CHAPITRE XLIX
- Mais je n'ai rien dit.
- Pas la peine, tes yeux suppliant parlent pour toi. J'ai dit non à John, et il pense pouvoir t'utiliser pour me faire changer d'avis.
- Et est-ce que ça marche, demandai-je d'une petite voix.
N'obtenant pas de réponse, j'en profitai pour avancer les arguments énoncés par John.
- Les sommes récoltées lors du gala serviront à venir en aide aux enfants qui sont dans le besoin. Il dit qu'en plus tu n'auras pas à t'éterniser là-bas, c'est juste le temps de quelques minutes et qu'il n'y aura pas trop de paparazzis. Personne ne remarquera ta présence. Angel s'il te plaît, fait le, et pendant que tu y seras, je ferai nos valises, ainsi dès que tu rentres on s'en ira où tu voudras.
Son regard réfractaire à la proposition, devînt hésitant, puis il s'illumina. Ses sourcils froncés cédèrent place à un petit sourire en coin. C'est dans des moments comme ça, que je donnerai tout pour être dans sa belle tête bien faite.
- Très bien, on ira à la soirée, fit-il malicieusement.
- Com... comment ça on ? Il a dit que c'est ta présence qui est vivement souhaitée, pas la mienne. Ce n'est pas moi qui suis censé attirer les hommes les plus riches du pays.
- Voyons ma chérie tu es ma femme, de plus selon le sermon du Révérend Johnson lors de la cérémonie, on s'est mariés pour le meilleur et pour le pire. Et à mes yeux ce diné rentre facilement dans ces deux cases. Par conséquent tu dois être là pour me soutenir, et m'aider à traverser cette situation.
- Mais je ne suis jamais allée à ce genre de soirée. Je ne saurai pas comment me comporter, et je risque de te faire honte.
- Tu ne feras jamais honte Alexandra, au grand jamais. En plus ça fait une éternité que je n'ai pas moi-même mis pieds dans ce genre d'endroit. Ça fait donc un point partout. Et penses aux enfants qui sont dans le besoin. C'est bien pour eux qu'on fait tous le sacrifice d'y aller, n'est-ce pas ?
- Mais...
- Il n'y a pas de mais qui tienne, mon ange, on ira à cette soirée tous les deux pour le bien-être des enfants défavorisés. On rentre maintenant, je ne veux pas que la faim te donne le tournis.
Je savais que je devais suivre ma première intention, qui était de ne pas le mêler de cette histoire. Voilà que je me retrouvais dans la case des victimes collatérale. Je pouvais bien continuer à tergiverser en disant que je n'avais pas de vêtements, ni de chaussures ou de bijoux adaptés, mais il allait toujours trouver quelque chose à ajouter.
Dans la voiture, il avait passé tout le temps du trajet à pianoter sur son téléphone. Il était tellement concentré que je pouvais disparaître sans qu'il ne s'en rende compte. Son attitude était tellement sérieuse, qu'on aurait dit qu'il réglait les problèmes du monde. Et comme je m'y attendais, dès qu'on a mis pieds au manoir, il directement m'a mise à table, et ne m'a laissée que lorsqu'il s'était assuré que j'avais fini.
Il me traitait comme une enfant et chose ironique, j'étais couchée sur le lit, à bouder comme une enfant. Je boudais, mais c'était une colère fictive, car au fond j'aime bien quand il prend le contrôle. Lorsque j'entendis du bruit a la porte, sans comprendre pourquoi, je fermai mes yeux, en feignant l'endormissement.
C'est certain qu'avec un comportement aussi puéril, il ne te prendra pas pour un enfant, railla la petite voix.
Je sentais sa présence au-dessus de moi, mais je ne bougeais pas en pensant qu'il s'en irait, mais lui non plus ne bougeait pas.
- Alexandra, je t'ai regarder dormir suffisamment longtemps pour savoir quand tu dors ou pas.
