» chapitre trois
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Clac.
Clack.
Tap.
Un gisement, un grisement, un claquement. Des bruits sonores assourdissants, vibrants. Leurs tympans étaient à l'affût de tout, autour d'eux, un univers réduit à des sièges vides et de l'angoisse. Le cœur du cadet semblait prêt à exploser dans sa poitrine, tandis que ce sentiment d'angoisse nouait sa gorge, l'étranglait. Les battements de son cœur déformaient sa fragile cage thoracique tant ces battements étaient acharnés. Seule la présence du plus âgé le rassurait.
Jeongguk avait un instant lâché la manche de Taehyung d'un geste fébrile, pour que le brun puisse saisir son poignet. Ils avançaient d'un pas hâtif, tout comme incertain, vers l'inconnu, le néant. Ils ne savaient pas qui, ni quoi, ils allaient rencontrer dans ces wagons sans fin. Mais ces choses-là les terrifiaient déjà.
Click.
Clack.
Click.
Clack.
Ce bruit bourdonnant dans leurs oreilles ne les rassurait guère. Il les angoissait. Au fil de leurs pas, ces horloges accrochées semblaient leur rappeler que le temps était leur ennemi. Tout comme leurs ennemis étaient ces couloirs éclairés, où la mort pouvait surgir à tout moment.
L'aiguille courait, tout comme le train glissait sur les rails à une vitesse affolante et inquiétante. Leurs pupilles brunettes avaient désormais pris l'habitude de se lever vers le ciel, non pas pour apprécier le paysage qui défilait, mais pour observer les horloges qui faisaient de même.
Soudain, les pas de Taehyung s'arrêtèrent. À ce geste brusque, le cadet retint son souffle, tout en cachant ses lèvres avec ses mains, s'étouffant presque pour étouffer son cri et sa respiration bruyante. Celle-ci se mélangeait aux bruits de pas qu'ils entendaient.
Tap.
Tap.
Tap.
Ces bruits de pas étaient plus légers que ceux de la vieille dame. Ils étaient accompagnés d'un ballon flottant rouge qu'ils pouvaient voir avancer vers eux. La légèreté du ballon était semblable à la démarche de la jeune fille qui le tenait dans ses petites mains.
En apercevant sa silhouette gracieuse, Taehyung conclut rapidement que cela pouvait être la petite fille, l'un des personnages du jeu. Elle semblait inoffensive, du moins à première vue.
La respiration de la petite fille se faisait étrangement bruyante, comme si un poids empêchait sa cage thoracique de se gonfler, l'écrasant à chaque mouvement de ses poumons. C'était le sentiment des protagonistes.
Afin de rassurer son cadet, Taehyung lâcha son poignet pour prendre sa main dans la sienne. Jeongguk entreprit d'avancer de quelques pas, se logeant derrière son dos. Il ne remarqua donc pas la petite fille les contourner sans prêter attention à eux, trop préoccupé à admirer les courbes masculines du dos de son ex.
Il entendit un soupir de la part de ce dernier. Taehyung semblait déçu, espérant que ce soit le joker. Sa plus grande inquiétude était de rencontrer l'aveugle. Mais peu importe, pour l'instant, son objectif était de récupérer une bougie au plus vite.
— Taehyung, là. Le regard du noiraud s'arrêta sur l'une d'entre elles.
Jeongguk se précipita vivement vers la bougie, pressé, quand soudain la voix de son aîné s'éleva dans le silence :
— Non ! Attends !
Hurler.
Il venait de lui hurler à pleins poumons, alors qu'il lui avait bien indiqué de ne pas le faire. Leurs respirations se coupèrent, leurs gorges se serrèrent, tandis que le regard horrifié de Jeongguk scrutait celui de son aîné.
Ce dernier lui fit un geste, mimant de ne faire aucun bruit, en posant son index contre ses lèvres tout en balayant des yeux les deux extrémités du wagon. Sa gorge était nouée, ses mots restaient coincés au fond de son palais, comme dans un désert sec.
