CHAPITRE VII
Tout le long de la route, Christopher ne cessait de tendre son doigt sous le nez d’Alexandra pour vérifier si elle respirait toujours, et à chaque fois il en éprouvait un réel soulagement. Émotion qu’il ne pouvait d’ailleurs pas expliquer.
Au vu de ses blessures, elle aurait besoin d’un médecin se décida-t-il en lançant un coup de fil sur le kit mains libres de sa voiture. Les multiples bips prolongés de l’appel raisonnaient dans l’habitacle en cuir noir de la voiture pendant quelques secondes avant que la voix du médecin ne les remplace.
— Bonsoir docteur Barnes, désolé de vous réveiller mais j’aurais besoin de vous dans les plus brefs délais entama-t-il sans préambule.
— Bonsoir, Monsieur Walstein, qu’est-ce qui se passe ? Vous allez bien ? demanda le médecin inquiet.
Pas la peine de se perdre en explications, il comprendra de lui-même quand il viendra.
— Je ne peux pas tout vous expliquer au téléphone.
— J’arrive immédiatement conclut alors le médecin.
— Je vous envoie l’hélicoptère sur le toit de votre immeuble pour vous récupérer. Soyez prêt dans 20 minutes. Rajouta Christopher avant de raccrocher.
À la suite du docteur, je composai le numéro de mon pilote pour lui demander d’aller immédiatement chercher mon médecin pour le conduire sur mon domaine.
Après m’être éloigné du lieu où j’avais trouvé la jeune femme, j’avais roulé comme un fou pour atteindre au plus vite mon manoir. Ainsi, au bout de plus d’une quinzaine de minutes de route, j’arrivai devant mon immense portail en fer forgé noir, marqué de la grosse lettre W en son milieu. J’entrai donc mon code d’accès, et le portail s’ouvrit grandement pour me laisser passer.
Il s’agissait d’une ancienne ferme de 10 hectares que Christopher avait rachetés il y’avait à peu près 7 ans de cela. Il avait fait tout raser pour y construire une immense maison de 4 étages tous aussi surdimensionnés les uns des autres, et reliés entre eux par un ascenseur.
Le manoir était entre autres doté de plus d’une trentaine de pièces dont une vingtaine d’entre elles étaient des chambres avec salles de bains individuelles. Ces bijoux de l’immobilier comportaient également trois dépendances, une piscine externe et interne qui s’étendait chacune sur environ une dizaine de mètres, toutes deux chauffantes, un cours de tennis, un terrain de basket, une écurie, une petite forêt et même d’un lac privé.
L’intérieur quant à lui était muni de tous ceux dont il avait besoin pour ne pas avoir à sortir. Cela allait du mini hôpital privé suréquipé géré par le docteur Barnes jusqu’au sauna. Il avait toujours voulu posséder une maison aussi vaste, mais le fait d’avoir un mini hôpital chez lui ne faisait pas partie du plan initial.
Seulement, quand son frère tomba gravement malade, cette idée germa dans son esprit, car il fallait bien avoir de quoi le soigner. C’est ainsi que pour lui, avoir un hôpital privé chez lui était aussi banale que d’avoir une salle de bain.
En plus de toutes ces commodités, le manoir de plus de cinq mille mètres carrés comportait en son sein une grande salle de bals, qui avait déjà servi quatre fois. Il ne manquait plus qu’un centre commercial pour qu’on se croie dans une ville à part entière.
Même son meilleur ami John lui avait reproché cette construction, en jugeant que c’était trop grand pour une seule personne. Mais Christopher était ainsi fait, il adorait avoir beaucoup d’espace, et la perpétuelle solitude qui l’accompagnait, elle aussi avait besoin de beaucoup d’espace.
Ainsi quand il en a eu les moyens, il se fit plaisir avec ce chef-d’œuvre architectural.
Il n’avait pas besoin de la plupart de toutes ces choses qu’il avait installées, mais c’est souvent le genre de dépenses inconsidérées qui se créent quand on a tellement d’argent que l’on ne sait pas quoi en faire.