Prise la main dans le sac, je mis fin à mon piètre jeu d'actrice. On se regardaient sans un mot, ou plutôt il me scrutait comme pour savoir à quoi je pensais, jusqu'à ce que je décide de mettre fin à cette séance d'observation.
- Angel, pourquoi tu aimes tout régenter ?
Il me regardait surpris. Il ne s'attendait pas à ce que je lui pose une question aussi directe.
- Je t'étouffe, me demanda-t-il avec un brin de tristesse dans la voix.
- Non, non, m'empressais-je d'infirmer, en me levant.
Il ferma les yeux une fraction de seconde avant de me montrer le regard de quelqu'un qui dissimulait une plaie profonde. Puis en un clignement d'œil, il remit son masque et vint s'asseoir à mes côtés.
- J'ai déjà perdu suffisamment de personnes qui comptaient pour moi. Et Je ne supporterai pas une perte de plus, encore moins la tienne, Alexandra.
Il passa sa main sur ma joue dans une infinie douceur. Les yeux mis clos, j'inclinai ma tête pour profiter de la douceur de son touché.
- Je ne veux pas que quoi que ce soit t'arrive, et tout contrôler est une manière pour moi de m'assurer que rien ne t'arrivera. C'est vrai que c'est ça va te paraître dur, et prétentieux, mais, je ne fais confiance en personne d'autre que moi pour prendre soin de toi, déclara Angel en appuyant son front contre le mien.
Ses lèvres entre-ouvertes étaient à quelques centimètres des miennes. Elles m'hypnotisaient complètement, et j'imaginais tout ce qu'elles pouvaient faire sur mon corps. Les souvenirs de leur dernier passage sur ma peau, me revinrent en mémoire et mon corps s'éveillait.
Comme un automate, j'acquiesçai lentement de la tête pour répondre à sa question muette. Il me fit un sourire à embraser tout sur son passage avant de m'embrasser.
Et il peut prendre soin de moi autant de fois qu'il le veut, me souffla la petite voix qui s'éveillait en même temps que mon corps.
Je refoulai cette idée au coin de ma tête pour me concentrer sur le moment présent.
- Tu ne m'étouffes pas Angel. C'est vrai que quelque fois c'est un peu gênant, mais j'aime quand tu contrôles presque tout dans ma vie.
- Presque ? me demanda-t-il malicieusement en me faisant basculer sur le lit.
- Oui, presque, confirmais-je en riant, avec un air de défi.
Sa bouche déposait un chapelet de petits baisers au creux de mon cou. Ses cheveux me chatouillaient agréablement la joue.
- Tu es certaine que je ne contrôle qu'une partie, et non toute ta vie ? susurra-t-il avant de me mordiller le lobe de l'oreille. Un petit gémissement suivis d'une vague d'électricité me parcourus de partout.
Il me faisait un baisé mouillé, avant de souffler légèrement dessus. Ses mains se baladaient partout sur ma peau, mais il faisait tout pour contourner les parties les plus sensibles. Il se limitait à torturer la surface don ventre, sans jamais aller plus haut ou plus bas. Il jouait clairement avec moi. J'essayais tant bien que mal de résister, mais à quoi ça servait, vu que c'est ce que je voulais.
- Tu diriges tout, soufflais-je à la quatrième brise d'air que je reçus sur le bas de mon oreille.
Il s'immobilisa, et il se redressa pour me regarder le sourire aux lèvres, avant de se relever dans un mouvement fluide. Il venait de me faire passer du chaud au froid en un rien de temps.
- Parfait, parce que j'ai fait venir certaines personnes pour qu'ils s'occupent de toi.
- Quelles personnes, et qu'est-ce qu'ils me veulent, demandais-je complètement revenu à moi.
- C'est pour te préparer pour ce soir. Ils vont te faire essayer quelques robes que j'ai personnellement choisi, et ils te coifferont également.
