» chapitre un
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Essoufflé se trouvait l'un des protagonistes. Ce dernier pénétra dans l'un des wagons, vide, à son plus grand étonnement. Il s'était empressé, pris par la peur de ne pas pouvoir trouver de place. Il se trouvait alors bien agacé en voyant que toutes les places étaient vides, enfin, presque toutes. Il en restait une, occupée par un jeune homme à la carrure normale. Sans ce mullet caressant son arrière-cou, Jeongguk n'aurait pas pu le reconnaître de dos.
À cette constatation, un sourire se dessina sur ses lèvres rosées par le froid de cet hiver. Il ferma ses paupières, maudissant le destin. Il n'eut alors d'autre choix que de s'aventurer, de s'enfoncer davantage dans le wagon pour accéder au suivant, afin d'éviter de se retrouver auprès de son ex-petit ami. Il ne se le cachait pas : il trouvait cela bien étrange de voir ce dernier ici, lui qui avait pris l'habitude de s'installer deux wagons plus loin. Pourtant, le noiraud n'eut pas le temps de s'arrêter sur ses réflexions ; sa présence l'ennuyait certes, mais au final, il n'avait qu'à l'ignorer.
L'ignorer durant ce trajet ? Jeongguk n'aurait jamais cru cela si difficile à réaliser. Ses pas résonnaient, mais ils n'attirèrent pas l'attention du brun assis. Tant mieux, pensa l'arrivant qui s'avança, franchit la place occupée par son ex et entreprit d'ouvrir la porte menant au wagon suivant.
Un juron de sa part se fit entendre, accompagné du bruit de la porte se cognant, manifestement récalcitrante à s'ouvrir. Peu importait sa rage, la porte ne bougeait pas d'un millimètre, contrairement à Taehyung, dont l'attention se porta sur le plus jeune tentant de fuir. Cela pu l'amuser un instant. Le brun, intrigué, arqua un sourcil avant de laisser échapper un sourire. Sa voix s'éleva dans le silence :
– On dirait que tu es destiné à passer ce trajet avec moi, Jeongguk, s'amusait-il.
– Et on dirait que ma claque de l'autre fois n'a pas réussi à te clouer le bec, lui répondit Jeongguk, une pique qui réussit à faire taire le brun.
À cette remarque, le plus âgé pouffa nerveusement de rire. Il avait oublié à quel point Jeongguk avait du répondant. Sans lui adresser un regard, Jeongguk se retourna, l'ignorant, puis se plaça devant son ex, dont le sourire n'avait toujours pas cessé, titillant les nerfs de celui devant lui, lui faisant ainsi dos.
"Fermeture des portes automatiques. Chers passagers, nous vous souhaitons un merveilleux voyage en notre compagnie, en direction de l'enfer."
Le front de Taehyung se plissa avant qu'il ne retire lentement ses écouteurs, semblant avoir mal entendu la voix off. Il fut intrigué par cette dernière ; elle semblait moins monotone et plus grave. Pourtant, il n'y prêta pas plus attention que ça, son regard se portant sur le noiraud assis quelques sièges devant lui.
Sa tête reposait contre son bras, appuyé sur le rebord de la fenêtre du train. Il était – lui, mais aussi sa beauté – une œuvre d'art à lui tout seul. Autrefois, Jeongguk, son cadet, avait été sa muse. Taehyung, dessinateur, artiste et peintre amateur, s'amusait à dessiner le jeune homme en cours de maths, trouvant chaque trait de son visage parfait.
– Oh-.
Ses fins traits de visage disparurent soudainement dans l'obscurité. Ils ne pouvaient pas être passés sous un tunnel aussi rapidement, et de toute manière, le train n'avait même pas encore quitté la gare !
Les deux en conclurent que cela venait probablement d'une panne d'électricité, ce qui fit grogner le noiraud, qui se redressa. Ce train faisait décidément son temps, pensa-t-il. Ils attendirent des excuses de la part du responsable du train, et furent plus que surpris d'entendre des pas lourds, incessants, rythmés, s'approcher d'eux.
On aurait dit que les vitres étaient prêtes à se briser au grincement de la porte qui avait déjà exaspéré le plus jeune plus tôt. Ces pas provenaient d'une vieille dame, semblant marcher à tâtons dans le noir, à l'aveugle. Elle s'arrêta devant eux, à l'encadrement de la porte donnant sur le wagon suivant.
Jeongguk retint son souffle. Les traits du visage de la vieille dame lui coupaient le souffle, le terrifiaient. Son visage était éclairé seulement par une bougie, ce qui rendait son teint encore plus livide, tout comme ses yeux, vides de toute émotion. En croisant son regard, Jeongguk conclut qu'elle était malvoyante. Pourtant, elle s'exclama :
– Bienvenue, mes chers participants.
Le ton de sa voix n'eut pas l'effet de rassurer le cadet. Il tourna son regard vers Taehyung, dont le front était plissé, semblant être en pleine réflexion. Jeongguk se sentit soulagé de savoir qu'il n'était pas le seul à trouver cette vieille dame suspecte.
"Participants ?" se demanda le cadet, avant d'être surpris par la voix de son aîné :
– Vous pouvez nous voir ? demanda Taehyung.
Jeongguk ne put s'empêcher de rouler des yeux à cette question, qu'il jugeait peu pertinente, tout comme le fait que cette vieille dame tente de les convaincre qu'ils étaient désormais à la merci d'un jeu.
