Chapitre 20 Qui perd, gagne
Edward observa longuement la cuvette des toilettes, pour ensuite lire les numéros de téléphone, les phrases obscènes sur le mur ! Le bordelais abhorrait la saleté, les déchets organiques, putrides, malsains des urinoirs, bidets, cuvettes publiques. Marianne l'empoigna pour le retourner. Le maître-chien frôla avec amertume la porcelaine recouverte de gras, d'urine. Il avança d'un pas pour refouler inconsciemment sa compagne qui heurta la porte.
— Patiente, je m'occupe de tout, murmura-t-elle en s'agenouillant le sourire aux lèvres.
Edward fut dans l'obligation de reculer pour permettre à la jeune femme d'occuper le peu de place disponible. Consterné, il fut à nouveau bloqué contre la cuvette. Elle touchait son bas ventre qu'il ne songeait qu'à la crasse environnante.
— Non, je ne peux pas, s'exclama-t-il en la dévisageant.
— T'es sérieux, là ?
— C'est dégueulasse, tu mérites mieux que des chiottes !
— On ne va pas se coucher par terre.
Le bordelais secoua le visage sans pour autant quitter sa position. Ne s'avouant pas vaincu, la jeune femme enfouit ses doigts à l'intérieur du pantalon, mais le maître-chien l'empoigna pour la relever. Il la souleva par le fessier pour lui murmurer.
— On pourrait...
Marianne se cambra pour le faire chuter en arrière, il claqua lourdement la lunette des toilettes.
— Attention, tu...
La jeune femme s'assit à califourchon pour resserrer ses jambes dans son dos afin de l'immobiliser, puis força les lèvres pour enfouir sa langue dans la bouche du Bordelais. Edward trouvait la situation aussi excitante qu'embarrassante ! Il accepta le baiser avec ravissement, mais la pression au bassin devenait douloureuse. Le maître-chien tenta de se lever, mais Marianne agrippa le tuyau sur le mur pour l'immobiliser. L'excitation surpassait la douleur, il s'abandonna au sort de sa tortionnaire. Elle quitta la bouche de sa proie pour retirer la bande recouvrant sa poitrine. La jeune femme joignit ses doigts dans sa chevelure au carré en brandissant ses seins libérés. Edward la caressa tendrement du bout des doigts. Il jeta un rapide coup d'œil au visage de sa compagne pour regarder s'écouler le maquillage noir aux paupières. Marianne se pencha en arrière pour agripper fermement les genoux du Bordelais.
Edward attarda son attention sur le tribal entre les seins, il tremblait, bougeait, changeait de forme comme dans un brouillard épais. La légère pénombre dans les toilettes était forcément responsable de l'illusion. Il crut un court instant discerner une forme animale.
Un craquement subit fit ricocher le bouton du pantalon sur le mur. Le Bordelais plaqua ses mains sur chaque mur en s'abandonnant totalement à sa compagne. Il voulut rassurer son ego en acceptant le fait qu'il n'avait pas le choix.
Le maître-chien ressentit bientôt les doigts de Marianne pénétrant dans sa culotte.
La porte s'ouvrit subitement en les faisant sursauter, la Normande griffa involontairement l'aine du Bordelais en faisant demi-tour.
— Ouille, se plaignit-il en regardant les gouttes de sang sur l'ongle de la responsable.
Edward agrippa instinctivement le revers de son pantalon tout en dévisageant Roland, le policier municipal esquissa un sourire de satisfaction en prenant des photos en rafale.
— C'est une preuve pour le dossier. Veuillez vous rhabiller, ordonna-t-il en profitant du spectacle.
Marianne croisa son avant-bras sur la poitrine, puis se baissa pour récupérer la bande de tissus. Edward détourna le regard de honte.
— Je t'avais prévenu Marianne, je gagne toujours, annonça le policier municipal !
La remarque de Roland supposée qu'il avait probablement enduré un rejet de la Normande, le maître-chien comprit qu'on l'avait dupé !
— L'article L. 222-32 du Code pénal interdit toute exhibition sexuelle publique.
— C'est bon, tu as gagné, murmura-t-elle en le dévisageant avec haine.
— Tu risques un an d'emprisonnement et trente mille francs d'amende, s'exclama-t-il en l'empoignant.
Edward prit peur en entendant la punition judiciaire, en ferait-il partie ? Lorsqu'il aperçut Roland caressant la joue de la normande, sa peur disparut aussitôt.
— Allez, retourne travailler, ordonna le policier municipal en tapotant le fessier de la serveuse.
Elle détourna le regard suspicieuse en direction d'Edward.
— Holà, j'y suis pour rien.
— Si je ne la punis pas, c'est réciproque, mais je te garde à l'œil, menaça-t-il le maître-chien.
Marianne quitta les toilettes. Roland se pencha pour murmurer à l'oreille de son équipier.
— Voilà, d'une pierre deux coups.
— Il s'est passé un truc entre vous, voulut savoir Edward ?
— Elle s'est foutu de moi. Rien de plus. Albert ne t'ennuiera plus. Il ne compromettra pas sa sœur dont je détiens des preuves irréfutables.
— C'est légal les photos ?
— Sans t'incriminer, oui.
Il acquiesça sans réellement le croire.
Roland quitta les toilettes comme si de rien n'était. Edward termina der se rhabiller, puis poussa la porte. Il perdit toute assurance en découvrant la multitude de regards le dévisageant. Certains motards furibonds discutaient en le fixant, d'autres affichaient un visage haineux, d'autres encore claquaient leurs verres sur la table. Marianne portait déjà un plateau de bières en évitant son regard. Il ressentait l'animosité de chacun. Le Bordelais regrettait la situation, même si cela le protégeait de toutes représailles d'Albert.
Au dehors, Edward partit récupérer son chien dans la voiture. Rex ne cessait de sentir son maître en reculant, avançant, avec hésitation.
— Qu'est-ce que t'as mon chien ?
L'animal refusait de quitter le coffre, il dut tirer sèchement sur la laisse pour le faire descendre.
— Nous devons reprendre la patrouille, s'exclama le policier municipal en caressant l'appareil photo dans la poche.
Edward n'avait pas été totalement franc avec Roland, comment pourrait-il lui reprocher d'en avoir fait de même !
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