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Le Thé Noir : Pika

Argh...

J'ai les oreilles qui sifflent...

Qu'est-ce qui se passe ?

C'est... terriblement difficile de me lever...

Qu'est-ce qui se passe ?

Je suis debout. Enfin, je crois... Je n'arrive plus très bien à penser... Je ne sais pas... Je ne sais plus...

Qu'est-ce qui se passe ?

Je ne vois rien. C'est... tout flou.

J'ai envie de dormir...

Qu'est-ce qui se passe ?

Je me frotte les yeux. Longuement.

Aïe. Ça pique...

Qu'est-ce qui se passe ?

Je vois normalement à nouveau...

Qu'est-ce que...?

Je ne reconnais pas la ville de mon enfance... Ce... enfin, c'est...

Qu'est-ce qui s'est passé ?

J'essaie de me souvenir. Allez, allez, fais un effort...

Qu'est-ce qui s'est passé ?

Ah.

Oui, c'est bon.

Je me souviens.

Pika... don... Pikadon...

Ils ont osé. Je... ça me dépasse.

Tout ça... me dépasse.

Je veux fermer les yeux. Ignorer cette réalité.

Je ne peux pas. Je n'y arrive pas.

Maman...

Qu'est-ce qui se passe, maman ?

Mes oreilles continuent de siffler.

Je n'entends rien.

Pourtant, je le sais. Je sais très bien que cette femme, qui gratte pathétiquement la terre à côté des restes d'un immeuble, je sais qu'elle appelle sa fille. Elle hurle à s'en déchirer la voix.

Ah.

Elle ne bouge plus.

Elle est morte.

C'est mieux ainsi. Elle pourra retrouver sa fille, au moins.

Les gens, autour de moi... Ils passent à côté d'elle sans la voir.

Ils errent, nus, parfois même jusqu'à l'os.

Une jeune fille passe devant moi, hagarde.

Toute la moitié gauche de son corps est dépourvu de peau.

Je peux voir ses muscles se contracter. Ses tendons se tendre.

Elle murmure des mots que je ne saisis pas. Elle a le regard fixe des macchabées.

Elle se tait.

Ah.

Elle tombe.

Elle est morte.

Elle aussi.

En face de moi, deux bras rouges de leur propre sang émergent des restes d'une maison, seuls.

Ils tiennent un enfant.

Un nourrisson.

Il doit avoir quelques semaines à peine.

Lui non plus ne parle pas. Ne pleure pas.

Mais sa mère hurle.

Je l'entends très bien.

Elle hurle qu'on vienne sauver son fils. Au moins lui.

Je ne sais pas pourquoi. Mais je me dirige vers le bébé.

Je le prends entre mes mains.

La mère me remercie.

Elle expire.

Ah.

Elle aussi est morte.

Encore une fois, tant mieux.

Elle n'a pas eu le temps de se rendre compte que son fils l'était aussi.

Il gît, par terre. Les flancs ouverts, à vifs.

Il m'a glissé entre les mains.

La peau s'en est décrochée lorsque je l'ai saisi.

Je regarde mes mains.

Elles sont mises à nu. C'est... fascinant de complexité, une main.

Et sur leur dos, je remarque deux petits pièces de peau, collées.

Ah.

Mes paupières.

C'est pour ça que je n'arrivais pas à fermer les yeux...

Pikadon...

Je l'entends. Ce mot, les gens le murmurent ou le crient, juste avant que leurs cordes vocales ne se brisent, je suppose.

De l'eau.

Beaucoup réclament de l'eau.

Un homme s'approche d'une citerne.

Il en ouvre le robinet.

C'est une mauvaise idée, je le sais.

Un jet de vapeur en est violemment expulsé.

Ah.

L'homme est mort.

Et comme pour tous les autres, ça ne me fait rien.

C'est horrible. Atroce. Inhumain.

Je le sais.

Pikadon...

Mais je en ressens rien.

Je suppose que c'est trop pour mon cerveau.

Là-bas, un homme tire sur une main pour empêcher son propriétaire de sombrer dans le fleuve.

Inutile.

La peau se détache comme si c'était un voile de soie.

L'homme sombre.

Un vieillard se fait piétiner par un groupe d'adolescentes qui déambulent.

Nues, le regard fixe.

Sans paupières.

Mes oreilles continuent de siffler.

Beaucoup de personnes hurlent encore.

Qu'on vienne les aider.

Qu'il leur faut de l'eau.

Appellent leur enfant.

Agonisent.

D'ici peu, le silence se fera.

D'ici peu, la Mort fauchera ceux qu'il restera.

Pikadon...

On dira plus jamais ça.

On ne pourra dire que ça.

Je le sais.

Pikadon...

Mais combien de temps s'écoulera avant qu'on ne recommence ?

Combien de temps avant que les guerres ne soient à nouveau prétexte à ce genre de... folie ?

Pikadon...

Pika. Eclair.

Don. Onde de choc.

Pikadon. Little Boy.

Bientôt, ces surnoms ne diront plus rien à personne.


Hiroshima, combien de temps se souviendra-t-on de ton nom ?

Hiroshima, combien de temps se souviendra-t-on de tes morts ?

Hiroshima, combien de temps avant l'oubli ?

Et combien de temps avant de recommencer ?











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Librement inspiré par Le Fil à recoudre les âmes de Jean-Jacques Greif. Même s'il le décrit bien mieux que moi... Lisez ce livre.

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