CHAPITRE XVII
Le soleil était présent, le ciel clair, les hautes herbes tanguaient aux gré du vent, et l'ombre de l'arbre était douce fraîche. En somme, tous les éléments étaient réunis pour que cette balade improvisée avec Alexandra soit un moment agréable, enfin si jamais on mettait de côté la discussion qui allait suivre. Mais il le fallait, il était temps que l'on aborde le sujet sensible de son passé. Je m'en voulais d’avance de lui faire subir cet interrogatoire, et je ne sais d'ailleurs pas comment m'y prendre pour ne pas la chambouler d'avantage, mais on ne pouvait pas contourner indéfiniment ce grand pan de sa vie.
- Avant de commencer, ne pensez-vous pas qu'il est temps pour nous de nous tutoyer ? Après tout, ça fait un mois que l'on vit sous le même toit, déclara Christopher en s'installant à même le sol.
Les yeux baissée Alexandra lui fit un léger oui de la tête.
- Vu que ce point a été éclairci, assieds-toi. Lui dis-je en tapotant l'espace en face de moi.
Elle n'allait sûrement pas me répondre, il fallait donc que je m'assure l'accès à ses yeux pour y lire ce qu'elle voudrait taire.
- Nous allons discuter de ce qui s'est passé pour que je te retrouve cette nuit-là. Tu es d’accord ?
Elle laissa échapper un petit soupir de soulagement sans pour autant se détendre complètement.
- Sache que je ne t'oblige à rien, si tu ne veux pas, on n'en parlera pas. Mais j'ai envie de savoir ce qui t'ai arrivé. Continua Christopher d'une voix qui se voulait conciliante. Es-tu pour cette conversation Alexandra ?
Et là encore je reçu son accord timide.
- Mais comme tu ne me parles pas pour le moment, il va falloir que tu relèves la tête pour que je puisse voir tes yeux dans le cas contraire cette discussion sera encore moins compréhensible pour moi.
Avec une main fébrile, elle ramena tous ses cheveux sur son épaule gauche avant de relever sa tête pour planter un regard apeuré, mais déterminé dans le mien.
- J'ai fait appel à quelqu'un qui à enquêter sur toi durant tout ce mois. Les seules choses qu'il ait trouvées sont, que tu t'appelles Alexandra Nicole Smith, que tu as récemment eût 21 ans et que tu aurais disparu le jour de ton anniversaire après un incendie accidentel qui aurait tué tes parents. Est-ce que ces informations sont correctes ?
Je lui fis distinctement un oui, et un non.
- Elles ne sont donc pas toutes correctes déduisit il par lui-même.
Je lui fis un oui.
- Ton nom est correcte?
Hochement positif de ma part
- Ton âge?
Hochement positif
- La mort accidentelle de tes parents dans l'incendie ?
Hochement négatif de ma part
Leur mort était tout sauf accidentelle. Tout ça c'est l'œuvre de Félix.
- Si l'incendie qui a tué tes parents n'était pas accidentel, cela voudrait dire qu'ils ont été assassinés ? C'est ce que tu voudrais me faire comprendre Alexandra ?
Les larmes aux yeux, je lui fis comprendre qu'il avait raison sur toute la ligne. Il me laissa quelques minutes pour me remettre avant de recommencer.
- Et tu sais pourquoi ils ont été tués?
Hochement négatif de ma part.
Il n'a jamais voulu me le dire, ou plutôt il n'avait pas le temps entre chaque raclés qu'il me donnait.
- Il est dit que tu aurais disparu. Est-ce que c'est parce que tu as pu leur échapper ce jour-là?
Mouvement négatif de ma part.
Ils m'ont kidnappé pour faire de moi leur petit animal de compagnie.
- Ils t'on donc emmené avec eux, dit-il plus pour lui-même.
- Et si je rassemble bien tous les morceaux, tu as passé 9 longues années avec eux, et cette nuit quand je t'ai trouvée sur la route tu étais en train de les fuir ?
J'agitai affirmativement ma tête avec la gorge comprimée à cause du sanglot que je retenais.
J'ai passé 9 ans dans un enfer permanent.
Angel avait maintenant les jointures des mains blanches à force de serrer ses points.
- Je suppose que ce sont eux qui t'on infliger toutes ces blessures?
Mouvement affirmatif de ma part.
Toutes ces années il m'avait battue, humiliée rabaissée et pour finir, il avait voulu me violer.
J'ai des hauts le cœur rien que de repenser à ces instants où j'aurais juré qu'il allait abuser de moi pour ensuite me tuer.
Je n'arrivais plus à les retenir et je laissais mes larmes difficilement contenues couler doucement sur mes joues.
Angel était maintenant debout à tourner en rond en poussant des jurons incompréhensibles, puis brusquement il se retourna vers moi en me regardant dans les yeux. Il était dans une colère noire, et j’étais effrayée de le voir ainsi, je ne savais pas comment il allait réagir. Peut-être qu'il était comme Félix, et que ça sera de ma faute s'il me battait parce que je l'aurais mise en colère.
Non pas Angel, lui il est différent de Félix.
Qu'est-ce que tu en sais ? Tu ne le connais pas depuis si longtemps pour affirmer qu'ils sont différents. Après tout peut-être que tous les hommes sont pareils, et mon père n'en faisais pas l'exception parce que je ne sais pour qu'elles raisons mais c'est de sa faute si je suis dans cette situation
- Alexandra regarde-moi. Est-ce...
