Malgré ses tremblements je pouvais voir à travers ses yeux dorés le désir de vivre, et par dessus tout, la faim.

       - Elvire ! My dear !!

      Elvire- Oui ?

        - Ces chasseurs ont compris ce que nous sommes, il va falloir faire preuve de prudence très chère ! Surtout toi !

        Elvire- Humm... Hum hum...

         - Le froid ?

        Elvire- Oui... Je ne peux quasiment plus bouger mes orteils... Dit-elle avec un fin sourire. Je ne sais pas si je vais mourir de froid, ou bien d'un tir de fusil... Eh eh !

         - Oh... Ma chère amie... Ne sois pas si pessimiste voyons ! Si tu ne meurt ni de froid ni d'une balle, je serai obligé de te tuer ! Ce serait dommage, n'est-ce pas ? Sifflais-je d'une voix mielleuse.
      
       Un grand sourire naquit sur ses lèvres, il était effrayant.
      Je pus voir apparaître ses dents légèrement jaunies, ses yeux rouges me  laissaient voir son amusement face à ma phrase.

       Elle est complètement folle !

     - Allons y !

      Mes os se remirent à craquer, mes doigts s'allongeaient, mes cornes grandissaient ainsi que mon corps.
      Mes yeux étaient désormais noirs, des iris rouges y trônaient à leurs centres et des cadrans d'horloges s'y mouvaient à l'intérieur de celles-ci.
       Un filet de bave perla le long de ma mâchoire.

        De son côté, Elvire avait gardé une forme à peu près humaine. Pour ne pas perdre le contrôle, sans doute.

        Et ce fut dans un unique mouvement que nous nous élancions vers le camp.

         Une douce mélodie vint chatouiller mes oreilles qui n'était autre que le hurlement d'un guetteur qui nous avait aperçu.
         Un grondement d'excitation s'échappa de la barrière de mes lèvres.

         Je me rendais seulement compte du temps que j'avais passé sans manger de chaire humaine, ce goût m'avait terriblement manqué. Et il continuera de me manquer une fois de retour en enfer.

       Lorsque j'arriva au pieds d'un grand chêne, aux feuilles noircies par le froid, qui bordait le camp je me laissa glisser le long de la légère pente et me jeta sur l'une des tentes où des enfants et des femmes avaient été cachés.

       À ma plus grande surprise une voix que je ne connaissais que trop bien retentit dans ma tête.

        Al... Ils sont une bonne vingtaine ! On va réussir à se les partager équitablement au moins ?

       Ah ah ! My dear !! Pas d'inquiétude !

      Les enfants hurlaient, la tente était désormais complètement déchiquetée.
      J'avança ma "main" droite vers le petit corps frêle d'une jeune fille et la saisis, elle hurlait, se débattait, pleurait et moi je salivais face à ce petit apéritif croustillant.
       Je tandis mon autre main vers son visage et lui arracha la tête d'un seul coup sec. Les autres enfants hurlèrent, et les femme pleuraient face au carnage qui se déroulait devant leurs yeux.
          Je croqua dans le corps de l'enfant avant d'attraper une femme adulte cette fois et de réitérer ma dernière action, encore, encore et encore.

         Toujours plus, jamais assez.

        Soudain je sentis quelque chose de chaud couler le long de mon dos, du sang. Un chasseur venait de me tirer dessus avec un harpon.
        Je me retourna légèrement vers lui et l'attrapa dans un simple mais ample mouvement. Il se débatit mais je l'envoya contre un grand rocher blanchâtre, le sang teinta petit à petit celui-ci d'une couleur pourpre.
        Puis je me retourna vers mes proies, aucunes, elles s'étaient toutes échappées.

        Je grogna, mais au moment de partir à la conquête de nouveau gibier plusieurs chasseurs m'encerclèrent.
       Ils me tenaient en joue.

        Un léger soupir franchit la barrière de mes lèvres et je repris ma réelle forme. Ils reculèrent tous d'un pas face à mon apparence.

       - Eh bien ! Mes chers amis... C'est dans la tristesse que je vous annonce que vous êtes tous morts ! Ah ah ah !!!

