Alexandra regardait son doigt orné de son nouveau bijou et elle en éprouvait des picotements de joie dans tout le corps à chaque fois. Le soleil se reflétait agréablement sur les différentes facettes du diamant qu’elle portait fièrement, en projetant sur son visage de bienheureuse, plusieurs nuances de couleurs. Bientôt elle serait mariée à un homme qu’elle mettait sur un piédestal, un homme formidable, un homme qu’elle aimait, et le plus beau, cet amour était réciproque. Alexandra Walstein de façon officielle, ne cessa-t-elle de se répéter intérieurement en souriant de plus bel. Elle était certaine de ressembler à une attardée mentale avec la manière dont elle fixait son doigt sourire aux lèvres, mais au fond qui s'en préoccupait ? il y’avait plus beau : elle allait se marier !

Couchée sur le dos en travers du lit, la main devant ses yeux, et la tête très loin dans les étoiles, elle n’entendit pas Christopher entrer, et encore moins ne remarqua qu’il la regardait d’une manière dont beaucoup tuerait pour ne serait-ce qu’être à sa place cinq secondes.

- Quel genre de mariage tu veux ? Une célébration avec une multitude de personnes, ou au contraire une cérémonie restreinte ? demanda doucement Christopher pour ne pas l’effrayer.

Elle se redressa pour le voir arrêter sur le pas de la porte, les mains dans les poches dans toute sa splendeur.

- Je préfère quelque chose d’intimiste avec juste les personnes, ou la personne qu'il faut.

De toute façon, qui vais-je inviter ? Je n'ai pas grand monde dans mon carnet d'adresse.

- Et quand voudrais-tu qu'on organise la cérémonie ? En cette fin d'année, ou tu aimerais qu'on attende afin de l'organiser en début d'année

Tout de suite aurais-je voulu dire, mais je me retins. Pas la peine de passer pour une désespérée.

- Peu importe. Je te laisse le choix de la date, mais j'aimerais que ça ait lieu au plus tard à la fin du mois de Février.

- Pour le lieu, tu as une idée de ce que tu aimerais ?

- L'eau, j’aimerais me marier sur l’eau. Répondit Alexandra du tac au tac.
Christopher la regarda légèrement surpris par sa réponse.

- Tu es consciente qu'il va faire très froid si jamais tu décides d’avoir un mariage sur l'eau en pleine hiver, expliqua-t-il en souriant.

- Oui, reconnut Alexandra de sa douce petite voix au son cristallin. Mais ça ne me dérangerait pas, et ça permettrait à tout le monde de garder l'esprit clair, et vif. Mais ce n’est qu’une préférence, on n'est pas obligés de se marier sur l'eau. On peut très bien organiser ça ici.

- Tu as raison. J'arrive, fit Christopher en quittant la chambre.

De nouveau seule, Alexandra replongea dans son monde tout rose remplit de paillettes multicolores, de licornes, et de Bisounours. Et se laissa tomber à la reverse sur le lit, le sourire aux lèvres et le cœur léger comme jamais. Jamais elle n’avait pensé que le bonheur pouvait être aussi lourd au point de la rendre à la fois aussi légère.

- Viens on sort, lui dit Christopher en faisant irruption dans la chambre moins de trente minutes après l’avoir quitté.

Tirée de ses rêveries, Alexandra se releva les sourcils froncés, en le regardant sans comprendre.

- Et où va-t-on ?

- Se marier bien-sûr, déclara-t-il comme s’il s’agissait d’une évidence.

Alexandra le fixa les yeux surprit, avec l’impression en le regardant, que c’était elle qui avait oublié qu’ils devaient se marier aujourd’hui.

- Comment, ça ? Là ? Tout de suite ? Il n'y a pas certaines choses à régler avant de pouvoir le faire ?

- Oui, ça fait des mois que j'ai fait refaire tes documents personnels. Pour la photo je me suis débrouillé pour en obtenir une de toi, j'ai un endroit où l'eau sera présent. De plus, si je me souviens bien, c'est moi qui suis censé choisir une date, entre aujourd'hui, et la fin du mois de Février prochain. Et bien j'ai fait mon choix, ça sera maintenant. Pourquoi attendre, quand on peut le faire aujourd'hui ?

C'est vrai que dit comme ça c'est convaincant. Mais ...
Pas de mais. Soyons fous.

