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Lysandre

Lysandre, un sacré numéro. D'après les médecins et les psychologues qui l'ont vu, tous le désignaient de : "sadique". Moi ? Je ne suis pas mieux. D'après eux, je ne suis qu'un "pauvre masochiste". Juste parce que je traînais avec lui. En même temps, que voulez-vous que je fasse quand nos familles sont amies et qu'on est ensemble depuis notre naissance ? Alors, oui, au début, on ne s'aimait pas. IL ne m'aimait pas. Mais moi ça me faisait rire. Alors je continuais de l'approcher. Mes parents étaient inquiets. Ils voyaient bien que quelque chose n'allait pas avec Lysandre. Mais moi, ça me plaisait. Je sentais qu'on avait un lien. Et encore aujourd'hui, je sais qu'on a un lien spécial. De l'amour ? Oh non. Je ne pense pas. De l'admiration ? Oh que oui !

Vous savez, depuis que je suis enfant, plein de filles viennent me demander de sortir avec elles, mais je n'ai jamais accepté. Sauf une fois ! Mais elle est partie avec Lysandre devant mes propres yeux. Je les ai vu s'embrasser devant moi. J'avais 15 ans. Et c'est également à 15 ans, que j'ai réalisé ma première masturbation et mon premier fantasme.

À y réfléchir, oui. Oui, je suis sûrement maso. Mais je suis heureux. Quel est le problème si je le suis ? Il n'y en a pas. Je ne vois pas ce qui peut gêner les autres, les personnes "normales", dans mon bonheur.

Je crois que Lysandre me comprend. Il me comprend, car il m'aidait dans mes fantasmes. J'ai essayé de me faire mal tout seul pour me faire du bien. Mais je n'ai jamais réussi. Alors je lui ai dit et il m'a proposé son aide. Il m'a d'abord conseillé d'approcher une fille ou un garçon déjà en couple.

Le jour suivant, j'appliquais ses conseils. Je me suis d'abord approché d'une fille dans la rue du centre-ville. J'ai été polie pour ne pas la brusquer. Puis lui ai demandé si elle voulait qu'on aille au ciné, elle m'a lâchement répondu un "non". J'ai souri, l'excitation commençait, alors j'ai continué dans ma lancée avec un Lysandre fier derrière moi, adossé à un mur d'un Tabac et Presse. Je lui ai alors lâché : « Merci, tu sais, ça me ferait plaisir que tu me fasses bander ». Elle n'a pas hésité une seule seconde et m'a claqué la joue de gauche en m'insultant de : "Sale pervers". J'ai souri alors que des larmes de douleurs apparaissaient. Qu'est-ce que c'est plaisant. Puis elle est partie en trottinant, pensant sûrement que j'allais la violer. Sauf que moi, je n'aime pas faire du mal aux autres. Je préfère qu'on me fasse mal. C'est plus excitant. Et lorsque je suis retourné vers Lysandre, il souriait. Et moi, je pleurais, mais j'en rigolais parce que j'étais heureux. Il m'a alors proposé de s'occuper de moi. Pour qu'on se fasse plaisir autant l'un que l'autre. J'ai accepté, car je savais que c'était le seul à pouvoir me faire sentir aussi bien, et que j'étais le seul à le faire se sentir libre de ses moindres actes.

C'est également avec lui que j'ai fait ma première fois. Dès le jour où il a plaqué mon ex-copine, il m'a alors proposé de le faire. Et j'ai accepté. Je l'ai autorisé à faire tout ce qu'il voulait de moi. Il pouvait même aller jusqu'à l'étranglement, le sang ou la baise brutale. Il en était ravi.

Alors comme on était encore jeune et mineur, on est allé le faire dans une forêt, loin des regards des autres, pour qu'on puisse se donner à fond. On avait prévu des rechanges au cas où on nous poserait des questions. Il avait emmené du matériel. Une lime à ongles, une lame de rasoir, une laisse, un collier de chien, une boule de golf, une petite bouteille en verre et des cravates. Il s'était informé sur les pratiques sexuelles. Et voulait également tester plusieurs choses qui lui passaient par la tête.


« Je vais te déshabiller » qu'il m'avait soudainement dit sur un mauvais ton. Mais je m'en foutais, car j'adorais me faire dominer.


« Putain, t'es sacrément moche pour le corps que t'as ! Tu devrais avoir honte de ta gueule » il avait fait une mine dégoûtée tant dis que moi, je souriais à pleine dent. « T'es taré » qu'il répétait en boucle lorsqu'il arrachait mes vêtements. Il me griffait de temps à autre, me donnant des frissons. Il avait arraché mon caleçon noir sans trop de difficulté. Il était déçu. « Décidément, tu n'as que des vêtements de merde ». Le ton qu'il avait pris me fit rire, alors je rigolais. Il m'attrapa la mâchoire de sa main droite me la serrant de plus en plus fort. Sa force accompagnait sa colère qui apparaissait dans ses yeux. Il faisait peur. On aurait dit un fou ! Et là, je l'ai vu, la personne sadique décrite par les médecins. Mon cœur s'accélérant, je tremblais. J'avais horriblement peur, mais terriblement envie de lui. Alors j'approchais difficilement ma main de sa chemise et soufflais entre deux gémissements : « Fais-moi souffrir. Verse ta hantise sur moi ». Il souriait d'un mauvais sourire et me repoussa contre l'arbre derrière moi. Je me cognai violemment et cette sensation revenait. Je bandais tellement que ça m'en faisait souffrir de plaisir. Il retira son pantalon skinny noir laissant apparaître ses jambes nues et sa partie intime non couverte. J'étais surpris. Il ne portait même pas de slip. Et pourtant, ça ne se voyait pas avec son pantalon. Je la regardais. Elle pendouillait et se dressait lorsqu'il commença ses activités de BDSM. « Place tes mains dans ton dos ». C'est sans commentaire de ma part que j'exécutais son ordre. Il m'attacha les poignets ensemble, serrant jusqu'à me faire gémir de douleur. Il me plaça la boule de golf dans la bouche puis noua une cravate devant celle-ci pour ne pas qu'elle s'échappe, enfin... J'imagine. Il m'accrochait un collier de chien autour du cou. Il me serait un peu, mais je pouvais respirer. Il attacha la laisse à la boucle de celui-ci et prit la lime à ongles qu'il passa sur mon cou, mes clavicules, mes tétons, mes testicules et mon gland. Je n'aimais pas cette sensation et pourtant, je bandais encore plus. Je détestais ça par-dessus tout. C'était une torture, mais voyant ma réaction et mes plaintes étouffées, il continuait. Je voulais qu'il arrête, car je n'aimais vraiment pas, mais il ne me comprenait pas ou ne voulait pas comprendre. Mon cœur battait tellement la chamade que j'ai crue que j'allais faire une crise de panique. Puis d'un seul coup, il arrêta. Lysandre avait arrêté tout mouvement. Je le regardais. J'essayais de comprendre, mais rien ne me venait à l'esprit. C'est alors, sans me prévenir, il me retourna sur le ventre et me demanda dans un murmure tellement faible que je croyais avoir rêvé tant, c'était possible que ce soit un rêve. Parce que des rêves avec lui, j'en avais fait plus d'un. « Lève ton joli cul en l'air » qu'il m'avait alors murmuré. Je le fis. Avec difficulté, car j'appuyais sur mes épaules à la place de mes bras attachés l'un contre l'autre. Une fois fait, il se leva et cracha sur mes fesses. Je sentis quelque chose de long et dure contre mon anal. J'étais impatient. Il faisait durer le moment propice, puis il s'enfonça d'un seul coup dans mon anus. Je criais, un son étouffé par la boule de golf sortit de ma bouche. Je pliais mes genoux par manque de force mais Lysandre me claquait les fesses et s'agrippait à l'intérieur de mes cuisses comme pour me punir et il me donna des coups de bassin encore plus forts que le premier. J'avais mal. Le sang me montait à la tête, suite à ma position, mes mains s'agrippaient à sa chemise et mon pénis se balançait dans l'air en claquant contre le bas de mon ventre. J'ai senti qu'il touchait quelque chose d'autre, alors j'en déduisis que c'étaient ses mains agrippées à mes cuisses qui l'effleuraient. Je sentais que j'allais jouir, je tremblais et cette envie d'aller aux toilettes était insoutenable. Je mourrais d'envie de pisser. Alors, je me suis dit : "Fais-toi dessus. Comme ça, tu prendras encore plus de plaisir de jouir" et c'est ce que j'ai fait. Et en pissant, ça me faisait tellement de bien que je lâchai ma prise sur sa chemise qui s'était détendue sur le moment, et replia les genoux avec le pénis de Lysandre toujours en moi. « Putain ! T'es sérieux sale fils de pute ?! Tu veux me la briser ou quoi ?! Relève-toi sale chien » qu'il m'avait hurlé. Mais j'étais à bout de force. Je n'y arrivais plus. Alors je ne l'écoutais plus. Il s'est alors énervé et s'est enlevé brusquement de moi avant de prendre la petite bouteille en verre et de la tourner autour de mon pénis. Celui-ci, encore sensible, je tremblais et gémissais encore. Il l'enleva et me l'inséra dans l'anus. J'étais surpris. C'était froid et gluant. Contrairement à moi, Lysandre n'était pas encore venu. Il n'avait pas joui. Ça me faisait mal. « Je ne l'ai pas assez excité » pensais-je. Oui, c'était le cas. Alors, il m'a retourné en me laissant la bouteille en moi. Ce n'était pas confortable du tout. Et mes bras coincés contre l'arbre et mon dos, c'était atroce. Mais je ne pouvais rien dire et ça m'agaçait. Je n'aimais pas me taire et encore moins aujourd'hui. J'essayais de pousser la boule contre la cravate avec ma langue, mais rien ne bougeait. Je me faisais juste mal au bout de celle-ci. Alors j'ai abandonné l'idée de vouloir parler et hurler de plaisir. « Qu'est-ce que t'as à gesticuler comme ça, pauvre tâche » m'avait-il murmuré à l'oreille avant de me la mordre très fort. J'essayais de lui faire comprendre pour mes bras, et que si je ne changeais pas de positions, je devrais aller à l'hôpital pour déplacements des épaules. J'avais vu comme une étincelle d'inquiétude dans ses yeux. Alors il m'avait détaché pour me rattacher par-devant, il ne le savait peut-être pas, mais à ce moment-là, il avait moins serré. J'étais déçu. C'était excitant. Il passa mes bras à son cou et je ne compris qu'au dernier moment ce qu'il voulait faire. « Attention, tu risques de souffrir » m'avait-il lancé en souriant malicieusement, avant de s'asseoir d'un seul coup sur mon pénis et que je m'enfonce en lui. Sur le coup, j'étais et je suis encore étonné. Il avait bien visé. Sauf que ma surprise ne dura pas longtemps quand je réalisais que le faire encore une fois me faisait atrocement, mal. Des larmes me venaient et Lysandre se levait et s'asseyait sans cesse. Je n'en pouvais plus. Lui, il rigolait entre chaque gémissement qu'il faisait. Il me regardait étrangement. Ses yeux étaient d'un noir profond, ses longs cheveux blond foncé se collaient à son front et son cou, sa bouche était légèrement entrouverte, sa chemise était ouverte de 5 boutons et la sueur lui faisait briller son début de pectoraux. C'était magnifique à observer. Et à cette vue, je me sentis durcir une nouvelle fois, et il le sentit également. Alors, il bougeait encore plus vite, comme s'il fallait que je revienne, encore, et encore, et encore. Et là, lorsqu'il donna un énième coup, une nouvelle douleur était présente, la bouteille en verre enfoncé dans mon anus. Elle était contre ma prostate et plus je bougeais, plus j'avais cette impression qu'elle disparaissait en moi. Et là, je compris. Je devais ou plutôt il devait me l'enlever parce que sinon, on devrait aller à l'hôpital, et lui, serait enfermé dans un hôpital psychiatrique et moi, et sûrement moi aussi. J'enlevais mes bras de son cou et sans penser aux conséquences, je le poussai de mes jambes et il tomba le dos contre le sol terreux, me laissant une douleur horrible au pénis.

De mes doigts, j'enlevais ou plutôt j'essayais d'enlever en tirant la cravate contre ma mâchoire et une fois réussi, je poussai la boule de golf avec ma langue et elle tomba au sol. Lysandre me regardait ébahi. Jamais il n'aurait pensé que je pouvais le repousser. Je réussissais à dire : « Lysandre... La bouteille... Elle est en moi. Enlève-la avant qu'on ne doive aller à l'hôpital ». Il me regardait choqué. Mais bougea très vite, la peur lui étant montée au cerveau. Alors, il m'aidait à me relever. J'étais debout, les jambes écartées pour qu'il puisse regarder où elle était dans son chemin. « Ouf... Le goulot est encore là ». Et c'était sans prévenir qu'il tira la bouteille de ses doigts chauds en dehors de mon anal. J'ai gémis tellement fort, qu'après, je gémissais à long terme temps. J'avais mal partout. « Agenouille-toi » m'ordonna-t-il. Je le fis. Il s'approcha de moi et me dit sur un ton ferme : « De ta faute, je n'ai pas pu jouir. Donc tu vas me prendre, jusqu'à ce que je vienne. C'est clair » « Oui. Fais-moi mal » lui ai-je répondu. Et c'est sans prévenir non plus qu'il se glissa dans ma bouche. J'étais choqué. J'avais vu qu'elle était grande et épaisse, mais je ne pensais pas comme ça. C'était limite si elle passait entièrement dans ma bouche et dans ma gorge. Je faisais des bruits étranges. Des sortes de "Gueuh-gueuh" à long terme. C'était interminable. Je pensais qu'il n'allait jamais venir, et pourtant, c'est en passant sa main gauche dans mes cheveux courts bruns, qu'il a joui à m'en étouffer et en m'arrachant quelques mèches au passage. Il continuait de bouger ma tête pour faire des va-et-vient. Jusqu'à ce qu'il s'enlève de moi et que je puisse tousser et cracher un mélange de sperme et de bave. J'avais chaud, mais mes mains et mes pieds étaient gelés suite au changement de temps, en plein printemps.

C'est comme ça que c'était passé ma première fois avec un garçon. Ou plutôt, ma première fois tout court. Je ne l'ai jamais fait avec une fille. Ça ne m'intéressait pas et ne m'intéresse toujours pas. Je suis peut-être gay. Sûrement. Mais bon, vous savez, être maso à des limites. Enfin, moi. Moi, j'ai des limites. Je n'aime pas décevoir mes parents. Alors si je leur disais que j'étais gay, ça partirait en vrille. Je le sais. Parce qu'il viendrait remettre la faute sur Lysandre. Sauf que ce n'est pas de sa faute.

D'ailleurs, lui, il est bi. Il me l'a dit lorsqu'on était en vacances de Terminal BAC. On venait de l'avoir et on était parti en vacances, tous les deux à Ibiza. C'étaient ses parents qui nous avaient payé le voyage et les miens pour l'hôtel. On devait y rester 1 semaine. Mais en 1 semaine, c'était largement suffisant pour se faire du bien. Mais c'est également là que ça a mal tourné.

C'était un mercredi, en août. On sortait comme tous les soirs dans le meilleur club de la ville, le ''Set Show''. Jeu de mots avec "C'est chaud''. On arrivait toujours dans ce club, en chemise ouverte de 4 boutons, parfum attirant, chaîne au cou, short ou pantalon très, très moulant. On s'huilait le torse pour donner envie aux autres et au niveau coiffure, c'était décoiffé. Bien plus sexy.
On arrivait à la fausse et on commençait à danser sur des sons électro latino et américain.

2 filles se sont approchées de nous. Lysandre était chaud bouillant, s'imaginant déjà les faire jouir en leur claquant ou mordant leurs fesses. Moi, j'étais réticent. Elles étaient belles, certes, mais ça ne m'intéressait pas. Donc je suis parti en pinçant les fesses d'une fille hors du duo, elle n'a pas hésité à me gifler la joue droite. Je souriais l'air de dire "Merci" et parti rejoindre un groupe de mecs qui se frottaient les uns aux autres et j'ai demandé : « Je peux me joindre », mon pénis durcissait rien qu'à m'imaginer être rejeté, mais étonnement il me tirait à eux et on se frottait comme si on était que nous 4.
C'était au bout de quelques minutes que Lysandre, apparut vers moi, avec les deux filles à ses côtés, complètement ivres mortes. Il souriait. Il faisait peur. Il avait ce regard, que je ne connaissais que trop bien. C'était excitant. Alors je hochai la tête et faisais comprendre aux deux mecs collés à moi, contre mon dos et mon torse, qu'on allait dans une chambre. Celui en face de moi a compris ce que j'essayais de faire et m'a simplement dit : « Désolé je ne suis que gay » et l'autre m'a répondu : « Avec plaisir, j'aime tout ce qui bouge ». Il m'a donc suivi jusque dans la chambre. Lysandre était tout excité. On devait avoir bu au moins 5 verres de Vodka. Et ce n'était pas de petits verres...

Le mec, m'enlevait ma chemise et m'embrassa à pleine bouche, en baladant sa langue contre la mienne. J'enlevais son short, et en le baissant, je sentais qu'il bandait énormément. On aurait dit que son caleçon allait se déchirer tant son pénis forçait le passage du tissu. Il fit de même avec moi. Les vêtements tombaient de plus en plus au sol jusqu'à ce que tout le monde soit en sous-vêtement. Lysandre avait déjà mis de la musique. Très forte au passage. Les filles le suçaient. Le mec me suçota le cou. Trop doucement à mon goût. « T'as le droit d'être brutal, je suis du genre fantasme de force » lui avais-je annoncé, ce à quoi il m'a répondu : «Ouais, t'es bottom, quoi ». Oui, c'était un fait, je l'étais à 100 %. Il me souleva donc et me fit tomber sur le lit. Lysandre l'avait interpellé et avait désigné le "tiroir magique". Il l'ouvrit, et comprit de quoi il s'agissait, car il y avait tout pour le BDSM. Je ne bandais rien que d'y penser. Il prit un fouet et un collier de chien avec sa laisse en cuir. Il me l'attacha et enleva mon caleçon avec le sien. On était nu. Je me mettais à 4 pattes, mais me tirai en arrière pour me faire descendre du lit. Je le suivais comme le bon chien que j'étais. Il s'arrêta devant une commode. "Ok", ai-je pensé. Il poussa tout ce qui était dessus et me fis coucher le haut du corps dessus. Mes pieds ne touchaient qu'à peine le sol. Ma tête tournait tant, j'étais excité. Mon pénis était couché entre la paroi de métal noire et mon ventre. Ça me faisait si mal que j'ai cru que j'allais jouir directement. Il lécha ma fesse droite avant de me la mordre très fort. J'ai gémi fort. Je crois que ça ne lui plaisait pas, car il me fouetta les fesses 5 fois d'affilées. Je n'en pouvais plus. Il fallait qu'il me baise. Il le fallait. Alors je commençais à me bouger sur la commode, mais il agrippa ma fesse gauche et me fouetta l'autre fesse et les cuisses en même temps. « Il y a des capotes en L » l'entendis-je demander. Lysandre lui avait répondu, une fois qu'il avait joui sur les visages des deux filles. Oui. Quand je baisais, j'adorais le regarder faire ses occupations. C'était comme regarder un porno avec son compagnon, pendant l'acte, mais en IRL. « Pas besoin de capotes avec lui. Si tu veux, je t'aide. J'ai fini avec elles » les deux filles étaient étalées, nues, sur le lit aux draps blancs. Je voyais comme du sang, "sûrement qu'une des filles avait ses règles et aimait le faire avec. Peut-être une autre masochiste" me suis-je dit. Lysandre s'était assis sur la commode et avait placé ma bouche contre son gland. Et c'est au moment où le mec s'enfonça en moi que je pris Lysandre en moi. Mon pénis se frotta contre la paroi de métal, à une allure assez rapide. Mon gland était fou. Je l'imaginais être rouge à en devenir violet. Les ongles du mec se plantaient dans mon dos et descendaient. J'avais l'impression qu'on m'arrachait la peau ! C'était génial. Je gémissais en même temps que j'avalais du liquide pré-séminal de Lysandre. Il passa ses mains dans mes cheveux et tira lorsqu'il venait en moi. Mes sons étranges revenaient et le mec venait lui aussi peu de temps après, en même temps que moi. Le mec s'était retiré de moi pour aller s'étaler sur le sofa. C'était si bon putain... Lysandre m'aidait à me remettre debout et une fois fit, il me caressait les joues en regardant mes larmes tomber sur ses mains. Je le voyais dans son regard, il était fier de moi. J'avais très chaud, mais en même temps si froid. Alors, il m'a emmené dans la baignoire-jaccuzzi. Il avait allumé les leds. Une ambiance rouge. Il s'était inséré avec moi dedans et par je ne sais d'où il tenait une bouteille de Téquila dans sa main droite. Il en but énormément avant de venir m'embrasser et recracher la boisson dans ma bouche. C'était excitant et dégueulasse. Je ne me voyais pas l'embrasser. Je ne m'étais jamais imaginé l'embrasser, et pourtant, c'est ce qu'on faisait. Et étonnement, c'était doux. Il me caressait également dans l'eau, si bien que je n'avais pas l'impression de le sentir me toucher. Je le repoussai. Sourcils froncés, bouche entrouverte, et les yeux cherchant une explication dans les siens, mais je ne vis rien. Juste un regard rempli d'envie.

