Lorsque les portes se referment, mes yeux détaillent l'endroit avec attention. En face, à droite et à gauche, des couloirs d'un blanc immaculé et aux teintes dorées s'étendent jusqu'à rencontrer le mur. Avant que je n'ai pu en voir d'avantage, Léo tire sur ma manche et m'oblige à lever les yeux. J'en reste alors bouche-bée. Au dessus de nos têtes, les étoiles brillent de milles feu dans un ciel bleu marine. Le plafond du nids n'est, à si méprendre, rien d'autre que du verre ! Une immense fenêtre donnant sur la voûte céleste. Des exclamations d'émerveillement s'élèvent des rangs alors que des sourires naissent sur chaque visage.

╶  J'y crois pas... je lâche dans un soupir d'extase.

   Satisfait de l'effet produit, la voix de Williams parvient à nos oreilles :

╶  Ce que vous observer est la Coupole de verre. Elle encercle le nid et vous permet d'apercevoir le ciel. Pour ceux que ça inquiéterait, les rayons ne pénètre pas dans l'habitacle, les vitres sont imperméables et vous protègent.

   Une fois la surprise de ce spectacle passé, les deux professionnels divisent le groupe en deux en se munissant de leur listing. Williams attrape le jeune américain, le forçant ainsi à rester près de lui.

╶  Bien ! Vous allez me suivre à la suite d'Angela. Les chambres sont intercalées, c'est à dire que de l'une à l'autre, il y aura des filles. Toutefois...

   Des sifflements et des rires le coupent. Les garçons échangent des poignées de mains et des regards rieurs tandis que le quadragénaire tente d'imposer le silence. Leur attitude me répugne, mais j'ai compris qu'ils s'extasient ainsi juste pour déstabiliser notre protecteur.

╶  Silence ! Ordonne-t-il en foudroyant les élèves, le visage soudain rouge sous sa peau mate. Je disais donc, toutefois aucune mixité ne sera autorisé, est-ce clair ?

   Ses yeux lancent des éclairs et se posent sur chaque garçon du premier rang tandis que les derniers sourires disparaissent.

╶  Bien... Si vos hormones sont calmés nous pourrons peut-être continuer ?

   Il n'attends même pas la réponse et s'avance dans le couloir de gauche où déjà quelques filles s'installent sous les ordres d'Angela.

╶  Le couloir de gauche est réservé aux premières années. Il comprends également des douches, mais celles-ci ne sont pas nominatives donc ne vous étonnez pas de voir arriver des deuxième ou troisième années pour les utiliser. Il y en a également d'autres dans le couloir principal.

   Il s'arrête devant une porte numéroté et appelle deux élèves. Les garçons franchissent la porte avec leurs bagages pendant que Williams continue son chemin. Les chambres commencent ainsi à se remplir peu à peu. Mon ventre me fait mal. Mélange de stress et de faim, sans doute. Mon tour arrive finalement. Nous n'étions plus que quatre. Léo, le mystérieux américain, un jeune asiatique et moi.

   Williams soupire en faisant glisser son doigt sur l'écran et relève la tête vers nous :

╶  Bon... monsieur Aspergueur et monsieur Park Seo vous partagerez la chambre 29.

   Léo tente de négocier pour se retrouver avec moi, mais le quadragénaire tint tête et l'envoie sèchement balader. Il pose un regard embêté sur moi auquel je réponds par un haussement d'épaules. Certes, on avait sympathisé quelques heures, mais nous n'étions franchement pas sur la même longueur d'onde.

   Lorsque la porte se referme, je fais face à Williams et au délinquant. Et là, ça fait tilt dans ma tête. Si je ne partage pas ma chambre avec le grossier personnage qu'est Léo, je dois la partager avec... lui ? Tout compte fait, laissez moi partager la chambre de Léo ! Je vous en supplie ! Entendez ma prière ! Mes yeux lancent des signaux d'alertes au représentant, mais celui-ci se contente de se gratter la tête.

╶  Hum... j'aurai préféré que vous soyez seule dans une chambre mad... monsieur Vasseur...

