Le Thé : Century
Les peuples heureux n'ont pas d'histoire, paraît-il.
Ben ceux qui viendront après ne s'ennuieront pas, alors. Ils en auront, des histoires à découvrir.
Guerre. Famines. Génocides. Réchauffement climatique. Extinctions de masse. Bombes atomiques. Tchernobyl. Pauvreté. Argent. Connerie. Tueries de masses. Argent. Maladie. Argent. Argent. Pandémie. Argent. Argent. Argent. Pollution. Argent. Argent. Argent. Argent. Argent. Argent.
Argent.
Breaking news !
Nous courrons droit à la catastrophe !
Mais nouveau Breaking news !
La Terre continue de tourner. Alors, tout va bien, non ?
Non.
Mais bon, on continue à produire de l'argent, alors...
Je m'imagine volontiers le monde de demain. Le monde post-apo, comme disent les jeunes. Comme disent les vieux.
Seule, au milieu du désert que sont devenus les océans, j'écoute la musique grésillante que diffuse mon radio réveil.
Qui fonctionne à l'électricité. Qui est donc branchée sur secteur en plein désert.
Bon. Mon radio réveil est maintenant une vieille radio. À piles. Que j'ai volées dans une supérette abandonnée.
Bref, j'écoute la radio, et... Qui gère la radio si je suis la seule survivante ?
D'accord, j'admets, on est deux survivants. Moi, et un opérateur radio. Ou plutôt une opératrice, comme ça on est sûrs de courir à l'extinction.
Enfin bref ! En plein milieu du désert, j'écoute ma vieille radio à piles que j'ai volées dans une supérette abandonnée, qui diffuse des musiques que la dernière opératrice radio qui a survécu programme parce qu'elle n'a que ça à faire, après tout c'est juste la fin du monde. Mais bon, elle aime beaucoup, passionnément son boulot.
Et donc, la mélodie un peu grésillante se propage dans l'air brûlant de ce Sahara nouvelle génération. Il y longtemps que je marche dans cette étendue de sable, et stop !
Comment j'ai survécu jusqu'ici ?
Non mais sincèrement, j'aurais dû mourir de faim, de soif, d'insolation, de cheville tordue ou d'hémorragie nasale depuis des jours !
Ma bonne étoile est particulièrement active.
Donc ! Vieille radio à pile, opératrice radio, blablabla, je suis chanceuse.
Mais humaine. Je commence évidemment à fatiguer. Il fait si chaud et ça fait si longtemps que je marche, que ma vue se brouille. J'avise un palmier, et je m'assois à son pied.
Un palmier ? Vraiment ? En plein milieu d'un ex-océan ? Sans eau nulle part ? Par une chaleur que seule ma "bonne étoile" me permet de supporter ?
Bon... Bon, bon, bon... Disons que... c'est un mirage, mais j'y crois tellement que j'ai un peu plus frais.
Alors ! Je m'assois au pied de ce mirage de palmier en compagnie de ma vieille radio - à piles et contrôlée par une survivante opératrice, je le rappelle -, quand tout à coup, je me dis que j'ai vraiment de la chance d'être arrivée ici en vie, et je remercie ma bonne étoile. C'est bon, ça se tient ?
Le son grésillant me rappelle ces vieux gramophones, ces machines que je n'ai jamais connues, et pourtant ce grésillement caractéristique, comme si la mélodie me parvenait à travers un téléphone, m'est familier. Allez comprendre comment l'être humain est fait...
Ma pause au soleil, parce que du coup, comme c'est un mirage, ça tape fort, me fait tourner la tête. Des jours et des mois de fuite depuis ma ville natale, dévastée par... un astéroïde... car... la Lune a été détruite par... un gros astéroïde...?
Hum. Je crois que même dans la vraie vie, mon cerveau ne doit plus être tout à fait opérationnel, parce que ce que je raconte n'a plus beaucoup de sens...
Bref.
Il allait me falloir traverser cet océan désert pour atteindre la Terre Promise, l'Amérique et, j'y survivrai jamais. C'est pas la peine d'essayer, je peux pas. Même avec toute la chance du monde.
On pourrait dire que... oui, ben non... ah ! Peut-être que... non, toujours pas. Et si...? Non plus. A moins que... non mais laisse tomber, c'est complétement improbable.
Et puis zut, hein ! De toute façon, je suis seule au monde - littéralement, l'opératrice radio vient de mourir de... du chykungunya -, alors, heu, eh bien une météorite s'écrase pile là où je suis et c'est fini !
Voilà, bon débarras.
De toute façon, tout le monde s'en fout de ce qui peut advenir de moi.
Non, l'histoire de la dernière survivante, tout le monde la connaît.
Ce qui est intéressant, c'est comment je suis arrivée là ?
Il y a pas mal de possibilités ! Guerre nucléaire ou chimique, virus, violente éruption solaire, réchauffement climatique, pandémie, destruction de la base de la chaîne alimentaire, chutes de météores, tout n'explique pas l'état actuel de la planète que l'Homme n'a pas su fuir ni préserver, mais tant de choses peuvent en être la source, le commencement.
Et, comme avec le comment vient le pourquoi, que le où n'est pas important et que le qui importe peu, ne reste qu'une zone d'ombre.
Quand ?
Mais sur ce point, il n'y aura aucun doute.
Si la planète devait être détruite ou sauvée, elle le serait maintenant, au XXIème siècle.
Oui, grande injustice que de devoir payer le prix du passé, mais qu'y pouvons-nous ?
Et comme la machine à remonter dans le temps n'est pas prête d'être inventée, alors...
It's up to this century to decide what happens in the next million years...
——
Salut ! En fait, le plus important dans cette nouvelle, c'est de regarder la vidéo en media. C'est une réflexion extrêmement intéressante sur le rôle de la science-fiction et sur l'état actuel de la planète sur plusieurs plans, et c'est bien moins catégorique que le ton du one-shot (et pas trop prise de tête, ça va). De toute façon, le Fossoyeur est un génie, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise...
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro