Deux amies allongées sur un lit. Gros plan sur leurs visages encore marqués par les rondeurs de l'enfance. Vu d'ensemble : leurs têtes l'une à côté de l'autre, une guirlande accrochée au mur bleu – seul source de lumière dans la pièce – et une légère musique au piano qui s'échappe de la radio.

« Tu l'aimes ? »

Silence qui suit la question. Des yeux qui se ferment.

« J'aime la sensation que je ressens quand il est là.

- Mais tu l'aimes ?

- Non. »

Triste vérité qui s'échappe de lèvres ourlées de rouge, et de nouveau le silence, profond, épais, dérangeant.

« Qu'est-ce que tu vas faire ?

- Je ne sais pas. »

Zoom sur les yeux bleus qui brillent de larmes. Douleur de faire souffrir. Et puis une main qui en attrape une autre, des doigts qui s'enlacent, paume contre paume. Sourire qui naît timidement entre les larmes. Culpabilité d'aimer la mauvaise personne, culpabilité de ne pouvoir ressentir ce qu'on aimerait.

Puis la colère. Colère contre le monde entier et contre soi-même. Sourire qui se fane tandis que la situation s'impose dans son cœur et son esprit, et les lèvres rouges qui se tordent de douleur.

Sanglots qui finissent pas couvrir le piano, et les doigts qui se séparent, mu par l'irrépressible besoin de mettre de la distance, comme si cela pouvait changer quelque chose.

Changement de plan, caméra qui s'arrête sur un ours en peluche assis sur une bibliothèque qui contemple tristement la scène. Ses yeux fait de boutons noirs qui semblent se remémorer des souvenirs oubliés depuis longtemps.

Fondu au noir, apparaît une petite fille qui ramasse un caillou blanc, aussi pur que son âme, un joli sourire venant orner ses lèvres roses.

« Qu'est-ce que tu fais ?

- Caillou, joli !

- Lâche ça. »

Les lèvres roses qui s'affaissent et les yeux qui se plissent doucement. Pas de larmes, la force de l'habitude.

Fondu et de retour sur les lèvres rouges. Elle a perdu l'habitude, les larmes dégoulinent sur ses joues.

« Qu'est-ce que tu vas faire ? »

Comme si répéter sa question pouvait lui apporter une réponse.

« Je ne sais pas.

- Qu'est-ce que tu veux faire ? »

Changement de tactique.

Qu'est-ce qu'elle veut ? Elle veut aimer, et être aimé. Elle veut contempler le coucher de soleil dans un champ de tournesols avec la personne qu'elle aime, regarder les étoiles allongées dans le sable, l'océan venant leur lécher les pieds, se perdre dans les rues d'une ville, sa main dans la sienne. Elle veut être libre, de tout, tout le temps.

« La liberté. L'amour. Le bonheur.

- Je t'aiderais alors. »

Et les larmes qui se tarissent, les lèvres rouges qui se redressent, juste assez pour percevoir un changement, deux mains qui s'enlacent de nouveau.

Travelling arrière, puis fondu au noir, et une phrase, si petite et pourtant si importante :

« Je t'aime. »