Je vois rouge lorsqu'il manqua de gaffer. Comment ça "mad" ? Tant qu'il y était, il n'avait qu'à le crier sur tous les toits ! L'inconnu ne semble pas avoir saisi le sous-entendu et se contente de soupirer en grommelant :

╶  Pourquoi ? Il est de la "Haute" lui aussi ?

Il me dévisage d'un air méprisant et affiche une grimace. Énervée qu'il me prenne de haut, je m'apprête à lui sortir une réplique cinglante quand Williams reprends :

╶  Cessez ce comportement arrogant monsieur Anderson ! Vous partagerez votre chambre, est-ce clair ?

   Visiblement, aucun de nous deux n'est enchantés par ce choix. Néanmoins, la décision de Williams reste sans appels et aucune protestation ne fut acceptée.  Anderson finit par grogner et ouvrir la porte dans un grand fracas, disparaissant ainsi de ma vue. Mal à l'aise, j'observe mon représentant qui se masse les tempes, le visage fatigué.

╶  Ne t'inquiète pas Six, ce jeune imbécile n'a pas commis de crime contre l'être humain. Il ne te fera aucun mal. Bon ! Toutes les informations nécessaire au bon déroulement de ton séjour ici seront présentés sur l'E.H. N'oublie pas de consulter ton emploi du temps, les cours commencent demain.

   Je hoche la tête et l'observe s'en aller. Les couloirs sont vides, les autres sont sûrement trop occupés à déballer leurs affaires. Inspirant un grand bol d'air et prenant mon courage à deux mains, je pénètre dans la chambre.

   A ma droite, deux lits superposés aux designs épuré et rectangulaire s'illuminent d'une légère lumière bleutée éclairant ainsi le matelas et le coussin d'une blancheur à faire pâlir les marques de produits ménagers. Collé au fond du lit, un écran noir en guise de télévision affiche le logo de l'académie : une sorte d'ampoule dorée et de dessins improbables entouré par un cercle vert.

   L'espace assez réduit donne sur des meubles de rangement à ma gauche et deux bureaux noirs placés face aux grandes fenêtres. Sur ces bureaux, un cylindre gris repose dans une immobilité parfaite.

╶  Tu compte rester planté devant la porte ?

   La voix grave du jeune homme me sors de ma contemplation. Allongé sur le lit inférieur, il me jette un regard méchant, son sac à ses pieds. Je suis tentée de lui répondre, mais je me contente de m'écarter en cherchant à ouvrir les tiroirs. Embarrassée de ne pas y parvenir, mon regard se promène sur la pièce.

╶  T'es idiot ou juste naïf ?

╶  Pardon ?

   Cette fois-ci, je ne peux pas m'en empêcher. Peu importe que ce soit un fou dangereux (enfin, normalement il ne l'est pas, monsieur Williams me l'a assuré !), ses remarques acerbes et son air agressif me tape sur le système. Dans un soupir presque théâtrale, il sort de sa couchette et s'approche d'une surface lisse du mur où sont présents divers symboles.

╶  Tu vois ça ? En appuyant dessus, tu ouvre les tiroirs !

   Le ton enfantin qu'il prends avec moi me déplaît et je le fusille du regard. Excusez-moi monsieur-je-pète-plus-haut-que-mon-cul, comment pouvais-je savoir que les tiroirs étaient aussi informatisés ?! Il se rallonge sur sa couchette en disant :

╶  Ne me remercie pas surtout !

╶  Merci ! répondis-je en placardant un faux sourire sur mon visage.

   Génial... une année entière à côtoyer ce délinquant aux allures de sauvage. Il ne manque plus qu'il me prenne et me jette en pâture aux animaux !

   J'entreprends rapidement de ranger mes affaires en prenant soin de ne rien oublier puis je fais mon sac. Le jeune homme ricane en m'observant, mais je finis par l'ignorer. Je ne sais pas ce qui l'amuse autant, mais il prends un malin plaisir à se moquer de moi.

