Amanda dévisageait perplexe son reflet sur le miroir de la trousse de maquillage de sa mère. Elle n'était pas totalement satisfaite du maquillage, du correcteur de peau, du fond de teint, des paupières.La journée à Royan avait été une réussite, cependant la Normande avait pris conscience qu'elle s'était écartée de sa famille depuis la rencontre d'Edward. Certains diraient que tout était permis pour les vacances.

L'amour lui faisait peur, la terrifiait ! Le décès de ses véritables parents dans un accident de la route démontrait que rien ne durait éternellement. Ses rencontres amoureuses n'avaient jamais été un succès, mais à qui la faute ? Sa méfiance ou tout simplement l'impatience de ses partenaires. À vingt-deux ans, Amanda était encore vierge ! Elle croyait en l'amour véritable, le seul, le vrai. Elle espérait beaucoup de sa relation avec le Bordelais.Peut-être trop !

Lors de la visite au parc western, elle avait fait la connaissance d'une jeune femme aux cheveux courts ! Elles s'étaient croisées dans la file d'attente aux toilettes à côté du stand de photos. Le monde était petit, elle habitait Soulac-sur-Mer. Elles avaient immédiatement sympathisé. Elles étaient pourtant totalement différentes, la Girondine avait une vie très active, contrairement à la vie rangée de la Normande. Elle participait à un nombre incalculable de soirées, sorties amoureuses. Amanda en était subjuguée, elle l'aurait presque envié, elles partageaient cependant un sens différent sur l'amour !

Lors d'une discussion sur la plage naturiste de Montalivet, Roxanne lui avait caressé la joue en lui avouant la trouver désirable. La Normande avait rougi lors de l'effleurement de sa joue par les doigts de sa nouvelle amie. La voix de la jeune femme ensorcelante l'avait fait défaillir. Elle était peu habituée aux gestes affectueux en dehors de la famille. Amanda avait eu honte de certaines pensées lors du toucher. Elle était dénuée d'attirance envers les femmes. Que s'était-il passé ?

Les deux femmes avaient partagé une boisson fraîche face au saloon ou nombre de personnes prenaient des photos en compagnie du shérif.Roxane lui avait proposé de la maquiller pour charmer son amoureux.Amanda n'avait aucun souvenir de lui avoir parlé d'Edward, mais avait probablement dû le faire.

— Il te déplaît le maquillage, sœurette, remarqua Pamela en se penchant pour l'enlacer ?

— Ce n'est pas moi, il fait trop femme.

— Tues une jolie femme, Amy, confirma-t-elle en déposant un baiser sur sa joue.

Amanda regarda le reflet de sa sœur cadette, son visage était plus marqué,ses cheveux plus longs, son menton plus prononcé. Elle ressentait les rondeurs de sa poitrine contre ses omoplates, elle possédait un bonnet et une taille de plus. Contrairement à elle, Pamela n'était pas timide, plus ouverte aux rencontres masculines. Elle l'avait longtemps jalousée.

— Tu vois Edward bientôt ?

— À quatorze heures à la plage centrale !

— Vas-tu lui parler, hésita Pamela ?

Amanda se raidit, la sœur recula pour s'asseoir sur le coin du lit.

— Il est maladroit, pas aussi sûr de lui qu'il n'y paraît,murmura-t-elle sans bouger.

— Peut-être,mais si je n'avais pas attendu ?

La Normande rabattit le miroir dans la trousse de maquillage pour la serrer pensivement.

— Il était indécis, rien ne certifiait que c'était toi. Malgré tout,je savais qu'il te plaisait, alors je...

— Je sais que je suis moins belle que toi, la coupa Amanda.

Pamela se leva précipitamment pour lui empoigner le visage.

— C'est faux, la preuve, il t'a choisi, toi. Je ne dis pas que je regrette son choix, c'est le destin. Mais, je devais te le dire.

— Tuas vu son courrier, il parlait avec son cœur. C'était un moyen détourné d'avouer son amour, de connaître mes sentiments à son encontre. Il avait trop peur de me l'avouer face à face.

— Je suis tout à fait d'accord avec toi, mais il m'avait... Je t'aime, je veux juste être certain qu'il est totalement franc dans ses sentiments.

— Que veux-tu que je lui dise ?

— Que je t'ai mise au courant, qu'il n'aura droit à une aucune autre erreur.

— Les filles, le dîner est prêt, s'écria le père.

Amanda attrapa la main de sa sœur, puis lui déposa un baiser sur la joue. Sa sœur aînée l'abandonna pour rejoindre la famille. Elle se remémora le souvenir gênant.

Le lendemain de leur passage au bar de harley-Davison, Edward était passé à leur camping. Amanda s'était absentée pour aller acheter des serviettes hygiéniques avec sa mère. En son absence, le bordelais avait alors invité Pamela à la plage.

À son retour, Amanda avait été cruellement meurtrie que sa sœur soit en la compagnie de son amoureux.Ils l'avaient tous deux trahi. Les deux heures avaient duré des semaines ! Elle était impatiente de leur retour, tout en le redoutant à la fois.

Il lui avait confié la lettre juste avant d'aller embaucher, puis avait fait demi-tour en disant, lis jusqu'au bout, tu me diras ce que tu as décidé le lendemain.

Amanda avait pleuré en lisant la lettre, jamais aucun homme n'avait autant confié ses pensées, ses désirs, avoué ses erreurs.

— Amanda, ça va refroidir, l'avertit son père.

— J'arrive !