Je me suis dit que c'était sous le coup de l'alcool et que je devais le laisser faire. Il devait être 4 h du matin. On avait dû dormir pendant 1 h 30 avant de retourner faire la fête et chercher des plans-culs. Mais là, cette nuit-là, c'était différent. J'étais persuadé qu'on allait se donner comme on ne s'était jamais donné. Et c'est ce qu'il s'est passé. On avait baisé dans la baignoire en s'embrassant. Pour la toute première fois, on était face à face, bouche contre bouche et sa main gauche me branlait pendant que sa main droite tenait le bord de la baignoire pour donner le rythme avec son bassin. Mes mains étaient dans ses cheveux, sauf quand je voulais boire à la bouteille et c'était toujours avec étonnement, qu'il me laissait faire.
C'est à partir de 7 h 40 qu'on se réveillait. On était encore dans la baignoire, l'eau avait inondé la salle de bain, d'énormes flaques d'eau y régnaient. Et c'est en prenant conscience de ce qu'on avait fait la nuit, que je réalisais que quelque chose clochait dans mon corps. Quelque chose me gênait. C'est en réveillant Lysandre, que je compris qu'on s'était endormi l'un contre l'autre, lui encore en moi, mais surtout, dans l'eau. « Problème. Je ne bande plus » m'avait-il annoncé dans un murmure de panique. « Tire le bouchon pour que l'eau s'évapore » lui ai-je ordonné. Il le fit et il fallut 5 bonnes minutes pour que toute l'eau soit évacuée. Malheureusement, l'eau qui était en moi, à ce moment précis, n'était pas partie. Alors, c'était sur un accord commun qu'on a essayé de simuler une baise et c'est avec un miracle qu'il a pu s'enlever. « Plus jamais dans l'eau, ok » s'était-on proposé en même temps. Et cette promesse restera toujours tenue.

On s'est levé de la baignoire pour enfiler un peignoir pour nous réchauffer et se sécher. « Tu te souviens de ce que j'ai fait cette nuit, à part avec toi dans l'eau » m'avait-il demandé. Je lui avais donc dit qu'il s'était amusé avec deux filles et qu'après je lui avais fait une fellation sur la commode pendant que le mec me baisait. Mais c'est en arrivant dans la chambre, que toute discussion s'arrêta, car la vue de ces deux filles, qui étaient allongées sur le lit au drap blanc, nous choqua. Le lit était devenu rouge sang, les deux filles étaient unanimes et le mec avait disparu sans laisser de traces. C'était clair et net, Lysandre avait plus que déraillé cette nuit. On n'eut même pas le temps de se questionner que la porte de la chambre tomba à terre et que des flics se précipitèrent dans le hall en nous intimant de nous agenouiller et de placer nos mains sur nos têtes. Ni une, ni deux, on exécutait les ordres sans rechigner. Quatre d'entre eux, nous maintenaient et nous passaient les menottes. Si un jour, on m'avait dit que l'un de mes fantasmes deviendrait réel, je ne l'aurai jamais cru. Ça aurait presque pu me faire bander à ce moment-là. « Vous êtes en état d'arrestation pour les meurtres de deux jeunes filles. Vous avez le droit à un avocat » c'était à partir du mot "avocat" que j'ai réalisé. J'ai réalisé, qu'on était tout juste majeur, qu'on était dans l' "anormalité" du monde, et que j'allais être envoyé en hôpital psychiatrique, décevoir mes parents, que Lysandre serait en prison pour la fin de ses jours ou presque car toutes ses empreintes étaient sur elles et qu'ils pouvaient penser qu'il les avait violé car il n'utilisait jamais de capotes. Donc conclusion, on était dans de beaux draps.

À 9 h, il nous avait donné des vêtements pour nous habiller convenablement, parce que selon eux, les peignoirs, c'étaient la limite de l'insolence. On était donc en garde à vue. Et pour la deuxième, première fois, on se tenait la main. Les doigts entremêlés. Je ne sais pas ce qu'il nous prenait ce jour-là, mais c'était étrange. On a jamais su pourquoi on avait fait ces choses-là. C'était à 14 h, que nos parents ont répondu au téléphone et appris notre plus grosse connerie. Ils ont également appris qu'on était taré. Mais sérieusement taré. Les flics n'ont pas eu la délicatesse de leur dire qu'on était gay ou bi, et qu'on faisait du BDSM. Ou d'après eux, que Lysandre était le "taré" et moi sa "victime" vu que j'avais des bleus et des griffures dans le dos. Mais bon, ils ont vérifié mes paroles et en ont conclu que les griffures venaient d'un certain Anthony Charless, qui était le témoin qui a découvert la scène de crime et appelé les flics. Ils nous ont posé des questions sur nos agissements, et au lieu de passer par quatre-chemins, et pour alléger la peine, on a conclu de prendre nos responsabilités et d'assumer complètement tout ce dont on se souvenait avoir commis. Ils ont donc compris qu'on était "masochiste" et "sadique". Des regards de pur dégoût nous étaient offerts par toutes les personnes ici présentes. Je n'osais même pas imaginer les regards de nos familles. Et là, j'avais honte. Honte de nos actes. Honte d'aimer souffrir. Et pourtant, tout ce que je réussissais à faire, face à leurs regards, c'était un sourire. Un sourire, qui laissait dire "je suis fier de moi" mais qui voulait vraiment dire "vous avez raison, je ne suis qu'un déchet de la nature".

On a passé la nuit en garde à vue. Nos parents sont arrivés au poste de police à 10 h, le vendredi matin. Ils n'osaient même pas nous approcher. Ils étaient écœurés. Nos mères pleuraient, se demandant comment on avait pu mal tourner, et à partir de quand. Tant dit que nos pères se mettaient d'accord sur nos reniements dans nos propres familles. De ce qu'on avait compris, nos parents n'étaient pas déçus de nos agissements, ils savaient qu'on faisait des "choses" mais pas exactement quoi. Ils nous avaient déjà entendu parler de plusieurs conversations sur le masochisme et le sadisme, et de ce que les psychologues leur disaient, ça ne les étonnait même plus. Mais ce qu'il n'avait pas prévu, c'était le fait qu'on soit "bisexuel" et "gay". Et c'est ça qui a fait déborder le vase de Lysandre. Il a voulu tester l'amour de ses parents envers lui. J'aurais dû le retenir, mais je voulais savoir aussi. Alors je n'ai rien fait. On avait le droit à une sortie avant le jugement au tribunal. On avait les menottes, on avait une zone délimitée, et deux flics nous suivaient partout. Nos parents nous ont suivis. On est allé sur le toit. On parlait en leur expliquant depuis quand on était devenu maso et sadique. Mais ils le savaient depuis longtemps. Ce n'était pas ça qui les intéressait. C'était le fait d'être de l'autre côté de la ligne qui les dérangeaient. Et ça a été par un courage affreux, que Lysandre s'est avancé au bord du vide. Mon cœur battait la chamade, je ne voulais pas. "S'il vient à sauter, je saute aussi", me suis-je dit. Personne ne réagissait. Il m'a regardé et m'a dit « Je vais t'offrir ton dernier plaisir, Roan », je n'ai pas eu le temps de dire quoi que ce soit qu'il se jetait dans le vide, dos au sol. Je me revois, courir voulant le rattraper et partir en même temps que lui, mais ma mère me retint par la taille. « Laisse-moi sauter ! De toute façon, tu ne m'aimes pas ! Lâche-moi » lui criai-je. Elle ne m'a pas lâché. Elle m'emprisonnait de ses bras comme pour me supplier de ne pas sauter, de rester.

Et je suis resté. Je suis resté, car je voulais savoir ce qui allait arriver après.

Ça fait 8 ans maintenant. 8 ans que je suis en hôpital psychiatrique à cause de lui. S'il s'était contrôlé sur sa passion du "mal", je n'en serais pas là. On n'en serait pas là.

J'ai été envoyé 11 mois après, ici, dans cet asile psychiatrique. Pour trois raisons, le "masochisme" et mes "hallucinations" qui accompagnent ma "folie". Mais je le sais, je ne suis pas fou. J'ai essayé de ne pas y penser, de faire son deuil, de passer à autre chose. Et pourtant, il était et est encore là. Avec moi. Je le vois, je l'entends et je le sens me toucher. Et pourtant personne ne le voit, à part moi. Les médecins disent que c'est un traumatisme, que c'est dans ma tête, mais je suis sûr qu'il est là, présent, peut-être de l'autre côté mais il est bel et bien présent parce que ça fait 8 ans qu'il me suit, et 8 ans que je le vois grandir en même temps que moi, dans les mêmes vêtements que le jour de son suicide. Jeans skinny noir troué, t-shirt rouge à manches courtes, menottes accrochées comme une chaîne à son pantalon. Il est devenu plus grand que moi, 1m90, musclé, beau. Très beau. Et c'est à cause de lui, que je ne peux pas entrer dans les cases.

« Ne le regarde pas. Ne regarde que moi. Personne d'autre, Roan », qu'il me susurrait à l'oreille, à chaque fois que j'essayais d'emmener quelqu'un dans mon lit. « La ferme » que je lui répétais et les mecs en face de moi se vexaient et partaient. Alors, un jour, je ne l'ai plus calculé. Et je n'aurai pas dû.

Un jour, en sortie avec ma mère, pour me changer les idées, il a recommencé. Mais cette fois, il en avait envie. Vraiment. Il me touchait, se frottait à moi en pleine rue, avec le soleil qui me brûlait la peau, suite à cette période de juillet.

On était en pleine canicule, ma mère, passionnée de soleil, m'avait dit « Roan, on sort faire les boutiques » je n'en avais pas envie. Et je n'avais surtout pas envie qu'elle m'appelle ainsi. Ça me faisait mal. Et ça, Lysandre le savait mieux que personne vu qu'il souriait et rigolait à côté de moi. Je l'ignorais, mais son rire résonnait en écho. Il me rendait fou. Alors, j'ai accepté. Si je me concentrais sur autre chose, peut-être que je l'entendrais moins. Ça l'a énervé. Beaucoup trop. Selon lui, « J'étais devenu une mauvaise personne », simplement parce que je l'ignorais. Il n'aimait pas ça. Il était impatient. Lui, il était content, il pouvait faire ce qu'il voulait vu que personne ne le voyait, et donc, pour "exister" il doit être vers moi, il faisait ses petites affaires et ses victimes s'en prenaient à moi. 

Main baladeuse, tape sur les fesses, pincement de la poitrine, touche sur les intimités des filles, fellations pendant les nuits ou dans les boîtes, suçons, et j'en passe. Il me les a toutes faites. « Pourquoi tu me gâches la vie » lui avais-je hurlé, ce jour-là. Je n'aurais pas dû. Ma mère s'est retournée, prenant cette phrase pour elle, et m'a giflé d'une force, que même Lysandre avait arrêté tout mouvement. Il me chuchotait un petit « Pardon » je soufflai. C'était trop tard pour ça. Ma mère m'engueulait, me criait des « J'ai tout fait pour toi ! Je t'ai sauvé de ton suicide il y a 6 mois, et c'est comme ça que tu me remercies ? Lysandre était un psychopathe ! Fais ton deuil et passe à autre chose ! Votre jeu n'était qu'une illusion. Tu ne peux pas être comme lui, comme un vulgaire déchet de la population... ». Elle pleurait et moi, je serrais les poings. Comment une mère peut dire des choses pareilles ? « "Sauvé" » demandais-je en murmurant. «Moi, je dirais plutôt que tu m'as arraché toutes libertés que j'avais avec lui ! Et je t'interdis de dire son nom. Il ne mérite pas d'être nommé par des personnes ingrates comme vous » je rigolais sur le moment. Je rigolais de nervosité et d'agacement. Mais ce dont j'avais vraiment envie, c'était de pleurer, pleurer toutes ses larmes qui me transperçaient le cœur. «"Psychopathe" ? Tu entends ça, Lysandre ? Elle dit que t'es un "psychopathe"... Tu n'es pas psychopathe. Tu fais juste ce que tu aimes faire. Comme une passion. Alors pourquoi serais-tu un "psychopathe" ? Tu es juste "sadique" et moi "masochiste". N'est-ce pas, ma chère maman  » j'avais lâché ça en pleine rue bondée de touristes étrangers et de touristes du pays. « Tu m'épates Roan. Je ne te pensais pas si courageux que ça » m'avait-il sorti. Je le défendais, alors que je le jalousais. « T'es taré, Roan. Tu lui parles comme s'il était encore là. Mais mon pauvre garçon, il n'existe plus. Ton jouet est mort » et c'est à ses dernières paroles, que Lysandre a fait une chose qui ne lui ressemblait pas. Il s'est approché à grande enjambé de ma mère, et l'a étranglé. Elle ne comprenait pas d'où venait cette force autour de son cou. Elle croyait halluciner. Personne ne réagissait. C'est aux derniers moments, que je saute sur Lysandre pour lui arracher ses mains de son cou, mais je ne l'avais pas vu venir. J'avais oublié en quelques secondes le plus important : lui peut me toucher, mais moi, je passe à travers. J'ai fini son travail en l'étranglant par moi-même. Elle est devenue violette. Je l'ai lâché, elle est tombée sur les genoux dans un premier temps, puis sur le ventre dans un deuxième. Sa tête a heurté le sol, et s'est ouvert le crâne.

Du sang, et encore du sang. J'ai hurlé. Je me suis jeté au sol tremblant « MAMAN ! MAMAN, criais-je, mais rien. Ses yeux étaient ouvert et vide. Ses beaux yeux bleu océan était vide. Je pleurais. Lysandre ne cessait de répéter qu'il était désolé, qu'il ne le voulait pas, qu'il ne contrôlait pas sa force dans l'eau de là. Je l'entendais venant de loin. Je voyais mes mains se teindre de rouge. Mon survêtement gris, se salir du sang de ma mère et de mes larmes abondantes. Les passants étaient autour de nous, nous filmant, me filmant pleurer et hurler de tristesse et de « Pardon, pardonne lui maman, il ne le voulait pas. Il voulait simplement jouer... » mais c'est à l'arrivée d'une ambulance et d'une voiture de police, que je compris, je compris que j'étais encore une fois dans la merde. Toutes mes empreintes étaient sur elle. J'étais le seul coupable et pourtant, je ne l'étais pas. Les flics me mettaient pour la deuxième fois de ma vie des menottes en disant « Vous êtes en état d'arrestation pour le meurtre de cette femme, vous avez le droit à un avocat » et idem, je n'écoutais plus à ce dernier mot. Je voyais trouble, les flics essayaient de calmer le "publique" et d'inciter les personnes qui filmaient à arrêter, mais c'était peine perdue. Pendant ce temps, on me fit monter dans une voiture et on m'attachait. Je voyais déjà l'article : "Le jeune Roan, à peine âgé de 19 ans, tue sa mère en pleine rue". J'avais mal à la tête. Lysandre était toujours là. Il me tenait la main fort, mais pas trop. Je ne pleurais plus. J'avais la tête baissée. J'étais devenu dangereux. On était devenu dangereux. Il fallait qu'on nous enferme. Comme ça, plus personne ne pourra souffrir de notre passage. « On mérite l'asile de fous, Lysandre » un flic s'était retourné, m'ayant entendu. Il avait également vu nos mains entrelacées, mais de sa vision, c'étaient juste mes doigts recroquevillés sur ma paume, "il est complètement maboul" a-t-il dû penser.

Le lendemain, j'étais interné dans l'hôpital psychiatrique de la ville d'à côté. Il était et est connu pour sa défense irréprochable et pour leurs soins "miraculeux". Ils nous hypnotisent juste pour qu'on paraisse "normal" et qu'on "guérisse" de notre "maladie" ou de notre "folie". Mais on ne l'est pas. Ce sont juste des gens qui ne croient pas au surnaturel.

Au début, pendant 2 semaines, ils m'observaient juste. Notaient ce que je faisais même le moindre détail y passait. Ma façon de pisser, ma façon de m'essuyer, ma façon de me masturber, ma façon de me doucher, de dormir, de manger, de parler, de crier, de regarder, tout ! Je me sentais oppressé. Je n'avais pas d'intimité et je ne le supportais plus.
Alors j'ai craqué. J'ai explosé un miroir le dernier jour, et me suis ouvert les veines du ventre.

Le lendemain, ils ont arrêté de m'observer dans mon intimité. Je me sentais respecté et ça m'apaisait. Lysandre était avec moi. Et je continuais de m'appuyer sur lui. Puis quelques jours après, ils m'ont autorisé à sortir. Une sortie particulière, l'enterrement de ma mère ; le même cimetière que le corps de Lysandre. Et c'était le même jour que notre arrivée à Ibiza, ça m'a bien évidemment rappelé son jour.

Mes parents et moi, rentrions dans le cimetière. Enfin, non, je rentrais seul. J'étais le seul à le respecter et à l'apprécier tel qui l'était. Alors j'avançais jusqu'à sa tombe, j'avais mal à la tête. J'étouffais. Je détestais ce pressentiment qui ne me lâchait pas. Je sentais toutes les douleurs qui provenaient des tombes. Je croyais halluciner. C'est au moment où j'ai dit « Pauvre con » qu'il est apparu. Je ne réagissais pas. J'étais sûr d'halluciner. Mais il m'a touché, parlé et embrassé. C'est à ce contact que j'ai réagi. J'ai froncé les sourcils me disant que ça ne pouvait être que vrai, car il ne ferait jamais ça. Sauf cette nuit-là, où on était sérieusement bien torché. « Tu me déçois... Je pensais que tu allais bander comme jamais suite à mon suicide » il fit une grimace à la fin de sa phrase. « Parce que tu crois que voir mon meilleur coup partir me rendrait heureux ? Tu sais bien que je n'aime pas le faire seul » lui avais-je chuchoté. Il faisait les gros yeux « Pardon. Je n'y ai pas pensé. Je te promets que je voulais te rendre heureux. Ne pas te rendre triste » il pleurait. « C'est trop tard pour les regrets. Tu n'existes plus » et je pleurais une énième fois. Il m'invita à m'asseoir et m'emprisonna de ses bras. Il me serrait fort. « Laisse-toi aller, t'as le droit, ici ».

