CHAPITRE LX
- Alexandra, tu es certaine que tu vas bien, me demanda Carla en enfilant son manteau.
- Oui, tout va bien, ne t'inquiète pas pour moi.
- Comment veux-tu que je ne m'inquiète pas ? Tu sais que tu peux avoir confiance en moi, n'est-ce pas, me demanda une fois de plus la belle métisse avec un air inquiet.
- Oui je sais.
Je sais que je peux lui faire confiance, mais je n'y arrive pas pour autant.
Elle me regardait légèrement déçu, comme si elle savait que ce n'était pas tout à fait vrai. Je ne voulais pas perdre la seule relation qui ressemblait la plus à une relation sorale parce que je n'arrivais pas à lui faire entièrement confiance. J'enfilai à mon tour mon manteau avant de me rasseoir sur un des bancs des vestiaires pour fille de la salle de danse. On était dorénavant toutes seules. Carla me regardait de plus en plus inquiète, puis elle prit place à mes côté en posant une main sur mes doigts joints.
- Qu'est-ce qui se passe Alex ?
- Tu sais, commença Alexandra d'une voix hésitante. Je n'ai pas eu un passé normal. À 12 ans, j'ai vu mes parents mourir sous mes yeux, et après ça, j'ai vécu avec un homme qui cherchait tous les jours un meilleur moyen pour... pour me faire du mal. Et neuf ans plus tard, j'ai réussi à m'échapper et c'est Angel qui m'a retrouvée à un moment où j’ai cru mourir. Sans lui je serai littéralement morte, je lui dois tout. Il m’a tout apprit, jusqu’à comment aimer de nouveau. C'est un homme merveilleux, trop même si je peux dire, fis-je avec un petit rire. Et aujourd'hui donc, il m'a amenée voir un psychologue parce qu'il estimait, et avec juste raison, que j'en n'avais besoin pour pouvoir guérir au mieux des traumatismes de mon passé. Durant cette première séance, le médecin m'a annoncée que j'aurais sans doute à revivre ce que je voulais à tout prix oublier, et ça, ça m'effraie énormément avoua Alexandra la tête baissée, avant de soulever la tête juste à temps pour qu'elle ne me prenne soudainement dans ses bras. Je l'entendais renifler sur mon épaule en étouffant ses sanglots. Pour une fois que ce n'est pas moi qui pleurais... Je trouvais cette situation incommodante, mais je n'allais pas briser ce moment d’intimité en m'écartant d'elle avec comme excuses : je ne supporte pas les contacts de façon prolongée. Je fis donc fi du côté désagréable de la chose et je la pris moi aussi dans mes bras.
- Merci, souffla t'elle en me regardant droit dans les yeux une fois le câlin fini. Merci de me faire confiance, compléta Carla d'une voix enrouée. Et je suis tellement désolée pour tout ce que tu as subie.
- Tu n'as pas à être désolée, ce n'est pas de ta faute.
- Cela n’exclut pas que j'ai mal de savoir que tu as autant souffert. Pour moi tu es ce qui se rapproche plus de la famille Alex, et je t'aime comme une sœur.
- Moi aussi, tu ne m'en veux pas de ne pas t'avoir dit toute la vérité ?
- Non, loin de là. J'ai toujours su qu’avec toi je devais prendre mon mal en patience et je suis ravie que tu ais décidée d'essayer avec moi. Et sache que je serai toujours présente pour toi Alex. Fit-elle en me prenant les mains. Je comprends mieux la force de cette alchimie qu'il y'a entre Christopher et toi. La manière dont il agit avec toi, ou encore l'air surprotecteur avec lequel il te regarde. Je pourrais bien continuer à t'énoncer tous les verbes et adjectifs allant dans ce sens-là, qu’ils seraient encore impossibles de décrire exactement la manière dont te couve du regard, et spécialement quand un autre homme ose poser ses yeux sur toi. J'aimerai moi aussi avoir un homme qui me regarde comme s’il pourrait tuer le monde entier pour moi, et à même y ajouter ça vie si ça devait suffire pour me protéger. Mais on ne parlera pas de mes rêves aujourd'hui. On va plutôt faire quelque chose qui te remontera le moral.
- Non Carla, je dois de rentrer sinon Angel...
- Ton ange ne fera rien du tout. Il t'aime trop pour même oser te faire ne serait-ce qu'une petite réprimande, déclara Carla en me traînant en dehors du vestiaire.
- Et où est-ce qu'on va ?
- Pourquoi, pour que tu dises à ton cher mari.
- Pas seulement, pour que je le dise au chauffeur.
- Non, pas de chauffeur, pas de mari. Aujourd'hui on fera des trucs de filles, qui pourront pourquoi pas profiter à ton mari plus tard.
