Chapitre 22 Confidences
Edward traversait en solitaire la rue piétonne de la ville de Soulac-sur-mer. Extrêmement soucieux, il avait choisi de partir se promener seul. Le comportement agressif de son berger allemand hier au soir l'avait surpris. Ce comportement correspondait habituellement aux agressions réclamant une attaque ! Pour quelle raison avait-il grogné et surtout sur qui ? Le bordelais s'était pomponné, il s'était rasé, douché, habillé de son pantalon à poches sur les côtés, débardeur au court col. La transpiration de la nuit avait disparu au réveil, il était en pleine forme.
Il attrapa son paquet de cigarettes pour en allumer une. La première était la meilleure de la journée. Il expira en profitant de la nicotine insufflée. Fumer était nocif, mais à vingt-deux ans, que risquait-il ? Il arrêterait de fumer avant ses trente ans. Il observa la rue peu fréquentée à une heure aussi tôt.
Son sang se figea lorsqu'il reconnut les deux jeunes femmes, l'une brune, l'autre blonde en jupe courte, haut de maillot de bain. Elles approchaient en discutant à voix basse. La brune murmura à l'oreille de la blonde qui sourit. C'étaient les deux filles qui étaient venues le féliciter au bar pour l'arrestation de l'homme aux rastas. La blonde avait toujours la silhouette d'une déesse Amazone, ce fut la brune qui eut le dessus en venant à sa rencontre.
— Salut, maître-chien, ça va ?
— Salut, Géraldine, s'exclama-t-il en se souvenant du prénom. Il n'est pas là le grand surfeur ?
— Il décuve de la soirée que l'on vient de quitter. C'est un petit joueur, se moqua la blonde. Moi, c'est Marion. Et toi, j'ai oublié.
— Edward.
La rencontre le mit de bonne humeur en chassant ses pensées moroses.
— Tu ne m'as jamais appelé, tu as dû perdre mon numéro, c'est ça, s'exclama la brune ?
— J'ai cru que c'était un faux numéro, annonça-t-il en regrettant sa réponse trop franche.
Elle fouilla immédiatement dans son sac pour lui écrire à nouveau.
— Merci.
— N'hésite pas cette fois.
— Edward, l'interpella une voix féminine ?
Le maître-chien obliqua sur la gauche pour apercevoir la mère de Juliette devant le bureau de poste.
Un mélange de sentiments contraires lui coupa le souffle, la rencontre était-elle bénéfique ? Les filles hésitantes finirent par partir, alors que la mère de Juliette le dévisageait tout en patientant.
— Bonjour, comment allez-vous, demanda-t-il en accélérant le pas.
— Hé bien, mon cher Edward, vous avez du monde à la porte !
Le Bordelais ne saisit pas le sens de la phrase, faisait-elle référence à de futures conquêtes ou copinages ?
— Euh, beaucoup de monde vient me féliciter pour l'arrestation de l'homme aux rastas qui avait menacé sa femme avec un pistolet.
Elle hocha du visage pour finalement obliquer vers la porte afin de déverrouiller l'entrée. Le souvenir d'elle en maillot de bain lui traversa l'esprit, il la chassa honteux de ses pensées.
— Suis-moi mon garçon, nous devons parler, s'exclama-t-elle en maintenant la porte entrouverte.
— Je peux repasser, vous allez ouvrir, murmura-t-il avec inquiétude.
— Ce n'est pas une proposition, confirma-t-elle en se dirigeant vers le boîtier d'alarme.
Le maître-chien ignora son inquiétude pour ouvrir la porte. La douce senteur de notes fleuries, fruitées et boisées intenses suivait la mère de Juliette. Elle sentait bon ! Il se retrouva nez à nez avec la quarantenaire lui barrant le chemin. Que devait-il faire ? Qu'allait-elle faire ? Il abaissa inconsciemment son regard dans le décolleté. Elle approcha pour frotter sa poitrine sur son torse, l'odeur de parfum de marque fit chavirer Edward qui hésitait à approcher ses lèvres des siennes. Le déclic dans son dos indiquait qu'elle venait de verrouiller la porte.
— Suis-moi, nous avons dix minutes avant l'heure d'ouverture !
Dix minutes pour quoi, songea-t-il avec un début d'excitation ? Avait-elle l'intention d'abuser de lui sexuellement ? C'était une vieille, pourrait-elle assurer ? Il perdrait cependant tout espoir avec Juliette ! Il la suivit dans une salle devant être celle de détente, cafeteria. Il découvrit des casiers de vestiaires, une douzaine de chaises autour d'une table,deux micro-ondes, un frigidaire, ainsi qu'un écran fixé au mur.