On a dû rester comme ça pendant 1 heure. Puis je suis revenu à la voiture. C'est au moment de l'attache de ma ceinture que j'ai, qu'on a réalisé qu'on ne se quitterait plus du tout. Il était dans la voiture, assis sur le siège gauche, derrière mon père. Un seul siège nous séparait. Alors j'ai osé demander à ma mère « Je rêve où il y a quelque chose sur le siège », elle s'est retournée et a froncé les sourcils en me regardant « Roan, il n'y a absolument rien sur le siège. Donc oui, tu rêves. T'es sûrement traumatisé de son départ. C'est normal. Tu as le droit. Prends le temps qu'il te faudra pour tourner la page » « Repose-toi » avait-elle terminé. C'était impossible. Il m'observait. Alors je faisais de même. Il me souriait et me dit « Ça va aller, tu verras » mais je n'arrivais pas à le croire, alors je ne souriais pas et tourna le regard. Comment ça pourrait aller, alors qu'à tout moment, je peux me mettre à parler tout seul... ?

Je rentrais dans une humeur vraiment étrange. Mais cet étrange don, me convenait. Je me sentais moins seul. Je n'étais plus seul. Mais j'aurais aimé que ça reste comme ça. Car depuis l'enterrement de ma mère, plus rien n'est allé comme avant.

Le gars de l'hôpital me surveillait de près. Lysandre essayait de me remonter le moral, mais lui aussi, était touché. Il était touché à la vue de ses parents en pleurs. Ça le touchait énormément. D'après lui, ils n'ont pleuré que quelques minutes. Le temps de prendre la parole et de lâcher devant tous ses proches « Tu es mort depuis bien longtemps pour nous. Tu n'aurais jamais dû être comme ça. Tu as contaminé ton seul ami ».
Les revoir me faisait aussi quelque chose. C'était étrange. De plus, ils n'osaient même pas me regarder plus de trois secondes. Je le sais vu que je le voyais. Lysandre s'avança vers eux. Il s'assit à leur pied, comme il avait l'habitude de le faire étant petit.

Des fleurs étaient posées sur la tombe. Ils attendaient que j'arrive et que je fasse ce que j'avais à faire avant d'enterrer le cercueil. Je jetais ses fleurs préférées dessus, de sorte à ce que ça tombe auprès des autres fleurs diverses.
Je sentais le mauvais regard de mon père sur moi. Il nous haïssait, Lysandre et moi, autant qu'il haïssait les homosexuels. C'est en partie pour ça, que je n'ai jamais vraiment fait mon coming out. Mais j'essayais de l'ignorer, bien que ça me perturbait. « Maman... J'espère que tu es bien là où tu es... Je sais que tu le sais, mais pardonne-moi. J'aurais dû me contrôler. Pardonne-lui. Il apprend encore à contrôler sa force... Tu comprends, hein » ma voix tremblait, je n'étais pas confiant. Mon père et ses parents me mitraillaient du regard, m'en donnant des frissons. Lysandre était calme et sérieux. Il culpabilisait, comme il a culpabilisé, il y a moins d'1 an, pour les deux filles qu'il avait mutilé. Elles s'appelaient Eva et Katrina, âgées de seulement 20 ans, elles rêvaient de construire une boutique de vêtements de luxe à prix bas. Un beau projet qui est tombé à l'eau, malheureusement... « Dégage d'ici » dit mon père me sortant de cette pensée nostalgique. J'allais dire quelque chose, mais le gars de l'hôpital, Jean-Michel, me prend par les épaules et dit un simple « Au revoir » au reste des personnes présentes. Je n'ai même plus le droit de dire "à Dieu" correctement... Je laissai encore échapper des larmes et mon cœur se serra en même temps que ma tête qui me fit tellement mal, que j'en tombai à la renverse. « Roan, Roan ? Vous allez bien ? Roan répondez-moi si vous m'entendez » je n'arrivais pas à parler. Je voyais flou. J'avais froid. Horriblement froid. Tout ce que je pouvais dire, c'était « Lysandre ». J'ai cru m'évanouir, mais je me suis senti tomber sur quelque chose de mou. Je respirais mieux. Ma vue revenait à la normale et mes yeux croisaient le regard inquiet de Lysandre. Ah... Génial... « Ne t'éloigne pas... Autant... » Jean-Michel n'y comprenait décidément rien. Il avait paniqué pour rien. Pour un Lysandre, trop loin de moi. Une âme trop éloignée de mon pauvre petit cœur. Lysandre fait partie de moi, comme une ombre. Il restera à vie avec et en moi.

C'est en me réveillant le lendemain matin, que j'ai senti un poids sur moi et des caresses douces, sur ma joue droite. J'ouvrais les yeux avec difficulté. Mes yeux rencontrèrent ceux de Lysandre. Il souriait comme jamais. C'était rare depuis qu'il avait tué ma mère. Pourquoi souriait-il ? C'est de ma voix rauque du matin, que je posai la question, qui me perturbait depuis mon réveil « Pourquoi, tu me caresses la joue » Je tournai la tête à droite pour lui enlever sa main, mais des jambes étaient sur le matelas, juste à côté de moi. Je levai les yeux pour voir qui était cette personne. Ma respiration se coupa. Ma mère était là. Assise à ma droite, le sourire aux lèvres et le regard pétillant. "Comment c'est possible ?" Me suis-je dit. « Tu as bien dormi, mon chéri » me demanda-t-elle. Je clignais des yeux, comme pour me réveiller. Je l'observais. Ses yeux brillaient de larmes. Elle allait pleurer. Oh non. Pas ça. Je fronçai les sourcils d'incompréhension, en me relevant sur mes coudes avec difficulté, suite à un Lysandre affalé sur moi. Je n'eus même pas le temps de dire quoi que ce soit que ma mère se jeta sur moi en m'entourant de ses bras, comme à son habitude. « Oui, je te pardonne. Oui, je lui pardonne. Je te crois maintenant mon fils » Elle pleurait pour de bons et moi, j'étais encore dans l'incapacité de dire quoi que ce soit tellement je n'y croyais pas. Déjà que Lysandre, c'était choquant, mais alors là... « J'aurais dû te croire depuis le début. Pardonne-moi... » « Maman, comment » ai-je réussi à dire. Elle me souriait en s'éloignant de moi, me laissant le temps de me mettre en tailleur. Lysandre, lui, s'était mis à genoux. « On en a longuement parlé pendant ton sommeil avec Lysandre. On pense que lorsque tu rentres dans un cimetière et que tu parles à la personne décédée, son âme s'accroche à ton cœur comme pour sortir de l'autre monde » j'étais ébahi. J'étais devenu une sorte de "passeur d'âmes" mais à la place de les envoyer au purgatoire, je les sauvais du bas monde pour qu'il reste sur Terre. Je pensais que ce n'était qu'un mythe...

Depuis le jour de l'incident de ma mère et de mon internement en asile, Lysandre ne s'est plus comporté comme un impatient de première classe. Il patiente ou alors il se dispute avec ma mère. 8 ans qu'ils sont tout le temps avec moi, et 8 ans que je n'ai pas eu de rapport normal avec quelqu'un. Que je le fasse devant Lysandre, je m'en fiche. Je l'ai déjà fait des dizaines de fois. Mais devant ma mère ?! Jamais ! Nada ! Et puis quoi encore ? C'est sûr, si je la détestais à en mourir, oui. Mais là, non.

Vous allez me dire, en 8 ans, « Il s'est bien passé autre chose dans ta vie » oui. C'est vrai. Mon père m'a renié pour de bons. Il n'est jamais venu pour me voir. Sauf pour me dire ça, ensuite, il est parti. Ma mère était présente. Elle a lâchement dit « Quel connard ton père » j'étais choqué de ses paroles. Tout ce que je lui ai dit, c'était «Attention, tu prends trop exemple sur Lysandre » et elle rigolait. Sinon, on a appris que Lysandre avait une petite sœur. Cette année, elle a 6 ans. Elle sait qu'elle avait un frère. Alors quand je le peux, je vais à la tombe de Lysandre, et parfois, je la vois, elle et sa mère. Elles rentrent toujours à l'affût dans le cimetière. Et j'ai compris pourquoi. Anaïs, sa sœur, me l'a gentiment expliqué.

Sa mère est comme ça, car elle vient en secret ici, pour "discuter" avec lui et parler de Lysandre à Anaïs. Elle adore en entendre parler. Elle m'a même soufflé, qu'elle sentait qu'on la câlinait. Elle est intelligente. Elle comprend assez vite les choses. Pour le prouver, elle a appris à marcher à ses 10 mois, et à parler à ses 1 an et demi ! Pour le câlin, elle a dû sentir Lysandre lui en faire un par-derrière. À chaque fois qu'il la voit, il attend qu'elle s'agenouille pour lui en faire un. Et il reste comme ça jusqu'à ce qu'elle parte. Ma mère pose simplement sa main sur l'épaule de Paloma, leur mère. « Je te soutiens » qu'elle chuchote à son oreille même si elle ne l'entend pas. L'important est de participer comme on dit.

Comme ça fait un bon moment que je suis ici, les médecins m'ont autorisé à sortir de temps à autre. Je dois juste revenir dans le temps imparti, 1 h 30. C'est largement suffisant pour sortir et discuter avec Anaïs. C'est en partie grâce à elle que je tiens encore. J'aurai pu me suicider, mais je ne voulais pas lui faire de la peine. Alors on a tout bonnement décidé de se voir tous les mercredis après-midi, au cimetière, à la tombe de Lysandre, car c'est là où les liens sont les plus forts. Et aujourd'hui, c'en est un. Je suis toujours le premier arrivé. Je m'assieds sur le sol couvert de dalles de pierre blanche. Lysandre, se couche toujours sur le ventre sur sa tombe en marbre noir, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs. Ma mère est plus distinguée, elle s'assied sur mon sac à dos à ma droite.

« Lysandre, demandais-je.

– Oui Roan ? il relève la tête dans ma direction, son sourcil gauche relevé, lui donnant un air interrogateur.

– Pourquoi tu te couches toujours dans cette position ?»

Il étira ses lèvres comme s'il attendait cette question depuis longtemps.

« C'est simple. Pourquoi on nous met toujours sur le dos et les bras croisés, nous les cadavres ? C'est beaucoup mieux sur le ventre ! Ceux qui dorment sur le dos sont des psychopathes ! il s'était relevé à l'aide de ses bras musclés pour se mettre à genoux.

– C'est l'hôpital qui se fout de la charité à ce stade. réplique ma mère qui rigole.

– Il n'est pas psychopathe. Il est simplement sadique. Ce n'est pas pareil !

– Il a tué deux jeunes filles innocentes !

– Pas si innocentes que ça..., on se regarda en même temps, le bord des lèvres tremblant de rire.

– Oh les garçons, s'il vous plaît ! Vous avez 28 ans maintenant ! Un peu de sérieux !

– C'est justement pour ça qu'on dit qu'elles ne l'étaient pas ! nous justifia Lysandre.

– Tout va bien monsieur ? À qui parlez-vous » une femme qui s'est approchée de moi, me regarde bizarrement. En même temps, qui ne le ferait pas quand on voit quelqu'un converser tout seul. De plus, dans un cimetière ? Hein ? Bah personne. C'est étrange. Mais le plus étrange, c'est qu'elle regarde exactement là où sont les deux âmes qui me traînent aux pieds.

« Vous les voyez » que je demande. Elle fit les gros yeux. Qu'ai-je encore dit ? « Vous me voyez » qu'elle me crie. Après ça, un silence de mort ; c'est le cas de le dire ; s'installe. Je compris alors que, Lysandre et ma mère, n'étaient que le début de la fin de mon intimité.

« Vous êtes morte comment ?

– ELLE EST MORTE ?! a crié l'autre abruti.

– J'ai été renversé par une voiture de luxe. Une voiture rouge et noir. Une Lamborghini pour être exact. Le mec était un vrai petit con ! Je venais d'avoir 98 ans et il me roule dessus... Tss, je suis sûre qu'il était au téléphone. On dit que "les piétons sont prioritaires", mes fesses oui ! Regardez comment j'ai fini !

– Mais vous êtes morte quand ?

– Tu ne manques pas de culot jeune homme..., elle me regarde d'un air désespéré. C'est arrivé il y a quelques heures.

– Vous avez de la famille ? demande ma mère.

– Non. Je suis morte vieille fille et fille unique. Sympa, non ?

– Effectivement...»

C'est au moment où on l'invite à s'asseoir avec nous, que mon père apparaît dans mon champ de vision. Merde. Qu'est-ce qu'il fait là ? Il m'a vu. Je ne peux plus m'enfuir. Il s'approche de moi et la vieille dame se relève en l'insultant. Ah... C'est donc lui le "vrai petit con". Je suis plutôt d'accord pour le coup. « C'est donc vrai ce qu'on dit... » murmure-t-il suffisamment fort pour que je puisse entendre. Je ne sais quoi dire, ni quoi faire. Je l'observe juste. Essayant de déchiffrer ce qu'il veut me dire, sans pour autant réussir car il est imprévisible.

« Paloma sort tous les mercredis à la même heure... Avec Richard, on se demandait ce qu'elle pouvait bien faire pendant 1 h 30, mais voilà... Elles passent leur temps à te parler comme si tu étais humain, tss... » sur le coup, j'ai cru qu'il parlait de mon "don". Mais j'ai finalement réalisé qu'il parlait de mon homosexualité et de mon masochisme "guéri".

« Tu as beau dire ce que tu veux sur moi, mais à partir du moment où on renverse quelqu'un sur la route et qu'on ne fait rien par la suite, sans une once de remords, ça ne sert à rien de renvoyer ta culpabilité sur les autres.

– "Renverser" ? Qu'est-ce que tu en sais ? T'es voyant maintenant ? presque. Tss, écoute moi bien petit merdeux... Que tu le saches, je ne sais comment dit en passant, n'est pas le problème. Tu n'es plus mon fils depuis bien longtemps déjà, donc ce que je fais, ne te regarde pas.

– Avoue que tu culpabilises. Tu regrettes. Sinon, pourquoi tu serais là ? Je t'ai vu revenir du lieu où maman est enterrée. T'es allé te confesser à elle. Avoue.

– Tu veux savoir la vérité ? Tu veux savoir ?! Si je suis là, c'est surtout pour payer les dettes que toi et ta pute de mère avez laissé derrière vous » et c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Ma mère lui gifla la joue droite d'une force encore plus impressionnante que lorsqu'elle m'avait giflé il y a 7 ans. Je suis épaté. J'ai même du mal à contrôler mon visage neutre devant mon paternel. Je vois Lysandre bouger à côté de moi, donc je réagis, et me reprends « Tu oses m'insulter, mais tu évites mon regard... Que tu es pathétique » oui, j'ai osé prononcer ces mots. Il se mit à rire. Il est complètement taré ! Et après, ils viennent parler de moi. Pff... ! C'est lui qui devrait être en asile de fous. En plus, je me suis calmé sur la mutilation. Depuis leur mort, ce sont eux qui me torturent l'esprit à se disputer toutes les semaines. Je vous jure, c'est fatigant. Alors si la dame les rejoint, j'espère sincèrement qu'elle les apaisera et qu'elle ne s'y mettra pas.

«..., il fait mine de réfléchir. Ce que je fais ne devrait plus t'intéresser. Mais si tu y tiens tant que ça, alors je vais te le dire. il marque une pause en me regardant droit dans les yeux, me donnant des frissons jusqu'aux cuisses. Tes putains de dettes datent de quand toi et l'autre pédé étiez à Ibiza ! Parce que sache quelque chose, vos sorties à la con dans les pubs, la chambre d'hôtel ravagé par vos conneries de sadisme, les alcools et cocktails que vous buviez à en perdre haleine, coûtent la peau du cul ! Donc Richard et moi avons dû faire un prêt à la banque pour les payer ! Sans parler de la garde à vue que vous avez faite pendant 48 h... Si tu savais à quel point j'ai envie de te voir mort pour que tout ça se finisse une bonne fois pour toutes !

– Et moi donc... Moi aussi, j'ai hâte de mourir comme je le mérite, pour pouvoir venir te hanter, tel le "pédé" que je suis » il s'approche de moi. Il faisait horriblement peur. Lysandre s'était relevé depuis un petit moment et se plaça devant moi, m'empêchant de voir ce qui allait suivre. Et puis je ressens un coup dans le nez très intense.

« Merde ! Pouvoirs de merde ! Roan ! Ça va ? Putain, j'ai encore zappé que vous passiez à travers moi..., je le regarde simplement. J'ai envie de rire, car je ne sais pas s'il le fait exprès d'être si maladroit ou s'il est juste con.

– Tu mourras dans d'atroces souffrances, fais moi confiance là-dessus » il passe à côté de moi, me laissant assis en tailleur au sol, me tenant le nez suite à la débilité de Lysandre.

Je ne le regarde même pas partir. À la place, je fusille du regard Lysandre qui se fait battre par la grand-mère au nom inconnu. Ma mère, quant à elle, rigole. J'avoue que je la trouve changée. Avant elle ne se serait jamais comportée ainsi devant de la violence. Mais j'imagine que, vu qu'ils sont maintenant des âmes vagabondes, elle s'y autorise. Enfin, j'espère que je l'ai bien compris, parce que depuis 7 ans, ce serait un peu inquiétant, non ?

Puis d'un seul coup, ma mère rougit. Mais pas rouge de gêne, rouge de chaleur. Qu'est-ce qu'il se passe. Elle fait les gros yeux et respire très fort.

« Maman ! Maman ! Qu'est-ce qu'il se passe ?!

– Ma... Tombe... Ma tombe » sa tombe ? Mais elle a été incinérée.

Lysandre court en direction de la sortie, mais il est allé beaucoup trop loin. Mon cœur me ressert, je vois de nouveau flou, j'ai mal à la tête, je n'ai pas le temps de me plaindre que ma vue revient à la normale. Je sens des bras autour de moi. Lysandre. Il est revenu. Il a senti qu'il s'éloignait trop de moi. Mais malgré tout, ce problème est peut-être réglé, mais celui de ma mère, non. Je me redresse pour pouvoir me concentrer sur le problème.

« Ton père vient de prendre l'urne. C'est pour ça, qu'elle brûle. Elle s'éloigne de ses restes et si tu ne rattrapes pas ton père tout de suite, il risque de disperser les cendres, et de faire disparaître ta mère. Enfin, c'est ce que je suppose.

– Quoi ?! je me retourne vers la grand-mère après m'être exclamé si fort. Madame, vous pouvez courir ?

– Courir ? Mais depuis tout à l'heure, je vole ! Je me téléporte ! Courir... Tss... Tu me fais bien rire, ma parole !