Donc je n'y couperai vraiment pas. Je comptais lui dire à la dernière minute que je n'avais rien à me mettre et qu'il fallait qu'il y aille sans moi, mais il m'avait déjà vu venir. Je soupirai avant de me mettre debout pour saisir la main qu'il me tendait.
- J'ai tout fait monter dans ton ancienne chambre. Ils sont au nombre de trois et il y a deux hommes parmi eux me prévient-il en ouvrant la porte de ladite chambre.
La nouvelle décoration qu'à pris mon ancienne chambre ressemblait à celle dans laquelle Félix m'avait mise pour la préparation de la mascarade qu'il appelait mariage. Mais ici c'était complètement différent, Angel était mon mari, et je me préparais volontairement pour aller à une soirée avec lui, dans quelques heures. J'étais là de ma propre initiative.
- Bonsoir Madame, moi c'est Noah, lui l'autre garçon derrière moi c'est Justin, il s'occupera de vos cheveux. Elle, c'est Cassie, c'est elle m'assistera pour tout ce qui est maquillage, vêtements et accessoires.
Ils me tendirent à tour de rôle des mains que je serrai à la hâte. Il fallait bien que je m'exerce à dépasser ma répulsion afin de pouvoir serrer les mains de façon naturelle, pour ce soir.
Noah avait un sourire crispé, je suppose qu'avec le regard mauvais d'Angel, cela se justifiait. La jeune femme préférait rester en retrait, et vu sa tête, je suppose que c'était pour rêvasser en paix sur mon mari. Quant-au dénommé Justin, dès que ses yeux se posèrent sur moi, ou plutôt sur mes cheveux, il se fraya un chemin parmi les deux autres.
- Je peux, me demanda t'il en indexant ma longue mèche.
Je n'ai même pas eu le temps de lui donner une réponse claire, qu'il se rua sur ma longue tresse. Il s'extasiait tellement sur mes cheveux que ça en devenait presque gênant.
Et pendant que ce dernier tombait fou amoureux de ma tignasse, le Noah, lui fixait mes yeux, et heureusement que je ne voyais pas dans son regard qu'il me voyait comme un monstre.
- Vous avez des yeux particuliers, je n'en n'ai jamais vu de cette couleur. Mais..., mais, pour plus de conformité, vous voulez pour ce soir porter des lentilles de contact, demanda-t-il d'un ton hésitant en lançant des regards furtifs à Angel.
- Osez changer la couleur de ses yeux, et c'est vous qui risquez de ne plus avoir des yeux où poser des lentilles. Et en ce qui vous concerne, fit-il en interpellant Justin, avant que vous ne soyez possédé par l'esprit d'une paire de ciseaux, laissez-moi vous dire que vous n'avez pas à couper un seul centimètre de cette mèche.
Il parlait d'une voix basse, et claquante qui ne laissait pas place à la spéculation et encore moins à la réplique. L'ambiance de la pièce s'était rafraîchie d'un coup. Je posai discrètement la main sur le bras d'Angel pour qu'il se calme. Il n'était pas le seul à ne pas apprécier cette rencontre, et tout ce protocole, mais ce qui m'insupportais le plus, c'était les regards aguicheurs que l'autre lançait à mon mari.
- C'est bon, Angel, tu peux y aller, il y a beaucoup à faire et on doit les laisser travailler.
Il me regarda quelque temps pour savoir si j'étais suffisamment à l'aise ici, avant d'acquiescer imperceptiblement de la tête, il me gratifia d'une baisé sur la joue puis s'en alla. Cassie la blonde ne cessait de le reluquer, je du racler la gorge pour captiver son attention. Elle remit sur moi un regard gêné et envieux, avant de me faire un sourire aussi faux que ses faux ongles.
- On commence ?
- Bien-entendu Madame, intervînt Noah. Venez, nous allons d'abord commencer par vous trouver une robe. Et c'est autour de ça que l'on construira tout le reste. Votre mari a déjà entre autres fait plus tôt dans l'après-midi une sélection de dix robes de soirée, et c'est vous qui allez décider laquelle vous voulez porter pour ce soir. Cassie avance les robes.
