaire ses envies primaires.
Seules les révélations de Roland persistaient encore dans son esprit, était-il aussi fou que ses aveux ?
Le bordelais freina pour poser pied à terre, il observa le petit passage caillouteux entre les arbres.
— On va prendre le petit chemin de terre, s'exclama-t-il en traversant la route.
Amanda se blottit contre son amoureux pour regarder défiler les arbres.Elle vivait enfin un conte de fées. Elle ne prêtait plus attention aux avertissements de sa sœur concernant Edward. Elle s'était trompée sur son compte, il était maladroit, avait probablement voulu poser des questions la concernant, mais sans oser ! Elle avait très peu d'expérience avec les hommes, mais une chose était certaine, ils étaient complexes ! Elle serrait fermement son chevalier tout en croisant ses doigts sur son ventre. L'odeur du cuir la dérangeait, mais l'excitait tout à la fois par son image vindicative de force, de puissance. La Normande détestait la méchanceté, la violence, le dédain sous toutes ses formes, mais en toute contradiction réclamait un besoin de sécurité, de confiance,d'autorité virile. L'expulsion de cailloux sous les pneus l'inquiétait, mais sa confiance aveugle dans le pilote la fit disparaître.
Ils quittèrent bientôt le chemin forestier pour longer la mer en contrebas. Elle ne quitta pas des yeux le relief de sables, de broussailles. Des couples discutaient en bronzant, des enfants jouaient, des amis se baignaient en se chamaillant, elle serra davantage son amoureux. Elle était heureuse !
Edward stoppa la moto, puis chercha un endroit stable pour garer la moto.
— Tu peux descendre.
La jeune femme levait la jambe pour descendre, mais perdit l'équilibre sur la selle. Le Bordelais la rattrapa tout en se cramponnant fermement à la poignet d'accélération.
— Ça va, lui demanda-t-il en hésitant à la relâcher ?
— C'est plus haut que je ne le pensais. Ça va, je suis stable,confirma-t-elle en s'appuyant sur la cuisse du motard.
Le geste involontaire de la Normande émut le motard qui posa sa main sur la sienne. Amanda rougit tout en la retirant pour observer l'océan.
— Tu as dû amener beaucoup de conquêtes admirer ce paysage, s'exclama-t-elle maladroitement !
— Non, tu es la première, confirma-t-il tout en lui retirant son casque.
Elle se sentit nue, désemparée, lorsque son visage retrouva sa liberté. Le Bordelais déposa bientôt les deux casques sur les rétroviseurs.Il enlaça ensuite les joues de sa compagne pour approcher ses lèvres afin de l'embrasser. Elle n'était pas à son premier baiser, mais celui-ci était vrai, viril. Il se concentrait sur ses lèvres sans avoir les mains baladeuses, inexpérimentées !
Edward camouflait sa panique en retenant tant bien que mal ses jambes, ses bras de trembler. Ses gestes fermes, adroits, devraient aller de pair avec son image de motard. Elle sentait bon, les échanges de langues commençaient à l'exciter, ses pensées s'orientèrent vers les fesses, la poitrine. Il recula pour sourire un court instant, puis fit demi-tour pour prendre son paquet de cigarettes. Le maître-chien n'arrivait pas à comprendre sa patience. La plupart du temps, il égarait ses mains sur les zones sensuelles bien avant la toute première embrassade. Là, il adaptait une autre attitude, un comportement décent, un respect total pour sa compagne. Pour quelle raison ? Ce devait être ce qu'on appelait l'amour !
Il alluma la cigarette, puis lui entrecroisa ses doigts avec ceux de sa compagne. Il regarda les vagues tout en constatant que le moment était venu de venir sur le sujet de Pamela. Edward avait eu un doute sur sa relation avec Amanda trop belle, trop mature pour lui. La peur d'un refus l'avait orienté vers sa sœur. Pamela, plus confiante en sa féminité, avait ôté le haut de son maillot de bain sur la plage. Edward était devenu fou, à cet instant précis rien n'était plus d'important que la poitrine. Il avait déposé sa main sur le ventre, remontait lentement ses doigts en direction de la poitrine pour finalement stopper. Amanda serait perdue s'il continuait. Pamela s'était offert à lui, sans l'ombre d'un doute, mais il avait dû choisir.
— Pamela...Euh, pardon, je voulais dire Amanda.
Sa compagne le dévisagea en silence, il paniqua lorsqu'il ressentit la pression de sa main se desserrer. Il refusa de lâcher prise.
— Ce n'est pas ce que tu crois, il ne s'est rien passé avec ta sœur.Mais, ça me hante malgré tout. Non, pas comme tu peux le croire,elle ne hante pas mon esprit. J'ai flashé sur toi dès que je t'ai vu. Aucune femme ne m'a jamais fait autant d'effet. J'avais redouté m'être trompé, j'avais peur d'être maladroit, de tout gâcher entre nous.
— Pamela m'a tout raconté, annonça-t-elle en abaissant le regard.
Edward se figea en serrant les dents, sa frayeur faisait surface. Avait-elle confié uniquement la vérité ou un mensonge arrangé ? L'enjeu était serré, il avait une fois de plus succombé aux atouts féminins. Il aimait déjà Amanda, mais comment résister à la forte poitrine offerte à son regard. Il était certes décidé à la caresser, mais s'en était abstenu au dernier moment. C'était loyal,non ? Pamela était tout aussi fautive, elle aurait dû refuser son invitation à la plage. Il n'était pas responsable, elle l'avait piégé !
— J'ai été maladroit, j'ai voulu connaître tes sentiments en voyant ta sœur.
— Pourquoi la plage ?
Elle marquait un point ! Que pouvait-il répondre à ça ?
— On est à côté de l'océan, j'ai pas réfléchi.
Il jeta la cigarette, puis l'enlaça pour l'embrasser. Elle ne refusa pas l'étreinte, hésita les mains décollées avant de les rejoindre dans le dos de son compagnon. Edward savoura longuement sa victoire.Il quitta les lèvres pour baiser ses joues, son front pour ensuite plaquer son menton dans la chevelure de sa compagne. Edward parvint à déceler l'excitation de la Normande en sentant sa chevelure. Il en émanait des signaux olfactifs d'excitation indéniable, elle le désirait. Il différenciait le shampoing à la lavande, de la crème solaire, du déodorant fleuri, du début de transpiration aux aisselles et omoplates. Son attention fut subitement attirée parle pot d'échappement d'une Peugeot 205 GTI coupant son champ de vision. Il reconnut Albert coté passager riant aux éclats avec le chauffeur. L'avait-il vu ? Se moquait-il de lui ?
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