– Vous pouvez faire ça ? Pourquoi vous deux, vous ne le faîte pas ? je m'arrête dans mon élan de rattraper mon père, étonné d'apprendre cette information sur l'entre deux mondes.

– Euh Roan... Je crois que ce n'est pas le moment de nous questionner. Il faut faire vite, là. Bouge ton cul ! il me claque les fesses et la vieille dame me suit en volant. C'est très perturbant, mais bon. Lysandre, lui, porte ma mère et court. J'arrive à la sortie principale du cimetière et regarde le parking. Une voiture rouge de riche, une voiture rouge de riche...

– Bingo  » je cours dès l'instant où je vois mon père fermer la portière côté conducteur. Il doit y avoir 30 mètres, qui nous séparent. Je cours le plus rapidement possible, et ouvre la portière passagère et m'assois en trombe. Il me regarde surprit avant de commencer à me crier dessus en me demandant de sortir. Chose que je ne fais pas. J'entends ma mère, allez beaucoup mieux.

« J'ai les cendres, Roan » que me sort Lysandre. Je regarde mon paternel droit dans les yeux avant de sourire et de dire tout simplement « T'as bien fait de me déshériter, t'es riche maintenant. T'achètes des trucs utiles pour tuer » « T'iras juste nettoyer la tâche de sang sur ton phare gauche et changer ton pare brise, je crois qu'il est un peu rayé» c'est horrible cette sensation. J'ai comme une impression de voir et ressentir comment s'est passé l'incident de la dame encore inconnue. Avant de sortir, je regarde vite fait le tableau de bord, et me rends compte qu'il est bientôt l'heure que je rentre à l'H-P. Je sors de la voiture et claque la porte. Je me place sur le côté de la voiture et tends mes bras en arrière. Lysandre me donne les cendres et je claque la portière arrière avant de m'écarter de la voiture, laissant mon paternel partir à toutes vitesses, le plus loin possible de cet endroit, et sans le plus important, les cendres de ma mère. Je souris et rigole un bon coup. Ah... Que ça fait du bien de l'avoir battu.

« Mon chéri... Merci. Merci mille fois. Je sais que t'aurais sûrement préféré que je disparaisse pour que tu te rapproches de ton intimité, mais merci.

– Bah, tu vois maman, je n'y ai pas pensé une seule seconde, alors que ça devient de plus en plus, un rêve ! je rigole en me dirigeant vers mon arrêt de bus.

– Au fait, grand-mère..., commence Lysandre. Ne me regardez pas comme ça ! elle lui relance un regard noir. Pardon. Mais quel est votre prénom ? Parce qu'à part vous appelez "l'inconnue", je ne vois pas trop comment on peut, vous appelez sans que vous ne le preniez mal. Vous êtes un scorpion, vous, non ?

– Je m'appelle Odette. Et je suis une humaine.

– Woh sans blague !

– Lysandre... Je t'en supplie... Ne commence pas à te disputer avec elle, déjà qu'avec ma mère, c'est déjà gonflant, mais si tu te mets tout le monde à dos, je t'assure, que je ne le supporterais pas ! il baisse la tête comme gênée de se faire gronder par un bottom. Ce qui est compréhensible.

– Sinon, je suis Marion, la maman de Roan. Et cet irrespectueux garçon, c'est Lysandre. Faîtes attention à lui, il est sadique. pour une fois, je n'ai pas besoin de la reprendre sur la "maladie" de Lysandre.

– Et bah la jeunesse bât de l'aile... Mais comment vous en êtes arrivé là ?

– Eh bien, je suis morte étranglée par lui..., elle désigne Lysandre qui vient s'accrocher à mon bras gauche comme pour se protéger des mauvais regards. Et aie fini de respirer par Roan.

– Tu as tué ta propre mère ?!

– Non. Pas vraiment. J'étais énervé après Lysandre et il étranglait ma mère. J'ai voulu le stopper et agrippant ses poignets, sauf que je suis passé à travers lui et le temps que je réalise la situation, elle est morte. Quand je l'ai lâché, elle est tombée au sol et s'est ouvert le crâne. Voilà la réalité.

– Pourquoi l'avoir étranglée ? Marion a l'air d'être une chouette femme.

– Parce qu'à ce moment-là, elle était complètement aveuglée par son mari et par la dépression de son fils par rapport à ma mort.

– Tu es donc décédé avant elle ?

– Oui. Je me suis suicidé, parce que j'ai commis un crime que je n'assumais pas et que je n'assume toujours pas.

– D'accord. Et bien, j'espère que ça se passera bien entre nous. Ça fait combien de temps que vous êtes les trois ? je lui lance un regard blasé, assez vite, tant j'ai l'impression qu'elle ne se taira jamais. Alors je lui réponds, essayant d'atténuer les questions interminables.

– Depuis 7 ans. 7 ans qu'on est H24, 7 jours sur 7 qu'on est en "colocation". 8 ans avec Lysandre »

J'arrive à l'arrêt de bus et m'assieds au bord du banc. Odette s'assied aussi. Je la regarde. Elle est devenue silencieuse. Elle doit sûrement se demander comment je fais pour vivre. Bah, je vis plus. Enfin, presque plus. Je la regarde un peu plus, elle a ses cheveux gris-blanc tiré en un chignon aux mèches rebelles. Je remarque qu'elle s'est appliquée du fard à paupières bleu faisant ressortir, légèrement, ses yeux bleu clair. Elle porte une chemise à manche courte blanche avec par-dessus, une robe bleu marine lui arrivant en bas des genoux. Elle porte également un collant couleur chair beige, et des trotteurs noir comme chaussure. Elle a également un sac cabas avec elle. Je relève le regard en entendant un bruit sourd arriver. Ce n'est autre que le bus. Je me lève et le bus s'arrête à un mètre de moi. Je rentre dedans, et salue le chauffeur habituel.

« Bonjour Roan ! Comment vas-tu aujourd'hui ?

– Je vais bien ! Et toi ?

– Beaucoup mieux depuis que tu prends ce bus tous les mercredis ! il sourit de toutes ses dents et je passe ma carte sur l'écran du bus, pour payer ma place grâce à mon abonnement à l'année, que l'H-P paye suite à mon chômage. Je m'assieds derrière lui, à droite, pour qu'on puisse discuter comme à notre habitude. Mais dit moi, Roan... C'est une urne que tu tiens, là ?
– Effectivement. T'as l'œil ! ... Pour t'expliquer vite fait la situation, je viens de croiser mon père, et il a pris l'urne pour faire, je ne sais quoi avec. Et je sais que ma mère, n'a jamais voulu être dispersée dans un endroit précis, car elle disait tout le temps "Je n'ai pas envie d'avoir des cendres de mes mains à la campagne et le reste dans le désert !". il rigole suite à se souvenir communiqué et moi de même. Ma mère y comprit.

– À y réfléchir, c'est clair que ce n'est pas dingue ! T'as bien fait de récupérer ce qu'il t'appartient. En plus, de ce dont je me souviens, il parle sur les défunts, ton paternel, non ? j'acquiesce de la tête en lâchant un "hmm" pour qu'il comprenne que je l'ai entendu et aie répondu.

– Du coup, elle viendra avec moi chez les fous ! Héhé » il rigole en secouant la tête. Je sais ce qu'il se dit. Il me l'a de nombreuses fois répété. "Tu n'es pas fou. Tu es juste croyant" Il a raison. Je suis croyant, et je suis même plus que ça ! Je suis carrément un récupérateur d'âmes !

On continue de parler jusqu'à ce qu'un premier bâillement sorte de ma bouche. Je lui fais signe que je vais roupiller un petit moment. Il nous reste 40 minutes de route avant d'arriver à l'hôpital psychiatrique, donc j'ai largement le temps de reposer mes yeux.

« On va où ?

– Odette taisez-vous. Roan essaie de dormir. j'ouvre mon œil gauche pour croiser le regard désolé d'Odette. C'est ma mère qui lui répond et je crois qu'elle n'aurait pas dû, elle aurait dû faire comme moi, l'ignorer. Pourquoi ? Je peux vous dire une chose. Odette est une vraie pipelette même à 98 ans !

– Il y a quelqu'un de normal dans sa famille au petit ? Ou bien dans son entourage... ?

– Patrick. répond Lysandre.

– Patrick ? Qui est-ce ?

– Le chauffeur » il m'a fait sursauter suite à son exclamation si instantanée. Il l'a bien vu d'ailleurs, mais ça ne l'empêche pas de ne pas s'excuser. Il a décidé de rigoler à la place. J'avoue que ça me donne envie de rire, mais pour ne pas paraître "fou" aux yeux des passagers, je souris simplement, retenant un fou-rire suite au silence penaud.

Je finis par m'endormir pendant environ 20 minutes. Lorsque j'ouvre les yeux, Lysandre est sur mes genoux. Ah. Ça fait longtemps... Ce n'est même jamais arrivé, qu'est-ce que je dis ? Pourquoi il est sur moi ? Je fais genre que je me gratte la bouche avant de poser ma question.

« Qu'est-ce que tu fous sur moi, Lys ?
– Ah, t'es réveillé ? Et bien... Le bus est presque complet. Odette s'est assise sur un siège, ta mère est à côté de toi, et moi, je ne savais pas où me mettre pour ne pas me faire écraser et avoir des sensations étranges que j'ai préféré m'asseoir sur toi. Ça te dérange cette position ? je le regarde en plissant les yeux, analysant ce qu'il me dit. Je tourne la tête à gauche, et comprends qu'effectivement, ma mère est à ma gauche et qu'Odette et de l'autre côté de "couloir" du bus. Elle lit en même temps que la femme à côté d'elle, le magazine "Elle". Ça donne envie.

– Ça ne me dérange pas, c'est simplement perturbant de voir que tu es devenu bottom pendant ta mort..., je souris. Je suis fière de ma pique en son égard. Je rigole un peu, et m'arrête très vite en le regardant droit dans les yeux et lui chuchotant « N'essaie même pas de me faire bander ». Il a sa main posée sur mon intimité, d'où le fait que j'ai arrêté de rire. Bien qu'il grandisse en même temps que moi, il a gardé son côté enfantin et joueur, ce qui a souvent le don de m'agacer plus qu'autre chose.

– Roan, Lysandre... Je vous en supplie ne faites rien qui puisse être compromettant avec Odette et moi à vos côtés » murmure ma mère suffisamment fort, pour nous sortir de cette bulle pour moins de dix-huit ans.

Il enlève sa main de ma partie comprenant que c'était inutile de continuer dans sa lancée.

« Heureusement que j'ai appris à les apprécier sinon, je ne me serais pas gêné ! s'extasie Lysandre.

– De qui tu parles ? je demande ne comprenant pas son "les".

– De Marion et Patrick », j'acquiesce de la tête comprenant mieux où il voulait en venir.

Je rigole en passant un bras sur mon visage pour cacher mon fou-rire incontrôlé qui commence, à la femme à ma gauche qui a relevé la tête à mon "De qui tu parles". Pourquoi je rigole seul ? Comme ça ? Et bien ma mère vient de nous demander en quoi ça aurait changé quelque chose si on ne les aimait pas. Si elle savait le culot que Lysandre et moi avons encore en nous... Si elle savait toutes les fois qu'il m'a pris à côté de tellement de gens !

Je me souviens de ce jour, quelque temps après son suicide, dans un bus scolaire ; que j'avais pris pour aller dans la forêt, me dégourdir les jambes ; aux places du fond, trois sièges devant la grande banquette arrière, j'étais côté vitre, lui, côté couloir. J'avais eu un problème. J'étais excité. Alors il s'est arrangé pour me satisfaire par-dessus mon jogging noir. Il me touchait, jusqu'à ce que lui aussi s'excite en me voyant me retenir de gémir et de me cambrer sous tous les frissons et spasmes que je recevais dans mon corps. Il s'était alors assis sur mes genoux, face à moi, et me "massait". C'était tellement excitant... Je devais me taire, être silencieux, pour que personne ne capte ce que je faisais. Lysandre avait les yeux pétillants. Il découvrait une autre façon de me torturer. Une torture à laquelle j'y prenais goût. Une torture moins brute, mais où la complicité entre nous étaient monté en flèche ! Bien évidemment, sadique comme il est, lorsque j'étais au bord de l'extase, il a décidé de tout arrêter et de s'installer un siège devant moi. J'étais frustré, agacé et vexé. J'attendais impatiemment qu'on rentre pour que je puisse finir son travail sous une bonne douche chaude. Quitte à jouir de ma propre main que de la sienne. Et ben, lorsque c'est arrivé, il n'a plus ouvert sa bouche de la soirée.

« Aïch... Mais..., il vient à l'instant de me frapper dans mon ventre. Ça fait mal ! Pourquoi il a fait ça, sérieux ? Je le regarde d'un drôle d'air ne comprenant pas son comportement inattendu.

– Tu t'excites tous seul maintenant ? je fronce les sourcils ne comprenant pas de quoi il parle. Il le comprend bien et je le vois descendre sa main sur ma partie et frotte. Ah. Génial. Il se pourrait que me souvenir de l'un de nos moments à deux, ait réveillé cette partie sensible de moi. Le bus 361 ? chuchote-il pour reprendre, faisant référence au bus de la forêt. J'acquiesce silencieusement. T'abuses Roan. Tu sais bien que je ne peux plus te le faire. Surtout quand tu accumules les âmes et que j'apprécie le chauffeur » j'allais répondre, mais le bus s'arrête et je reconnais très bien l'endroit. Nous venons d'arriver à ce lieu que je connais que trop bien. Ma mère prévient Odette et Lysandre descend de mes genoux. Je récupère mon sac, contenant l'urne dedans, pour m'en servir de cache érection.

« Au revoir Patrick ! Bonne fin de journée et bonne chance pour demain ! lui dis-je après être descendu du bus. Il me remercie et me salut avant de fermer les portes et de démarrer pour se diriger au terminus et pouvoir rentrer chez lui, se poser sur le canapé après avoir commandé des pizzas chez son meilleur ami Victor. Je regarde l'heure et me rends compte que j'ai 5 minutes de retard. Je me dépêche donc de rentrer dans l'établissement en saluant l'équipe du soir, arrivé à 17 h 30 pour leur service de 18 h.

– Ah Roan ! Ça tombe bien que tu rentres de ta sortie, faut qu'on te parle de quelque chose avec Nadia et Laurence. Tu nous rejoins dans le bureau de Laurence, ok ?

– C'est une nouvelle comment ? Je dois m'inquiéter ? je demande sur la défensive. Avec eux, surtout Laurence, je ne sais jamais à quoi m'attendre.

– Non. Normalement, tu ne seras même pas déçu. il me fait un clin d'œil à la fin de sa phrase, ce qui me perturbe l'esprit encore plus. Et il le sait !

– Euh... Ok. Merci Jean-Michel !

– Aïch... Je t'ai déjà dit de ne pas appeler mon nom en entier !

– Il fallait y penser le jour où tu m'as emmené à l'enterrement de ma mère » je m'écris en reculant, le sourire aux lèvres, fier de moi, pour retourner dans ma chambre qui s'est téléportée au niveau des "patients à maladie mentale améliorée" ou plutôt "PMMA".

Et non, je n'ai pas d'amis. J'ai juste deux personnes de 25 et 22 ans, Jeanne et Maria, qui n'arrêtent pas de me coller, pensant que je suis un dieu. Juste parce que j'ai fait l'erreur de dire que je contrôlais les objets, alors que ce sont juste Lysandre et ma mère qui les portent. Ça me fait beaucoup rire d'ailleurs. Bien sûr, je surveille à ce qu'il n'y est personne du service qui nous voit. Enfin, qui voient des objets volants identifiés, et pas, non identifiés.

J'ouvre la porte de ma chambre avec ma carte d'accès et rentre une fois celle-ci ouverte. Je me dirige vers mon armoire cadenassée, l'ouvre avec ma clé et range précieusement l'urne de ma mère tout en bas, pour ne pas qu'elle tombe ; si un jour ça arrive ; de trop haut.

Une fois bien installée, je récupère un autre t-shirt, un gris foncé et l'enfile. Je prends également un sweat large et long pour cacher mon érection toujours pas calmée. Je change également de pantalon pour opter pour un jeans plus large et plus fin. Je déteste les skinnys lorsque je bande. Trop irrespirable.

Je me recoiffe vite fait, même si je sais pertinemment que Laurence va me décoiffer en me frottant les cheveux et Nadia viendra me recoiffer comme à son habitude depuis maintenant 4 ans. C'est la dernière arrivée. Elle a 28 ans, comme moi et a eu un coup de foudre pour moi jusqu'à ce que je lui dise que je préfère les mecs. Elle m'a ignoré pendant un bon moment avant de revenir et de s'excuser comme "une idiote" qu'elle m'avait balancé en face. Moi, ça m'avait juste fait rire. Je me sentais comme le Joker qui a attiré sa psychologue, dans son cœur. Je lui avais dit ça et elle en avait rigolé. Depuis, on est assez proche. Pas amis. Ou alors si ? Je ne sais pas. Ça va faire que 2 ans qu'on s'entend vraiment bien et le seul ami que j'ai eu a été Lysandre. Je n'ai jamais connu de fille en amitié, donc je ne connais pas le ressenti. Je m'entends bien aussi avec Jean-Michel, mais lui, il a 42 ans. Même si on se chamaille comme si on avait le même âge, il reste quand même plus âgé et bien plus mature et droit que moi. Et il reste un psychologue incompris auprès de nous, les patients à maladie mentale.

Une fois "coiffé", je sors de ma chambre, en prenant bien soin de prendre mon téléphone et ma carte d'accès. Je me dépêche de rejoindre le bureau de la cheffe des psychologues : Laurence. Malgré son tempérament froid et aigri, je sais qu'au fond d'elle, elle m'apprécie et s'est attachée à ma personne. En même temps, ça va faire 8 ans qu'elle travaille avec moi et 6 ans qu'elle me fait confiance. Et puis ce n'est pas du haut de ses 45 ans qui vont me faire peur d'elle !

Arrivé devant la porte, je toque et lorsque j'entends un "entrez", oui parce qu'elle me vouvoie, je passe ma carte et pousse la porte. Je salue les deux femmes que je n'ai pas vues aujourd'hui et souris juste à Jean-Mi comme signe de respect.

« Que se passe-t-il ? je demande.

– On a une proposition à te faire. même pas un petit sourire provenant de la patronne, ok, ça s'annonce bizarre.

– Ah Bon ? C'est quoi ?

– Assieds-toi, Roan. j'exécute son ordre et attends la suite de son annonce. On y réfléchit depuis plus d'une semaine, et on se demandait si ça t'intéressait d'avoir ton propre appartement ? À condition de garder tes soins ici. je reste de marbre même si au fond, je suis plus que choqué ! Lysandre, lui, saute partout. Ma mère, bouge juste ses bras comme si elle venait de gagner un tournoi, de je ne sais quoi et Odette reste assise sur une chaise, blasée.

– Alors ? Ça ne te fait pas plaisir ? me questionne Nadia. Je la regarde me redressant le dos comme pour informer que je vais parler.

– Et bien... C'est étonnant. Je m'attendais à toutes les annonces, sauf ça. Pendant quelques secondes, j'ai cru que vous alliez me demander de travailler en tant que psychologue !

– Même si c'est une bonne idée, il aurait fallu avoir un diplôme dedans et tu t'es arrêté au BAC. me répondit le seul vrai homme de la salle. Lysandre n'en est plus un, il l'a jamais été d'ailleurs vu qu'il est mort à 18 ans. Et moi, je suis gay. Je ne suis pas un homme. Et je n'ai rien de viril. À part mes couilles et ma queue. C'est tout.

