Chapitre 9
- Comment allez-vous, Minho ?
- Ça va.
- C'était un petit "ça va".
- Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
- Comment vous allez.
- Ça dépend.
- Ça dépend de quoi ?
- Est-ce que avoir des remords c'est aller bien ?
- Vous voulez bien m'expliquer ?
- Ben c'est juste qu'avec mon voisin de chambre-
- Jisung ?
- Oui, Jisung. Il est possible qu'on se soit "disputés".
- Par rapport à quoi ?
- C'est compliqué et long.
- Ça tombe bien on a toute l'heure.
- C'est qu'il m'évitait, j'ai l'impression. Il ne me parlait plus et passait son temps avec sa nouvelle amie, alors qu'on était dans la même chambre. Quand il m'adressait la parole, c'était pour me dire qu'il allait prendre sa douche, sans même me dire bonjour. Et en ce moment, il est fauteuil roulant. Il voulait retourner dans la cour de l'hôpital voir son amie, et l'infirmière avait trop de travail, elle ne pouvait pas l'emmener. Alors il m'a demandé à moi, sauf que je n'avais pas envie, j'ai donc dit non. Il a essayé de se lever, et il est tombé. Il est tombé, il ne tient plus debout, madame. Je ne veux pas qu'il meurt, même s'il est super chiant. Je ne veux vraiment pas qu'il meure.
- Vous semblez tenir beaucoup à lui.
- Je sais pas.
- Vous savez pourquoi ?
- Non.
- Qu'avez-vous fait tous les deux pour être si proches ?
Minho, les mots ne voulant pas lui sortir de la bouche, reste muet. Il ne sait pas s'il arrivera à le dire, le dire reviendrait à l'accepter, à se l'avouer. Or Minho a un peu de mal avec ça, c'est plutôt compliqué, de se dire qu'il a embrassé, non, que ses lèvres se sont posées sur celles qui ne veut plus lui adresser la parole. C'est compliqué, non ?
C'est compliqué, compliqué de s'avouer qu'il aurait accepté volontiers de rester pendu aux lèvres du rouquin, et pendant longtemps. Compliqué d'avoir cru quelque chose qui semble, au final, impossible, puisque Jisung le fuit. C'est compliqué d'être déçu, de regretter.
C'est juste compliqué.
- Il est possible qu'on se soit embrassés.
- Vous vous êtes embrassés ?
- C'est possible.
***
Jisung est dans la cour, la fameuse, attendant sa nouvelle amie. Elle risque de ne pas rester encore longtemps, sa santé et son coeur allant mieux, le rouquin ne va certainement pas la retenir dans un endroit pareil, un endroit qu'il déteste tant et qu'il aimerait quitter au plus vite. Malheureusement, compte tenu de son état, ça ne va pas pouvoir être possible. Il ne peut à présent plus marcher seul à la seule force de ses jambes, ou bien même tenir debout. Il commence même à fatiguer de devoir pousser son fauteuil roulant à l'aide de ses bras. La prochaine étape ce sera la douche avec les infirmières, se faire donner à manger, et à la fin, il ne fera plus parti de ce monde. Il sait très bien qu'il ne restera encore plus très longtemps, il n'y arrivera pas, même avec toute la volonté du monde. Et c'est bien triste, puisqu'il aimerait faire plein d'autres choses.
Mais il a déjà l'impression de faire une bêtise, sans vraiment en faire une. Il s'est éloigné de Minho, son camarade de chambre, que pourtant il affectionne énormément.
Pourquoi, dans ce cas ?
C'est tout simple.
Il a peur.
Il a peur de mourir. Mais encore plus peur de laisser Minho seul, seul sans lui. Ça pourrait faire prétentieux, mais il sait que Minho commence à l'apprécier, étant exactement la même chose de l'autre côté. Il a peur de partir et de laisser un vide au noiraud, qui est déjà fragile, il le sait. Aussi très égoïstement parce qu'il a peur d'avoir mal. Peur de regretter de s'être rapproché de Minho en s'accrochant plus à lui qu'il ne l'est déjà. Alors il essaie de se détacher, de partir de lui-même, c'est au moins de sa volonté à lui, pas celle de la vie qu'il essaie de fuir, de faire durer.