– Bien sûr que non, mais je peux sentir votre peur. Du moins, celle de celui qui se trouve le plus près de moi, se confia-t-elle, laissant les deux participants perplexes. L'un d'eux semblait peu amusé par cette mascarade montée. Jeongguk se leva sous le regard étonné de son aîné. Taehyung lui fit part de ses pensées :
– Ça me semble bien réel, tout ça...
Agacé, le plus jeune se tourna vers lui, laissant une lueur de moquerie orner son visage.
– Elle n'est pas aveugle, sinon elle n'aurait jamais su qu'on était deux... Sentir notre peur... Et puis quoi encore ?!
Halloween et ce genre de concepts lui passaient par-dessus la tête, et ne l'intéressaient guère, bien qu'Halloween soit déjà passé. Ce jeu lui semblait inutile et puéril, tout comme l'intervention de son ex. Ce jeu, réel ? Bien sûr ! À cette pensée, le plus jeune roula une énième fois des yeux.
– Prends-moi pour un fou, mais il me semblait bien avoir entendu quelque chose d'étrange venant de la voix off.
– Et quoi ? Tu vas me dire que c'est un fantôme aussi ? J'espère qu'elle ne m'en voudra pas trop de lui fausser compagnie, mais moi, je me barre de ce train, lui lança Taehyung avec une pointe de sarcasme.
Comme plus tôt, le protagoniste s'évertua à ouvrir la porte les séparant du wagon suivant, sans succès. Une fois de plus, il fut agacé de savoir que celle-ci s'était ouverte lorsque cette inconnue les avait rejoints. Les nerfs du plus jeune se tendirent à mesure des minutes passées ici. En plus de devoir passer son trajet avec cet abruti (un surnom affectueux qu'il lui avait donné), il devait se coltiner une inconnue qui perdait la tête. Enfin, c'est ce qu'il crut, jusqu'au moment où une voix, celle de la voix off, retentit dans la cabine.
"Bienvenue, chers participants.
Vous avez été choisis pour nous divertir en cette soirée d'hiver ennuyante, en participant à ce jeu qui se joue en binôme. Vous avez probablement déjà fait la connaissance de l'un des personnages de ce jeu. Il en existe trois : la vieille dame, l'enfant, et le joker. Ils ne seront pas les seuls sur votre route, vous en découvrirez d'autres au fil de votre trajet.
Du moins, si vous arrivez à survivre au premier tour. Voici les règles du jeu : Le binôme doit choisir un pion à chaque tour, et à chaque wagon. Le pion tiendra la bougie jusqu'au prochain arrêt. Si celle-ci s'éteint, il mourra..."
Au fur et à mesure de son récit et des règles énoncées, le visage du noiraud se décomposa. Son corps restait pétrifié par la terreur, seules ses pupilles osant bouger. Il reporta son regard sur Taehyung, qui semblait écouter attentivement les instructions, sous le regard ahuri de Jeongguk, qui n'osait toujours pas y croire.
Si cela tentait d'être une blague, elle était bien trop longue et élaborée pour être drôle ! Le noiraud avait le malheur de ne pas avoir prêté attention aux règles de ce jeu dans lequel il se retrouvait piégé. Des milliers de questions se bousculaient dans son esprit alors qu'il baladait son regard partout dans le wagon vide, cherchant une issue pour s'échapper. Grosse erreur.
– Qu'est-ce que tu fiches, Jeongguk ?! s'écria le plus âgé.
L'artiste se leva soudainement de son siège. Dans son empressement, il manqua de casser son téléphone, bien qu'il craignait qu'il ne lui serve à rien désormais. Il accourut vers son cadet, avant de l'empoigner par le bras d'un geste peu gracieux, ce qui fit geindre le pâle. Ce dernier se défia de son emprise d'un geste brusque avant de s'écrier :
– Mais putain, qu'est-ce qu'il te prend ?! s'écria Jeongguk.
– J'essaie de te sauver la vie, et la mienne, abruti ! Règle numéro une : ne jamais sortir du train à l'arrêt.
Ébahi, Jeongguk se retrouva sans voix. Son rire moqueur secoua son torse. Il était amusé par la tournure des événements. Lui qui était simplement monté dans ce train pour se rendre chez ses grands-parents. Il arrêta soudain son rire en apercevant l'agacement de son ex à sa réaction enfantine.
– Quoi ? T'es sérieux là ?
– Si tu n'y crois pas... Pourquoi as-tu peur de jouer ?
Il lui lança une pique, et le cadet la prit très mal. Il était susceptible et détestait que Taehyung se croie supérieur à lui. Et c'était justement ce qu'il cherchait : le pousser à jouer, car sans lui, il ne pourrait pas. Le jeu se jouait à deux et se gagnait à deux. Si l'un mourrait, l'autre aussi. Et il était hors de question qu'il meure à cause d'un gamin naïf comme Jeongguk.
– Très bien, jouons, connard.
Un rictus se dessina sur son visage, seulement éclairé par la bougie de la vieille aveugle qui la brandit vers le binôme :
– Choisissez un pion.
Le pion était l'élément clé du jeu, et pour commencer, Taehyung ne semblait pas faire confiance à son ex pour prendre une telle responsabilité. Alors soudainement, il la prit en main. La bougie, alors dans le creux de sa main, signifiait que sa vie était désormais en danger. Cette flamme représentait l'étincelle de leur vie, et il la tenait entre ses mains.
"Que le jeu commence."
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