– Mais je vivrais où ?

– Il y a un étage accessible pour les patients et c'est l'étage le mieux isolé de tout le bâtiment. C'est là qu'on vit lorsqu'on bosse.

– Sérieux ? Genre, ça va faire presque 10 ans que je suis là, et je viens seulement de découvrir ça ? Mais sinon, ça va se passer comment ? Et pourquoi moi ?

– Parce que bien que tu continues de faire des conversations seul et à agir comme si tu étais entouré... D'âmes. Tu as guéri, si je peux dire ça, ou plutôt, tu as réussi à sortir de ta période masochisme et de tes dépressions à répétition. Tu es l'un des rares patients qui a réussi autant en seulement 7 ans d'internement.

– T'exagères Laurence. Dès le moment où il est sorti de la zone "PMMD", il avait déjà réussi !

– Nadia a raison, Laurence ! Roan a fait 5 ans dans cette zone, et non 7 ans » les voir débattre sur le nombre d'années où j'ai été enfermé dans cette zone horrible, me donne l'impression que je regarde un film ou un débat politique. C'est une impression vraiment trop bizarre pour moi.

« Euh, sans vouloir vous couper, je suis encore là, hein... !

– Oui, on sait. Ne t'inquiète pas Roan. Du coup, qu'en dis-tu ? tous les regards sont posés sur moi. Même ceux des âmes.

– Je veux bien, mais c'est moi qui choisis la déco ! Sinon, je ne me sentirais jamais à l'aise !

– Avec plaisir Roan ! On viendra te voir chaque matin et soir pour voir comment tu t'en sors seul. Sache que si tu... Nadia... Arrête de lui toucher les cheveux !

– Mais il a les cheveux tellement doux !

– Ce n'est pas une raison ! En plus, tu viens de manger des chips au poulet, tes mains sont grasses et tu lui touches ses cheveux... Tu n'as donc aucun respect..., je ne peux m'empêcher de rire, avançant mon torse contre mes jambes et réalisant que je ne bande plus. Ouf. Donc je disais Roan, sache que si tu as besoin de nous parler ou autre, tu auras juste à appuyer sur un bouton rouge à l'entrée, dans ta salle de bain ou dans ta chambre et on rappliquera. C'est compris ?

– Oui Chef ! je souris de toutes mes dents sachant très bien qu'elle va me "gronder" sur le fait que je dois "arrêter de prendre les personnes plus âgées que moi pour mes amis". Pas ma faute, elle rentre si facilement dans mes piques, héhé !

– Bon, allez, je te passe les clés et Nadia t'accompagnera jusqu'à ton nouveau chez toi, lorsque tu auras fait tes bagages ! Enfin, si tu veux partir maintenant.

– Je pense que je vais faire une dernière nuit ici, et demain, je déménagerai.

– Comme tu veux. C'est toi qui décides. Sur ce, j'ai du travail, j'ai des papiers à remplir sur les décès de la semaine dernière et de lundi, et je dois les finir avant demain matin. Donc oust ! Du balai !

– De lundi ? C'est qui ?

– Raphaëlle Diallo. Elle s'est suicidée en ne prenant plus ses médicaments et s'est cognée la tête, de toutes les forces qui lui restait, contre un des portes manteau dans sa chambre.

– Ah... Mais vous n'aviez pas remarqué qu'elle ne prenait plus ses médicaments ?

– Si, on lui donnait en seringue du coup, mais c'était trop tard qu'il y a dû, il y avoir trop de temps sans traitement entre le dernier qu'elle avait pris en solide et les derniers en liquide.

– C'est triste. Mais je suppose que si elle a fait ça, c'était pour en finir, elle supportait peut-être plus l'endroit. Je peux comprendre ce qu'il s'est passé dans sa tête pour en arriver là...

– Tu te souviens d'elle, Roan ? me demande tout à coup Jean-Mi.

– Je crois. Elle avait les cheveux frisés et était mate de peau, non ? il acquiesce en silence avant de reprendre.
– Elle était atteinte de masochisme et de schizophrénie.
– Assieds-toi, Roan. j'exécute son ordre et attends la suite de son annonce. On y réfléchit depuis plus d'une semaine, et on se demandait si ça t'intéressait d'avoir ton propre appartement ? À condition de garder tes soins ici. je reste de marbre même si au fond, je suis plus que choqué ! Lysandre, lui, saute partout. Ma mère, bouge juste ses bras comme si elle venait de gagner un tournoi, de je ne sais quoi et Odette reste assise sur une chaise, blasée.

– Alors ? Ça ne te fait pas plaisir ? me questionne Nadia. Je la regarde me redressant le dos comme pour informer que je vais parler.

– Et bien... C'est étonnant. Je m'attendais à toutes les annonces, sauf ça. Pendant quelques secondes, j'ai cru que vous alliez me demander de travailler en tant que psychologue !

– Même si c'est une bonne idée, il aurait fallu avoir un diplôme dedans et tu t'es arrêté au BAC. me répondit le seul vrai homme de la salle. Lysandre n'en est plus un, il l'a jamais été d'ailleurs vu qu'il est mort à 18 ans. Et moi, je suis gay. Je ne suis pas un homme. Et je n'ai rien de viril. À part mes couilles et ma queue. C'est tout.

– Mais je vivrais où ?

– Il y a un étage accessible pour les patients et c'est l'étage le mieux isolé de tout le bâtiment. C'est là qu'on vit lorsqu'on bosse.

– Sérieux ? Genre, ça va faire presque 10 ans que je suis là, et je viens seulement de découvrir ça ? Mais sinon, ça va se passer comment ? Et pourquoi moi ?

– Parce que bien que tu continues de faire des conversations seul et à agir comme si tu étais entouré... D'âmes. Tu as guéri, si je peux dire ça, ou plutôt, tu as réussi à sortir de ta période masochisme et de tes dépressions à répétition. Tu es l'un des rares patients qui a réussi autant en seulement 7 ans d'internement.

– T'exagères Laurence. Dès le moment où il est sorti de la zone "PMMD", il avait déjà réussi !

– Nadia a raison, Laurence ! Roan a fait 5 ans dans cette zone, et non 7 ans » les voir débattre sur le nombre d'années où j'ai été enfermé dans cette zone horrible, me donne l'impression que je regarde un film ou un débat politique. C'est une impression vraiment trop bizarre pour moi.

« Euh, sans vouloir vous couper, je suis encore là, hein... !

– Oui, on sait. Ne t'inquiète pas Roan. Du coup, qu'en dis-tu ? tous les regards sont posés sur moi. Même ceux des âmes.

– Je veux bien, mais c'est moi qui choisis la déco ! Sinon, je ne me sentirais jamais à l'aise !

– Avec plaisir Roan ! On viendra te voir chaque matin et soir pour voir comment tu t'en sors seul. Sache que si tu... Nadia... Arrête de lui toucher les cheveux !

– Mais il a les cheveux tellement doux !

– Ce n'est pas une raison ! En plus, tu viens de manger des chips au poulet, tes mains sont grasses et tu lui touches ses cheveux... Tu n'as donc aucun respect..., je ne peux m'empêcher de rire, avançant mon torse contre mes jambes et réalisant que je ne bande plus. Ouf. Donc je disais Roan, sache que si tu as besoin de nous parler ou autre, tu auras juste à appuyer sur un bouton rouge à l'entrée, dans ta salle de bain ou dans ta chambre et on rappliquera. C'est compris ?

– Oui Chef ! je souris de toutes mes dents sachant très bien qu'elle va me "gronder" sur le fait que je dois "arrêter de prendre les personnes plus âgées que moi pour mes amis". Pas ma faute, elle rentre si facilement dans mes piques, héhé !

– Bon, allez, je te passe les clés et Nadia t'accompagnera jusqu'à ton nouveau chez toi, lorsque tu auras fait tes bagages ! Enfin, si tu veux partir maintenant.

– Je pense que je vais faire une dernière nuit ici, et demain, je déménagerai.

– Comme tu veux. C'est toi qui décides. Sur ce, j'ai du travail, j'ai des papiers à remplir sur les décès de la semaine dernière et de lundi, et je dois les finir avant demain matin. Donc oust ! Du balai !

– De lundi ? C'est qui ?

– Raphaëlle Diallo. Elle s'est suicidée en ne prenant plus ses médicaments et s'est cognée la tête, de toutes les forces qui lui restait, contre un des portes manteau dans sa chambre.

– Ah... Mais vous n'aviez pas remarqué qu'elle ne prenait plus ses médicaments ?

– Si, on lui donnait en seringue du coup, mais c'était trop tard qu'il y a dû, il y avoir trop de temps sans traitement entre le dernier qu'elle avait pris en solide et les derniers en liquide.

– C'est triste. Mais je suppose que si elle a fait ça, c'était pour en finir, elle supportait peut-être plus l'endroit. Je peux comprendre ce qu'il s'est passé dans sa tête pour en arriver là...

– Tu te souviens d'elle, Roan ? me demande tout à coup Jean-Mi.

– Je crois. Elle avait les cheveux frisés et était mate de peau, non ? il acquiesce en silence avant de reprendre.

– Elle était atteinte de masochisme et de schizophrénie.

– Ah... Pas bon mélange. je pince mes lèvres pour en faire un sourire qui veut simplement dire "aïe" ou encore "oups".

– Bon, allez, filez avant que ce ne soit moi qui vous dégage par la peau du cul !

– Mais quelle grossièreté Laurence » s'exclame Nadia et moi, en même temps, avant de rire un peu puis de nous séparer pour que j'aille retourner dans ma chambre, me poser un coup dans mon lit, avant de me diriger au self pour manger le repas du soir.

Une fois la porte bien fermée, je retire mes hauts, ayant vraiment trop chaud, dévoilant mes débuts d'abdominaux et pectoraux aux âmes accrochées à mon cœur. Je m'assieds au bord du lit et place mes bras en arrière sur le matelas en m'appuyant dessus pour me reposer et essayer de m'imaginer, dans un appartement, rien que pour moi ! ... Et les 3 âmes s'il n'y a pas plus.

Je sens mon pantalon être tiré vers le bas, avec mon caleçon.

« Mais... Qu'est-ce que tu fiches ? je demande en relevant la tête pour voir un Lysandre, bandant, les yeux rivés sur ma partie.

– Marion nous autorise à fêter ça. Odette et elle sont dans l'armoire pour nous laisser.

– Mais... Qu'est-ce que... Hein ?

– Je vais te faire un truc, que jamais j'aurais pensé faire, ok ?

– Tu vas faire quoi ? je lui demande, restant toujours dans la même position.

– Je vais te faire la meilleure pipe que tu aies pu connaître !

– Lys... Je n'en ai eu que deux dans ma vie.

– Justement. Tu me laisses faire ? j'hésite. Je regarde une dernière fois l'armoire, puis Lysandre avant de lui répondre.

– Ok. Mais fait vite, il est bientôt l'heure que j'aille manger » il me sourit de toutes ses dents en me lâchant « T'inquiète pas mon bottom, je gère ». Cette phrase à le don de me hisser les poils et de me faire revenir l'excitation disparue dans la réunion. Je lève mon bassin pour qu'il baisse les vêtements restants sur mon corps. Ça y est. Je suis nu. Le moment tant attendu depuis des années et des années, va se produire ! Je vais me branler ! Ou plutôt, il va me sucer. Je le regarde droit dans les yeux avant de lui autoriser à commencer en silence. Il commence à me branler de sa main gauche et de sa main droite, il me masse les bourses, me donnant encore plus de frissons du haut du crâne aux mollets et pour couronner le tout, le bas-ventre en feu. J'adore cette sensation. Cette sensation qui vous quitte lorsque vous avez joui. Cette sensation qui vous donne l'impression de planer, d'être dans votre bulle et de vous faire enfin plaisir.

Je le sens se frotter à ma jambe. Il bande. Il est en caleçon, mais je le sens très dur. Lui aussi, il s'est interdit toutes masturbations depuis la mort de ma mère. J'aimerais l'aider, mais je ne peux rien, car je passe au travers. Il n'y a que lui qui peut me toucher. Et c'est d'ailleurs ce qu'il commence à faire, lorsqu'il pose les lèvres et sa langue sur mon bout, me faisant cambrer tant l'excitation est plus que présente. Je passe ma main gauche dans ses cheveux, mais ma main tombe sur mon pénis.

« Roh, sérieux ? Et comment je profite moi ?

– T'inquiètes pas Roan. Regarde. Laisse-toi faire. il prend ma main et la pose sur sa tête, et là, ma main reste. Elle ne passe pas à travers. Je peux même lui tenir les cheveux.

– Je n'en reviens pas... C'est magique... » je souffle dans un murmure.

Il reprend ce qu'il commençait à faire. Il descend sa langue le long de ma queue et remonte pour embrasser mon gland. Je ferme les yeux et balance ma tête en arrière tant ça m'avait manqué. Je contrôle mes gémissements pour ne pas les laisser sortir forts quand je sens que je touche sa gorge. Oh mon Dieu ! Oh merde ! Il commence les vas et viens me faisant serrer plus mes doigts à ses cheveux et me faisant gémir de plaisir. J'ai chaud. Terriblement chaud, mais je ne l'arrête pas. Il faut qu'on aille à l'extase ensemble ! Il m'a privé de toute vie sexuelle, c'est à lui de me faire jouir et d'avaler cette fois-ci. Je sais que je ne tiendrais pas longtemps vu le temps que ça fait, mais je me laisse faire, je ne me retiens pas lorsque je sens du liquide pré-séminale sortir de moi. Il accélère ses va-et-vients, en me massant toujours les couilles pour m'aider à jouir plus rapidement. C'est au moment où des spasmes attaque mon ventre et mon pénis, que je crois voir la porte de ma chambre s'ouvrir sur une Jeanne en robe d'hôpital, chausson beige, montre au poignet et ses joues rougies par notre position, ne laissant plus apparaître ses taches de rousseur en dessous de ses magnifiques yeux verts écarquillés en grands. Je mets du temps à comprendre que c'est bien réel et je jouis dans la bouche de Lysandre. Je la vois tomber au sol la tête la première.

« Lysandre ! Bouge ! j'ai beau mettre toute mon envie pour me lever, je reste essoufflé par mon orgasme qui continue de couler et je me tiens debout avec difficulté.

– Que... QU'EST-CE QU'ELLE FOUT ICI ?! et il jouit aussi, gémissant si fort que ça m'en donne des frissons. J'enfile mon caleçon tellement vite que je ne me rends pas compte qu'il est sur l'envers et appelle un infirmier en appuyant sur le bouton d'urgence.

– JEANNE ! JEANNE ! EH ! Réveille-toi... Ne meurs pas... Tu n'as pas le droit d'abandonner Maria...

– Qu'est-ce qu'il se passe ? Jeanne ? Jeanne ! Jean-Michel se précipite sur elle, prenant son pouls avant de faire un visage d'effroi. Il me regarde, je suis en panique totale. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?! qu'il me crie dessus.

– Je ne sais pas... J'étais juste là, sur mon lit en train... De... De...

– De te faire du bien » je le regarde choqué, alors qu'il ordonne à une infirmière d'aller chercher un défibrillateur le plus vite possible. Comment il sait ? Il me lance un regard qui veut tout dire.

« Roan. Je suis un mec aussi. Et ton caleçon à l'envers, plus l'odeur me donne raison. il commence un massage cardiaque en comptant jusqu'à 20 avant de lui renvoyer de l'air.

– Pourtant, ma porte était fermée... Je ne comprends pas comment elle a pu rentrer...

– Roan... Tu ne l'as jamais su, mais cette chambre a un défaut de porte. Et ça coûte beaucoup trop cher pour la remplacer ou la réparer. Jeanne le savait... Elle est ici depuis 9 ans. Elle connaît tous les recoins de l'hôpital. Ce qui nous a souvent amenés à la chercher partout tant elle sauvait et se cachait dans le moindre recoin. il finit par arrêter de parler pour vraiment se concentrer sur le massage lorsque l'infirmière apprentie arrive avec l'appareil demandé plus tôt. Écarte-toi. qu'il me lance. Je recule ne voulant pas me faire électrocuter. Il attend que l'appareil lance le coup de jus avant de vérifier le pou. Le corps inconscient de Jeanne se soulève à la décharge et retombe une fois celle-ci passée. Il recommence au moins deux fois, avant de s'arrêter et de poser ses mains sur ses genoux et s'asseoir sur ses talons.

– Quoi ? Pourquoi tu t'arrêtes ?

– Roan... C'est trop tard. Elle est partie. Ça fait plus d'une minute que j'essaie de la réanimer. Elle a fait un arrêt cardiaque en te voyant jouir. Il n'y a pas d'autre explication.

– Mais... Elle n'avait que 25 ans...

– Roan, elle a été internée ici à l'âge de ses 16 ans et elle était atteinte d'un trouble dissociatif de l'identité ».

Je le regarde choqué. Et je prends conscience une énième fois de cette expression : "C'est quand on perd une personne, qu'on se rend compte à quel point on y tient". Je crois que pour la première fois de ma vie, je veux récupérer une âme. Son âme. La revoir et jouer avec elle au magicien.

« Je ne savais pas... C'était quoi... Son traumatisme ? il se lève et récupère un drap pour la recouvrir avant d'envoyer l'apprentie prévenir Laurence, de l'incident. Il me regarde tristement avant d'entrouvrir la bouche. Je vois du coin de l'œil, Lysandre se rhabiller et ma mère et Odette sortir de l'armoire, le regard porté sur le corps de Jeanne recouverte.

– Son père l'a violée à plusieurs reprises et sa mère n'a jamais porté plainte. Elle m'a raconté qu'elle dissociait lorsqu'il la touchait et la violait. Puis elle a eu son premier alter, un alter de protection des souvenirs.

– Comment ça ?

– Son alter... André protège les souvenirs de Jeanne. Il rejette les mauvais pour la protéger et lui montre que les meilleurs.

– Elle en avait combien ?

– 4 de ce qu'elle me disait. Le dernier est arrivé cette année. Sophia, une alter de vie. C'est elle qui lui ordonnait de se nourrir, de faire du sport pour rester en bonne santé, etc.

– Elle faisait un peu la maman.

– C'est ça. Elle est arrivée lorsqu'elle commençait à ne plus avoir envie de se nourrir. Je ne sais pas si tu y as fait attention.

– Si, oui, j'ai remarqué qu'à un moment donné elle ne se nourrissait que de pain et d'eau. Je ne comprenais pas pourquoi, d'ailleurs...»

Je me lève pour aller remettre mon caleçon à l'endroit et enfiler mon jogging avant de renfiler mes hauts, en m'excusant auprès de Lysandre, discrètement.

« Au fait, Jean-Mi, pourquoi était-elle hospitalisée si elle n'avait que le TDI ?

– Parce qu'elle ne pouvait pas rester chez ses parents et refusait d'aller en foyer. Alors, on lui a proposé de venir ici, et après, tu connais la suite.

– Et ses deux autres alters ? Elle t'en a déjà parlé ?

– À vrai dire, la Jeanne que tu connais, ce n'est pas elle. C'est Mia. L'âme de l'enfant. C'est elle qui ressort... Ressortait le plus. C'est elle que tu connaissais. Et c'est sûrement elle qui a dû entrer dans ta chambre. On pense et elle pensait, que si elle est apparue, c'était pour rattraper le temps où Jeanne n'a pas pu être l'enfant et vivre son enfance comme elle l'aurait dû. Alors elle lui montre l'innocence d'une enfant de 7 ans.
– Ils ont des âges les alters ?