Alors il le sait, il a été horrible avec l'artiste, mais il l'a décidé et continuera, puisqu'il est borné. Il continuera en pensant que c'est la bonne chose à faire, la seule. Il se fera détester par Minho, s'éloignera de lui jusqu'à ce qu'ils n'aient plus de contact. Minho finira par quitter l'hôpital, et ils ne se parleront plus, ça se finira comme ça. C'est comme ça que ça doit se finir.
Alors pour se changer les idées, il passe ces moments avec sa nouvelle amie, si on peut dire ça. Il l'apprécie beaucoup, mais se doute très bien qu'elle ne le voit pas de cet oeil. Il tente de ne pas vraiment y faire attention, mais ça se voit, en fait, comme le nez au milieu de la figure. Lorsque l'on se regarde soi-même, le nez, on ne le voit pas. Elle ne s'en rend pas forcément compte, elle envoie pourtant des signaux bien visibles.
C'est peut-être de ça dont a besoin Jisung, d'une amourette d'hôpital, comme d'une amourette de vacances. Ça vient, on passe du bon temps, puis on oublie. Pourquoi s'évertuer à continuer une relation comme ça si c'était juste pour s'amuser ?
Le seul petit problème, c'est que la seule attirance qu'il ait ressentie, était envers des hommes, dont fait parti Minho. Ça ne devrait pas être si dur d'ignorer de l'attirance et de l'attachement. Même si dans les films les protagonistes n'y arrivent jamais, Jisung est persuadé d'atteindre son objectif. Pas parce qu'il le veut, mais parce qu'il le faut, vraiment.
Il verra ce qu'il adviendra, pour le moment il reste sur sa position et passe du temps avec Jisoo. Il s'amuse bien avec elle, elle n'est pas forcément drôle mais est profondément gentille, ce qui a pour avantage de lui plaire ainsi qu'à beaucoup de gens. Ils ont, l'autre jour, ri avec la vieille gentille infirmière, qui leur a apporté des cookies venant du service pédiatrique. Ils étaient merveilleux, jusqu'à ce que Jisoo lui crache -sans le faire exprès- un bout au visage. C'était marrant.
***
Minho ne sait pas quoi faire.
Ce n'est pas la première fois depuis qu'il est ici, mais cette fois-ci cet ennui lui laisse un goût amer. Habituellement il y a toujours le rouquin pour l'embêter ne serait-ce qu'un peu, ça occupe.
Il décide alors de peindre, mais ne se sentant pas inspiré, il ne sait toujours pas quoi faire, ou peindre.
Il prend ses affaires de peinture, sa toile neuve et se poste devant, le pinceau en main.
Il a pour habitude de rapidement trouver quelque chose à peindre, mais ici, trou noir. Rien ne vient.
Que pourrait-il bien sortir de son pinceau ? Pourquoi pas un paysage, celui qu'il voit depuis sa fenêtre d'hôpital ? Non, il est bien plus talentueux en abstrait. Ce qu'il ressent alors ? Non plus, il est fatigué, ennuyé de pendre toujours la même chose, des formes sombres, pesantes, mauvaises jusqu'à l'os. Un portrait peut-être ? Les visages, ça le connaît, il ne fait que les observer, à défaut de pouvoir parler à ce qu'il se cache en dessous. Il est doué pour les observer, chaque de leurs détails, les rendant tous plus réels les uns que les autres au fur et à mesure qu'il avance, qu'il grandit, qu'il s'améliore. En revanche, il est terrible pour les comprendre, c'est peut-être pour ça qu'ils ne sont jamais "parfaits". Ils ont l'expression, celle que Minho a peinte, elle est d'ailleurs jolie, mais il lui manque quelque chose. Quelque chose d'important, mais il n'arrive pourtant pas à poser le doigt dessus. Il a beau les détailler, le moindre millimètre, pendant de longues minutes voire des heures, et ils ne sont jamais assez bien, quelque chose manque. C'est ce qu'il les rend sans valeur émotionnelle, sans âme. Et avec ça, le jeune homme a du mal.