- D'accord, allons-y concédais-je toute guillerette.

Angel me sourit satisfait, avant de me tendre la main. Je voulais le demander du temps pour ne serait-ce que pour aller me changer, mais je me rendis compte que peu m'importais la façon dont j'étais habillée, l’essentiel était que je l'épouse, habillée en Jeans ou en robe haute couture.

- Comment tu as eu une photo de moi, lui demandais-je une fois dans la voiture qui nous conduisait.

- Voyons, chérie, je ne vais quand-même pas te révéler tous mes secrets avant le mariage, me répondit-il avec un beau sourire en coin, avant de reporter son attention sur la route.

Comment est-ce que le simple sourire qu'une personne vous fait, peu vous mettre dans un état tel état d’extase ? Je serai prête à marcher sur des braises ardentes juste pour qu'il continu de me sourire comme il le fait. Cette fois-ci, c'est certain, je suis officiellement folle.

Le reste du chemin se déroula dans un silence léger. On n'avait pas pour habitude de se parler, donc ça ne nous dérangeait pas. Nos doigts entrelacés sur le siège en cuir de la voiture, je regardais le paysage défiler sous mes yeux, à travers les vitres noircies du véhicule. Je surprenais quelques fois le regard d'Angel sur moi et je fondais à chaque fois comme neige au soleil. Je n'étais toujours pas habitué à être dehors. Mais lors de chacune de nos sorties, je faisais de mon mieux pour dissiper ce sentiment de non appartenance qui s'infiltrait en moi.
Notre long trajet nous avait conduit dans un port. Le paysage urbain avait maintenant été remplacé par un parterre de bateaux tous luxueux et immense. On aurait dit des maisons flottantes. Subjuguée par ces jouets marins grandeur nature, je marchais derrière Angel en le ralentissant dans sa marche, je faillis même le rentrer dedans quand il s'arrêta devant un bateau qui ne dérogeait pas à la règle de la disproportion et du faste. Le bâtiment qui se tenait devant moi atteignait facilement plus de cinquante mètres de long. Il comportait deux étages avec une sorte de mini tour de contrôle aérien sur le sommet. Il était vraiment majestueux, avec ses courbes fines et arrondies. Sa couleur était d'un blanc si épuré, qu'il serait capable d'être confondu avec un tas de neige.

- C'est le phœnix me dit-il en reprenant mon attention.

- Et il est à toi ? demandais-je incrédule.

Je posais la question juste pour la forme, parce que la réponse était déjà plus qu'évidente.

- Oui, je viens de l'acheter, ajouta t'il nonchalamment, comme s’il m’annoncait qu’il avait acheté une bouteille d’eau au supermarché. -Je pensais le faire mais j'hésitais un peu. Et puis tu as dit vouloir te marier sur l'eau, alors ça m'a poussé à me jeter moi-même à l'eau.

Mais qui achète un bateau uniquement, parce que sa fiancée à envie de se marier sur l'eau ?
J'ai beau ne rien savoir des rites, et usages qui se sont mis en place pendant ma captivité, mais je suis certaine que ça, ce n'est pas coutume comme pratique.

- Il ne te plaît pas, ou c'est le nom qui te pose problème, demanda Angel en perdant son sourire, quand il vit la mine que je faisais.

- Si… si je le trouve magnifique, et son nom aussi me va. Mais tu ne trouves pas que ça fait un peu trop, fit Alexandra d'une toute petite voix.

Angel se retourna vers moi et me regardant avec un regard sérieux, avant de me répondre.

- Alexandra, à mes yeux rien n'est fait de trop quand il s'agit de répondre à tes besoins.

- Mais Angel, je ne veux pas que tu dépenses tout ton argent pour moi.
Il arqua un sourcil incrédule, et la tête légèrement renversée en arrière, il se mit à gorge déployée de la phrase que je venais de dire comme s’il était question d’une blague que je venais de lui raconter. Je ne comprenais pas sa réaction. Qu'est-ce que j'avais dit de drôle.

- Tu es bien gentille mon ange, mais à moins que je ne fasse don de toute ma fortune, il est impossible qu'on finisse complètement ruinés dans cette vie, ni dans aucune autre d'ailleurs. Aller viens, je serai ravi de discuter de mes finances avec toi, mais ça sera pour un autre jour, pour l’instant on n’a plus important à concrétiser. Conclut-il d’une voix amusée avant de me guider vers le ponton, avec sa main au creux de mes reins.