– Oui. L'âge varie selon le caractère de l'alter. André, par exemple, à 23 ans. Mia, 7 ans, Sophia, 26 ans. Sophia, comme elle est la "maman" elle doit avoir 1 an de plus que le corps originel. Et Romain, à 24 ans. Lui, c'était "l'alter de l'amour" comme elle le disait.

– De l'amour ? je fronce les sourcils pour essayer de mieux comprendre son entendu.

– Romain apparaissait très rarement. Il arrivait lorsqu'elle était devant quelqu'un qu'elle appréciait, mais ne savait pas comment attirer l'attention de sa bien-aimée.

– Sa bien-aimée ?

– Maria. Elle l'aimait. Mais Maria n'aime personne.

– Oui, j'ai bien remarqué. À chaque fois que Jeanne lui faisait un câlin, elle la repoussait comme si elle était écœurée.

– Elle l'appelle "alter de l'amour", mais en réalité, c'est "l'alter du social". Jeanne, quand c'était elle qui contrôlait le corps. Elle était d'une timidité impressionnante. Elle parlait très vite dans sa barbe lorsqu'elle était anxieuse et avait l'alexithymie. je plisse les yeux en ne comprenant pas son dernier mot. ... Hum... Le CNEP ? Crise non-épileptique psychogène. En gros, lorsqu'elle n'arrive pas à dire ses sentiments avec les mots, elle le fait par le corps. D'où les câlins à répétition à Maria sans prévenir ou les caresses sur les joues de certaines personnes, les pincements et j'en passe. Et c'est souvent dans ces situations que Romain prend les rênes. Mais comme je te l'ai dit plutôt, l'alter le plus présent est Mia. Et c'était très fréquent que Mia dirige le corps, pour préserver Jeanne et qu'elle puisse prendre de la graine et sourire face à sa nouvelle enfance.

– Oh d'accord. Merci pour les explications » je laisse Jean-Michel expliquer la situation à Laurence et Nadia ; qui est arrivée en apprenant la nouvelle en même temps que la patronne ; et sors de ma chambre pour aller trouver Maria et voir son état.

Plus j'avance dans le couloir, plus je sens les personnes s'agiter. Certaines pleurent, certaines sont choquées, certaines sont impassibles et d'autres crient suite au stress ou à leur maladie.

Je retrouve Maria assise sur un fauteuil, dans la salle de jeux, les coudes sur les genoux, le menton posé sur ses points et surtout, les yeux grands ouverts, regardant dans le vide. Je m'approche d'elle et m'agenouille pour qu'elle sorte de ses pensées brumeuses.

Je ne sais pas quoi faire ni dire, alors je la regarde juste, attendant le moindre mouvement de sa part, me disant qu'elle est de nouveau sur Terre. Je sais que dans ces moments, il ne faut pas brusquer les gens en état de choc. Alors même si moi, on peut me brusquer, ce n'est pas pareil pour les humains "normaux". Maria n'a pas ce pouvoir de récupérer les âmes. Moi, je l'ai, donc dans tous les cas, je ne serais pas énormément choqué, car je sais que je reverrai la personne.

« Elle est partie sans me dire au revoir..., je relève la tête en la regardant droit dans ses yeux noirs qui me regardaient déjà.

– Je suis désolé. Si j'aurai su pour la porte je..., je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'elle me gifle la joue gauche et me saute dessus pour me frapper du peu de force qui lui reste. Ça fait mal. Et ça fait très longtemps qu'on ne m'avait pas frappé comme ça. Si j'étais encore maso, je rirai.

– TU LES AS TUÉS ! C'EST DE TA FAUTE SI ELLES ONT FAIT UNE CRISE CARDIAQUE ! TU NE MÉRITES PAS DE VIVRE ! quelqu'un arrive et réussit à l'enlever de moi. Comment ça "les" et "ont". Elle parle de Jeanne et ses alters ? Sûrement. C'est lorsque je me redresse, toujours au sol, que je comprends que c'est en fait, trois personnes qui sont présentes. LÂCHEZ-MOI ! C'EST LUI QUE VOUS DEVEZ TENIR ! C'EST LUI LE FOU ! IL... Il les a tués... Il a tué les deux seules personnes qui m'étaient chères...

– De qui tu parles ? De Jeanne et ses alters ?

– Jeanne ? Ah non. C'est Mia qui a causé la crise cardiaque, ce n'est pas de ta faute. Mais par contre, de tuer deux jeunes filles innocentes ne te posent aucun problème ! je ne comprends décidément rien de ce qu'elle me raconte. Je fronce les sourcils pour lui faire comprendre que je ne comprends vraiment rien et réfléchis pour au moins comprendre un morceau de ce qu'elle raconte.

– Tu fais l'innocent Lysandre ? elle le voit ? Je me tourne dans la direction de Lysandre qui se tient debout ayant la même expression que moi : l'incompréhension.

– "Lysandre" ? Tu le connais ?

– Bah, bien sûr que je le connais ! C'est l'assassin de mes deux meilleures amies » qu'elle s'exclame, me faisant sursauter face à cette révélation. Puis je réalise qu'elle doit me confondre avec lui, vu qu'elle ne regarde pas là où il est.

– Maria, je suis Roan. Lysandre s'est suicidé, deux jours après Eva et Katrina ! Il n'a pas voulu les tués ! Il ne l'a pas fait exprès ! Il était saoul, excité et il n'avait pas conscience de ce qu'il faisait ! Alors renseigne-toi avant de t'en prendre aux autres !

– Et je devrais m'excuser de t'avoir confondu avec cette pourriture ?! Je te préviens que tu y étais aussi ce soir-là » elle n'eut même pas le temps de finir sa phrase que les trois infirmiers la prennent en charge et lui injectent un calmant ne voulant pas de bagarre après la crise cardiaque de Jeanne, ou devrais-je dire de Mia.

Ce qui est sûr, c'est que même après 8 ans passés, je n'aime vraiment pas reparler de cette histoire, qui n'aurait jamais dû arriver. Pourquoi faut-il toujours qu'on revienne là-dessus ? Ce n'est pas moi le fautif, en plus ! Pff... C'est toujours la même chose de toute façon. Que ce soit Maria ou les parents, ils pensent tous pareil... "Lysandre a été lâche de ta faute", "Lysandre a été faible, à cause, de toi et ton masochisme", "Tu apportes que de la mort partout où tu passes" et ensuite, il y a les insultes répétitives du genre "Fils de pute", "Sale chien" ou encore "Sale pédé", "Ordure" et j'en passe...

Sur ces pensées d'une extrême positivité, je décide de me relever pour de bons et de retourner vers ma chambre. Je croise Laurence qui me stoppe à quelques mètres de ma porte.

« Roan, concernant ton appartement, tu vas y aller ce soir étant donné les circonstances, pour ne pas t'apporter de mauvaises ondes pendant ton sommeil. On a prévenu sa famille, sa mère en particulier et ses grands-parents et ils vont préparer un enterrement restreint. Tu es invité ainsi que Maria.

– Pour Maria, ça ira ?

– Pour l'incident ? Ne me fais pas ses gros yeux Roan, je suis la cheffe de ce service, on vient de me prévenir de ce qu'il vient de se passer..., elle fait un temps de pause en inspirant et expirant un bon coup avant de reprendre calmement, me regardant droit dans les yeux. Roan. Ne t'en fais pas pour ça. Ce n'est ta faute dans aucun cas. D'accord ? Maria, si elle se calme, elle pourra aller à l'enterrement, mais dans tous les cas, de la main d'œuvre sera présente pour vous accompagner.

– Jean-Michel pourra m'accompagner ? Il était déjà présent pour ma mère et il s'entendait bien avec Jeanne. Il la connaissait mieux que moi. Il se doit d'être présent.

– Bien sûr. C'était prévu. Nadia sera également présente. C'est elle qui s'en occupait le plus. Donc ne te fais pas de soucis. Bon, le seul bémol, c'est que tu t'y présenteras avec des menottes, car sur le papier, tu es censé être encore en prison à cause de l'histoire d'il y a 7 ans. Ça ne te dérange pas ?

– Oh, bah, tu sais, je commence à être habitué aux menottes devant des inconnus. je souris essayant de la rassurer même si ça me blase toujours autant de savoir que j'ai l'étiquette de "criminel" et de "fou allié".

– Au fait ! Une fois que la police sera là, pour nous interroger sur la cause de la mort, tu pourras aller récupérer tes affaires pour déménager à l'étage.
– Le cadavre est où ?

– Le personnel de la morgue est venu le récupérer pour l'apporter aux thanatopracteurs, tu sais, ceux qui s'occupe du défunt pour "l'améliorer" lors de l'enterrement et lorsque la famille et ses proches viendront le voir. Tu comprends ?

– Oui. Tu n'avais pas besoin de me donner la définition, je la connaissais déjà..., je me frotte l'arrière de la tête en souriant légèrement gêné qu'elle me prenne pour un débile.

– Ah... Désolée. C'est juste que tu as 28 ans maintenant et je te vois encore à tes 19 ans, tout ignorant et perdu... Bon, allez. Ça va le faire » je n'ose pas lui dire, mais je suis sûr que la fin de sa phrase, était un encouragement pour elle-même, suite aux trois décès répétés ses derniers jours.

Ça va faire 3 heures, que les policiers m'ont interrogés, et 3 heures que je suis assis sur cette banquette très confortable dans mon nouveau "chez moi". Odette adore cet endroit. Elle a le sourire aux lèvres. Je me demande si elle ne perdrait pas un peu la boule ? Lysandre visite les lieux, mais ce qu'il fait surtout, c'est tourné en bourrique. Quant à ma mère, elle est à mes côtés, me frottant le dos de temps en temps et tenant ma cuisse droite.

« Ce n'est pas ta faute, d'accord ? On va y aller, à l'enterrement et tu parleras pour elle. Jean-Michel sera là et Nadia aussi. Tu n'as pas à t'en faire, d'accord ? Tu n'es pas fou, mon chéri, et tu le sais mieux que personne..., elle m'embrasse la tempe gauche et je ne peux qu'être d'accord avec elle. Ils me l'ont prouvé que j'allais mieux, que j'ai amélioré mes problèmes, d'où le fait qu'ils m'ont prêté cet appartement. Ils me font confiance et c'est réciproque. Je vais leur montrer que je mérite leur confiance ! Si un jour, je les déçois, alors je me suiciderais comme je l'ai toujours voulu au fond de moi, mais j'espère, que ça n'arrivera pas de si tôt.

– Vraiment très beau cette couleur... C'est du bleu canard ou du vert canard ? chuchote Lysandre. S'il y a bien un truc à savoir avec lui, c'est que lorsqu'il est stressé, il s'intéresse à tout même à une miette de pain. Oui, il est maboul. Vous ne le saviez pas ?

– Je vais aller manger avec Nadia vu qu'elle me l'a proposé et ensuite, j'irai dormir. Faites ce que vous voulez du moment où vous restez à maximum, 10 mètres de moi » je me lève, avec cette culpabilité qui reste accrochée à moi, me chuchotant « La vérification est l'un des points les plus importants pour être discret » qu'elle aille se faire foutre la discrétion !

Aujourd'hui, c'est, un jour, important. C'est le premier jour où je décide moi-même de récupérer une âme. Ça ne m'était jamais arrivé. Ce n'était que du hasard. Mais aujourd'hui, je me dois de la récupérer ! Ou plutôt "les".

« Haaa... Quel temps de merde sérieux ! À croire que c'est scripté. je sursaute suit à cette intonation de Jean-Michel, venant de s'arrêter en plein milieu du chemin pour nous emmener à l'église pour l'enterrement du corps de Jeanne.

– Hmm. Au moins, il est en concordance avec nos émotions et sentiments. dis-je en m'avançant en direction des quelques marches de la porte principale pour ne pas attraper plus froid que je n'ai déjà.

– Heureusement qu'on est à l'intérieur...

– Même la famille de Jeanne qui l'a traité comme un moins-que-rien sans vouloir la comprendre, traite mieux un enterrement que l'on propre père avec ma mère.

– T'as toujours de la rancune ?

– Oh ! Nadia. Tu m'as presque fait peur. Mais non. Je n'en ai plus. Il ne mérite pas que je m'acharne sur lui. Il viendra par s'éteindre comme le moins-que-rien qu'il est » je finis ma phrase dans un murmure, en rentrant dans l'église. En y pénétrant, je sens comme plusieurs présences autour de moi, comme dans les cimetières, mais différemment. Ici, c'est une sorte d'aura cocooning. C'est chaleureux et doux. Aux cimetières, c'est comme si on me serrait très fort chaque partie de mon corps. Là-bas, je ressens tous les mal-êtres des âmes éteintes et perdues à jamais. C'est effrayant et à la fois insupportable pour réussir à respirer correctement. Mais j'y retourne, car c'est également l'endroit le plus puissant pour les sentir comme s'ils étaient toujours là, et sentir leurs touchers comme des vraies sensations de toucher.

J'ai mis très peu de fois les pieds dans une église, et encore moins ces dernières années. C'est comme si elle protégeait les âmes qu'elle aurait accueilli plutôt pour les apaiser et leur montrer la voie. Oh woh... Je n'ai jamais lu la Bible, mais c'est tout comme. Bientôt, je vais entendre "Lève-toi et marche". Il faut vite que je sorte de là, j'ai l'impression qu'on me purifie !

On s'installe sur les bancs et des regards pas discrets se jettent sur nous. Ils sont moches en plus... Je parle de leur regard, hein.

On doit attendre au moins 5 minutes avant qu'une personne ne se lève et demande le silence. Un silence pesant, un silence pas chaleureux, et surtout un silence qui ne donne pas envie de rester ici. La personne, qui est une femme assez âgée se présente en tant que grand-mère de Jeanne. Je vous avoue que je n'ai jamais été fan des discours, et encore moins sur des personnes que je ne connais guère ou très peu. Alors j'attends que ça prenne fin, jusqu'à entendre Jean-Michel se lever et se diriger au parloir.

« Bonjour... Je fais partie des psychologues de l'hôpital psychiatrique de Manhattan et je voulais dire quelques mots sur Jeanne et ses alters. À savoir, dans un premier temps, Jeanne était très timide et donc elle ne prenait pas souvent le contrôle de son corps. je vous passe les détails, ce sont les anecdotes qu'il m'a racontées le jour de sa mort.

Cette fois-ci, au lieu de respecter les souhaits de la famille, le temps a décidé de continuer de pleurer. Et il pleure fort en plus ! On entendra bientôt ses cris à cette allure...

« Quel temps de chien... Moi, il ne pleuvait pas autant de ce que je me souvienne..., je regarde Lysandre qui a un air de chiot abandonné sur le visage. Il pourrait être mignon, mais si je lui dis ça va casser l'ambiance.

– Hmm... N'empêche, tu méritais un temps comme celui-ci.

– T'es sérieux ? Genre, je suis un chien ? Je te rappelle qu'on a merdé tous les deux !

– Il a moins merdé que toi ! Je te rappelle que je suis morte par ta faute, enfant ingrat..., je les regarde débattre sur qui est le moins bien élevé entre Lysandre et moi avant de voir Odette debout sous la pluie froide.

– À mon époque, on disait que lorsqu'il pleuvait autant, c'est que le ciel n'avait pas prévu cette mort et pleure de cette disparition non contrôlée...

– C'est beau. je veux rajouter un petit mot, mais Nadia arrive avec Maria.

– Quel connard... Tu n'as même pas pleuré ?!

– Je ne la connaissais pas tant que ça. Je connaissais juste Mia, et non Jeanne.

– Tss... Quelle belle excuse... La prochaine fois trouve mieux, assassin... » merci Maria. J'entends un faible « Ignore-la » provenant de ma mère, ce que je fais.

En plus, je ne peux pas m'énerver parce que le vrai assassin, c'est Lysandre et il est mort et le seul truc qui pourrait lui donner autant de haine, c'est le fait que je lui parle encore, à l'heure qu'il est. Mais elle ne le sait pas, sauf si Nadia lui a parlé de mon trouble qui n'en est pas un vu que je suis passeur d'âmes ! Enfin, récupérateur d'âmes.

... Plus je le répète, plus je me dis que c'est vraiment un don étrange. Mais bon, je l'ai alors je l'accepte, hein !

Je sens qu'on me tire le bras en avant. Je regarde la personne qui me le tient, et ce n'est autre que Jean-Mi. Je lui souris et avance là où il m'emmène, sous son parapluie.

« La famille de Jeanne nous a demandé qu'on vous enlève les menottes, car ils ne sont pas à l'aise avec ça.

– Pour les souvenirs des parents de Jeanne ? il acquiesce d'un hochement de tête. Ça paraît logique. Même moi, ça me saoule de les porter, j'ai l'impression d'être ramené à il y a 8 ans avec Lysandre... Mais bon, comme on dit "Ça passera vite". il me regarde ne sachant pas si je lui parlais ou non. Jean-Mi, oui, je te parlais.

– Pardon Roan. C'est juste que j'ai pris l'habitude de ne pas te répondre quand tu te parles tout seul...

– T'inquiètes pas, je comprends... Et merci. il me regarde intrigué. Pour ne pas nous juger ou nous regarder comme des non-naturels.

– C'est mon travail Roan. C'est normal » il pose sa main gauche sur mon épaule droite et nous avançons pour aller jusqu'à la tombe.

Le cimetière est en face de l'église, si bien que les deux porteurs professionnels et les 4 hommes de la famille de Jeanne portent le cercueil jusqu'à sa tombe. Le restant des proches, et nous y compris, avançons derrière, en silence. Ou presque. J'entends certaines personnes murmurer des injures sur sa mort. Non mais il y en a, ils n'ont vraiment aucun respect des morts !

On entre dans le cimetière où les frissons cumulés à cause de toutes ces âmes, me fouettent le corps, en plus du froid de la saison automnale.

On marche quelque temps avant d'arriver à la tombe de Jeanne et ses alters. Le cercueil est en train de descendre dans le fossé créé par les fossoyeurs. Les grands-parents de Jeanne s'approchent de celui-ci, et lâche une boîte métallique, qui atterrit en un bruit sourd. Je comprends que ce sont ses affaires personnelles auxquelles elle était attachée. Puis sa grand-mère s'agenouille pour venir placer ses mains devant sa bouche, comme si elle priait, avant de les éloigner d'elle et de les ouvrir paume face au ciel. Les yeux fermés, elle murmure des paroles en un Latin bizarre et écarte lentement ses mains faisant tomber des pièces d'or. En-tout-cas, ça y ressemble. Elle resserre ses mains et les ramène à son cœur, avant de rouvrir les yeux lentement et de se relever. C'est captivant, mais à la fois flippant ! On croirait une chamane !

C'est une fois que tout le monde à lancer leurs fleurs ou leurs lettres et j'ai même cru voir un mégot, j'espère que j'ai mal vu et que c'était autre chose parce que le manque de respect, serait très haut ! Que les deux porteurs professionnels, recouvrent le fossé une fois les sangles enlevées, qui servaient à descendre le cercueil.