Et pourquoi pas n'importe quoi ? Seulement afin de déposer le pinceau et de créer des formes qui lui plairont, sans suivre un rythme de couleurs encadré.
Juste des coups de pinceaux, là où il décideront le d'être.
Pourquoi pas.
Il prend une première couleur au hasard, de la pointe de l'objet, afin de peindre, dans un premier, une fine première ligne.
Du jaune. Il n'en a pas l'habitude.
Pourquoi pas.
Un premier coup.
Bam.
Ce n'est rien d'important, ce n'est qu'un fin trait, après tout.
Un autre, d'une autre couleur.
Floush.
Ça glisse le long de la toile blanche, c'est beau, quand il ne réfléchit pas.
Pourquoi ça, ce moment, cette peinture, cette toile, l'émeuvent autant ?
Flish.
Une première larme, en même temps qu'un coup de pinceau.
Encore. Et encore. Le tableau est rempli de couleurs, Minho ferme les yeux un instant en continuant de peindre, et accessoirement de laisser ses larmes couler.
Ça fait du bien, c'est comme une libération.
Pourquoi pas.
***
Il ne sait pas où il en est. Au milieu ? Rien qu'au début ? Ce qu'il sait juste, c'est que son tableau n'est pas terminé.
Contre toute attente, ce n'est pas brouillon. C'est beau, sincère, et explosif. Les couleurs sont sombres, ainsi que lumineuses, et, bien qu'il y en ait de partout, c'est harmonieux, humble, simplement élégant.
Il serait presque fier de lui, si ces problèmes de confiance en soi ne lui avaient pas pourri la vie.
Mais c'est comme ça, Minho vit avec, il continue d'avancer malgré tout.
Ça fait maintenant quelques jours, ou bien quelques semaines, qu'il se sent "libéré". Il n'a plus ce gros poids sur la poitrine, en dépit d'avoir toujours ce vide qui n'en reste pas moins préoccupant.
Il peut l'affirmer, ça va un peu mieux, on dirait. En revanche, il ne sait pas si c'est à cause des médicaments qu'on lui a récemment augmenté, le travaille qu'il a fait sur lui-même avec la psychiatre de l'hôpital, ou grâce à une tierce personne qu'on ne nommera pas.
C'est dur de l'admettre, mais sûrement les trois. C'est dur car on ne peut pas être "fixé", s'il réside trois choses, c'est plus simple de se dire telle chose m'a guéri et une autre non.
Il continue sa peinture faussement brouillonne, elle s'est transformée en un visage. Fin, aux traits doux. La seule question est, quel visage ? Il continue ces formes, sans y réfléchir. Advienne que pourra.
Il a dû lire sur internet que le cerveau n'arrive pas à créer de nouveaux visages, que lorsque les humains rêvent de personnses inconnues, elle sont, bien souvent, sans visage, ou bien avec un visage que la personne a déjà vu au moins une fois.
Il ne pourra donc pas inventer un visage, seulement en recréer un. Mais sera-t-il à la hauteur de ses attentes ? Parce qu'il a du mal, encore une fois, à peindre des expressions réelles. Sachant qu'ici, il n'a même pas de modèle, qu'il soit vivant, quelqu'un qui parle lors d'une conversation, ou simplement une photo qu'il aimerait recopier à sa manière.
Ses larmes ne se sont pas arrêtées. Au contraire, elles ont continué de s'échouer contre ses joues dans un rythme régulier, agréable. Ces larmes sont un mélange de mal-être, de liberté, de choses qu'il ne pourrait même pas nommer, tellement elles sont loin de lui, inaccesibles.
Il n'a plus peur de dormir, il n'a plus peur de penser. Il a encore du mal à ressentir l'envie de vivre, mais il s'en sort, lentement mais sûrement, on dirait. Il a pourtant peur d'aller mieux.