L'intérieur était aussi blanc que l'extérieur. Il y'avait cinq chambres et sept salles de bains. Et pour les spécificités techniques, je me suis perdu quand il a commencé à me parler de la vitesse, de la nature de la coque et de la puissance des moteurs. La couleur acajou du bois se mariait agréablement avec le cristal blanc. Tout brillait et je soupçonne même la présence d'or à certains endroits. Ce yacht avait dû lui coûter très cher, ajouter à ça le manoir, les voitures de luxe dont il faisait apparemment la collection, le train de vie fastidieux qu'il menait, il devait être riche comme Crésus, voir même plus.
Mais qu'est-ce qu'il faisait dans la vie ?

Cette question me taraudait dorénavant dans la tête à tel point que je ne faisais plus attention à la description qu'il me faisait de la chambre principale, qui au passage était magnifique.

- Angel, qu'est-ce que tu fais dans la vie au juste ? demanda soudainement Alexandra en laissant échapper par mégarde sa pensée sans même s’en apercevoir.

Christopher se tu et se retourna vers Alexandra qui le regardait avec ses yeux colorés. Cette question surprenait Christopher au plus haut point. Ça faisait des années qu'on ne lui avait plus poser ce genre de question. Il ne savait même pas à quand remontait la dernière fois que ça lui était arrivé. Et honnêtement, l'entendre venant d’elle, était comme une douce musique à son oreille, c'était la preuve qu’il allait bientôt épouser une femme qui ne savait rien du nombre de banques qu’il possédait, ou du nombre de compte en banque qu’il avait, et encore moins du nombre de zéro qu’il pouvait en tout état de cause aligner comme bon lui semblait sur son carnet de chèque.
- Aurais-tu peur que je sois un truand mon ange ? lui demanda Christopher avec un brin de malice.

Elle le regarda quelques instants avant de hausser légèrement les épaules, avec des yeux pas du tout craintifs que la réponse à cette question soit un oui.

- Pour résumer le plus simplement possible, on peut dire que j'ai de nombreuses entreprises et filiales, dans plusieurs domaines différents, tels que l'informatique, l'agroalimentaire, la biotechnologie, l'immobilier, l'hôtellerie, la restauration, le maritime, et je pense très bientôt m'intéresser à l'aviation et à l'aéronautique. Donc ne t'en fais pas, notre avenir sera plus que radieux.

Les yeux ronds, Alexandra le regardait comme si c'était impossible qu'une seule personne ait une main mise sur tous ces domaines à la fois. Elle était vraiment naïve, mais chez elle c’était une qualité qu’il comptait bien protéger. L’ombre d’un sourire aux lèvres, Christopher la conduisit ensuite dans la salle à manger, en jugeant qu’il était temps pour elle de se restaurer.

Le ventre repu, je m'affalai sans gêne sur le matelas moelleux de la cabine principale. Mon manque de sommeil et ma fatigue de ces dernières heures me revinrent comme un boomerang en plein visage. Angel discutait au téléphone avec je ne sais qui. Je comprenais mieux pourquoi il travaillait constamment. Comment une seule personne pouvait gérer toutes ces choses et ne pas finir complètement fou au bout d'un certain nombre d'années.

- Alexandra, cesse de résister. Il faut que tu dormes un peu si tu veux être prête pour ce soir, me dit-il en raccrochant.

Voilà comment il faisait, en contrôlant absolument tout, comme le maître du monde, jusqu'à tes heures de sommeil, me nargua ma petite voix.

- Et pour répondre à ta question de tout à l'heure, au point où j'en suis, tu aurais beau être la personne la plus recherchée par toutes les forces de l'ordre du monde, que ça ne m'aurait fait ni chaud, ni froid, lui avoua-t-elle d’une voix ensommeillée juste avant de sombrer dans un sommeil riche de la voix suave de l’homme qu’elle allait bientôt épouser.

Interloqué par son ton, il la regarda le cœur emplit de joie, et d’assurance en la décision qu’il avait prise. Elle lui avait sorti cette phrase avec une honnêteté et une innocence inouïes, avant de s'endormir presqu'aussitôt comme une enfant. Souriant dans le vide, Christopher l’embrassa avant de remonter la couverture sur elle.