Je regardais ces vêtements hors de prix qui se présentaient devant moi. Comment suis-je censé choisir ? Sur quel critère je dois m'appuyer ? Je ne suis jamais allée à des soirées qui étaient à la fois synonymes de luxe, et de raffinement. Noah ressentit mon trouble, parce qu'il s'était mis lui-même à faire un tri dans les robes, afin de m'en présenter trois.
- Si vous voulez mon avis, avec la peau lumineuse que vous avez, je vous suggèrerai des couleurs intenses qui la mettront en valeur. Essayer ces trois robes et si elles ne vous plaisent pas, on regardera parmi les sept autres. Mais je sais d'ores et déjà celle qui ira sur vous, me dit-il en me faisant un clin d'œil.
D'une main soulagée, je pris les tenues qu'il me tendait puis je me dirigeai vers la salle de bain, en espérant pouvoir les enfiler toute seule. Je pris la première, c'était une robe à corsai blanche. Je pris plus de dix minutes à l'enfiler. Et après que Cassie m'ai aidé à la refermer, je me sentais trop comprimée à l'intérieur. Mon corps n'a jamais appris à être mis en boîte de la sorte. Elle était jolie et je ressemblais à une belle statue de cire, mais le temps mis pour la mettre, et son côté restreint pesaient plus dans la balance. Je la retirai et la mis de côté. Je regardai les deux autres, et l'une d'elle attira mon attention, je me demande comment j'ai fait pour ne pas la voir plutôt. Suspendu devant moi, je regardais chacun de ses détails. Elle était plus que jolie, mais je me demande si ce n'était pas un peu osé comme tenue. Mais si Angel l'a choisie c'est qu'il savait qu'il y'avait une chance sur dix pour que je la mette. Poussée par ce dernier argument, je me hâtai de la porter.
Il s'agissait une robe en velours d'un rouge sang. Les bretelles étaient larges comme des bandes, et elles descendaient juste en dessous de mes épaules. La gorge et les épaules étaient ainsi mises à nu. Et ce n'étaient pas les seules choses dénudées vu que le dos l'était aussi. L'arrière de la robe était échancré, jusqu'à la naissance de mes reins. Il y'avait deux chaînettes à l'arrière qui avait l'aspect translucide du cristal. Elles partaient de chaque bretelle pour se rejoindre en une seule chaîne et parcourir ainsi mon épine dorsale, pour ensuite se perdre également à la naissance de mon dos.
Ma peau blanchâtre contrastait merveilleusement bien avec cette couleur. Et le bas était évasé et très longue comme une robe de bal, mais le clou de spectacle, était la fente longitudinale qui partait du haut de ma cuisse jusqu'à la fin du tissu. Quand je faisais un pas en avant, le blanc laiteux de ma cuisse apparaissait, pour ensuite disparaître derrière le rideau rouge sang de la robe. Elle était douce et fluide. Je comprenais maintenant l'expression doux comme du velours. Elle était spacieuse, et me tenait au chaud. Je me regardai dans le miroir de la salle de bain et je me trouvais jolie.
- J'ai gagné mon pari, fit Noah quand je me présentai à eux. Cette robe vous Roberto Cavalli va à ravir. Il n'y a rien à redire. Elle est classe, sexy. Et maintenant qu'on a trouvé la robe je pense avoir les chaussures parfaites.
Et à mon plus grand déplaisir, il s'agissait de sandales à talons hauts et de la même couleur que la robe. Elles étaient jolies et confortable. Elles ne me faisaient pas mal comme je le pensais, mais je ne n'étais pas pour autant certaine de pouvoir marcher avec.