   Des coups frappés à ma porte m'interrompent. Celle-ci s'ouvre immédiatement, ne me laissant même pas le temps de le faire. Léo, tout sourire, s'exclame :

╶  On va manger ? J'ai la dalle !

╶  Dégage ! lui ordonne l'américain.

Léo et moi échangeons un regard sans appelle. Ce mec est un parfait crétin ! Sans plus attendre, je me saisis de mon smartphone et sors de la pièce. Lorsque la porte se referme, Léo s'exclame :

╶  Il est trop con ce type !

╶  Ouais... enfin, je préfère ne pas me le mettre à dos...

   Il hausse les épaules et m'entraîne vers la cuisine. On traverse le couloir principal qui donne sur une salle remplie de table et de chaises à notre droite. Une odeur délicieuse chatouille mes narines pendant que je me dirigea vers une table vide. Ici, pas de self mais un système bioélectrique qui permet de synthétiser la nourriture.

   Un écran holographique permetde sélectionner le repas parmi les divers menus présentés. Tout me fait de l'œil et mon estomac ne cesse de gronder. Rapidement, j'appuie sur un bon vieux classique : les pâtes bolognaises ! J'agrémente le tout d'une salade et d'une part de gâteau à la noix de coco. Un délice !

   A côté de moi, Léo remplit son assiette de frite et de steak. Il commande également une boisson gazeuse et une énorme part de chocolat. La salle semble se remplir peu à peu, laissant monter le ton des discussions légèrement. Je ne parviens pas à discerner les nouveaux élèves des anciens, hormis quelques têtes que j'ai retenu.

   La jeune fille hystérique - celle ayant criée en apercevant Anderson - s'installe à notre table en nous adressant un sourire.

╶  Je peux ?

   A l'unisson, nos têtes hochent de haut en bas tandis qu'elle commande.

╶  Je m'appelle Malia et vous ?

╶  Léo et voici Six, répondit le brun en me désignant.

╶  Six ? Comme le chiffre ?

   Quelque peu irrité qu'elle y fasse allusion, je réponds un peu trop sèchement :

╶  Effectivement, ça s'écrit pareil mais on prononce le "x", sinon ce n'est pas la même chose.

   Elle ne paraît pas s'apercevoir que sa remarque m'a blessé et continue dans sa lancée en piochant dans sa salade :

╶  Je viens d'Océanie, plus précisément d'Australie. C'est incroyable que les trains puissent rejoindre Island Changjoui ! L'ingéniosité des génies m'épatera toujours. D'où venez-vous ?

╶  De France, répondirent nos voix en même temps.

   Le sourire complice qu'on échange persiste tout le long du dîner. La jeune fille est intarissable, elle nous parle longuement de sa villa et de son ancienne vie avant de nous demander soudainement :

╶  Oh au fait, vous avez utilisés les E.H. ?

Son ton devint beaucoup plus excité tandis que ses yeux pétillent.

╶  Les E.H. ? Tu sais à quoi ils ressemblent ? Je n'en ai pas vu dans ma chambre...

╶  Enfin Six ! Ce sont les petits tubes métallique !

   En fouillant dans ma mémoire, je me souviens de cet étrange cylindre posé sur les bureaux.

╶  Attends... ce truc est l'E.H. ?! Et d'abord ça veut dire quoi E.H. ?

   Malia prends un air désespérée, comme si elle avait en face d'elle deux pauvres imbéciles. Visiblement, elle en connaît plus sur ce monde que nous. Se redressant en raclant sa gorge, elle se met dans le rôle du professeur et explique :

╶  Les E.H. sont l'abréviation de Ecological Hologram. Ce sont des ordinateurs rechargeables solairement. Le bouton off est signalé en vert pour rappeler l'écologie puisque cette machine est créée à base de matière végétale et de systèmes électroniques ! Lorsque tu active l'E.H. il déploie un écran et un clavier holographique que tu peux utiliser facilement. Et pour le recharger tu n'a qu'à le mettre au soleil. Astucieux, hein ?

╶  Tu veux dire carrément génial ! s'exclame Léo en tapant du poing sur la table, un sourire euphorique sur le visage.