Pour appuyer l'acte a la parole, nous prîmes un taxi, qui s'arrêta dans une boutique Victoria's Secret. Comme une habituée des lieux, elle se baladait dans les rayons à la recherche de celui qui lui donnerait de la magie. Les sous-vêtements étaient sublimes, tous plus sexy les unes que les autres, mais je ne sais pas si je pourrais un jour porter des trucs aussi dénudés !
- Ça y est, j'ai trouvé, cria Carla en ameutant tout le magasin.
D'un pas hésitant je me dirigeai jusqu'à elle pour voir ce qu'elle avait vu comme magie. Pour être beaux, ces sous-vêtements l'étaient sans aucun doute.
- Tu comptes porter ça, demandais-je d'une petite voix.
- Moi ? Noon. C'est plutôt toi qui va porter ça, me dit-elle avec un air de malice dans les yeux.
- Comment ça moi ? Mais je ne veux pas, ou plutôt je ne pourrai jamais porter un truc comme ça, m'exclamais-je en regardant d'un air dubitatif le cintre qu'elle me tendait. En plus je suis certaine qu'il sera inconfortable !
- Tu ne l'as même pas essayé Alex fit-elle en roulant des yeux.
- Pas besoin, regarde par toi-même, il y'a plus de corde que de tissu !
- Ce n’est pas bien compliqué de vérifier qui de nous deux à raison. Essaye-la et nous verrons.
- On ne peut pas affirmais-je incertaine.
- Si on peut ! appuya-t-elle en poussant vers moi le bout de tissu que je refusais de prendre. Tu ne veux pas faire plaisir à ton ange ? ajouta Carla d’une voix suggestive. Pense à sa réaction, ou plus précisément, à la réaction de son corps quand il te verra dans une tenue pareille.
Carla venait de toucher le bouton qu'il fallait, et il n'en fallut pas plus pour convaincre Alexandra d'aller en cabine pour essayer l’étoffe.
Hésitante, Alexandra se regardait dans la glace, à la fois satisfaite, et gênée d’avoir autant de peau visible, lorsque Carla déboula en trombe dans la cabine d'essayage pour voir ce qui la retenait.
- Oh la, la, la...
- Quoi, ce n'est pas bien ? Tu vois bien que je t'avais dit que ça ne m'irait pas.
- Chuut Alex. T'ai une vraie bombe. Laisse-moi te dire que tu as bien de la chance que je sois une fille, et que je préfère les hommes, sinon ça ne me poserait aucun mal de te faire mienne. T'as un de ces corps qui pourrait faire changer de vocation à un moine ! ton ange il est tombé sur un bon morceau avec toi.
- C'est bon, sors d'ici Carla. Fit Alexandra en poussant Carla vers la sortie dans un rire les joues roses.
- C'est quoi la couleur préférée de Christopher, me demanda-t-elle d'une voix concentrée depuis l’extérieur.
Maintenant qu'elle me le demandait, je me rendis compte que je n'en n'avais aucune idée. Etait-ce normal de ne pas savoir la couleur préférée de son mari, ou son plat préféré ?
- Alex, appela Carla en me tirant de mes pensées. Bon ce n’est pas grave, même moi je ne sais pas si j'ai une couleur préférée. Je vais prendre toutes les couleurs de l'arc en ciel, plus trois autres, en espérant que sa couleur soit comprise à l'intérieur.
Nous nous dirigeâmes vers la caisse avec près d'une dizaine de sous-vêtements.
- Bonjour Mesdames nous salua la caissière en regardant d'un œil brillant le gros cailloux en diamant que j'avais à l'annulaire.
- Tu ne prends rien toi, demandais-je quand Carla déposa la pile de vêtements sur le comptoir.
- Non ! Nous sommes ici pour toi. Mais là où on va ensuite... fit-elle en roulant ses sourcils dans un rire cachotier.
Je souris à mon tour en secouant de la tête, et fis sortir ma carte de crédit American Express Black, que je tendis à la jeune femme au visage de top model.
Cette dernière me sourit comme si elle venait de gagner au loto puis elle prit la carte avant de me la remettre avec un sourire plus large. Et vu le prix que ça coûtait elle pouvait bien continuer à me sourire de la sorte.
- En avant pour l'avant dernier point d'atterrissage, déclara Carla en sortant de la boutique.
Quand elle disait un truc de fille, je m'attendais à une pédicure, aller chez le coiffeur, et dans le pire des cas, aller se faire épiler à la cire. Mais ça... J'aurai encore préféré qu'on soit toujours dans cette boutique de lingerie fine, plutôt que d'être ici ! Je rougissais violement à chaque centimètre que je faisais entre les allées.
- Carla, tu peux me dire pourquoi on est ici, demandais-je d'une voix timide dans un souffle en évitant de regarder les articles.