Enfin, aller mieux, il ne pense pas pouvoir aller mieux, il sera forcément mal. Mais si tout le monde lui dit que ça va mieux, il n'oserait pas prononcer, même du bout des lèvres, son mépris pour la vie, tout ce qui l'entoure. Il tournera autour du pot et, ne se sentant soutenu par personne, pourra prendre sa vie, de ses propres mains. Tout redeviendra comme avant et cette fois-ci, il y arrivera, pas comme la dernière fois. Alors il a peur, d'aller prétendument mieux, puis qu'il ne fasse plus parti de ce monde. Il y a de quoi avoir peur, après tout. Il redoute, redoute cet instant de trop, son dernier.
Ce qui est en soi une avancée, mais qui crée une autre peur, toute aussi déplaisante que celles qu'il a déjà.
Finira-t-il par ne plus avoir peur ? De la vie, de grandir, du temps ? Y arrivera-t-il ? Il en doute franchement. C'est vrai, jusque là, il n'a connu que des désagréments, principalement. Comment pourrait-t-il faire confiance au destin ? À ce fil rouge qui n'a jamais arrêté de lui créer des misères, toutes plus abîmantes que les autres, sans lui laisser une seule seconde de repos.
Il y a bien eu quelque chose, une étincelle dans ce monde gris, sombre, sinistre. Mais voilà que le fameux fil rouge le lui reprend. Cette chose part, petit à petit, s'assombri, s'éloigne, et finira par disparaître. La réalité qu'il a vécue il y a de ça quelques semaines semble aujourd'hui prendre le large, elle est déjà bien loin, plus à porter de vue. Et ça l'attriste, plus qu'il ne l'est déjà.
Cet instant si agréable, il aurait voulu qu'il dure toute une vie, toute sa vie. Ça faisait tellement de bien, maintenant il est revenu dans le monde de la douleur qu'il a eu énormément de mal à quitter.
Bienvenue, Minho.
Ils sont tous heureux de t'accueillir, pendant que tu fais ton possible pour fuir.
Il ne pourra pas fuir indéfiniment, ce fil finira par le rattraper. Si seulement il avait une paire de ciseaux, une paire de ciseaux si puissante qu'en un seul coup ce destin soit coupé, détruit. Mais aurait-il la force de les porter ? De les soulever ? Ou bien quelqu'un pourrait l'aider ?
Mais si cette personne l'aide, qui qu'elle soit, elle finirait par prendre part, dans ce destin qui ne rime à rien ? Ne risque-t-elle pas de tomber entre les pattes de ces affreux monstres que Minho a, aujourd'hui, encore du mal à combattre ? Elle serait peut-être assez forte, énergique, pour le faire, en se traînant un animal las à ses pieds ; lui-même.
Il sait que cet avenir serait trop, trop à porter pour cette personne, trop de responsabilités. Couper un fil qui n'est pas le sien, se trimbaler un animal lent et fatigué, tout ça, il ne peut pas le demander à n'importe qui.
Il ne veut pas, mais quelque part il sait que quelqu'un doit l'accompagner. Il ne veut pas, mais quelqu'un doit prendre ses mains dans les siennes, pour qu'il réussisse à porter, juste qu'elle l'aide.
C'est si dur de l'accepter. D'accepter qu'on ne peut pas être seul, mais accompagné de bonnes personnes.
Mais qui ? Qui serait bienveillant, assez fort, heureux, sans démons, généreux et tout ce qui va avec ? Qui ?
Il aimerait pouvoir agir seul, mais il ne ferait que tomber encore plus bas qu'il ne l'est déjà, même s'il est monté, récemment. Et qu'il risque de redescendre.
Bienvenue, Minho.
Ça l'énerve.
Floush.
Quelle couleur ? Il n'en sait fichtre rien, il ne regarde même pas.
Je ne veux pas.
Flish.
Non.
Bienvenue.
Floush.
Encore un trait, et un autre, puis un autre. Où ? Il lui semble que la plupart sortent du tableau.
Un point par-ci, par-là.
Il appuie, il appuie.