C'est peut-être parce qu'il y a trop de monde qu'elle n'apparaît pas... Alors je reste là, devant la tombe où est inscrit : Jeanne Caradja, Fille, Petite-fille, Amie, née le 08 janvier **** décédée le 10 octobre ****. Jean-Mi m'attend un peu plus loin, m'observant. J'avoue que pour ce que j'ai à faire, je m'en fiche qu'il m'observe.
Alors je m'assois par terre. Hmm... Mauvaise idée. J'ai les fesses toutes mouillées maintenant. Je me redresse pour me mettre simplement accroupi. J'étire mon bras droit pour toucher le marbre du couvercle si on peut appeler ça comme ça et me fige. Jeanne est là. Accroupi, les bras refermés sur ses jambes et le regard dans le vide. Elle paraît effacée. Et c'est lorsque je la détaille, que je réalise qu'elle ne porte même pas une seule couleur. Ses yeux ne sont plus verts, mais gris. Elle est en noir et blanc. Alors par réflexe, je regarde mes âmes, mais elles sont colorées. Enfin, comme d'habitude.

« Jeanne. Tu te souviens de moi ? Je suis Roan. Tu sais, je faisais des tours de magie à Mia. à l'entente du prénom, elle pose ses yeux sur moi.

– Oui, je me souviens. Pourquoi tu me vois ? Je suis morte.

– Je suis un passeur d'âme.

– Plutôt un récupérateur d'âme abandonnée ! dit fièrement Lysandre en s'approchant de Jeanne. Moi aussi, je suis mort. Il y a bien longtemps. Un suicide exactement.

– Jeanne... Pourquoi tu es en noir et blanc ?

– Je... Je ne sais pas... Je pense que c'est à cause de ma grand-mère. Elle est grecque.

– C'est quoi le rapport ? Lysandre et moi demandons en même temps avant de recevoir une petite tape à l'arrière de nos crânes. Sûrement ma mère. Ah bah non, c'est Odette.

– Aucune culture... Non mais j'hallucine ! En Grèce Antique, ils avaient l'habitude de placer des pièces d'or sur les yeux des défunts pour qu'il puisse payer le passeur qui leur permettrait de traverser le Styx, un fleuve mythique qui sépare ton monde et de celui des morts. J'ai étudié la mythologie grecque et romaine, je sais ce que je dis !

– Eh bah ça pour une surprise, c'est une surprise... Donc j'imagine, que les pièces d'or aspirent les couleurs et l'âme par la même occasion avant de partir au paradis ? elle hoche la tête suite aux dires de ma mère, qui était restée silencieuse depuis le début de l'enterrement.

– Roan... Si tu es là, c'est que tu veux me dire quelque chose, non ?

– Oui... Je voulais simplement te dire que je suis désolé d'avoir provoqué ta mort... Enfin, votre mort. Si j'avais su, j'aurais pu attendre avant de... De... Fin voilà.

– Ce n'est pas ta faute. Mia était très vite choquée. Le moindre petit truc lui faisait accélérer les palpitations du cœur. Heureusement que Sophia était souvent éveillée pour la calmer. Malheureusement, là, on n'a rien pu faire. C'est allé trop vite.
Elle se frotte la tête dans ses bras, sûrement pour enlever ses larmes qui commençaient à couler. Elle relève la tête et me sourit.

« Tu sais Roan, tu n'as pas à t'en faire. Ne culpabilise pas. Mon heure est venue. sur le coup, je ne comprends pas pourquoi elle me le dit et c'est lorsque je baisse les yeux sur sa tombe que je vois à travers elle. Elle part pour de bons. Roan... On te pardo. l'endroit où je regardais n'est maintenant plus flouté ou gêné par des nuances de gris.

– Elle a disparu ! Roan ! T'as vu ça ! Elle est partie ! crie Lysandre.

– J'ai vu. Et c'est mieux ainsi. Aucune âme ne peut rivaliser avec la sorcellerie.

– Bah... Attends-nous ! Tu vas encore dire qu'on s'éloigne de toi  » je l'entends murmurer des sons inaudibles et j'arrive à hauteur de mon psy préféré.

Il me fait comprendre qu'il est temps qu'on rentre. Donc on sort du cimetière et part dire au revoir à la famille de Jeanne et aux autres invités, même ceux qui n'ont aucun respect des morts.

Pendant tout le voyage, je reste silencieux et pensif. Je ne suis pas dans la lune. Je suis simplement en train de réfléchir à ce putain de "comment" et à ce putain de "pourquoi". Comment c'est possible de voir et de communiquer avec des âmes liées à moi et à ma famille ? Pourquoi Jeanne est partie alors qu'elle est morte par ma faute ? Et intérieurement, il y a cette petite question, "Quand suis-je devenu passeur d'âme ?". Mais celle-là, j'aurai encore plus de mal à y répondre que pour les autres.

J'entends Jean-Mi parler et ma mère essayer de me détendre, si puis-je dire. Parfois, j'aimerais être seul. Seul dans le sens : seul avec personne autour de moi. Et que je puisse réfléchir sans sentir d'auras à mes côtés. Parce que je vous jure, que c'est stressant. Imaginez une scène où votre patron et plein d'employés sont derrière vous. Bah, je vous jure que c'est le même ressenti. Stressant, perturbant et chiant. Sauf que la différence est présente. Vous, si vous n'êtes vraiment pas à l'aise, vous pouvez partir, vous en éloigner. Alors que moi... Moi, si je m'enfuis sans prévenir, mon cœur se sert si fort qu'on pourrait croire qu'on l'essor pour le vider de son sang. Horrible n'est-ce pas ? Bah, c'est l'image à laquelle je pense à chaque fois que je m'éloigne de plus de 10 mètres de mes âmes.

Ça peut être un avantage de les avoir, mais c'est également un énorme défaut pour vivre. Surtout quand tu es dans une zone avec beaucoup de partage social. Tu as beau te concentrer sur ce que dit la personne en face de toi, sur les voitures qui passent, sur les animaux dans les prés ou sur la nature tout simplement, tu en auras toujours un qui ira faire une connerie et te foutre la trouille de ta vie.

En même temps, à partir du moment où tu t'habitues à voir les mêmes personnes, pendant des semaines, des mois ou pour ma part, des années. T'oublies souvent qu'ils ne sont plus vivants et tu réagis directement sans réfléchir et tu te fais passer pour un fou. Ma mère en est la preuve.

Une fois arrivée, je me précipite dans mon appartement et me déshabille pour me glisser sous la douche et détendre mes muscles à l'eau chaude.

Le lendemain matin, hier, je me suis réveillé avec une coupe affreuse, si bien que lorsque je suis descendu pour mon rendez-vous avec Jean-Mi, Nadia a vu ma touffe de cheveux et s'est précipitée sur moi, pour me les arranger. Malheureusement, mes cheveux sont de la team incoiffable lorsqu'ils sèchent sur un oreiller et non avec un sèche-cheveux ou une simple serviette. Laurence est arrivée dans le couloir au moment où je souffrais et me faisait insulter le plus. En même temps, à partir du moment où une personne te tire fort les cheveux en arrière pour défaire un nœud, c'est normal de se plaindre. Mais pour elle non. Elle m'a quand même traité de "chochotte", de "tapette" et d'"imbécile" qui ne sait même pas prendre soin de lui". Depuis, je la boude. Je suis sûr, elle m'a arraché plus d'une touffe de cheveux ! Mes pauvres enfants... Enfin bon, je disais que Laurence était arrivée pour me dire que Jean-Mi avait une course à faire, donc notre rendez-vous a été déplacé à aujourd'hui.

Et aujourd'hui, mes cheveux se sont à peine améliorés et depuis que je suis arrivé au rendez-vous, Jean-Mi, ne fait que m'envoyer des piques à ce sujet. Je suis à deux doigts de me moquer de son ventre, mais me retiens par respect. Parce que moi, j'en ai.

« Bon, soyons sérieux... Tu ne vas vraiment rien faire pour tes cheveux ? et c'est reparti. Je le regarde blasé.

– Notre rendez-vous est basé sur mes cheveux ou bien, sur autre chose ?

– Oui, oui pardon. Mais c'est juste que c'est perturbant ta coupe. On dirait une coupe de manga. Bon... Alors, pour continuer, la semaine dernière, on parlait de ce que tu voulais changer ou modifier dans ton passé, aujourd'hui, tu vas me dire, comment tu te sens depuis l'enterrement de Jeanne et ton autonomie dans ton appartement.

– Tu veux que je commence par quoi ?

– Dis-moi ce que tu ressens.

– Et bien... Faut dire que depuis la crise cardiaque, il y a une atmosphère étrange ici, et Maria n'arrange pas la situation vu sa façon de me regarder. Depuis qu'elle s'est jetée sur moi, je me demande ce que j'ai bien pu faire pour mériter une telle haine, et le fait qu'elle connaisse Lysandre, et le crime qu'il a commis, me rend perplexe. Cette affaire s'est ébruitée à Ibiza, mais jamais ici.

– Maria quand elle est arrivée, elle nous donnait l'impression qu'elle cherchait quelque chose. Elle regardait partout, chaque visage et ça effrayait certains patients. Quand elle a rencontré Jeanne, c'est comme si elle s'était apaisée. Je me souviens du premier jour où Jeanne a vu Maria. Elle était vers moi, et m'a chuchoté "On dirait une sorcière. Elle fait flipper". Ça m'a fait rire, parce que je le pensais au fond de moi.

– Mais en soit, Jeanne, elle n'était pas folle. Donc si elle avait eu un lieu où habiter, elle n'aurait pas passé son temps ici.

– À vrai dire, Jeanne avait un lieu. Elle pouvait vivre chez ses grands-parents. Mais elle était attachée à nous, et ici, c'était comme sa maison donc partir, l'aurait plus attristée qu'autre chose. Bon ! Revenons à nos moutons !

– Oui, oui... Bah du coup... Je ressens comme un mal-être quand je suis avec Maria, ou même quand je l'aperçois. C'est comme si elle avait d'horribles ondes autour d'elle et lorsqu'elle me regarde, elle m'emprisonne. C'est une sensation trop bizarre, mais c'est ce que je ressens.

– Et ce, depuis son décès ?

– Oui. Avant, on rigolait ensemble. Maintenant, c'est limite si elle me dit bonjour. Voir pas du tout en fait. Je pense qu'elle me déteste d'avoir causé la mort de Jeanne...

– Mais ce n'est pas de ta faute. Tu ne pouvais pas savoir que Mia était présente à ce moment-là, et surtout, tu ne savais pas que ta porte ne se fermait pas à clé.

– Bah, en même temps, personne n'était rentré dans ma chambre sans toquer ou autorisation. Comment je pouvais le savoir ?

– Je sais Roan. Mais ce n'est pas de ta faute. Je suis sûre, que si elle était encore là, elle te dirait la même chose. et c'est le cas.

– Bon, sinon, pour l'appartement, ça va. Ça se passe bien. Même si j'ai toujours autant de mal à me motiver à faire la vaisselle ! du coup, c'est ma mère qui le fait. Jean-Mi rigole en se frottant la main sur le visage.

– Je te comprends... Mais moi, j'ai un lave-vaisselle !

– Espèce de narguer...

– Moh, pauvre chou ! Dis-toi, au moins, tu n'as pas besoin de le remplir, ranger et nettoyer les filtres bouchés !

– Oui, mais toi, c'est plus rapide vu que tu peux faire le mode éco, le mode 30 minutes, et j'en passe ! En plus de ça, tu n'as pas à te casser le dos et à avoir les mains toutes sèches après !
– Tu veux de la crème ? Nadia en a, tu iras lui en demander une spéciale pour peau après vaisselle. Et en même temps un sèche-cheveux.

– Et ton ventre, on en parle ? c'est sorti tout seul. Pardon, mais depuis tout à l'heure, tu me charries sur mes cheveux alors pardon, mais pas pardon.

– Excuse acceptée. Tu veux rajouter quelque chose à cette séance ou bien, tu veux y aller ?

– Je veux bien y aller parce que je sens les conneries arriver et surtout que ça va faire 3 fois qu'on dévie du réel sujet.

– Je suis d'accord ! Une petite pause s'impose ! On se retrouve ici dans 1 h. Ça te va » je lève le pouce droit comme réponse et sort vite de la salle pour rejoindre les petits coins. On ne dirait pas, mais rester dans la même position pendant presque 1 h et parler et rire, ça fait travailler la vessie.

Quand je ressors, Laurence me rentre dedans et s'excuse en même temps que moi.

« Roan ! Ça va ? Bien dormi ?

– Ouais, ça va. Et toi ?

– Très bien, merci. Au fait, comme je t'ai devant moi, je voulais te montrer quelque chose. Tu as du temps ?

– Oui. 1 h pour être exact.

– Parfait ! Alors suis-moi. je la suis intrigué de ce qu'elle a à me proposer. Hier, je faisais du tri dans les affaires, surtout dans le débarras, et j'ai trouvé pas mal de vieilleries utiles, voir sympas, qui pourrait te servir en décorations ou autre. Tiens, c'est ici, je te laisse regarder et tu viens à mon bureau pour me dire si oui ou non, tu prends certains objets. Comme ça, je pourrais plus facilement faire du tri.

– Oh d'accord. Bah, merci de penser à moi » je lui souris simplement et elle fait de même, mais avec plus de pêche. Je rentre dans la petite pièce. Je suis accueilli par plein de cartons plus ou moins remplis. Des lampes de chevet, des bougies, des carnets, des stylos, des feutres, des feuilles volantes, des classeurs, 2 - 3 ballons de foot, des frisbees, des chaises,tabourets, des couvertures, des dessins, des poupées en porcelaines, bien flippantes en passant. Des figurines de Pokémons, des... Smiskis ? Des bonhommes fluorescents. Des figurines de Tintin et de Wakfu. Il y a aussi des livres. Des livres sur la philosophie, la psychologie, sur le cerveau, la folie, l'amour, les sentiments, les émotions, les enfants et les maladies chroniques. Bref, des livres qui vont bien dans le thème de ce bâtiment.

Je décide de prendre un carton vide, et d'y mettre ce qui m'intéresse. Comme les figurines de Pokémon, Wakfu, Tintin. Les Smiskis, je les laisse parce que la nuit, je vais m'alarmer pour un rien. Je prends aussi un ballon, parce que je m'ennuie. Et je pourrais peut-être m'amuser avec Lysandre d'une nouvelle manière... Je prends aussi des livres, "Les Maladies Chroniques", "Beau la folie" et "Sentiments de pardon". Je me dis que ma mère et Odette seront peut-être tentées de lire, et puis moi, ça peut m'intéresser aussi. Je les place dans le carton et je me rends compte que je n'ai pas d'heure sur moi. Alors je me dirige vers la sortie pour aller trouver l'horloge dans le couloir, mais je n'ai pas le temps de faire plus de pas que je tombe sur quelqu'un, littéralement.

« Oh, pardon, désolé, je me suis emmêlé les pieds... Oh, Maria. Ça va ? Je t'ai blessé ?

– Non, ça va, tu ne m'as pas blessé...

– Ah bah tant mieux alors... je me fais couper la parole et reste ahuri.

– Tu m'as carrément brisé ! J'ai dû faire croire à tout le monde que j'étais malade. Que je déprimais, que j'avais besoin d'être enfermé pour pouvoir me venger sur vous. De vos conneries ! Alors si je suis vraiment devenue folle, tu ne peux que t'en prendre à toi ! C'est de votre faute qu'on me drogue de ses calmants ! Soit disant que je suis "tarée", que j'essaie de me sortir de cette "déprime" en passant par tous les moyens ! Mais je ne le suis pas ! Tu comprends ?! Hein, tu me comprends vu que tu as passé 6 ans ici alors que tu es juste masochiste et que tu converses tout seul depuis la mort de ta mère » je comprends qu'elle parle de cette nuit où tout est parti en couille et c'est sans m'en rendre compte que je pleure. Je pleure d'un manque et de regrets profonds. D'un manque d'avant. D'un manque de vrai touché. De regrets de ne pas avoir réalisé que c'était bel et bien du sang sur ce foutu matelas. De regretter d'avoir préféré me faire jouir deux fois, pour mon propre plaisir et celui de mes partenaires alors que deux jeunes filles, de 20 ans, agonisaient sur le lit de notre chambre d'hôtel, à Ibiza.

– Pars » voilà tout ce que je réussis à prononcer avant de sangloter. Je crois devenir fou ! Je me revois dans cette pièce avec qu'un seul matelas indéchirable, au sol. Les murs orange saumon en mousse, le sol également, de la même teinte. Je m'effondre au sol, n'arrivant pas à me sortir de ce souvenir. J'y suis bloqué. Il faut que je me réveille ! Il faut que j'ouvre les yeux ! Il faut que je me reconnecte à la réalité !

Je sens qu'on me secoue pour me réveiller, mais je panique tellement que je commence une crise. Une crise de panique. Une panique tellement intense que je manque de respirer à plusieurs reprises. Les battements de mon cœur s'accélèrent, me donnant le vertige, coincé dans cette même pièce. Mon souvenir change. Les murs se rapprochent, j'ai de plus en plus de mal à respirer, le plafond s'éloigne de moi. Les lumières clignotent au rythme de mon cœur. Je perds tous mes repères, je perds tout sens du lieu où je me trouve, de qui est avec moi, de qui est dans ma tête, de qui est accroché à mon cœur, je ne comprends plus ce qu'il se passe. Je réussis à ouvrir les yeux, mais tout est noir. D'un noir si profond que sans vraiment comprendre, j'en ai des hauts le cœur. Je ne sais pas quoi faire, je suis dans l'incapacité de réfléchir. Je deviens fou. Alors je crie. J'appelle à l'aide, mais je m'entends en double, en triple, en quadruple. Ma voix se transforme en écho, j'ai tellement mal à la tête que j'en ai l'impression que mes oreilles saignent ! J'ai chaud, mais je suis gelé. Je crie encore et encore, essayant de communiquer même si je n'entends rien, mais rien ne se passe, mis à part ce maudit écho infernal qui continue encore et encore dans ma tête. Je me sens loucher, je me sens partir. Partir où ? J'en sais rien, mais ce que je sais, c'est que j'aimerais vraiment que tout s'arrête, que cette torture disparaisse de mon corps et que je revienne à moi pour pouvoir aller sauver les âmes d'Eva et Katrina, qu'elles puissent vivre encore un peu plus, même si c'est par de là le naturel.

Je referme donc les yeux et essaie de me calmer, apaisant mes muscles contractés et ce cœur qui a du mal à ralentir sa forte course. C'est en étant enfin calmé que je rouvre mes yeux et que je revois, ce même plafond orange-saumon et ses lumières jaunes m'illuminant les yeux. Pourquoi je suis encore dans mon souvenir ? Pourquoi j'ai l'impression que c'est réel cette fois ? J'essaie de me redresser, mais quelque chose me bloque. Une main, deux mains, trois... Quatre mains ? « Maman ? Lysandre » que je prononce essayant de deviner à qui elles appartiennent.

Je relève la tête et les yeux vers le haut du corps de ses mains qui me maintiennent fortement. Je suis sans voix, lorsque je vois Jean-Michel et Laurence me tenir de force. Laurence à l'air d'avoir moins de rides que tout à l'heure, et Jean-Mi à moins de cheveux gris et le visage plus affiné. Il s'est fait une couleur et un régime intensif après avoir parlé de la mort de Jeanne ? En seulement 1 h ?!

