Alors, déjà, bonjour

Présentation rapide: fille de 13 ans rongée par la banalité affligeante de sa morne existence.

Ok. Bon. Je ne vois pas vraiment comment parler de moi en fait. J'ai lu ce livre, "Parler", et j'ai eu envie de décrire mes émotions. Que je n'arrive pas à décrire. Mais je vais faire un effort, je ne vous ai pas saoulé pour rien.

École primaire:
Émotions en vrac.
- [Ça te dit on est plus amies avec Élise ?] Phrase de ma deuxième meilleure amie, répétée en moyenne 12 fois à l'oreille de ma best. CP.
- Mon père qui vient me chercher en pleurant à l'école. C'est pas sa faute. C'est la faute à sa putain de maladie. J'y peux rien, moi. Mais je me sentais tellement impuissante, dans ces moments. Rien que de l'écrire, ça me fait pleurer. Et voilà, ton écran est mouillé ! Bravo Élise !
- [Je veux plus trainer avec toi, t'es trop immature]. Les pleurs dans les toilettes qui suivent cette remarque. Le sentiment de trahison.
- [Pourquoi on s'éloigne autant?]

Mes années de primaire n'ont pas été géniales, mais pas horribles non plus.

Il y a aussi eu la colo pendant les vacances d'été, pendant laquelle mon père s'est fait hospitaliser. Je crevais de peur pour lui.

Collège:
Difficile.
- Sixième: je rencontre des personnes géniales. Je suis bien dans ma peau et dans ma tête. J'ai de bons résultats scolaires. Je suis entourée.
- Cinquième: mes amies me tournent le dos. Pendant l'été, elles ont décidé de m'abandonner lachement et de m'ignorer dès la rentrée. Heureusement, je rencontre deux autres filles merveilleuse, A et N.
- Quatrième: ma classe actuelle. Rencontre de E, que je croyais aimer. Chute de mes résultats scolaires. Baisse de mon travail.

Dépression. Je me donne des claques, mentales et physiques. Je suis agressive avec tout le monde. Je lance des regards haineux aux gens dans la rue. La solitude m'étouffe, sans aucune raison. Et j'ai peur, si peur... De l'abondon, de la solitude, des gens, de tout, et surtout de moi... Je me fais des amis sur Wattpad. On parle beaucoup. Je crée des liens forts, puissants, et un groupe WhatsApp. Puis on s'ajoute sur discord. On parle parle parle. Et certains vont mal. Alors je prends sur moi, je dis que tout va bien, je me montre présente, je fais ma psy. Je bute verbalement un harceleur et un petit con, je passe des nuits blanches pour mes amis, je ne dors plus. Et pourtant, personne ne remarque que je vais mal. Je mens trop bien pour ça. Un masque en permanence sur le visage, je souris et fais ma gentille fille. Mais j'ai mon soleil: ma nouvelle famille, mes amis. Sauf que je ne le mérite pas, ce soleil. J'ai blessé tant de fois mon entourage, j'ai été tant de fois méchante et cruelle... J'ai causé trop de torts.

Ah. Autre problème. Je n'ai jamais aimé amoureusement. J'ai cru être amoureuse de E... Mais en réalité, j'avais juste besoin de sentir que je pouvais être humaine, moi aussi. Un besoin d'humanité. Et, encore plus horrible pour moi. Je n'ai jamais été aimée. Je souhaiterais tellement être amoureuse, être désirée, être reconnue...

Parfois, je m'assois sur le rebord de ma fenêtre et je scrute le vide, me demandant si j'aurais le courage de sauter, si la chute me tuera. Ou le matin dans la rue, quand je traverse la route, je souhaite qu'un camion me foncé dessus et m'emporte. Je sais que c'est égoïste. Je le suis, égoïste. J'aimerai juste me sentir partir, m'envoler.

Je ne sais même pas pourquoi je raconte tout ça. C'est stupide et inutile, comme moi, comme ma vie. Moi qui suis en apparence si heureuse... Je suis rongée de l'intérieur, comme la partie pourrie d'un fruit.

Si vous avez des remarques des moqueries, des conseils... Faites en moi part, je vous en prie.

Bonne journée/nuit/vie,

Adieu,

Feuille.