Un jour, il est apparu devant moi, scintillant et rougeoyant dans le soleil couchant. Immobile, les bras croisés sur son torse musclé, il flottait assez haut pour complétement me dominer.

Je lui ai dit :

- Je crois en l'obscurité de l'âme de chacun, contre laquelle se bat chaque jour l'intense Lumière, sans jamais l'emporter. Je crois à la facilité de la Volonté à flancher, et à plonger dans cet abîme obscur.

Il m'a considéré un instant. Moi, petite créature misérable, j'osais remettre en cause sa toute-puissance...

- Je crois à la victoire constante de la Lumière éclatante, déclara-t-il enfin. Je crois à la bonté profonde de l'Âme et à son dévouement entier aux forces du Bien.

- Je crois à la lutte éternelle du Bien contre le Mal, à leur équilibre précaire. Je crois à la tendance victorieuse du Malin, à la fainéantise des esprits qui cèdent à la facilité qu'offre le Mal.

- Je crois à la sagesse infinie de l'Intelligence, à sa victoire prochaine contre l'obscurité de l'Ignorance, objecta-t-il. Je crois que toutes les âmes sont naturellement bonnes, et qu'il suffit d'un rien pour les ramener sur le Chemin éclairé.

- Je crois à l'abrutissement de la Religion, à son encouragement rester ignorant. Je crois à la désinformation qu'elle profère et à la violence que cela entraîne. Je crois à la soumission à des chimères qu'elle encourage, aux désillusions mortelles qu'elle entraîne.

- Je crois au phare bienveillant qu'est la Religion, à sa volonté de faire mener aux âmes une vie au service du Bien, répliqua-t-il. Je crois à la déformation de ses propos par des êtres perdus sur leur chemin, mais qui ne demandent qu'à retrouver leur route. Je crois en la Foi, la Foi inébranlable qui encourage les esprits à grandir.

- Je crois à l'inexistence d'un Dieu. Je crois au mirage qu'est la Perfection, qui ne sert qu'à donner un but à l'Âme pour mieux effacer cette illusion lorsqu'elle pense enfin la toucher.

- Je crois à l'existence d'une force supérieure en chacun, rétorqua-t-il. Je crois à l'objectif noble qu'est celui de toujours viser le Meilleur, et sa capacité à faire grandir l'Esprit.

- Je crois au complexe chemin tortueux qu'est celui du Bien. Je crois à la facilité de la ligne droite dégagée qu'est celle du mépris, de la violence, et de la Mort.

- Je crois à la satisfaction de toutes les âmes à faire le Bien, opposa-t-il. Je crois en leur répugnance à commettre le Mal.

- Je crois à l'ambition dévorante, à la jalousie et à l'orgueil.

- Je crois à l'altruisme, au partage et à l'Amour, riposta-t-il.

L'Amour... C'est ce mot qui me fit comprendre que notre débat n'avancerait jamais. Je décidai de clamer une dernière vérité.

- Je préfère les Ténèbres étouffants car ils permettent de survivre sans se poser plus de questions.

- Je préfère la Lumière aveuglante car elle inspire le bonheur et la sagesse, avança-t-il.

- Je pense que tu te trompes. Trop de lumière rend aveugle à ce qui entoure l'âme.

- Je pense que tu te trompes, imita-t-il. Trop de ténèbres fait mourir de froid l'âme.

- Notre discussion ne mène à rien...

- Non, en effet... soupira-t-il Il semblerait que nos opinions soient totalement antipodiques.

Je n'ai pu m'empêcher d'éclater de rire.

- Non, non, non, non, non ! Tu es dans l'erreur la plus totale... Nos visions sont complémentaires. Le Bien et le Mal sont deux faces d'une même pièce, et tous deux sont nécessaires à l'équilibre du monde. Que serait le Bien s'il n'existait pas le Mal ?

- La clé d'un monde meilleur, déclama-t-il.

A nouveau, l'hilarité m'a gagné.

- Ainsi donc, c'est ce que tu penses... Tu es bien naïf.

- Et toi, bien pessimiste, asséna-t-il.

- Je préfère le terme de "réaliste"...

- Tu es dans l'erreur, assura-t-il.

Je me repris à rire.

- Je vois... Alors, adieu, dieu impie. Puissent un jour tes pieds fouler la terre...

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Hum, je vous le confirme, ça n'a pas beaucoup de sens...

J'ai écrit ce one-shot en pensant au film Batman v Superman (oui, drôle de référence), en particulier la scène où Superman sauve un enfant, le dépose vers ses parents, au milieu d'une foule. Et, quand il se redresse, les gens restent agenouillés et tendent la main vers lui comme vers un Dieu (est-ce que quelqu'un aurait trouvé un GIF de cette scène ?).

Cette scène m'a donné froid dans le dos, et je me suis demandée ce que ça donnerait si un symbole du Bien comme Superman rencontrait quelqu'un de lambda, mais "partisan du Mal".

Je suis allée trop loin, hein ? Mais je trouve que la divinisation d'une icône comme Superman est un sujet passionnant, qui mériterait d'être encore plus creusé dans les films.

Bref, voili voilou ! Bisous et à la prochaine.