" Le sourire a toujours été mon arme préférée" 

Arthur Cohen.

Le temps peut vous sembler long par moment, mais en réalité les secondes passent aussi vite qu'un orage, ce n'était juste qu'une question de relativité.  Je ne sais pas exactement quelle heure sommes-nous, j'ai vite perdu la notion du temps, encore une fois. Les filles sont encore en pleine discussion, malheureusement pour moi, j'avais vite perdu le fil, je m'étais endormie. Une heure, ou deux, je ne sais pas trop.

Les  diodes de l'avion clignotent, nous sommes enfin arrivées sur la terre ferme. Nous rattachons nos ceintures de sécurité, afin d'effectuer un atterrissage en toute sécurité. L'avion se pose délicatement, nous sommes invitées à réunir nos affaires et de sortir dans le calme. Je suis la dernière à sortir, comme si j'étais encore en mission, en effet j'aurais pu très bien servir de garde du corps des autres sélectionnées, mais ce n'était pas ma mission. Non, loin delà, je ne suis pas là sous les drapeaux de la patrie, mais en tant que peut-être future régnante. J'appréhende beaucoup, comment le public réagira, suis-je une femme douce ou même digne d'avoir autant de responsabilités  même si déjà avec mon métier, je suis menée à avoir la vie des gens entre mes mains, leur sécurité est pour moi essentielle.

Les flashs des appareils photo m'éblouissent, j'entends pas mal de cris, de sifflements. Je m'attendais à avoir un certain accueil bruyant, avec pas mal de monde mais pas à ce point.Il y avait toutes les catégories d'âge, du bébé à la personne âgée, les voir nous acclamées me fait chaud au cœur. J'avais l'habitude d'être acclamée pour mon mérite, mes missions, j'étais même parfois considérée comme une héroïne aux yeux des plus jeunes.

Je décide de copier, les autres et aussi à mon tour prendre un petit bain de foule. D'habitude, je ne suis pas très à l'aise avec les photos, j'ai beaucoup de complexes. En effet, j'avais mal vécu certaines périodes de mon existence surtout l'adolescence. Je suis grande, plus grande que la normale, j'ai quelques kilos en trop, pas très féminine, avec un grand tempérament. Tout l'inverse d'une princesse d'un conte de fée, mais plus l'image d'une princesse 2.0, une femme d'un nouvel air. Je pense que grâce à cette aventure, je vais encore plus dépasser mes complexes et gagner de la confiance en moi, et dieu sait que la confiance en soi est quelque chose de très important. C'est même mathématique, prenez une personne qui a confiance en elle et une qui a des doutes et bien celle ayant confiance en elle brillera plus que Vénus. 

Je prends quelques photos avec des personnes, mais je préfère passer un petit moment avec les enfants, j'ai même remonté le moral d'une petite fille qui comme moi à son âge était complexée par ses formes. Maudite société qui nous fait rentrer dans des cases dès notre plus jeune âge, des modèles de mode à la taille trente quatre avec leur dix-huit centimètres de talons aiguilles, droites comme un clou.

Je lui souris et dédicacée son poster,  il est déjà l'heure  de partir vers le palais royal, la limousine nous attendait depuis presque cinq minutes. Les affaires et nous à bord, le chauffeur nous emmène au palais, je profite encore des quelques malheureuses minutes de repos qui me restent avant d'être dans le bain. Je repense à ce que disait mon frère, "ne pas avoir peur"," la peur est ton ennemie". Il a raison, il avait toujours raison.

Les filles bavardent depuis le départ de l'aéroport, je décide de ne pas me mêler dans leur conversation, je n'en avais pas envie. Même si j'aimais me sociabiliser, j'aimais également avoir un petit moment de tranquillité, être seule loin du monde réel, pour gagner celui de mes pensées, j'avais parfois la tête littéralement dans la lune.  Ma grand-mère avait également participé à une sélection, elle était cependant beaucoup plus emballée que moi. Une chose était, sûre, j'étais comme elle une femme 2.0, une femme qui ne rentrait pas dans une cage. Elle s'appelait Joséphine, mon deuxième prénom, je suis fière de le porter et j'essayerai à ce qu'elle soit également fière de moi, incarnée la femme que je veux être et éblouir les personnes envieuses.