Ça ne va toujours pas, malgré ce qu'il a pu dire, ce qu'il a pu penser. Ce froid, ce vide, ce trou. Ça fait mal, si mal.
Des lèvres.
Il les rêve ou les peints ?
Le pinceau. Il n'est pas entre ses mains.
Ses doigts ? De toutes les couleurs.
Son visage ? Coloré, les larmes le sont devenues aussi.
Il ne regarde pas, n'ose pas regarder la toile. Elle ne sera jamais finie, c'est une erreur, une terrible erreur que de peindre n'importe quoi.
Lui qui, au commencement, ne voulait pas réfléchir, se trouve à penser à tout et à rien. À son destin maudit, ce "quelqu'un", ses démons. Tout.
Si seulement quelqu'un d'accueillant pouvait le lui dire, le lui souffler au creux de l'oreille. Ça ferait tellement de bien, lui ferait tellement plaisir. Quelqu'un d'autre que ses démons, ces êtres pervers, pêcheurs, qui ne lui font que du mal. Ils sont en son sein, et ne peut pas le supporter. Ne peut plus le supporter. Il explose, il explose, il explose.
Boum.
Bienvenue.
***
Jisung, assis dans son fauteuil roulant, est au même niveau que Jisoo, elle assise sur un banc, dans la cour intérieure de l'hôpital.
Il a passé une bonne journée en compagnie de la jeune fille. Ils ont tout deux mangé dans la cour de l'hôpital, sur une table. Ils se sont amusés à parler très fort de choses dites tabou, pour voir les patients, visiteurs et salariés se retourner vers eux. Qu'est-ce que c'était amusant, avoir tous ces regards perdus, parfois choqués, braqués sur eux. Ils s'amusent bien ensemble.
- Dis-moi Jisoo, commence le rouquin, un sourire scothé au coin des lèvres, fier de la blague qu'il a trouvée sur internet, toujours en parlant si fort.
- Oui Sungie ?
- Que faire lorsqu'un épileptique dans son bain est en crise ?
- Dis-moi ?
- On y met des vêtements et de la lessive.
Le groupe de jeunes à côté de leur banc, assis sur la table sur laquelle ils avaient déjeûné, explose de rire, tandis que des quadragénaires, aussi près d'eux, affichent des mines aussi scandalisées que s'il avait tué un enfant. Ce qui, en soi, fait plus rire Jisung que la blague en elle-même.
Jisoo, sur le côté, se retient de rire discrètement, plus honteuse que Jisung en face des regards mécontents.
Lui en a un peu rien à faire, en réalité. Il ne se sent pas gêné. C'est vrai, il ne lui reste pas énormément de temps avec que la mort ne lui prenne la vie. Il le sait. Alors pourquoi perdre du temps à écouter ce que pensent des personnes qui ne le connaissent même pas ? Il a mieux à faire, comme rire le temps qui lui reste.
- Tu veux qu'on se balade Sungie ?
- Oui !
- Je te pousse.
Elle se lève et se met derrière lui, attrapant les petites poignets entre ses fines mains.
- Merci.
Mais pour lui, ces mains signifient la fin. Puisqu'elles poussent la chaise roulante sur laquelle est Jisung parce que, et oui, il ne peut plus marcher. Il est bien trop épuisé pour réussir à faire une balade, ou bien être debout. Alors il se force à rire, à avoir de la force, mentalement, puisque son corps le lâche, petit à petit. Il rit, il évite de pleurer, il s'amuse, il essaie de ne pas broyer du noir. Mais c'est dur. Il n'en a même pas le temps, en vérité, les seuls moments où ses pensées ne lui plaisent pas, est lorsqu'il prend sa douche. La journée il s'amuse et le soir, épuisé, il tombe de sommeil.
- Tu sais quoi ? Finalement je vais avancer de moi-même, annonce le rouquin en posant ses mains sur les roues qu'il commence à faire avancer.
La brunette lâche sa prise et le regarde visiblement inquiète.
- T'es sûr ? Parce que je peux le faire, tu vas être fatigué sin-
- Ça va. Je peux le faire moi-même, répond Jisung, agacé par la véracité des propos de son amie.