Christopher n’arrivait pas à aller au bout de sa question de peur d'en connaître la réponse. Il en avait suffisamment encaissé comme ça, et il serait incapable de se contenir si jamais ces hommes lui avaient fait du mal de cette manière-là, pendant de si longues années en plus.
- Est-ce qu'ils...
Ne comprenant pas ce à quoi je faisais allusion Alexandra me lança un regard interrogateur qui me demandait d'aller au bout de ma pensée.
- Est-ce qu'ils ont essayés de...
Mais une fois de plus, mes mots moururent au fond de ma gorge.
Quand elle aperçut ma gêne, elle comprit ma question, et baissa immédiatement les yeux avant de hocher affirmativement de la tête.
- Les sales fils de putes, comment ont-ils osé ?
Le génie venait officiellement de sortir de la bouteille, et Christopher n'arrivait plus à contrôler sa fureur. Il se mit à frapper violemment du poing l'arbre sous lequel ils étaient, au point d’en avoir les doigts qui saignaient, et la sensation de douleur qu’il ressentait, n'était en rien comparable à celle qu’il avait en imaginant Alexandra dans une situation aussi innommable.
Comment ils ont pu...
Calme toi Christopher, tu vas l'effrayer Elle t'a juste dit qu'ils avaient essayés, pas qu'ils y étaient arrivés.
Entrevoir cette nouvelle possibilité eût le don de le ralentir dans sa colère. Il fit volte-face vers elle en remarquant amèrement la frayeur danser sur les magnifiques pupilles d’Alexandra.
Je me suis trompée, il est comme Félix, et après l'arbre c'est moi qu'il allait battre.
Je marchai vers elle, quand elle se recula pour se protéger de moi. Cette vision d'elle se protégeant de moi comme si je voulais l'agresser me refroidit sur le champ. Comment j'avais pu laisser ma colère exploser de la sorte devant elle, surtout avec son passé.
Je ne suis qu'un con.
Félicitations Christopher, tu as joué à l'imbécile et tu as gagné le droit de ne plus l'approcher. Tu es fier de toi maintenant ?
- Alexandra je suis désolé, je ne voulais pas te faire peur. Je ne veux pas non plus te faire de mal, et je ne t'en ferai jamais, tu as ma parole. Je suis désolé d'avoir réagi de la sorte, ce n'est pas contre toi que je suis en colère.
Je l'entendais pleurer plus fort et j'en souffrais terriblement. Je voulais la serrer contre moi, mais je ne pouvais pas la prendre dans mes bras tant qu'elle ne m'y autorisait pas.
- Alexandra chuchotais-je en me mettant à genoux au-devant d'elle avec une voix cassée que je reconnaissais à peine.
Toujours aucune réaction de sa part.
- Je suis là… À ces mots elle se brisa complètement, et se mis à pleurer abonnement. Son corps était secoué de violents spams qui, à chaque fois me perçaient le cœur.
Je n'y tenais plus.
- Je vais te prendre dans mes bras maintenant. Mêlant l'acte à la parole je m'assis alors encore plus près d'elle, et le plus délicatement possible, je la pris contre mon torse avant de la surélever pour la mettre sur mes genoux. Elle se raidit quelques temps avant de s'abandonner timidement sur mon épaule.
Une main sur sa tête, et l'autre sur son dos, Christopher la serra tout contre lui comme pour absorber toutes ses peines. Il ne supportait pas de la voir dans un tel état de détresse, ni d’en être le responsable. En l'effrayant et en la harcelant de toutes ces questions, il avait sans le vouloir, renvoyé dans les pires moments de sa vie et ça il ne me se le pardonnait pas.
- Je suis vraiment désolé, ce n'est pas ce que je voulais Alexandra. Plus personne ne te fera le moindre mal. Je suis là, et je te protégerai, même de moi s'il le faut. Murmura Angel dans mes cheveux avant de m'embrasser juste au-dessus de l'oreille.
Une douce chaleur à la fois synonyme de tendresse et de protection montait en moi à chaque fois qu'il me murmurait des mots apaisant au creux de l'oreille.
Non il n'était pas comme lui. Angel est très différent de Félix.
La tendresse qu’Alexandra ressentait dans ce geste, concourait à la convaincre que l’homme qui la tenait dans ses bras présentement, et celui qui avait été son bourreau pendant une grande partie de sa vie, étaient dissemblables. Et c'est là qu’elle constata qu'avant Christopher, elle avait passé 9 ans sans verser une seule larme, et voilà qu'après un mois passé avec lui, elle avait pleurée d’abondante larmes deux fois.
Je m'étais maintenant calmée, mais je ne voulais pas pour autant quitter ce nid corporel qu'il m'avait fait. Angel était assis adossé à l'arbre avec moi sur les cuisses, et un vent léger soufflait sur mon visage en amenant à moi l'agréable parfum qu'il portait. J'étais bien ainsi, et surtout, je me sentais apaisée, réconfortée et protégée. Il a dit qu'il sera toujours là, et qu'il prendrait toujours soin de moi, et ça m'avait bien sûr fait chaud au cœur de l'entendre, mais une partie de moi me criait malgré tout, que cela n'était pas vrai. Après tout, mes parents m'avaient eux aussi fait cette promesse mais ils ne l'ont jamais tenu.
Et ma décision n'avait pas évolué, le jour de mon départ de cette maison, sera aussi le jour de mon départ de ce monde.
Sur cette note triste, je refermai les portes de la conscience, prête à céder à la fatigue que l'on ressentait après avoir autant pleuré.
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