      Plusieurs tentacules sortirent du sol et s'enroulèrent autour du corps de chacun d'entre eux.
      Je resserra petit à petit mon emprise jusqu'à entendre, malgré leurs hurlements, un doux craquement.
     Le silence régnait désormais dans la forêt.
  
           J'observa les alentours, cherchant toutes traces de mon amie, en vain.
       
           Un cris à glacé le sang de toutes personnes censées retentit, faisant voler en éclats ce silence, à la fois inquiétant et rassurant.
         Je m'élança vers ce bruit et ce que je vis m'amusa au plus haut point.

       Du sang colorait de toutes parts en rose la douce neige qui couvrait le sol, plusieurs corps y gisait, tous déchiqueté plus sauvagement les uns que les autres. Un léger ricanement me gagna.

       - Où est-elle ? Dis-je en m'avançant au millieu des carcasses.

       En tournant mon regard vers la droite, du côté de trois grands hêtres, j'aperçus une longue trainé de sang.
       Lorsque je m'engagea vers les trois arbres un craquement me fis me retourner. Une chasseur de tenait en face de moi, il me visait.
     J'essaya de faire un pas vers lui, mais il tira, je me jeta au sol, avalant de la terre par la même occasion. Je sentis la balle me frôler, puis je me releva.

        Ce fut à ce moment-là que je me rendis compte d'un déséquilibre au niveau de ma tête, en baissant les yeux je pus apercevoir une petite corne, par terre. Je releva mon regard vers le chasseur, celui-ci fit quelques pas en arrière et moi en avant.

       - Toi... Sifflais-je, Tu vas payer !

     Je me jeta violemment sur lui et l'éventra d'un simple coup de griffes. Du sang jaillit de sa plaie béante et tâcha ma tenue rouge et noire.

       - De toute manière j'en avais commandé une autres. Plus belle ! Rouge et blanche ! Et plus confortable en plus ! Bon ! Où est cette très chère imbécile ! Dis-je en ramassant ma corne.

        Je fis plusieurs pas avant d'arriver devant un ravin. Une idée germa dans ma tête.

        - Oh... Mince ! Si c'est ce que je pense elle doit avoir mal !! Ah ah !

        Je sauta dans le vide avant de préparer mes jambes au choque. Lorsque j'atterris une vague de douleur se propagea avant de disparaitre petit à petit et de me permettre de continuer mon chemin, en boitillant.

      Mes yeux se plissèrent face à la masse qui gisait par terre. Je me rapprocha pour mieux la distinguer et vis Elvire, le flanc totalement ouvert, respirer difficilement contre un petit monticule de neige.

        - Hey... Fis-je en m'accroupissans à ses côtés.

        Ses yeux s'ouvrirent, difficilement, puis se tournèrent en ma direction.

        Elvire- T'es un "uni-corne"...

       - Ah ah ! Pas mal ! En parlant de mal... Tu as mal !?

        Un léger sourire se redessina sur son visage.

         Elvire- Je ne sens quasiment plus rien... Achève moi... S'il te plaît...

        - Tu vois cette corne ? Elle hocha doucement la tête, je te l'offre ! Ce sera la représentation réelle de notre pacte ! D'accord !?

       Elle cligna des yeux, avant de marmonner un "oui" inaudible.

       - Bien...

      Je me releva, fis apparaître un fusil et le pointa en direction du front de mon amie.

           Elvire- Partenaires de Crimes ? Murmura-t'elle entre deux hoquets de douleurs.

          Un doux sourire prit place sur mon visage.

           - Partenaires de Crimes... Le coup partie, et un dernier souffle fit bouger sa poitrine, Bonne nuit, petite sœur !

         Je n'étais pas triste, premièrement car je ne ressentais quasiment plus aucunes émotions, deuxièmement car je savais que j'allais la retrouver en enfer.
        Pourtant une goutte salée coula le long de ma pommette gauche. Je l'essuya du bout d'un doigt et entrepris de l'enterrer.

      Une fois enterrée, je déposa une pierre lisse et brillante pour y inscrire son nom.
        J'y fis pousser de grandes ronces noires pour décorer celle-ci.

       Lorsque ce dur travail fut fini, je claqua des doigts pour rentrer chez moi, non sans oublier de récupérer ma corne.

      Oh ! Tiens donc... La jeune morningstar qui est interviewer ! Ah ah !