Il avance donc à la force de ses bras, traversant la cour, son amie à ses côtés.
Ses soupçons se sont confirmés. Jisoo l'aime bien, et plus qu'en ami. Il l'aime bien aussi, mais serait-il prêt à poser ses lèvres sur les siennes, comme il l'a fait pour Minho ? Ce mouvement s'était avérer naturel, comme si c'était la suite logique de toutes choses. Mais avec elle, ce n'est pas pareil. Il le sent, il le sait, ce ne serait pas naturel, mais forcé, faux.
Peut-être que, justement, s'il se force un peu, des sentiments naissaient pourrait pointer leur bout du nez dans le coeur du garnement, le permettant de s'éloigner de Minho, le temps qu'il oublie tout ce qu'il s'est passé, mais que son camarade de chambre l'oublie aussi.
Ils continuent de marcher pour l'une, rouler pour l'autre, le long de toute la verdure présente, tout en discutant de n'importe quel sujet, ceci les occupant.
- Jisung ?
- Tu m'appelles jamais par mon prénom.
- Non. Mais là j'aimerais parler de quelque chose de sérieux.
- Oui...?
Elle se poste en face de lui, une certaine détermination dans le regard, que le roux comprend rapidement.
Elle veut l'embrasser.
Ça commence maintenant, finalement ? Ils vont s'embrasser, passer encore plus de temps ensemble, échanger leur numéro, même sortir ensemble ? Ou alors juste une amourette d'hôpital ?
Jisung n'est pas sûr. Est-ce que c'est vraiment ce qu'il veut ? Abandonner tout espoir avec le noiraud, démarrer une nouvelle relation avec une nouvelle personne, celle qui se tient en face de lui. Est-il prêt, en un premier temps, à, tout simplement, passer à autre chose ?
Il n'en est pas sûr.
Comment pourrait-il le savoir avant qu'il n'essaie ?
Il n'a qu'à tenter, afin de voir où tout ça le menera.
En a-t-il vraiment envie ?
Il n'en est pas sûr.
Elle se rapproche de lui, dangereusement, les yeux fermés et la bouche entre-ouverte.
Elle est belle, très belle, mais est-ce qu'elle mérite le rôle de pansement ?
Lui garde les yeux ouverts, paniqués au possible. Va-t-il y arriver ? Ce n'est pas si terrible après tout, ça ne reste qu'un contact, lèvres contre lèvres. Non ?
Il ferme les yeux à son tour, peu assuré, s'attendant à ce qu'elle engendre la caresse dont il n'a pas forcément envie.
Il peut sentir son souffle contre sa peau.
J'ai pas envie.
Boum.
C'est trop tard, de toute façon. Comment pourra-t-il faire semblant, après ça ? Ou même lui dire la vérité ? Il est piegé.
Elle se rapproche, encore et encore.
Non.
Son coeur bat vite.
Plus de souffle.
Hein ?
Plus rien, plus de présence proche de lui.
Il ouvre les yeux, peu confiant, pour découvrir son amie, un regard conciliant et des lèvres courbées en un sourire tendu.
- Jisoo...?
- Je le sais, Sungie.
ll la regarde, effrayé qu'elle sache la vérité, et qu'elle le lui expose en pleine figure. Il n'est pas prêt à l'entendre, il n'en a pas envie.
- Tu apprécies Minho.
Trop tard.
Il baisse la tête, les oreilles carmin, le regard honteux. Comment lui expliquer tout ça ?
- Je suis désolé, Jisoo...
- Ce n'est pas grave, ce n'est pas toi qui choisis ce genre de choses.
Il commence à se mordre l'intérieur de la joue. Il est tellement honteux, tellement petit. Si seulement il pouvait s'enterrer six pieds sous terre.
- Je ne t'en veux pas, elle continue, pas du tout. Tu le lui as dit ?
- ...non.
- Qu'est-ce que tu attends dans ce cas ?
Je sais pas.
Il hausse un peu les épaules, des larmes commençant à dépasser la frontière interdite de ses yeux.
