J'veux fuguer. Tout de suite, maintenant. Si seulement j'avais les cou*** pour, mais j'en ai pas. J'veux partir loin de tous les humains, absolument tous. J'veux fuguer mais pas mourir.

Chez moi c'est la guerre. Entre ma mère qui m'engueule dès qu'elle m'aperçois.

Exemple :

Moi qui vient des cours.

- Bonjour maman.

- Bonjour.

- Tu vas bien ?

- T'as honte de dire maman ?

- Mais je l'ai dis !

-Arrête de mentir.

...

Ça me soûl, chaque occasion est bonne pour me crier dessus. Et après ils se demandent pourquoi je ne sort pas de ma chambre.

Ma toute petite sœur me prend pour un monstre une fois sur deux.

Mon autre petite sœur ne me respecte pas du tout.

J'veux fuguer.

Tellement j'en ai marre de chez moi que je reste plus longtemps au lycée. D'ailleurs parlons de ce lieu. J'aime l'école. Oui ça peut sembler bizarre. J'aime l'école, mais pas le lycée. Au lycée j'ai mal. Je souffre. Je suis seule, terriblement seule. Quoique cette année est déjà bien mieux que l'an dernier. Mais j'en ai marre. Tout ça me dépasse, tous les humains qu'il y a me dérangent, parce-que je ressens plus fortement ma solitude. Les cours de plus en plus dur... Mais il n'y a pas que ça, il y a, iel. Cette attirance que je ressens à chaque fois que je le.a croise. C'est pas de l'amour, juste une attirance physique trop puissante, tellement que je n'arrive pas à contrôler mon cœur. Iel est androgyne, je l'envie. J'ai envie de discuter avec iel mais c'est impossible. Bordel pourquoi je suis attirée par l'impossible ?

Pourquoi personne ne m'a prévenu que l'amitié virtuelle était trop compliqué, surtout pour moi qui a du mal à gérer une relation ?

Il est parti. Sans rien dire, il a disparu, du jour au lendemain. Putain qu'il me manque. Mais peut-être que c'est mieux ainsi ?

Et elle ? Pourquoi ne me parle-t-elle plus ? Suis-je si horrible ?

Je suis naïve. Je crois en l'amitié. Mais elle n'existe pas. Ou pas pour moi. C'est comme ça depuis toujours alors pourquoi ça changerai ?

Je ne peux pas avoir d'ami.e.s.
Je ne peux pas.
Je peux pas.
J'peux pas.

Je suis un monstre. Un monstre. Je suis incompétente. Je ne sert à rien. Je suis nulle, dans tout. Je mérite d'être oubliée. Je n'aurais même pas dû exister. Je fais tâche dans cette société bien trop uniforme. Je dois disparaitre.

Ah oui je suis grosse aussi. J'ai beaucoup complexé sur ça, mais j'ai plus ou moins réussi à m'accepter. Sauf que quand t'as des parents qui te répète que t'es grosse, que si tu reste comme ça on va se moquer de toi. Bah je suis désolée mais je peux faire tout l'effort du monde je ne risque pas d'aimer mon corps. Après c'est drôle parce-que on s'étonne de voir que je n'ai pas du tout confiance en moi, surtout quand je suis accompagnée de mes parents. Impossible pour moi d'aller vers un inconnu de peur d'être jugée. Même pour demander de l'aide.

Oh et puis ! Je suis obligée de supporter les phrases comme : "Prends exemple de ta petite sœur, elle fait des trucs de fille elle." "T'as vu ta petite cousine a tricoté une écharpe pour ta grand-mère" (dit d'une façon à bien te montrer que t'es une grosse merde face à eux.) "Toi tu fais pas des trucs de filles, comme la couture, ou autre.."
Non. Juste non. Putain de merde. Je ne veux pas faire ça. Stop au sexisme. Merde si je préfère lire que tricoter, si je préfère la mécanique que la couture j'ai le droit d'être félicitée aussi. Bah moi j'ai fait un pouce-index électronique qui fait le mouvement de la pince et je suis une grosse merde. Oui parce-qu'on ne m'interdit pas hein, juste qu'on ne prend pas en compte ce que moi je fais. J'écris aussi, ah tiens ça vous ne savez pas. Je programme aussi, ah c'est bizarre vous n'êtes pas au courant. Je suis sûre que vous avez honte de moi.

J'ai envie de fuguer.

Un autre truc. Je ne supporte vraiment plus le bruit alors qu'avant ça ne me dérangeais pas. Je m'explique. Les petits bruits bien districts, comme une voix, la respiration, ou autre. Mais un brouhaha ne me dérange pas. Exemple : l'autre jour j'avais contrôle, il était assez compliqué et là d'un coup y'a quelqu'un à l'étage du dessus qui tappe du pied. Je vous jure que j'allais crier, j'avais l'impression d'étouffer, c'était horrible. Mais au contraire parfois le silence fait cet effet. J'étais chez moi et il n'y avait personne, je voulais travailler mais le silence m'écrasait heureusement que quand j'ai ouvert la fenêtre le bruit de l'extérieur m'a calmé. J'ai presque l'impression que c'est vraiment un problème psychologique. Ça me fait peur.

J'veux partir loin d'ici pour me reconstruire. J'ai besoin d'un nouveau départ. Loin de ma famille, de mes quelques amis irl. Je veux m'en aller. Si j'avais juste un peu de courage et un peu d'égoïsme je l'aurais fais depuis longtemps. Mais j'ai quand même peur de trop faire souffrir mes proches. Sinon, si il n'y avait pas ce détail, même vivre dans la rue ne me fait pas peur.

Je veux fuguer.

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Je veux fuguer.

Je vous remercie sincèrement de m'avoir lu.