- Passons au accessoires. Vous aurez une pochette noire, plus un bracelet discret mais qui attire agréablement l'œil, il en sera ainsi avec les boucles d'oreilles. Et je pense que ceux-ci iraient bien avec le bijou que vous avez autour du cou, fit-il en me présentant un coffret Swarrovski contenant un assortiment de bijoux étincelants.
- Ce sont des diamants, soulignant Noah en me mettant le bracelet.
Il recula en me regardant comme s'il admirait son œuvre.
- Parfait, fit-il en tapant dans ses mains avant de me sourire satisfait. Changez-vous maintenant, on va passer aux détails techniques.
Devant mon air interrogateur, il m'expliqua que c'était le massage, le gommage, l'épilation, la manucure et la pédicure. Et pendant ce temps, l'obsédé des cheveux, s'occupera de nourrir et traiter mes cheveux avant de les coiffer. En somme c'est tout ce que je n'aimais pas.
- Je ferez de vous la femme que toutes les femmes jalouseront et que tous les hommes auraient voulu avoir pour femme, conclut Noah d'un air fier.
Et intérieurement, cette idée me réjouissait au plus haut point. Mais j'avais envie d'être désirable au yeux d'un seul homme, le mien.
- Je vois, mais avant qu'on ne s'y mette, j'ai une chose urgente à faire. Vous allez donc m'attendre ici quelques instants. A moins que vous ne reveniez plus tard. Fis-je d'un ton que je voulais ferme.
- Nous avons été appelez pour toute la journée, et nous ne sommes autorisés à partir que lorsque vous serez fin prête pour ce soir. Nous aurons besoin de trois heures au minimum pour vous préparer, soulignant Noah quand je me dirigeai vers la sortie.
- Je ferai vite dans ce cas.
Une fois dans le couloir, je pris le chemin des ascenseurs pour aller en direction de la cuisine, tout en veillant bien-sûr à ne pas croiser Angel. Il fallait que je trouve quelqu'un qui m'aiderait à minimiser les dégâts ce soir.
- Madame ? Vous avez besoin de quelque chose ? me demanda Martha de sa voix bienveillante.
- Euh...oui. J'aurais besoin de votre aide. Continuais-je d'une voix hésitante sous le regard interrogateur de la vieille gouvernante. Ce soir je dois accompagner An..., je veux dire Monsieur à un diner de charité. Il y'aura sans conteste beaucoup de personnes importantes, et j'aurais besoin de quelques conseils sur les manières de se tenir correctement à table si je ne veux pas lui faire honte. Conclus-je en baissant les yeux par honte.
- Bien entendu Madame. Je serai très ravie de vous aider. Fit Martha d'une voix souriante.
Quand je relevai mon regard, je vis ses yeux protecteurs, ses trait doux, son sourire dénué de jugement, et pendant une fraction de seconde, j'eus l'impression d'avoir ma mère à mes côtés.
- Asseyez-vous là, fit-elle en me guidant vers la table à manger de la cuisine.
Pendant que je m'y installais, elle dressa sous mes yeux plusieurs couvert que je n'avais jamais vu. Pourquoi avoir autant de cuillères, de fourchettes, de couteaux, de verres, et d'assiettes pour juste un repas ?
- Je devrais utiliser toutes ces choses durant le repas ?
- Oui, toutes.
- Et je ne peux pas juste utiliser quelques-unes, et dispenser les plongeurs de laver des couverts en moins ?
- Non, toutes Madame. Appuya Martha d'une voix douce.et que vous les utilisiez ou pas tous les couverts seront dans tous les cas lavés. Allez on s'y met afin que vous puissiez monter vous préparer.
- Mais je ne pourrais pas me souvenir de tout.
- Si ce n'est pas bien compliqué vous verrez. Tout sera disposés de la même manière qu'ici, et si vous avez l'impression d'avoir oublié, vous n'avez qu'à regarder ce que Monsieur utilisera. Dit-elle doucement avec un sourire compréhensif. - Nous allons commencer par celui-ci, me dit-elle en soulevant un couteau dont le cisaillement n'était pas si prononcé. Je me demande d'ailleurs ce qu'il peut bien couper. - C'est celui dont vous devez vous souvenir, c'est le couteau à beurre.