Roulant aussi vite que je pouvais, je traversai la Grande Allée border de grands arbres jusqu’à arriver à la grande fontaine qui en marquait la fin, puis j’en fis le tour pour me garer directement sous le porche du manoir.
Après avoir coupé le moteur, je fis le tour du véhicule presque en courant afin de récupérer ma passagère.
Avec Alexandra dans les bras, j’ouvris la porte d’entrée, puis je traversai le vaste hall d’un blanc maculé au pas de course et pris cette fois-ci l’ascenseur plutôt que les escaliers.
Arrivé dans l’unique chambre voisine à la mienne, je la déposai avec une douceur qui me surprit moi-même, avant de me redresser pour la regarder.
Je retournai ensuite dans le bureau attenant à ma chambre, pour aller y chercher une paire de ciseaux ainsi qu’un de mes t-shirts, plus un de mes pantalons de jogging.
— Il ne faut pas que je la laisse dans ses vêtements mouillés dit-il, avant d’entreprendre à découper le peu d’habits qui lui restaient.
Ma tâche finie, je continuai dans la salle de bain et ramenai une serviette chaude, que je passai sur tout son corps afin d’en nettoyer les taches de sang. Je l’entendais gémir de douleur à certains endroits, sans pour autant qu’elle se réveil. Arrivé sur son visage, j’enlevai le trop-plein de maquillage qui avait coulé ainsi que son rouge à lèvres que je trouvais excessif, pour enfin entrevoir ses belles lèvres que je ne pus m’empêcher de fixer.
C’est comme si le rose naturel de cette bouche m’appelait.
Je secouai la tête pour me ressaisir et me redressai pour l’habiller, quand je remarquai à quel point les courbes plantureuses de son corps étaient parfaites. Sa peau maintenant nettoyée était laiteuse, et même marquée, elle était d’une beauté sans pareil. Les traits de son visage étaient doux et captivants. Je ne pus me retenir de passer mes doigts sur sa joue douce et se contact me fît frissonner.
Ce n’est pas le moment de jouer au voyeur se reprit Christopher.
Je pris alors le pantalon pour le lui enfiler, quand je tremblai une fois de plus au contact de sa peau.
Soulevant doucement sa tête, le lui passais le t-shirt, puis je déroulai la tresse qui était enroulée autour de son cou pour la permettre de mieux respirer. Je retirai les choses qu’elle avait dans les cheveux tout en les séchant avec une serviette sans pour autant défaire la tresse.
— Il faut que je songe à payer un sèche-cheveux dit-il à haute voix pour lui-même.
Tu parles comme si elle allait habiter avec toi.
— Après les avoir séchés à la serviette, je constatais agréablement qu’elle avait les cheveux les plus longs et les plus doux que je n’avais jamais vus.
Je voyais et avais touché beaucoup de femmes, mais avec elle, tout me semblait inconnu… Comme plus beau.
Toutes ces tâches achevées, je la recouvris et je jetai tout ce que j’avais retiré d’elle dans la poubelle de la chambre.
Je tirai une chaise, puis m’assieds en face d’elle pour l’observer, quand au bout d’un certain temps que je ne saurai quantifier, un de mes employés m’informa de l’arrivée du médecin.
— Faites-le monter ici, répondis-je sans même relever la tête de ma contemplation. Et avant que je n’oublie, faîtes sortir la poubelle, et je ne veux pas que quelqu’un entre dans cette chambre sans avoir eu au préalable mon autorisation, cela sous aucun prétexte. Est-ce clair demandais je le plus froidement possible.
— Oui Monsieur Walstein, me répondit Léa avant de refermer la porte, la poubelle en main et en route pour aller chercher le docteur.
C’est à regret que je m’extirpai de ma surveillance, pour aller ouvrir la porte lorsque Barnes toqua.
Le docteur Barnes était un vieil homme brun qui portait des lunettes. Il était âgé d’une soixantaine d’années environ et faisait partie des médecins généralistes les plus réputés du pays. Il était élancé, mince, et quand le fallait-il était également le médecin de l’hôpital personnel de Christopher.