Tous les bruits pouvaient attirer l'attention de la vieille dame aveugle.
Son regard croisa une dernière fois celui de son cadet. « La cabine des toilettes, maintenant », lui ordonna Taehyung. À son ton autoritaire et au vu de la situation, Jeongguk n'avait pas son mot à dire. Il décida donc de lui obéir sans protester, bien qu'il soit préoccupé par le fait que son ex ne veuille pas se cacher avec lui.
Pourtant, il obéit, et s'empressa de se faufiler dans la cabine des toilettes, tandis que le plus âgé eut le temps de prendre la bougie en main.
Tap.
Tap.
Tap.
Tap.
Tap.
Les pas de la vieille dame se faisaient plus audibles, non, ils étaient différents. Oui, Taehyung pouvait l'entendre courir, et non marcher. Sous l'effet de la peur, il s'élança vers la bougie. Lorsqu'il la toucha, celle-ci s'alluma sans feu, ce qui eut le don d'étonner le pion. Tout était étrange.
Soudain, il aperçut le faciès hideux de la vieille dame qui lui faisait face. Elle resta plantée là, devant lui, après avoir couru jusqu'ici. Ses yeux grands et livides le firent déglutir, avant que le personnage ne se retourne pour repartir en courant.
Taehyung s'écroula au sol, agrippant son vêtement contre son cœur pour reprendre sa respiration.
Ils étaient menacés par la vieille dame, mais il l'avait fait. Il avait enfin trouvé l'objet qui les maintenait en vie, pour les minutes restantes avant que le train ne reparte vers une nouvelle gare. Désormais assuré de leur sécurité, le possesseur de la bougie ouvrit la cabine des toilettes et se figea, déconcerté, en voyant son vis-à-vis. À terre, contre le mur, recroquevillé sur lui-même, seul avec ses larmes.
Quelle idée de le laisser seul dans un endroit pareil, pensa-t-il alors. Taehyung s'avança vers son cadet, puis s'assit à ses côtés. Lorsqu'il s'apprêta à le réconforter, un hoquet de surprise s'échappa de ses lèvres lorsqu'il sentit la tête du noiraud contre son épaule.
— Je suis là, c'est bon, plus rien ne peut t'arriver désormais.
Jeongguk voulut lui demander pourquoi il l'avait empêché de prendre la bougie. La règle était pourtant simple : celui qui prenait la bougie devenait le pion du prochain jeu. Laisser Jeongguk à la merci de ce dernier semblait impensable pour Taehyung.
Il devait faire en sorte que son ex interagisse le moins possible avec ces jeux et ce train, afin de pouvoir l'aider à survivre. Moins il en ferait, plus ses chances de survie augmenteraient. Ce qui n'était pas le cas de Taehyung, qui avait déjà mis sa vie en danger. Et pourtant, le jeu ne faisait que commencer.
— Je suis désolé...
Le noiraud, à cet instant, s'en voulait amèrement d'avoir causé tant de problèmes à son aîné, qui semblait tout faire pour les protéger, alors que lui et sa maladresse les mettaient en danger.
— J'ai été un imbécile, comme d'habitude, et à cause de moi tu as mis ta vie en danger, parce que je n'ai pas écouté les consignes de ce putain de jeu à la con. Tu n'aurais pas pire que moi comme binôme...
Ses paroles et excuses firent sourire et rire le plus âgé. Sentant l'épaule de ce dernier vibrer contre sa joue, le cadet releva son regard vers son ex. À ce geste, ils se trouvaient si proches que Jeongguk était certain de pouvoir sentir la chaude haleine de Taehyung contre ses lèvres. Qu'il enviait... Jeongguk ne pouvait se le cacher. S'ils n'avaient pas été interrompus par le train, il aurait sûrement succombé à la tentation et embrassé son aîné.
Mais le train partit de la gare et se remit sur les rails. Il invita alors les participants à se diriger vers un autre wagon afin d'assurer leur survie en jouant.
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