— Calme tes ardeurs mon garçon, il ne va rien se passer !
Edward détourna le visage honteux, comment pouvait-elle savoir? Il était excité, mais rien de palpable ne trahissait son embarras.
— Un café, demanda-t-elle tout en branchant la cafetière ?
— Oui, merci, acquiesça-t-il sans oser bouger.
— Assieds-toi, nous avons à parler !
— Tout est faux, s'emballa-t-il, ce ne sont que des mensonges...
L'écoulement du café fut l'unique bruit dans la pièce. Elle remplit deux tasses, puis obliqua dans sa direction sans afficher la moindre émotion.
— Guillaume n'est pas le père de Juliette.
— Ah !
— Il la considère comme sa fille, mais son éducation diverge de la mienne.
— Excusez-moi, mais pourquoi me dites-vous ça, il m'a interdit de la fréquenter.
Elle posa les tasses pour ensuite prendre place face à lui. Elle abaissa le visage défaitiste pour remuer le sucre dans son café. Edward ne parvenait pas à comprendre la raison de sa présence.
— Votre mari me terrifie. Il a une emprise déplaisante, dictatoriale sur son entourage. Je ne suis pas stupide, j'ai compris qu'il appartenait à la mafia.
— Tu es d'une immaturité déconcertante ! Stupide n'est pas le bon mot, naïf, coïnciderait mieux. Tu n'es pas le centre du monde,mais un pion dans un échiquier. Crois-tu qu'Albert ait cru ton histoire d'amour avec Pamela. Même moi, je connais l'existence d'Amanda.
Le Bordelais se figea en entendant le prénom de sa bien-aimée.La situation devenait déplaisante, elle faisait référence à une autre femme que sa fille. Allait-elle le punir ? Comment, il n'était plus un enfant. Elle empoigna brutalement sa main droite.
— Quels sont tes sentiments envers Juliette ?
— Je...
— Je veux la vérité, quelle qu'elle puisse être !
Il réfléchit longuement à sa réponse. Pouvait-il avouer que les légères petites rondeurs de Juliette l'excitaient ? Le maître-chien ne s'était jamais réellement posé les bonnes questions. Il profitait simplement des opportunités ! Edward avait de l'affection pour Juliette, mais plus pour Amanda. La seconde était plus sensuelle que la première, mais il les respectait tout autant. Partager leur amour n'était-il pas suffisamment ? On ne parlait pas de mariage, mais de rencontre amoureuse. Il choisirait le moment venu.
— J'aime bien Juliette, mais j'aime aussi Amanda.
— Et Marianne, s'exclama-t-elle suspicieuse ?
— C'est pas pareil, c'est juste... avoua-t-il en détournant le regard.
— Contrairement à ce que tu pourrais penser, tu ne détiens aucune décision pour... Tu as une chance inimaginable, c'en est même vexant ! Bon, je vais trancher pour toi, coupe tout lien avec Juliette !
— D'accord !
— Quoi, elle a aussi peu d'importance pour toi ?
— Mais, vous venez de m'ordonner de...
— Disparaît, s'écria-t-elle en pointant la sortie.
Edward fit glisser brutalement la chaise, évita le regard de la mère de Juliette pour traverser la salle. Il tourna le loquet pour finalement faire demi-tour afin d'observer son interlocutrice.
— Je suis peut-être maladroit avec les femmes, mais je n'ai jamais voulu faire de mal à Juliette. Je n'ai jamais menti, tout est vrai dans ce que je vous avais dit à notre première rencontre. Juliette m'avait dit que vous l'aviez autorisé à me voir, que vous me trouviez charmant et d'agréable compagnie. Je n'ai pas beaucoup d'expérience avec les femmes. Je cherche l'amour comme tout le monde, mais je suis maladroit, ne sais pas y faire. Les gens sont bizarres, compliqués ! Je n'ai pas encore pris de décision, pour l'instant, je n'ai fait qu'embrasser Juliette. J'aime bien Amanda,c'est vrai, mais aussi votre fille.
— J'ignore ce qu'elle peut te trouver, tu n'es qu'un petit joueur. Prends aux sérieux les menaces de Guillaume, oublie notre famille !
Edward quitta les lieux avec regrets, avec anxiété. Une seule chose était certaine, fréquenter Juliette s'avérerait très dangereux ! Il devait l'oublier. Mais, le pourrait-il ?
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