— Merci d’avoir fait aussi vite.
C’est elle votre patiente, dis-je en m’écartant pour le laisser passer. Il me scrutait anxieux à la recherche d’une quelconque blessure.
— Ne vous préoccupe pas de moi Barnes, je n’ai rien. Mais elle, oui. Je l’ai retrouvée inconsciente et en sang sur la route en rentrant chez moi, je l’ai donc ramené, nettoyé et changé. Et avant que vous ne demandiez, je n’ai pas vu ce qui lui était arrivé dis-je d’une traite.
— Vous avez bien fait me dit-il en allant voir la jeune femme. Vous connaissez son nom ?
— Non, je connais uniquement son prénom, Alexandra.
— Nous allons l’amener faire des scanners et des radios pour voir l’intérieur déclara-t-il après son examen préliminaire.
Je m’approchais et repris Alexandra dans mes bras pour la conduire au lieu désigné. J’ai très souvent pensé à me débarrasser de toutes ses machines médicales high-tech, mais je n’en ai jamais eu le courage, et aujourd’hui je vois que j’aurais fait en son temps une grosse erreur.
Après tout un tas d’examens, ainsi que plusieurs injections et autres soins, je la ramenais dans son lit, afin que Barnes lui pose quelques perfusions. Je n’avais pas voulu que la première chose qu’elle voit à son réveil soit une réplique plus que conforme d’une chambre d’hôpital.
Les installations du docteur finissent, je la recouvris, puis je retournai m’asseoir sur la chaise en attendant que Barnes finisse de récupérer, et d’interpréter les résultats des examens.
— Monsieur ? L’interpella le médecin depuis la porte de la chambre quelques heures plus tard.
Après un dernier regard pour elle, il quitta la pièce et rejoignit Barnes.
— Alors, que pouvez-vous me dire sur son état ? Pourquoi est-elle inconsciente demanda Christopher en s’installant derrière son bureau.
— Elle a subi de lourdes blessures, et son organisme a besoin de se reposer longuement avant de se remettre en marche. Ces blessures les plus récentes me mènent à la conclusion qu’elle a été battue à coup de poing, et les traces rouges sur son cou montrent qu’on a essayé de l’étrangler.
Le regard de Christopher s’assombrit. Il s’en était douté en voyant ses hématomes mais il espérait que le médecin lui dise le contraire.
Il n’avait maintenant qu’une seule envie, c’était de les retrouver pour les faire payer. Comment pouvait – on traiter une jeune femme de la sorte.
Barnes voyant que je m’énervais, patienta quelques minutes le temps pour moi de me calmer. Mais c’était à cet instant, c’était quelque chose d’impossible à faire, je lui fis donc signe de continuer.
— Mais j’ai bien peur qu’il y’ait pire. Déclara le médecin avant de continuer.
— L’extrême blancheur de sa peau trahit un manque prolongé d’exposition au soleil. De plus, la fragilité de ses os ainsi que les résultats de certaines observations morphologiques et d’autres données d’examens sanguines sont révélateurs de certaines carences alimentaires et donc symptomatiques d’une malnutrition. Il y’a aussi les radios et scanners qui m’ont permis de voir de nombreux os mal ressoudés ainsi que des blessures qui dénoncent de mauvais traitements sur une très longue période.
Outre cela, j’ai pu également constater la présence de nombreuses blessures défensives, ainsi que des cicatrices sur son corps qui montrent qu’elle a été battue régulièrement.
Au vu de tout cela, je peux affirmer que cette jeune femme a vécu comme prisonnière et a été battue constamment sur plusieurs mois voire même des années. Et après avoir vu les écorchures sur ses pieds et son corps je pourrais ajouter qu’elle essayait sans doute de s’enfuir au moment où vous l’avez retrouvé compléta le médecin.
— Qu’elle est selon vous son âge demanda Christopher la voix sourde de colère.
— J’estime qu’elle a un âge compris entre 20 et 25 ans.
— Pouvez-vous estimer combien de temps a duré ces mauvais traitements demandés Christopher au bord de l’explosion.