« Que..., ma bouche est pâteuse, signe que j'ai soif. Jean-Mi... Je peux avoir à boire s'il te plaît ? il me regarde étrangement. Il tourne la tête en direction d'une infirmière ; que je ne reconnais pas. Elle vient sûrement d'un autre service psychiatrique ; et lui demande d'aller chercher une bouteille d'eau minérale. Il se retourne vers moi, les sourcils froncés. Laurence en profite pour me foutre une petite lampe de poche devant chaque œil pendant quelques secondes.

– Les pupilles sont redevenues normales... La température de son corps est redevenue normale, 36,7 °C. elle m'enlève un thermomètre de ma bouche. Je ne l'avais même pas remarqué quand j'ai parlé... On va te donner à boire, mais il faut que tu sois compréhensif. Tu ne nous craches pas dessus, tu avales, et tu te laisses faire. C'est compris ?

– Oui, mais... Pourquoi ? je dis les sourcils toujours autant froncés ne comprenant pas ce changement d'attitude de la part de Laurence alors qu'il y a quelques minutes elle me parlait de ma décoration de mon nouvel appartement... Le verre d'eau s'approche de mes lèvres et je les laisse faire. Je sens le liquide frais dans ma bouche et lorsque je l'avale, je le sens passer tout le long de ma gorge. Que ça fait du bien de se réhydrater. J'ai l'impression que ça fait des heures et des heures que je n'ai pas bu ! Alors que ça fait juste... Ouais, bon, ok, ça fait 3 heures.
Une fois, le verre vide, Jean-Mi se penche pour se mettre à mon niveau. Il place ses mains sur ses hanches et sourit légèrement en me regardant.

« Roan. Comment te sens-tu ?

– Je... Je ne comprends pas pourquoi vous m'avez ramené dans cette pièce alors que j'allais changer de décoration de l'appartement que. je n'ai même pas le temps de finir ma phrase que Laurence m'interrompt.

– L'appartement ? De quoi tu parles ?

– C'est un test ? C'était un test, c'est ça ? Vous vouliez savoir comment je vivrai seul, dans un appartement isolé des "fous". Vous êtes cruel ! je hurle, mais regrette vite. Un mal de crâne intense me prend d'un seul coup.

– Roan ! Tu as mal à la tête ? Apportez du Dafalgan avec une bouteille d'eau » crie Laurence à l'infirmière de tout à l'heure.

Bordel, mais que se passe-t-il ? Qu'est-ce qu'il s'est passé pour que je me retrouve encore là ? La dernière chose dont je me souviens, c'est Maria qui essayait de m'étrangler en me criant dessus... Ou alors je suis mort ? Ou dans le coma ! C'est peut-être pour ça que personne ne me comprend et que je ne comprends pas mon arrivée ici...

C'est sans m'en rendre compte que j'avale le médicament avec l'eau de la bouteille, que me fait boire Jean-Michel. Ce n'est définitivement pas la même personne que tout à l'heure. À moins que tout à l'heure soit en fait des années ? Je vais peut-être paraître idiot, mais je vais demander la date d'aujourd'hui pour être sûr. Je repousse donc la bouteille et respire un bon coup avant de poser ma question.

« Question conne, mais... On est quel jour ? je regarde à tour de rôle les 3 personnes dans la pièce et vu leur réaction, ils ne devaient pas s'attendre à ce que je dise ça.

– On est le 28 juillet. à l'entente de cette date, je réalise que dans moins de 10 jours, sera le jour de l'enterrement de ma mère.

– Et il s'est passé combien de temps avant que je ne me réveille ?

– Avant que tu ne te réveilles ? Laurence paraît encore surprise de ma question. Décidément, je suis le roi, pour les surprendre.

– Ton dernier réveil, date d'hier matin et hier soir, tu t'es endormi d'un seul coup, enfin, c'est ce qu'il y paraissait. m'apprend Jean-Mi.

– Donc j'ai juste loupé une nuit ?

– Comment ça loupé ? la patronne fronce les sourcils, ne comprenant pas ma réponse.

– Tout ce dont je me souviens, c'est de Maria qui m'étranglait en me criant dessus et en m'appelant "Lysandre"» je les regarde, d'un air paniqué, et je comprends que quelque chose s'est passé vu leur sérieux et les visages impassibles qui me regardent.

« Elle est morte ? que je réussis à dire.

– Roan... Je ne sais pas qui est cette fameuse Maria, mais ce qui est sûr, c'est que, juste avant que tu te réveilles tout à l'heure, on t'a trouvé en train de t'étrangler toi-même en murmurant le prénom de ton ami défunt... "Lysandre".

– Non, non, ce n'est pas possible... C'est Maria qui m'étranglait. Ça ne peut pas être moi... J'apprenais tout juste à connaître Jeanne et ses alters...

– Jeanne ? La fille atteinte de TDI intensif ? me demande Jean-Michel.

– Oui. C'est même toi qui m'as expliqué son symptôme ! Tu m'as même expliqué ta supposition de la cause de son arrêt cardiaque !

– Son arrêt cardiaque ? Mais Roan... Jeanne est vivante... Elle n'est pas morte ! Et je ne t'en ai jamais parlé. Ça fait à peine 2 semaines que tu es là. Comment aurais-tu pu la rencontrer ?»

Mal. De. Crâne. Retournement. De. Cerveau. C'est bon ? Je ne comprends pas. Je cherche des yeux mes âmes, mais ne les trouve pas. Je sens la crise de panique arriver. Comment c'est possible ? Pourquoi je n'ai pas eu mal au cœur comme d'habitude ? Est-ce que cette pièce éloigne les âmes perdues ? Pourquoi j'ai l'impression d'être retourné dans le passé ?

Je vois trouble. Je me disais bien que c'était impossible de revenir dans le passé. J'ai simplement été trop loin de mes âmes. Je vois trouble. Il manque plus que le cœur qui se sert pour que mes doutes s'effacent et tout rentrera dans l'ordre !

... Sauf que j'ai beau attendre, lorsque je rouvre les yeux, j'ai toujours mal à la tête, mais moins. Je ne vois plus trouble, mais mes joues sont humides. Je réalise que si je voyais trouble, c'était surtout, à cause de mes larmes et non de l'éloignement. Mais une chose est sûre, c'est que je suis toujours dans cette pièce qui te fait sentir atrocement seul et en face de ces deux personnes que je connais très bien, mais à l'apparence complètement différente.

« Bon, Roan, comme vous êtes réveillé... Il faut que vous sachiez que votre père veut vous voir à l'enterrement de votre mère. Il se passera le 06 août. Il vous attendra le temps qu'il faudra.

– Je ne comprends pas... Comment ça se fait que je sois revenu dans le passé ? Et pourquoi vous vous mettez à me vouvoyer ?

– Dans le passé ? Roan, vous avez toujours été ici.

– Mais... Qu'est-ce que ça veut dire...

– Roan... Si vous préférez, on peut vous tutoyer. Ça vous mettra peut-être plus en confiance. je hoche la tête positivement, reprenant un peu mes esprits. J'ai peu de ce qu'elle va m'apprendre. Je n'ai pas envie de savoir la vérité, mais en même temps, la curiosité l'emporte et je me vois attendre qu'elle crache le morceau, tant redouté. Tu as été hospitalisé dans notre établissement pour avoir causé la mort de ta mère, mais plus particulièrement pour ton trouble mental.

– Et vu les évènements passés, on devine quel trouble te correspond le mieux. surenchéris Jean-Michel. Là, je peux clairement dire, que je me fais dessus. Je suis donc vraiment fou ?

– Et... Quel est ce trouble auquel vous pensez ? réussis-je à dire, en regardant Laurence droit dans les yeux.

– Hum... Avec les faits d'aujourd'hui, et des 2 semaines qui ont suivi... On suppose que tu es atteint de Psychose-hallucinatoire chronique.

– Hallucinatoire... Ça veut dire que les 8 ans passés dans cet établissement et la petite sœur de Lysandre, n'existe pas ? les larmes ne me montent rien qu'en imaginant Anaïs disparaître d'une vie que j'aurais imaginée.

– Roan... Ce trouble atteint normalement les personnes âgées et en particulier, les femmes. C'est extrêmement rare de trouver un patient de ton âge avec ce trouble.

– Bah alors, ce n'est pas ça.

– Roan... On va te poser des questions, et tu nous réponds honnêtement, tant pis si c'est gênant. Compris ? j'acquiesce lentement de la tête, m'inquiétant des futures questions de Jean-Mi. Il prend une inspiration avant de se tourner vers Laurence et l'apprentie. Il leur demande de sortir, nous laissant entre hommes. Bon. Quand as-tu eu ta première hallucination ?

– Après la mort de Lysandre. Enfin, plus précisément, à son enterrement. Je suis rentré dans le cimetière et en disant "pauvre con" je l'ai vu. Je pensais que j'hallucinais, mais il m'a embrassé et j'ai compris que c'était réel. Je te jure Jean-Mi ! Lysandre, il n'aurait jamais fait ça !

– Tu l'aimes ?
– Quoi ?

– C'était quoi ta relation avec lui ?

– Un ami. Mon seul ami. Mais c'était surtout mon meilleur coup.

– Vous étiez sex-friends, je me trompe ? je le regarde surpris. Vu son petit rictus au coin de ses lèvres, je constate que je lui ai répondu sans même avoir eu besoin de parler. Vois-tu, Roan, dans ce genre de relation, il est possible de tomber amoureux de ton partenaire sans t'en rendre compte.

– Oui, je sais. Mais ce n'est pas de l'amour. Lysandre et moi, se complétions, c'est tout. Il était sadique et moi masochiste. On était le duo parfait. Jusqu'au jour où il a surestimé mon masochisme. Il a sauté voulant me faire plaisir une dernière fois, mais c'était l'inverse. Lysandre et moi, étions très attachés à nos familles. On détestait les décevoir, alors lorsqu'on était au poste de police, on n'a pas arrêté d'imaginer leur réaction, face à l'annonce de ces deux jeunes filles mortes.

– Qu'est-ce qu'il t'a le plus blessé ? La culpabilité de Lysandre qui l'a poussé à se suicider, ou à vos familles qui étaient déçues ?

– Je pense que ça a été les deux. Lysandre adorait ses parents, il pouvait paraître comme le cancre de la classe, mais lorsqu'il y avait des examens, il se donnait à fond pour rendre fier ses parents. Je me souviens d'un jour, en 3ème, c'était le jour d'un contrôle en histoire-géo, et il avait oublié de réviser, bah, il n'arrêtait pas de supplier le prof pour le déplacer pour au moins réviser pendant 1 jour. je rigole en repensant à cette mémorisation, datant de 5 ans maintenant. Enfin, 5 ans, c'est bien la vérité et non une hallucination que je crée.

– Je comprends mieux. Lorsque tu parles de lui, tu as les yeux qui pétillent. Comme si tu parlais d'une star ou de quelqu'un que tu enviais. Je me trompe ?

– Non, c'est vrai. Lysandre, je l'admirais. Il m'a aidé et m'a appris énormément de choses que je sais aujourd'hui. Je ne le remercierais jamais assez pour ça.

– Bien, et donc Lysandre, a été ta première hallucination, n'est-ce pas ? je réponds un bref "oui". T'a-t-il déjà menacé ou insulté ?

– Ça compte les menaces sexuelles ? il me regarde droit dans les yeux avant de pouffer de rire. Il reprend vite son sérieux avant de me regarder avec un regard apaisant.

– Toutes les formes de menaces comptent.

– Alors oui. Il se trouve que le 12 juillet, le jour de la mort de ma mère, il se frottait à moi et j'en ai eu tellement marre, que je lui ai crié "Pourquoi tu me gâches la vie comme ça", sauf que c'est ma mère qui l'a pris pour elle et logiquement, elle a pas accepté mes propos et m'a giflé, m'a fait une leçon de morale et Lysandre n'a pas aimé qu'elle parle mal de lui et l'a étranglé. J'ai voulu l'arrêter, mais en prenant ses poignets, j'ai réalisé trop tard que je finissais son travail, vu que je passe à travers. Une larme m'échappe, glissant sur ma joue gauche avant de tomber sur ma main droite posée sur mon bras gauche.

– Et... Lorsque tu étais plus jeune, est-ce que tu rêvais éveillé ?

– Rêver éveillé ? C'est-à-dire ?

– Je veux dire par là, des scénarios. Est-ce que tu te créais des scénarios de rêves dans ta tête ?

– Oh ça... Oui, ça m'est déjà arrivé, surtout lorsque je ne sais pas ce qu'il va se passer après, lorsque je suis dans l'inconnue. Tu vois le genre ?

– Oui, je vois très bien... Dis-moi, tu t'es déjà demandé si tout ce que tu vivais était réel ? je le regarde surpris puis fronce de nouveau mes sourcils pour comprendre où il veut en venir.

– Pourquoi ce ne serait pas réel ? Qu'est-ce que tu essaies de me faire comprendre ? Je suis paranoïaque, c'est ça, la conclusion à toutes tes questions et regards ?

– Roan... On t'a dit de quel trouble tu pouvais être atteint. Tes réponses sont des preuves pour le résultat final. Et de ce qu'il en est, et de ce qu'on a pu observer, on pense bel et bien que c'est le PHC.

– Donc je suis encore maso...

– Pourquoi tu dis ça ?

– Je m'invente une vie, je me fais du mal en faisant les gestes des personnages de mes scénarios et... Et j'invente des personnes que je chéris... Je suis maso. On ne peut décidément pas s'en débarrasser. Quel con que je suis... Comme si je pouvais avoir un appartement ici...» je souffle avant d'inspirer un bon coup et de tout expirer. J'irai à l'enterrement pour voir comment ça va être par rapport à mon "imagination", et ensuite, je verrais bien ce qu'il en est pour moi. « Quelle vie de merde, sérieux » que j'exclame avant de me rendre compte que je suis partie un peu trop longtemps dans mes pensées vu que Jean-Michel n'est plus là, et que la chaise et rangé, sous le bureau.

Je vais m'ennuyer, je le sens gros comme un camion...

Et j'ouvre les yeux. Je me redresse à l'aide de mes coudes, puis de mes mains pour m'asseoir au bord de ce lit d'internat. Je me mets en tailleur et me positionne pour être en face-à-face de la personne qui dort à mes côtés, pour pouvoir l'observer dormir.

À votre avis, je vais finir comme ça ? Je veux dire, comme dans mon scénario ? Comme "Harleen Quinzel" qui devient tarée et se transforme en "Harley Quinn" ? Peut-être. En même temps, c'est un peu pour le goût du risque que j'ai choisi d'étudier la psychologie et non le scientifique comme voulait mon père ou les langues du côté de ma mère...

Quoi ? Vous y avez vraiment cru ? Ma mère n'est pas morte. Elle est en vie et se porte très bien ! Anaïs existe bel et bien. Mais elle n'a pas 6 ans. Elle en a 2. Par contre pour Lysandre, c'est vrai, il est bien décédé et s'est bien suicidé. Pareil, à Ibiza. En y repensant, si ma mère ne m'avait pas arrêté, j'aurais vraiment pu sauter...

Je peux dire merci à mon psy qui m'a aidé pour me sortir de cette passe et qu'aujourd'hui je vais mieux. Je ne suis plus maso, je ne suis plus 100 % bottom, je suis un switch et mon partenaire l'est tout autant que moi. Ça va faire 2 ans qu'on est ensemble, et 2 ans et demi qu'on s'est rencontré. Là-bas, dans la salle d'attente du psy Fernando.
Il était très maigre et avait les yeux tristes. Mais ce qui m'a le plus marqué, c'est lorsqu'il a relevé les yeux sur moi et compris, il comprit qu'il n'était pas le seul, dans cet état. Je l'étais tout autant que lui et ça avaient été par courage que je me suis avancé, et installé à ses côtés. Il y a eu un blanc assez gênant avant qu'on ne dise en même temps "J'ai vécu un suicide". Ça nous a surpris. Il restait 15 minutes avant mon rendez-vous, mais je ne voulais pas partir sans savoir ce qu'il lui était arrivé. C'était la première fois que je le voyais, et je ressentais comme un quelconque petit espoir de vivre avec lui à mes côtés.

« Jordan Smith » qu'il avait dit. C'est son nom. Il m'a raconté sans rentrer dans les détails, à ce moment, que sa vie a été la plus belle des garces avec lui. Entre harcèlements répétitifs, maltraitance, sa mère qui était également battue par son beau-père et son anorexie qui n'en finissait pas, c'est à comprendre pourquoi il voulait en finir.

Heureusement pour lui et pour moi, il s'en est sorti très bien, vu qu'actuellement, il arrive à enchaîner 45 pompes sans s'arrêter alors que moi, je ne peux que 39... À y réfléchir, il faudrait qu'on évolue, car ce n'est pas ouf 39 et 45 pompes... Bref, en gros, il est mieux bâti que moi et je ne peux m'empêcher d'être jaloux lorsque d'autres personnes le regardent. Et il en joue, en plus. Il en joue, car il sait que je vais tout faire pour leur faire comprendre qu'il est à moi et pas aux autres !

Je penche la tête en arrière et regarde le plafond, imaginant le ciel et le paradis. Je ne peux empêcher mes pensées de dévier vers Lysandre. Même si lui, est sûrement en enfer, je sais qu'il aura le message.

« Tu vois Lysandre... Rien ne peut me faire basculer de l'autre côté. En-tout-cas, pas maintenant. Je vais mieux, comme quoi, c'était bel et bien une passe. Jordan est parfait, il m'a sauvé, et je l'ai sauvé en retour. Mais ça, tu le sais déjà... Je me dis que c'était sûrement le destin, on a vécu un enfer tous les deux, et aujourd'hui on n'est encore ensemble plus amoureux que jamais. On va bientôt entrer en master de psychologie et toi, tu n'es pas là, pas comme dans mes scénarios à me faire vivre un vrai cauchemar. Donc merci à toi... Merci Lysandre d'avoir sauté et de m'avoir poussé à passer à autre chose » je lui fais un simple sourire basique, sans les dents et ferme les yeux avant d'entendre « Tu peux me le dire en face. Tu le sais, non ?». Je rouvre instinctivement les yeux et cherche d'où provient cette voix. Je reste stoïque quand je le vois, lui, Lysandre, debout en plein milieu de la chambre, les mains dans les poches de devant avec les épaules relevées. Je n'ose pas détourner le regard. Je ne comprends pas. Je ne veux pas et ne dois pas devenir fou ! Alors je referme les yeux si fort que je pourrais en avoir mal et les rouvre sur une pièce vide, avec les seules respirations d'un Jordan endormi et de moi en panique totale. Je vérifie partout, mais rien. Je cligne des yeux plusieurs fois avant de réaliser que ce n'était qu'une hallucination causée par la fatigue et le stress de l'examen blanc qu'on va avoir en première heure, demain matin. Alors je me recouche et me blottis dans les bras de mon copain. Je le sens passer son bras autour de moi, et il m'embrasse la tempe en passant sa deuxième main dans mes cheveux et commençant les papouilles.

« Je t'aime Jordan, ne me lâche jamais la main » que je lui murmure.

Aucune réponse juste une inspiration.

« Je t'aime aussi Roan. Promis. Si je la lâche, je la récupèrerai pour sauter avec toi, maintenant dors, il est tard » je souris comme un enfant et repose ma tête sur son bras gauche. Demain, je commencerai un nouveau scénario, plus joyeux et moins compliqué. C'est promis.


Je ne suis Pas Normal parce que je suis gay et que j'ai eu une période maso dans ma vie.


FIN


Inspirée de la série française Balthazar et du livre "Le Secret De Mona" de Patrick Bard

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