CHAPITRE XV
Même cette douche froide n'avait pas réussi à calmer totalement mes ardeurs. Je sentais que mon sang affluait toujours vers le bas à mon plus grand déplaisir.
- Mais où est passé mon putain de self-control rageait Christopher contre lui-même en boutonnant sa chemise bleue.
Comment pouvait-on réagir comme ça en voyant une femme en peignoir.
Jamais aucune de celles que je n'avais connu ne m'avais mis dans un état pareil, et je n'ose même pas imaginer quel serait ma réaction si je l'avais surprise nue au milieu de la salle de bain.
Rien qu'en pensant à cette possibilité, Christopher s'immobilisa net le doigt sur la sangle de sa ceinture.
Tu viens tout juste de prendre une douche froide Christopher, tu ne vas quand même pas te mettre dans une situation qui te poussera à en prendre une deuxième ?
Je me secouai la tête pour éclaircir mes pensées de plus en plus salaces avant de récupérer un sèche-cheveux que je ne me rappelais même pas avoir. Me souvenant qu'elle n'avait pas de quoi se vêtir, je continuai dans mon dressing pour récupérer un de mes t-shirts plus un pantalon de jogging pour habiller Alexandra.
La main sur sa porte entrouverte, je pris une grande inspiration avant de la pousser. Toujours assise à la place où je l'avais laissée, elle se retourna pour s'assurer de la personne qui entrait puis me redonna dos.
- Je vous ai ramené de quoi vous habiller, et aussi de quoi vous sécher les cheveux. Et pour ce qui est des vêtements, ne vous en faites pas, vous ne porterai plus les miens longtemps, dès demain je vous ferai parvenir des choses plus féminines, lui dit Christopher en déposant les vêtements près d'elle. Je reviens dans 30 minutes dis-je en lui ramena le réveil qui était dans la salle de bain pour le déposer sous ses yeux.
Je sens que ce réveil sera un moyen de communication de plus entre nous.
Après avoir quitté sa chambre je me dirigeais vers mon bureau, et même si cette journée hors réseau avait été reposante, je devais toutefois reprendre contact avec le monde.
Ainsi donc, dix coups de téléphone, et 17 mails plus tard, je retournai dans sa chambre. Elle était assise dos à la porte, et si ce n'est pas parce qu'elle s'était habillée, j'aurais juré qu'elle n'avait pas bougée depuis que je l'avais quitté.
- Je constate que vous ne vous êtes pas séché les cheveux. Lui dit Christopher durement en la faisant sursauter.
Alexandra préféra garder la tête baissée, quand elle vit qu’il campait juste devant elle.
-Venez le repas va être froid.
Sans lui laissé le temps de se lever, Christopher la souleva dans ses bras. Il pouvait bien sûr utiliser le fauteuil roulant, mais il tirait un certain plaisir à l'avoir contre lui, à sentir sa chaleur, et de voir la gêne se peindre sur le visage trop pâle de la jeune femme. Toutes ces choses le confortaient dans l'idée qu’il ne la dégoutait pas comme il lui arrivait de le penser. Et pour faire durer ce moment, il descendit les quatre étages à la vitesse de l'escargot, pour la conduire sur une terrasse éclairée située dans le jardin.
- Je me suis dit qu'après 2 semaines enfermée dans votre chambre, nous allions pour votre premier vrai repas ici, manger au grand air. Me dit-il en me déposant sur la chaise en face de la sienne.
Le dîner se passait dans un calme qui était loin d'être gênant, je dirai même qu'il était reposant. J’aurais parié qu’étant donné mon mutisme, l’ambiance serait lourd, mais je m'étais trompée, comme en mon habitude quand il s'agissait de lui.
Angel ne me parlait pas non plus, c'est comme s'il comprenait que j'avais besoin de ce calme. Il se contentait de me lancer de temps en temps quelques regards plein de sollicitudes, et de bienveillance. C'est comme si même en ne se parlant pas on arrivait quand même à avoir une discussion muette.
