Après « l'incident de la salle de bain », aucun des deux n'en avait plus reparlé, ne souhaitant pas retourner le couteau dans la plaie une nouvelle fois et rouvrir la blessure déjà profonde. Les jours continuaient ainsi de défiler, les laissant faire leur vie tranquillement, bien que Nicholas ait tenté une nouvelle fois d'assassiner l'abruti de son cours. Ils faisaient leurs devoirs face à face, sur cette table basse encombrée, perdant stylos et feuilles. Aucun d'eux n'en avait non plus parlé à Meryl et Milly. Vash ne voulait pas les alerter « pour rien » et Wolfwood, peu importe ce qu'il en pensait, voulait respecter le choix du blond.

Une nouvelle soirée câlins-cinéma eue lieu et Wolfwood sentit Vash agripper plus fortement son pantalon dans sa poigne qu'à l'habitude. Sans un mot, il sentait que ce moment était important pour lui et qu'il ne changerait ça pour rien au monde. Nicholas avait ses deux bras occupés, entourant les deux filles mais son seul instinct à ce moment était de vouloir serrer la main de Vash Saverem dans la sienne.

Les jours défilaient et Vash semblait aller bien, au moins, son sourire semblait moins faux que les jours précédents. Après l'un de ses nombreux cours épuisants où il avait tout autant envie de frapper les apôtres que Legato, il rentra, complètement épuisé. Arrivé chez lui, il balança au hasard son sac dans le couloir. Il avait peut-être heurté le pot de fleur, mais pas grave, le ficus s'en porterait bien, tant que ce n'était pas les géraniums de l'ingénieur. Il s'écroula sur le canapé, appelant le nom de Vash. Mais s'il n'avait pas entendu sa voix enthousiaste quand il était entré pour lui souhaiter un bon retour, c'est qu'il n'était pas à la maison (et il n'avait pas été appelé en sa qualité de super-héros).

Affaissé sur le canapé et semblant vouloir fusionner avec, le théologue se demanda où pouvait bien être passé son colocataire. Il était certain que les cours de l'autre étaient finis et il ne lui avait pas parlé d'activités en dehors donc où était-il passé ? S'était-il fait piéger dans un coin du campus par la foule en furie de ses nombreuses fans ? C'était fort probable. Rigolant pour lui-même à la popularité du blond, il ne chercha même pas à bouger afin d'aller se chercher un verre d'eau. Il pétait pourtant la soif mais il n'arrivait pas et n'avait tout simplement pas l'envie de bouger un seul muscle. Soupirant, il se laissa faire et décida de ne pas bouger.

Il resta prostré au même endroit, sans même déplacer un orteil durant plus de quinze minutes. Sa grâce salvatrice arriva au son de la porte d'entrée qui s'ouvrait. Il allait pouvoir se servir de l'autre balai-brosse comme serviteur pour lui apporter son verre d'eau tant attendu. Il entendit les chaussures se poser à côté des siennes. Il entendit les doux pas sur le parquet. Et au moment où Nicholas allait finalement élever la voix pour demander à Vash d'aller lui chercher son saint Graal, il fut coupé dans son élan par un bruit qu'il n'était pas censé entendre. Au lieu de sa voix, la seule chose que Nicholas entendit fut un bref « miaou ».

Sans même penser qu'il en était capable, Wolfwood se releva si vite que sa tête, déshydratée, tourna légèrement. Mais même avec un rapide tournis, il était encore capable d'identifier ce qui trônait fièrement dans les bras de son colocataire. Et ce n'était certainement pas son putain de verre d'eau. Bordel, mais qu'est-ce que foutait ce joyeux débile avec un chat dans les bras ? Et avant même de constituer une pensée cohérente et polie, la seule qui passa les lèvres de l'homme en noir fut simplement.

