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• Chapitre 11

Malgré leur mésentente, Chan avait refait surface dans les bureaux de PearBox quelques jours plus tard. Il était déterminé à avoir le fin mot de cette histoire. Woojin restait persuadé que Jeongin et même ses autres employés ne pouvaient pas être les coupables, mais Chan était sûr du contraire. Les entretiens qu’ils tenaient encore tous les deux se passaient dans une ambiance assez glaciale, et aucun des deux n’était prêt à faire le premier pas vers l’autre en vue d’une possible réconciliation.

— Je dois aller à Busan la semaine prochaine, informa Woojin à son avocat alors qu’ils travaillaient sur un dossier.

— Cool, répondit Chan sans lever les yeux de son document.

Woojin laissa tomber son lourd stylo sur le bureau.

— Chan, c’est sérieux…

L’avocat leva lentement la tête et croisa finalement son regard.

— Qu’est-ce qu’il y a ?

— C’est le salon annuel avec tous nos partenaires et au vu des circonstances actuelles je ne sais pas si-

— Tu dois y aller, le coupa Chan, au contraire, si tu n’y vas pas, ils nous prendront pour des escrocs, ça paraîtra encore plus suspect.

Woojin leva un sourcil.

— Nous ?

Chan laissa échapper un petit rire.

— Pourquoi ? Je ne fais déjà plus partie de la boîte ?

— Ça dépend, tu le veux toujours ?

Ils se fixèrent pendant plusieurs secondes et Chan ne pût s’empêcher de rire à nouveau.

— T’es con… Je suis ton ami depuis des années et je suis ton associé depuis que tu as fondé ton entreprise, je n’ai pas l’intention de te laisser tomber.

Les deux hommes échangèrent un regard presque gêné.

— Merci Chan. Je... je t’ai… toujours considéré comme un frère, avoua Woojin.

— Moi aussi, dit l’avocat avant de marquer une pause, mais ça ne change rien sur le fait que je n’approuve pas ta relation avec le stagiaire.

— Jeongin. Il s’appelle Jeongin.

— Jeongin…

— Justement Chan, en parlant de ça...

Woojin prit une profonde inspiration avant de reprendre.

— Je veux que Jeongin m’accompagne à Busan.

Chan lâcha son stylo.

— Pardon ?

— J’emmène Jeongin avec moi à-

— Non, non, je t’ai entendu la première fois, je te laissais juste une chance de te rattraper.

— Attends, laisse-moi finir…

— Ah parce que tu as préparé un plaidoyer pour me convaincre ?

Woojin leva les yeux au ciel.

— Mais non… je pensais juste que comme il est ton suspect numéro un, s’il vient avec moi pendant deux jours et que les informations cessent de fuiter, alors tu auras une preuve supplémentaire contre lui.

Chan leva un sourcil.

— C’est censé me convaincre ?

— Chan, j’essaye… j’essaye de… Bon laisse tomber en fait.

— Attends Woojin. Excuse-moi, c’est peut-être pas si bête…

Woojin attendait la suite des paroles de son ami avec impatience.

— D’habitude c’est toujours Félix qui t’accompagne ? Bon, personne ne s’attendra à ce que tu partes avec le stagiaire, alors ne dis rien à personne.

Devant l’air dubitatif du PDG, Chan précisa son idée.

— Il ne faut dire à personne que tu pars et surtout pas que tu pars avec Jeongin. De cette façon, s’il est innocent et que le vrai coupable ne sait pas qu’il est parti, il continuera peut-être à agir, et du coup, ça innocentera ton petit copain.

— Alors tu es d’accord ? demanda Woojin presque timidement.

— Woojin, je ne suis pas ton père, tu n’as pas besoin de mon accord pour faire ce que tu veux.

Woojin ne pût se retenir de sourire, ça lui importait d’avoir l'aval de Chan même s’il n’en avait pas besoin.

— Mais je ne cautionne toujours pas votre relation, et si tu te retrouves dans la mouise à cause de cette histoire, il faudra te débrouiller sans moi… 

— Je n’en attendais pas moins de toi Chan…

— Et ne prends pas ton voyage d’affaire pour un voyage de noces quand même, lâcha l’avocat en se replongeant dans ses dossiers.

***

— À Busan !

Quelques heures plus tard, Woojin convoquait Jeongin afin de lui proposer de l’accompagner pour son voyage d’affaires.

— Oui, c’est le rendez-vous annuel avec tous nos partenaires, on passerait deux jours et une nuit là-bas.

— Mais pourquoi est-ce que vous me proposez de venir ?

Woojin leva un sourcil à la question évidente du plus jeune.

— Ça serait l’occasion de passer du temps ensemble, vraiment je veux dire.

Jeongin baissa les yeux, bien sûr qu’il avait envie de passer deux jours complets avec le plus vieux, mais d’un autre côté, ça n’avait rien à voir avec le fait de passer quelques minutes par jour dans son bureau, et peut-être qu’il ne se sentait pas encore prêt pour ça. Woojin s’approcha et le prit dans ses bras.

— Tu as le temps d’y réfléchir, ne t’inquiète pas.

— Non, non, je veux venir.

Le sourire de Woojin n’aurait pas pu être plus radieux. Il déposa un baiser sur le front du plus jeune.

— Tu ne peux pas savoir à quel point ça me fait plaisir. Je t'emmènerai acheter un costume dans la semaine.

Les parents de Jeongin n’émirent aucune opposition quant au voyage de leur fils puisqu’il s'agissait d’un séjour pour le travail. Et quelques jours plus tard, Jeongin se retrouvait chez un tailleur de luxe en compagnie de Woojin. Le plus jeune contemplait son reflet dans un large miroir, la veste bleue marine aux fines rayures grises qu’il portait lui allait comme un gant, mais quelque chose le tracassait.

— Jamais je ne pourrais me payer un costume pareil, soupirait-il en se tournant devant le miroir.

— Ne t'inquiètes pas pour ça Jeongin.

Le fait que Woojin puisse à nouveau lui offrir un cadeau hors de prix mettait le jeune homme mal à l'aise. Le jeune PDG sembla le réaliser, il s'approcha de lui et posa les mains sur ses épaules.

— Jeongin, c'est pour le travail, alors c'est normal que je te le paye ok ?

Le plus jeune hocha lentement la tête.

— Merci, c'est très gentil de votre part.

Woojin lui fit relever la tête d'une pression de l'index sur son menton.

— Tu ne crois pas qu'il serait temps que tu me tutoies ?

Jeongin se mit à rougir, il était d'accord mais l'idée d'être un peu plus familier avec lui l'intimidait quelque peu.

— D'accord…

Woojin lui sourit et s'éloigna pour aller chercher une cravate, il revint rapidement avec une en tissu de satin rose. Il la tendit au plus jeune qui esquissa un petit sourire malicieux. Woojin avait compris. Il passa lui-même la cravate autour du cou de Jeongin. C'était presque devenu un jeu entre les deux. Le jeune PDG noua habilement le morceau de tissu et replaça correctement le col de Jeongin avant de déposer son front contre le sien.

— Voilà, tu as vraiment l'air d'un homme d'affaires comme ça.

— Merci Monsieur... commença Jeongin avant de se reprendre, pardon, merci Woojin. 

Le visage de celui-ci se fendit d'un large rictus et il ne pût se retenir d'embrasser tendrement le plus jeune. 

— J'ai hâte de pouvoir passer ces deux jours avec toi, lui murmura Woojin à l'oreille. 

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