Je baladais mon regard sur le jardin qui devait être très beau en plein soleil, mais j’avais l’impression d’être de trop. Je n'arrivais pas à croire que j’étais en train de manger un repas complet sur une terrasse au toit de pagode, entourée de belles fleurs, aux belles odeurs, et au près d'un homme que n’importe quelle femme, y compris moi, trouvais plutôt très beau. Ma vie n’avait rien perdue des rebondissements qui la caractérisaient. Il y a seulement 15 jours, je me trouvais enfermée dans une petite pièce lugubre, où je me faisais battre à tour de main par une brute qui se croyait être un homme en faisant cela, et le clou du spectacle, c'est qu'en plus de ça, j'aurais pu finir comme prostituée si je n'étais pas partie cette nuit-là. Je ne savais pas ce que j'allais devenir, ni au bout de combien de temps Angel allait gentiment me chasser, mais pour le moment j’allais essayer de profiter de ce répit que m'offrait la vie, car il y avait deux choses dont j'étais absolument sûre :
Premièrement : Angel allait m'abandonner tôt ou tard.
Tout le monde le faisait, et il n'avait aucune raison de me garder pour toujours à ses côtés. Et pour je ne sais quelle raison, cette pensée m'attristais légèrement.
Deuxièmement : j'allais me suicider.
Je n'avais pas renoncé à cette idée, mais juste reportée à une date ultérieure. Imposer cette situation à Angel était bien au-delà de mes forces. Il était sans le savoir devenu la dernière corde qui me reliait à la vie. Corde qui était destinée à se briser un jour, mais en attendant ce jour, je ferai de mon mieux pour qu'il ne regrette pas de m'avoir sauvé la vie, ce sera en quelques sortes ma manière de le remercier.
Il était hors de question que j’erre dans la nature en attendant le moment où les hommes de Félix allaient inéluctablement me retrouver. Rien que d’y penser me fait frémir d'avance.
- Vous commencez à prendre froid. Si seulement vous m'aviez écouté en vous séchant les cheveux, ils sont trop volumineux, et trop longs pour que vous les laissiez sécher à l'air libre, et de surcroit en pleine nuit. Me gronda Angel en se méprenant sur l’objet de mon frémissement.
Neuf ans passés à me laver les cheveux à l’eau froide en toutes saisons, et à dormir dans une pièce très male chauffée, avaient fini par augmenter ma tolérance face au froid. Mais ça, il ne le savait pas…Il ne savait pas également que j'aurais bien aimé me les sécher, mais comment lui dire que j'étais bien plus accaparée à penser à l'étrange moment qu'il y a eu entre nous, qu'à faire autre chose.
- On ne va pas prendre le risque que vous tombez malade, je vais vous les sécher avant que vous ne vous couchiez me dit-il en me soulevant une fois de plus, et je n’étais pas celle qui irait se plaindre de tant de gentillesse. À chaque fois qu'il me prenait de la sorte, je me sentais en sécurité, comme cet après-midi où il m'avait gardé tout contre lui.
Mais comme je le dis, tous ceci n’est qu’illusion.
Angel venait de me déposer sur la chaise de la commode pour me sécher la tignasse comme il me l'avait dit. Profitant du fait qu'il soit occupé, je m'hasardai à le regarder grâce au miroir. Il avait les sourcils froncés, et si je ne me trompe pas, cela doit être l'air qu'il prend quand il est concentré sur son travail.
Comme à son habitude, il arborait un visage hermétiquement fermé dont les mâchoires carrées étaient serrées. Si je ne savais pas ce qu'il était en train de faire, j'aurais juré qu'il était occupé à tirer le coup de pied décisif lors de la finale de la coupe du monde de football. Et cette pensée eût le bon de m'arracher ma première esquisse de sourire depuis 9 ans. Comme s'il se sentait observé, il releva la tête pour planter son regard dans le mien en ne manquant pas l'occasion de me faire rougir comme une tomate.