« Bordel de putain de merde ! C'est quoi ce putain de délire ??? Qu'est-ce que tu branles avec un putain de chat ??? »

Oui, Nicholas concédait bien volontiers que tout cela faisait beaucoup de « putain » mais à ce moment-là, il ne pouvait pas s'en empêcher. Donc, il ne s'était pas fait piéger par ses fans et trainé dans un quelconque café pour entendre les ragots de la classe de commerce international. A la place, il avait ramené ... un chat. Un chat, putain. Mais pourquoi un chat ? Les questions défilaient dans la tête de Wolfwood plus rapidement que le générique de Star Wars. Il savait qu'il avait fait des erreurs dans sa vie, il croyait au karma. Mais pourquoi le karma avait décidé de fonctionner sous la forme de son colocataire, penaud, tenant un chat intégralement noir aux grands yeux jaunes dans ses bras ?

Se pinçant l'arête du nez, Nicholas soupira bruyamment, ce qui ne fit que renforcer la sensation de malaise de Vash. Il avait fait une erreur, il avait définitivement fait une erreur. Reculant d'un pas, Vash était perdu. Que devait-il faire désormais ? Il ne pouvait pas repartir et abandonner ce félidé.

« Vash : ... Tu ne veux pas le garder ?

Nicholas : Déjà calmos, tu vas rester là. Si tu crois que je t'ai pas vu reculer. T'enfuis pas bordel. Et pour continuer, je veux simplement des explications.

Vash : Je l'ai trouvé. Dans une boîte. Les gens passaient devant lui comme s'il n'existait pas.

Nicholas : D'autres auraient pu s'en occuper, tu ne crois pas ? Ou même, si tu voulais absolument le retirer de sa boîte dans la rue, tu aurais juste pu le confier à un refuge.

Vash : Non ! Regarde-le, il a des signes de maltraitance !

Nicholas : Balai-brosse, les refuges savent s'occuper d'animaux dans ces situations.

Vash : Mais ... les gens ne les aiment pas ... En général, les gens n'aiment pas ces chats là ...

Nicholas : Bon, putain pose-toi et explique-moi. »

Ce fut exactement ce que fit Vash qui s'empressa de s'assoir aux côtés de Nicholas, le chat toujours dans ses bras, comme s'il ne voulait pas le lâcher. Il se plongea contre le dossier du canapé, rapprochant encore plus de lui si c'était possible la petite bête, ramenant ses genoux contre son torse. Nicholas le regarda s'installer, fouillant dans sa poche pour en tirer une cigarette et l'allumer. Tirant sa première bouffée, le bras appuyé contre le dossier, il laissa tout le temps à l'autre de commencer son histoire et lui expliquer correctement.

« Vash : En rentrant de mon dernier cours, je me suis fait poursuivre par tout un tas de filles. Aujourd'hui, j'avais pas envie de les accompagner boire un truc alors je me suis esquivé. Je suis passé par une petite rue et en débouchant de l'autre côté, je suis immédiatement tombé sur lui. Il ne miaulait pas mais quand je me suis approché, il l'a fait, comme s'il m'appelait. Ne me regarde pas comme ça, c'est l'impression que j'ai eu. Tout le monde lui passait devant et j'ai même vu quelques jeunes filles le regarder et rire de lui. Je me suis senti mal pour lui alors je l'ai pris. Je l'ai emmené voir un vétérinaire pour savoir comment il allait. Au fur et à mesure que je passais du temps avec lui et que je l'emmenais faire des examens, je crois que je me suis attaché. Oui, il ne m'en faut pas beaucoup, pas la peine de faire cette tête. Et au final, quand le vétérinaire m'a demandé ce que je comptais en faire, j'ai dit que je le gardais. Alors, on a fait les papiers, on a tout mis en règle, il m'a indiqué des magasins pour qu'on lui trouve des affaires adéquates et maintenant, il est à moi.

Nicholas : Je soutiens que tu aurais pu le laisser à un refuge.

Vash : Oui mais –

Nicholas : C'est parce que c'est un chat noir ?

Vash : *étonné* Qu'est-ce que ça a à voir là-dedans ?

Nicholas : *soupire* Bon sang, bien sûr que tu ne t'en es pas rendu compte. Tu connais les légendes sur les chats noirs, non ? J'espère quand même.