- On n'est là parce qu'à l'inverse de toi, tout le monde n'a pas la chance d'avoir un superbe homme, parfait à tous les niveaux pour passer des nuits inoubliables. Les nuits sont de plus en plus froides, et ce magnifique sextoy fera l'affaire le temps que je m'en trouve un vrai, se défendit Carla en m'en présentant une grosse et longue hampe en toque. N'est-il pas majestueux Alex, me demanda Carla avec un sourire en fixant le gadget, avant de me le mettre sous le nez.
Je dégluti, et je ne pu m'empêcher de faire une petite comparaison avec l'engin d'Angel. Et il n'y avait pas photo, celui de mon homme est bien plus majestueux que celui-là.
- Alexandra Walstein, ne me dîtes pas que vous êtes en train de comparer ce à quoi je pense, à ce à quoi je sais que vous pensez, me dit-elle amusée.
- Non, non, pas..., pas du..., pas du tout. Je... je ne pense à rien, bafouilla Alexandra les joues toutes roses en cherchant des mots.
Carla lâcha un bel éclat de rire enjouée en avançant encore plus dans l'allée.
- Tu sais ce que s'est, me demanda-t-elle en me tendant un autre des jouets.
- Comment veux-tu que je le sache ? Il y'a encore quelques minutes je ne savais pas que ce genre de boutiques existaient.
- Tu marques un point. C'est un vibromasseur miniaturisé. Tu le mets dans tes dessous en direction de ton vagin, et avec cette télécommande, tu décides de la vitesse à laquelle tu veux que ça aille. Tu ne veux pas en prendre un ?
La femme de moins en moins innocente que j’étais rougie face à cette nouvelle découverte, et celle avide de sexe, ne rêvait que d'essayer cet appareil. Mais jamais je n'oserais.
C'est trop... trop...
Trop quoi Alexandra, me demanda la petite voix.
Je ne sais pas mais c'est trop.
- Non, affirmais-je d'une voix que je ne pu empêcher d'être hésitante.
- Très bien, je ne t'y oblige pas. Mais moi j'en prends deux.
- Deux, s'étrangla Alexandra. Que veux-tu faire avec deux ? Tu ne comptes pas les utiliser en même temps quand même ? chuchota-t-elle rouge comme une tomate.
- Deux en même temps, je n'y avais jamais pensé. Ça c'est une bonne idée Alex. Tu vois que quand tu veux tu peux avoir l'esprit ouvert ! Allez viens, je paie et ensuite on s'en va chez moi.
Comme elle me l'avait déjà dit, elle habitait toute seule dans un modeste petit appartement. Son côté un peu désordonné ressortait dans l'apparte, mais c'était mignon.
- Voilà mon chez moi. Ce n'est pas ce à quoi tu es habituée...
- Chuut Carla, j'aime ton chez toi, fis-je souriante en la rappelant à l'ordre comme elle avait fait plutôt dans la boutique de lingerie.
- Assieds-toi, je vais nous commander un petit truc à manger.
Trente minutes plus tard un livreur de pizza nous amena deux pizza quatre saisons, et une heure plus tard, comme des idiotes, on riait jusqu'aux larmes devant un vieux film en noir et blanc de Charlie Chaplin, avec une bouteille de vin blanc déjà bien entamée.
Mon téléphone posé sur la table basse, j'attendais inconsciemment un appel d'Angel mais rien.
Il était dix-neuf heures moins quand je me décidai à rentrer chez moi. Et je ne nierais pas que j’étais peut-être un peu pompette sur les bords. Après avoir fini la bouteille de vin, nous avions continuées avec quelques cocktails que Carla avait tenu à essayer de faire, et résultats mon taux d'alcool est légèrement au-dessus de la normale. J’étais bien trop euphorique pour être sobre à cent pour cent. Je quittai donc l'appartement, avec Carla au basques, et il faisait bien froid et sombre à l'extérieur. J'étais tellement bien que je n’avais pas vu la lumière du soleil quitter le ciel.
- Appel ton chauffeur, je vais l'attendre ici avec toi fis Carla en récupérant les affaires pour que je puisse sortir mon téléphone de mon sac.
Je constatai avec amertume qu'Angel ne m'avait pas appelée, ni même envoyé un petit message pour savoir si tout allait bien. J'étais en train de chercher ledit numéro quand un véhicule que je reconnu stationna à notre hauteur.
- Bonsoir Mesdames, nous salua le chauffeur en récupérant les sacs que tenaient Carla.
Dans la chaleur du véhicule, je repensais à toute cette journée et malgré le fait qu'elle ait mal commencée, on pouvait dire qu'elle se terminait plutôt bien dans l'ensemble.
Sauf si on ajoute le fait que ton mari t'a complètement oublié, releva pernicieusement une voix en moi.
Je sentais une pointe de colère et de jalousie monter dorénavant en moi, et la fin de soirée que je trouvais belle s'assombrit comme le ciel au dehors.
Et je sens que ça ne va pas s'arrêter là...
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