La voiture ralentit, avant de s'arrêter, signe que nous sommes enfin arrivées à destination finale. Je n'ai jamais vu le palais royal de mes propres yeux, comme la plupart des autres filles présentes avec moi. Le chauffeur nous ouvre la portière, je peux enfin respirer l'air frais. Mes voies respiratoires s'oxygènent, l'air est si pure, aussi pure qu'une jeune vierge. C'est agréable, le soleil est à son déclin, ce qui permettait aux rayons lumineux de se poser sur la façade du domaine, le mettant ainsi en valeur. Il est impressionnant, majestueux, pour la première fois je me sens minuscule à côté de lui. Je suis impressionnée par la devanture, taillés avec soin les petits arbustes donnés encore plus de hauteur, les rosiers quant à eux apportés la douceur. Je me demande ce que l'intérieur nous réserve, je ne sais déjà plus où regarder, il y a beaucoup d'éléments à prendre en compte. Le  domaine est digne d'une ville à part entière, heureusement pour moi je pouvais compter sur mon sens de l'orientation.

J'entends des cris d'excitations de la part des autres sélectionnées, elles sont un peu extrêmes je pense. Je ne ressens aucun stress, mis à part un peu d'appréhension sur la suite des événements, normal non quand vous êtes plongé dans l'inconnu?

Le visite se poursuit, par les pièces principales du domaine royal. J'avais déjà pas mal d'étoiles dans les yeux rien qu'à la vue de l'extérieur, l'intérieur est dans le même jus. Luxe, luxe, luxe, nous sommes loin de notre monde, c'est un monde éloigné de la réalité.

Nous avons accès au boudoir, un petit enfin grand salon réservé aux femmes, où nous pouvons nous détendre, et prendre du bon temps. Je me demande où est la salle de sport, j'espère que je pourrai continuer à pratiquer le basket.

Ensuite quelques mètres plus bas, la salle dînatoire, où nous prendrons l'ensemble de nos repas avec l'ensemble de la famille royale. Je remercie ma mère de m'avoir donné quelques cours d'étiquettes même si je n'étais pas une si bonne élève, je l'avoue. Les moulures aux plafonds sont magnifiques cela donnent du charme à la salle et de la hauteur, je ne me sens pas du tout à l'étroit, je pouvais enfin respirer sans me soucier si je devais me baisser pour rentrer dans une pièce, être grande n'est pas chose facile.

Nous quittons la salle des repas pour la bibliothèque royale, en passant par plusieurs couloirs, je ne parvenais même pas à estimer le prix d'une marche de l'escalier. Je ressens un mal être face à tout ce luxe, néanmoins il faudra en avoir l'habitude si je compte rester ici un petit voire grand moment selon les circonstances.

La bibliothèque royale, comptait je pense à vue d'oeil, plus de livres que l'humanité ne puisse en compter, et je n'exagère à peine. Enfin lire est une activité que j'apprécie afin de pouvoir m'évader  et me ressourcer loin de mes enquêtes. Prendre du temps pour soi n'est jamais quelque chose à négliger car nous sommes notre propre booster.

Pas très loin de la bibliothèque, se tient une autre salle artistique la salle de musique, malheureusement pour moi, je ne sais pas jouer mis à part un peu de guitare, mais j'adore faire des karaokés avec ma famille et mes collègues.

Nous passons ensuite par la galerie d'art, digne d'un musée, puis nous visitons une partie des jardins, entre la roseraie, la forêt et les cours d'eau, il ne manquait plus qu'une montagne pour que l'ensemble des reliefs y soient. C'est vraiment éblouissant comme les hommes ont pu construire tout un empire à la sueur de leurs bras.

Nous sommes réparties en petit groupe afin de nous attribuer nos quartiers personnels, le mien est situé derrière le palais royal proche de la salle de musique, de la galerie d'art ainsi que de la bibliothèque, tout pour s'évader l'esprit tranquille. Le bâtiment Cassiopeia ressemble à un petit coin de paradis, calme et du même style que le reste du domaine. C'est à cet endroit que maintenant je vais vivre. Vivre pour essayer de me battre et obtenir les résultats attendus. Maintenant loin de chez moi, les dés sont jetés, dès lors de ma sortie de l'aéroport je suis traquée comme je traque les délinquants. Je dois rester moi même et mettre mes complexes de côté, mettre le côté flic entre parenthèse même si je n'avais qu'une envie d'être auprès de la garde royale. J'espère qu'il n'y aura aucun soucis, mais beaucoup de plaisir.