- Couteau à beurre répétais-je à voix basse en regardant l'instrument sous toutes les coutures afin de m'en souvenir ce soir.
- Pour le reste, je ne vais pas vous perdre en détaille techniques, tous les couverts seront déposés en fonction du repas qui va être servit. Donc pas besoin d'apprendre quel cuillère, fourchette, ou couteau va avec quoi, il vous suffit de commencer de l'extérieur vers l'intérieur en changeant tout simplement de couvert à chaque nouveau plat.
- Utiliser les couverts de l'extérieur, vers l'intérieur à chaque nouveau plat servi.
- Chaque fois que l'on voudra servir un nouveau plat, ils viendront débarrasser l'ancienne assiette, laissant place à la suivante. Une autre chose à savoir, vous ne devez pas tenir votre couteau comme un stylo ou un bout de bois, tenez-le serré entre le pouce, et le majeur, le manche du couteau coincé dans cotre main avec le reste de vos doigts, et l'index appuyé sur le dos du couteau.
- Comme ça ? demandais-je en prenant un des couteaux pour m'y exercer.
- Non, comme ceci. Me corrigea Martha en me montrant le bon exemple avec le sien. - Voilà. Fit-elle en me souriant d'un air satisfait, avant de me monter les multiples verres du doigt. - Pour ce qui est des verres, ils sont déjà classés, là vous avez le vin blanc, là le vin vigoureux, vin rouge, eau, champagne, ou toutes autres boissons pétillantes. Vous comprenez ?
- Jusqu'ici oui. Mais si...
- Si vous oubliez à quoi sert chaque verre ? m'interrompit-elle en devinant ma question. Et bien si ça arrive, ne soulevez aucun verre, demandez tout simplement que l'on vous serve, et la personne chargée de cette tache fera le choix pour vous. Affirma-t-elle malicieusement.
- Ce n'est pas une si mauvaise idée. Abondais-je en nous faisant rire toutes les deux. Mais dois-je attendre que tout le monde soit servi avant de manger ?
- Si le plat servit est froid oui. Mais pas de panique dans ce genre de soirée tout le monde est servi en même temps. Donc en résumé ?
- En résumé : ça c'est le couteau à beurre ; je ne dois pas tenir mon couteau comme un stylo plume ; j'utilise les couverts de l'extérieur vers l'intérieur ; et pour les verres si j'oublie lequel sert à quoi, je demande juste qu'on me serve, et je laisse celui qui me sert dissimuler ma bêtise grâce au silence.
- Voila ! vous avez tout comprit. Fit-elle fièrement en tapant dans ses mains.
- Et c'est grâce à vous. Merci lui dis-je en me levant de table. Et une dernière chose, appelez-moi Alexandra. Quand vous dites Madame ça me met mal à l'aise.
Derrière ses lunettes elle me regarda quelques secondes avant de faire oui de la tête.
- Et quel est la première règle quand on n'est à table ? demanda Martha quand je m'apprêtai à sortir de la cuisine.
- Na pas recracher son repas même quand il ne nous plait pas ? répondis-je très sérieusement mais d'un ton hésitant.
Je vis à ses yeux qu'elle se retenait de rire.
- Non Alexandra, ne pas mettre les coudes sur la table. Même si la réponse que vous avez donnée est toute aussi valable.
Elle avait en cet instant un des regards que me portait ma mère quand je racontais des bêtises.
- Ah oui, cette règle-là, je vais tacher de ne pas l'oublier.
En quittant la cuisine, j'entendit Martha rire en répétant d'une voix amusée ma première réponse, qui en passant n'était pas aussi fausse.
- Je suis là, nous pouvons nous y mettre. Déclarais-je en revenant dans la chambre où m'attendait le trio de la mode.
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