- C'est compliqué...
- Explique-moi ?
- Je... Je l'ignore depuis quelques temps, avoue le rouquin, embarrassé.
- Pourquoi Sungie ? Vous vous êtes disputés ?
- Oui mais... C'est de ma faute, je le sais.
Ses larmes continuent de rouler le long de ses joues. Il n'a pas peur de pleurer, il ne se cache pas.
***
Minho, allongé, observe sa toile.
Elle est terminée.
C'est un visage, le plus beau qu'il n'ait jamais réalisé, à ses yeux.
Le visage en lui-même est beau, mais cette fois-ci, l'expression est réussie. Le sourire ne paraît pas faux, au contraire. Les yeux ont un regard doux, même pour une toile.
Ce tableau est un succès.
C'est la première fois qu'il est fier de lui.
Cette toile, elle lui rappelle quelqu'un. Il ne saurait dire qui, mais elle a cette aura particulère, celle qu'on ressent lorsqu'on est proche de personnes familières, avec qui on se sent à l'aise.
Toc toc.
Quelqu'un ouvre la porte, s'attendant à ce que ce soit Jisung, l'artiste baisse la tête, visiblement pas encore prêt à affronter son regard.
- Minho ?
Étrangement, c'est la voix douce d'une fille qu'il a déjà entendu quelque fois. Il relève la tête et y découvre Jisoo, l'amie de son voisin de lit. Cette rencontre l'irritant, il tente de le cacher, de tout faire pour qu'elle ne le remarque pas. Ce n'est pas de sa faute si Jisung l'ignore depuis de longs jours, elle n'a rien demandé. Il tente un sourire qui, sans surprise, semble forcé. Que diable pourrait-elle lui vouloir ?
- Jisoo, c'est bien ça ?
Elle sourit. Elle est belle.
- Oui, je suis étonnée que tu te rappelles de mon prénom.
Elle s'assoit sur le bord du lit de son ami et regarde la toile pendant quelques minutes qui semblent durer une éternité pour Minho.
- Tu... avais besoin de quelque chose ?
- Simplement de te parler, dit-elle avant de tourner son regard en direction du jeune homme.
- Tu n'es pas avec Jisung ? il commence, tout en essayant de paraître nonchalant ce qu'il, bien sûr, ne réussi pas.
- Il est avec Lina pour une balade.
Elle marque une pause.
- Vous devriez vous réconcilier.
- Ah... Il t'en a parlé.
Elle hoche doucement la tête.
- Il ne te veut rien de mal, il a juste besoin de temps. Il a eu tort de t'ignorer.
Le noiraud baisse la tête, trouvant un interêt nouveau pour ses pieds, enroulés dans des chaussettes déparaillées.
- Est-ce que tu veux bien... essayer de lui pardonner, quand il te présentera ses excuses...?
C'est à son tour d'hocher la tête, peu convaincu que le rouquin lui présente ses excuses.
- Très bien.
Elle se lève et admire la toile une dernière fois avant de se diriger vers la porte. La main sur la poignée, elle se retourne et sourit.
- Magnifique ton portrait, lance la brune.
Il sourit, gêné. Il n'aurait peut-être pas dû l'afficher dans la chambre, il le rangera juste après.
- Merci.
- Tu as très bien réussi, ça lui ressemble vraiment.
Lui ressemble ?
Il la regarde d'un air interrogatif.
- Et, aussi, il ne s'est rien passé entre lui et moi. Quand il sera rentré, montre-lui ce portrait !
Puis elle sort.
Comment a-t-il juste pu ne pas le remarquer avant ?
C'est Jisung.
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Hello.
J'ai AUCUNE mais AUCUNE excuse.
Mieux vaut tard que jamais, je suppose.
Merci énormément d'être encore là, vous ne pouvez pas savoir à quel point vous me motivez pour écrire.
J'espère que vous allez tous bien, moi ça va.
J'ai trouvé énormément de plaisir à écrire ce chapitre.
Encore merci d'être là et passez une bonne fin de journée.
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