Vash : Comme quoi ils seraient les familiers des sorcières ?

Nicholas : Ouais. Perso, j'ai eu une section entière de cours là-dessus à cause de l'acharnement religieux contre la sorcellerie, le symbolisme de tout ça, etc. Et dans le tas, on a causé des chats noirs. Comme quoi ils seraient effectivement les familiers des sorcières. Mais surtout, qu'ils attireraient le malheur.

Vash : Qu'est-ce que tu veux dire ?

Nicholas : Même si on sait que c'est des conneries maintenant, cette légende est toujours tenace et les gens continuent de penser qu'ils attirent le malheur. Tu t'es senti proche de lui parce qu'il est comme toi. *tire sur sa cigarette* On t'appelait « l'attrape-malheur » tu m'as dit. Comme lui. Tu t'es senti compatissant. En voyant ses blessures, c'est les tiennes que t'as vu. Alors bien sûr que tu t'es attaché rapidement à la bestiole.

Vash : ... C'est une mauvaise chose ?

Nicholas : J'ai jamais dit ça. Si tu veux le garder parce que tu penses qu'il est comme toi alors grand bien t'en fasses. Mais c'est toi qui t'en occupes, je ne m'occuperais pas de ce truc.

Vash : *grand sourire rayonnant* Alors je peux vraiment le garder ?

Nicholas : Si c'est toi qui t'en occupes de a à z. Putain, j'ai l'impression d'être ta mère, c'est horrible. Ne me fais plus jamais ce coup là.

Vash : *se précipite sur lui* Merci Nicholas, merci, merci, merci.

Nicholas : *les réceptionne* Ouais, ouais, si tu le dis. Sinon, t'as pensé à un nom pour lui ? On va pas l'appeler « la bestiole ».

Vash : ... Kuroneko-sama ... ?

Nicholas : *fait tomber sa clope, hébété* T'es sérieux là ? Genre, littéralement « chat noir » en Japonais avec un suffixe de respect à la con ? Tu t'es cru dans un manga ou quoi ? Non, même dans un manga, ils ont plus d'originalité que ça, j'hallucine.

Vash : Mais ça lui va bien.

Nicholas : Le problème c'est pas que ça lui aille bien, c'est que c'est trop naze. Putain, je suis pas étonné que tu sois en ingénierie et pas en section artistique, aucune imagination.

Vash : *rigole* Je veux quand même garder ce nom.

Nicholas : Le matou est à toi donc le choix du nom aussi. Et c'est adopté pour Kuroneko-sama. Bienvenue petite boule de poil *lui tapote la tête* »

Au geste tendre de Nicholas, Vash rigola une nouvelle fois, finissant complètement de s'avachir sur le théologue, se laissant réceptionner et positionner correctement par l'autre. Adoucissant ses traits, le blondinet caressa distraitement le cou du chat, murmurant son nom encore et encore, frôlant quelques fois la main de Wolfwood qui faisait la même chose, le murmure du nom en moins.

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Neuvième chapitre !

S'ILS NE PEUVENT PAS AVOIR D'ENFANTS, DONNEZ A CES HOMMES UN CHAT !!!

Blague à part, je voulais absolument les voir adopter un animal avec Vash beaucoup trop enthousiaste et Nico un peu moins. Et oh, que les choses sont bien faites, il y a un animal dans Trigun, un beau chat noir avec de grands yeux jaunes qui s'appelle réellement comme ça d'ailleurs. Le nom ne vient pas de moi, plaignez-vous à l'auteur pour ce manque d'originalité.

On a un chapitre un peu plus léger pour compenser celui d'avant parce que tout le monde aime les câlins avec les chats, n'est-ce pas ? Alors voilà pour ces deux amours qui ont maintenant un amour de chat. Et c'est un chapitre plus léger parce que le suivant repartira sur un peu d'angst (pas trop) je vous préviens maintenant pour que vous puissiez vous délecter de celui-là.

Sinon, en espérant que vous avez aimé ^^