- Ce n'est pas bien de se moquer de celui qui apprend Mademoiselle Alexandra. Me dit-il avec une pointe d'ironie dans la voix avant de replonger dans son activité.
Ses gestes étaient parfois gauche mais ce n'était pas ça qui m'incommodait le plus. Le problème c'est que toutes les fois où ses doigts frôlaient mon cuir chevelu, ou mon cou, il déclenchait de puissantes salves d'électricité plutôt plaisantes sur toute ma peau. Jamais de la vie un homme n'avait mis ses doigts dans mes cheveux.
Sauf Angelo, et même là je ne ressentais rien de plus qu'une certaine contrainte pénible vu la raclée qui m'attendait si je l'en empêchais.
Ma douce torture était sur le point de finir vu qu'il était maintenant sur les pointes. J'allais enfin reprendre le contrôle de mon corps.
Comme je m’en doutais, elle avait les cheveux les plus doux que je n'avais jamais touchés. Et ils étaient d'un roux si vif.
Il y a déjà un bon moment que j'avais fini, mais je n’arrivais pas me détacher d'elle, mais je crois que je ne peux plus faire semblant plus longtemps.
A moins que…
- J'ai fini. Mais comme vous n’êtes pas en mesure de le faire pour l'instant, et que j'ai en horreur le travail inachevé, je vais vous brosser les cheveux afin d'y remettre un peu d'ordre.
Parle pour toi oui. C'est là, la meilleure excuse que tu as trouvée pour continuer à farfouiller dans ses belles mèches rougeoyantes Christopher ?
Voilà maintenant qu'il me peignait les cheveux. Il avait l’air encore plus concentré qu’avant. De par ses gestes ça se voyait que ce n’était pas une activité qu’il faisait tout le temps, et pour je ne sais quelle raison, le savoir me soulageait. J’aimais bien qu'il m'aide de la sorte, mais à ce rythme-là, et avec la force qu’il utilisait, il allait tous me les arracher. Sans m'y attendre, ma main se souleva pour aller se poser délicatement sur celle d'Angel comme pour lui faire comprendre qu'il y allait trop fort. Il se raidit face à ce geste en redressant vivement la tête pour me regarder à travers le miroir. Dans ses yeux je lisais un mélange de plusieurs d'émotions dont la surprise, l'incrédulité et enfin la compréhension de mon message.
- J’y vais trop fort ?
Sans le quitter des yeux avec le miroir comme intermédiaire entre nous, je lui donnai de la tête une réponse affirmative, avant de baisser mon regard en rougissant sans raison précise. Il se remit à l’ouvrage, avec une mesure de force plus supportable.
-Vous avez de très beaux cheveux Alexandra, me dit-il d’une voix douce en les ramenant sur le devant, me gratifiant une fois de plus par la même occasion d'un contact électrisant sur mon épaule. Il est maintenant temps de dormir, le docteur Barnes viendra vous vous examiner demain. Bonne nuit Mademoiselle. Et s'il vous plaît tachez de rester dans votre lit pour chercher le sommeil.
Couché les mains derrière la tête, je fixais le plafond de ma chambre depuis maintenant plus d'une heure en faisant sans cesse le récapitulatif de la journée d'aujourd'hui.
1)Alexandra avait essayé de se suicider ;
2)Elle avait ensuite dormi dans mes bras ;
3)J'ai failli l'embrasser après sa douche ;
4)Nous avons dîner ensemble ;
5)Je lui avais séché, et brosser les cheveux avant de la mettre au lit.
Mais entre-temps elle m'avait accordée un semblant de sourire, et m'avait de nouveau touché la main. J'ai dû à ce moment tout faire pour dissimuler la joie, et le désir qui s'étaient en une fraction de seconde installés en moi. Comment un si petit bout de femme pouvait provoquer de si fortes sensations rien qu'en me touchant. Et voilà que je me retrouvais a pas d'heure à sourire comme un con dans mon lit.
C'est sûr qu'avec Alexandra je ne risquais pas de m'ennuyer, tout était question de nouveautés quand il s'agissait d'elle.
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