— Non je ne pourrais pas avancer un nombre de jours précis mais, si je prends en compte le facteur âge et la période approximative de sa plus vieille fracture, je peux dire qu’il y’a de très grandes chances que cette jeune femme ait grandies en captivité termina-t-il.
Christopher voyait rouge à présent et avait des envies de meurtres. Il était dans une fureur si forte qu’il ne pouvait retenir les multiples tremblements de son corps. Il avait les pommettes qui rougissaient de colère à chaque fois qu’il imaginait Alexandra battue.
Mais comment c’était possible ?
Sans m’en rendre compte, je venais de jeter mon porteplume en verre sur le mur derrière Barnes, ce qui le fit sursauter. C’était la première fois que j’éprouvais une colère aussi violente que s’en devenait presque douloureux. J’avais envie de me défouler mais il fallait que je me retienne pour ne pas effrayer encore plus mon médecin.
— Et quand va-t-elle se réveiller demanda Christopher la voix vibrante d’une colère à peine contenue.
— Je ne saurai vous donner une date précise, mais cela pourrait prendre 2 à 3 jours. Ça dépendra du temps dont son corps aura besoin pour se ressourcer en énergie. Répondit Barnes d’une petite voix afin de ne pas me pousser vers la potentielle crise de rage qui pointait petit à petit son nez.
— Aussi pour l’y aider je lui ai donné par intraveineuse, des médicaments pour lui donner les vitamines qui lui manque et entre autres, des antidouleurs, et antibiotiques.
J’ai également dû lui poser deux attelles, une au poignet et l’autre à la cheville. Il s’agit de légère entorse, et je me demande même comment elle a pu courir avec cette douleur à la cheville. Rajouta-t-il.
— Merci docteur. Pourriez-vous rester jusqu’à ce qu’elle se réveille ? Demanda Christopher.
— Je suis désolé, mais je ne pourrais pas rester. J’ai plusieurs opérations cette semaine que je ne peux malheureusement pas repousser. Mais une fois de retour je vous enverrai une infirmière pour s’en occuper le temps qu’elle revienne à elle. Comme ça je serai informé de l’évolution de la situation et je reviendrais immédiatement si son état comateux perdurait plus que nécessaire ou en cas de réveil. Ça vous va comme ça ?
— Je ne peux faire autrement, alors oui. Il fait jour, je vais vous faire préparer une chambre pour que vous puissiez vous reposer quelque temps ou préférez-vous juste vous débarbouiller et prendre un petit déjeuner avant que l’hélicoptère ne vous dépose chez vous ?
— Un peu de repos ne me ferait pas de mal. Accepta le médecin.
— Je vous ferai préparer votre chambre habituelle. Et lorsque vous arriverez, envoyer moi immédiatement l’infirmière conclut Christopher en se levant.
— Merci, Monsieur, et bonne journée. Répondit Barnes en serrant la main que Christopher lui tendait.
Après le départ de Barnes, Christopher, répondant à un besoin intense, était retourné dans la chambre de son invitée, afin de s’assurer qu’elle allait bien.
Cela faisait plusieurs heures qu’il la regardait dormir, sa poitrine se soulevait faiblement à chacune de ses inspirations. Les reflets du soleil lui permettaient de détailler chaque partie de son visage. Et malgré les couleurs violacées qui s’y dessinaient déjà, il trouvait qu’elle avait l’air d’être tellement paisible tandis que lui à l’intérieur, il bouillonnait non seulement de rage envers ceux qui l’avaient fait ça, mais aussi de curiosité en vers sa personne.
Qui était-elle ?
Que lui était-il arrivé ?
Pourquoi avait-elle été faite captive ?
Où était passée sa famille ?
Et qui étaient ces hommes qui la traquaient dans la forêt ?
Au bout de quelque temps à tourner sous toutes les coutures ces questions sans réponses dans sa tête, Christopher prit la télécommande pour baisser les stores, plongeant ainsi la chambre dans l’obscurité, puis il s’efforça de quitter la pièce pour aller travailler afin de se sortir la belle inconnue de la tête.
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