╶  Mais je croyais que les rayons du soleil ne pénétraient pas à l'intérieur des nids ?

╶  C'est le cas ! Sauf dans les chambres. Tu vois les deux baies vitrées en face des bureaux ? Elle permettent de laisser quelques rayons du soleil entrer. Cela recharge les E.H. que tu peux emmener partout. Ils te serviront pour noter tes cours ou pour faire des recherches !

   Je me rends alors compte de l'inutilité d'avoir emmener avec moi des cahiers et des stylos. Une grande différence entre le reste du monde et cet île : tout passait entièrement par internet ! Certes, l'évolution de la technologie avait permis la numérisation de nombres d'outils, mais l'apprentissage écolier ou académique était resté en grande partie manuscrite afin que les élèves ou étudiants assimilent au mieux les connaissances. Je comprends instantanément le rire moqueur de mon camarade de chambre : il avait parfaitement conscience que j'aurai été la seule muni d'un ridicule stylo et de feuilles ! Un soupir d'agacement s'échappe de mes lèvres tandis qu'une sonnerie à trois notes retentit, suivit par une voix douce :

╶  En cette veille de rentrée, le couvre-feu est avancé à 22h, veuillez regagner vos chambres dans le calme.

   Je jette un rapide coup d'œil à mon smartphone, apercevant l'heure : 21h48. Mon assiette vide, je me lève suivit par Léo et Malia. Nous nous dirigeons dans les couloirs en croisant quelques têtes.

╶  N'oubliez pas de vérifier votre emploi du temps ce soir, demain nous devons-être prêt pour 7h tapante !

╶  Sept heure ?! je m'exclame interloquée.

╶  Oui. Nous avons la réunion annuel au centre de l'académie. Atanas Smetch va nous faire l'honneur de sa présence ! réponds Malia en sautillant.

   Je n'en reviens pas. Atanas Smetch en personne ! Cet homme de renommé international va nous faire l'honneur de sa présence.

╶  Comment tu sais ça ? demande Léo en la fixant étrangement.

╶  C'était écrit sur l'E.H. Il nous souhaitera la bienvenu, on sera mélangé avec toutes les sections.

   Elle file ensuite dans sa chambre, nous laissant tous les deux abasourdi. Un sourire excité se dessine timidement sur mes lèvres tandis que je retourne dans ma chambre. Allongé dans le noir, Anderson dort à poing fermé. J'entreprends de ne faire aucun bruit et vide mon sac avant de me saisir du E.H. et de l'allumer.

   Soudainement, un bruit de trompette retentit me faisant sursauter et lâcher l'outil.

╶  Putain Vasseur, je vais te tuer ! Éteins ce truc ! grommelle le jeune homme en me jetant son oreiller.

   Je le reçois en pleine figure et le lui renvoie aussitôt avant d'éteindre l'appareil. L'écran holographique disparaît plongeant la pièce dans le silence et le noir. Partiellement angoissée à l'idée de ne pas connaître mon emploi du temps, je finis tout de même par ranger l'E.H. dans mon sac sans le consulter. J'enfile rapidement un pyjama et je me glisse dans mon lit.

   Mon regard se pose alors sur le plafond de cet étrange rectangle épuré. Mon cœur se serre à l'idée de la rentrée qui s'approche à grand pas. Serai-je capable de garder mon identité secrète toute l'année ? De prouver à mes parents que je suis douée ? Me mordant la lèvre inférieure, je tente d'apaiser les battements de mon cœur qui me ramène sans cesse vers ses pensées. Mon avenir, je le porte de tout son poids, il s'abat sur mes épaules et ne dépends que de moi. Je dois réussir. Pour moi. 

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Hey ! 

Je publie ici le chapitre 5 ! Un peu plus long que les autres je dois dire... :3 Que pensez-vous de chapitre ? De son déroulement ?

J'espère que ça vous à plus ! 

Comme toujours, n'hésitez pas à poster des commentaires, à me faire part de vos idées et à voter !

Bonne journée à tous et merci pour votre lecture assidue ! 

Lucy 💕