CHAPITRE LV
Christopher pianotait sur son téléphone afin de faire savoir de façon subtile à la jeune femme qui avait pris place à ses côtés qu’il ne voulait pas parler, mais de son côté, elle jouait à celle qui ne comprenait pas le message.
- Tu ne m'as pas dit que tu te devais te marier.
- Hum hum, fit-il d'une voix distraite.
- Christopher ? appela-t-elle doucement.
- Ça s'est fait à la hâte, lui répondit finalement Christopher sans quitter son téléphone des yeux.
- Ah, je comprends. Rétorqua-t-elle d’une voix qui prêtait à confusion. Confusion qui le tiqua, et qu’il voulait éclaircir au plus vite.
- Et qu'est-ce que tu comprends ?
- Et bien, qu'elle t'a piégé avec une grossesse. Je comprends mieux maintenant. Mais tu devrais lui dire qu'alcool et fœtus ne font pas bon ménage.
Christopher, calme-toi. Ça ne vaut pas la peine que tu perds ton sang-froid à cause d'elle.
Je serrai de toute mes forces le téléphone que j'avais en main afin d'éviter de relâcher ma colère sur elle. Mais cette petite idiote ne me facilitait pas vraiment la tâche.
- Si c'est de ce genre de coup de fouet dont tu avais besoin pour pouvoir t'engager avec une femme, il te suffisait de me le dire, ajoute-t-elle d'une voix mielleuse.
Là c'était trop. Mais comment ose-t-elle ? Elle cherchait mon attention, et bien elle l'avait.
- Cindy, je ne t'aurais jamais épousé même si par un quelconque procédé magique, tu avais réussi à repeupler toute la terre de ma progéniture. J'ai toujours été très clair avec toi sur ce sujet. Tu ne m'intéressais pas il y a trois ans, et tu m'intéresses encore moins aujourd'hui. Et pour répondre à ta question, non elle n'est pas enceinte, et si tu veux tout savoir, elle faisait partie des rares femme qui avait conservé cette parcelle d’innocence. Mais je suppose que tu ne vois pas de quoi je parle. Donc si ce soir tu es de nouveau venu pour tenter quelque chose avec moi, saches que c'est déjà perdu d'avance. Je n'ai jamais été homme à jouer sur deux terrains de chasse en même temps, et ce n'est sans doute pas ce soir que ça va commencer.
En dépit de la musique et du ton bas que Christopher employait, Cindy l'entendait parfaitement, au point d'en éprouver des frissons de crainte. Il savait que ses mots étaient durs, mais avec lui, cette manière d’agir ne constituait plus un problème quand la personne à défendre était Alexandra.
- Je suis certain que tu as déjà entendu cette phrase un bon millier de fois, mais j'aime ma femme, et pour rien au monde je ne vais risquer de perdre tout ce que nous avons déjà bâti pour une nuit entre tes cuisses, ou celles d’aucune autre.
Son visage se tordit de colère et de honte. La bouche ouverte, elle essayait de me répondre en vain. Elle remit fébrilement une mèche de cheveux imaginaire derrière son oreille en me lançant un regard mauvais. Encore pire que ceux qu'elle lançait à Alexandra il y'a quelques minutes. Comme toutes les fois où on se croisait, son égo surdimensionné venait d'être blessé en plein cœur, mais elle allait s'en remettre. C’était certes une très belle femme, mais elle n'a jamais été faîte pour moi, tout comme moi, je ne l'ai jamais été pour elle. Avec une hargne à peine contenue, elle attrapa son sac à main pour s'en aller.
- Encore une dernière chose Cindy, l'interpella Christopher en se levant pour se mettre à sa hauteur. Alexandra est une femme incroyable, de surcroit mon épouse, et pour ces deux raisons je ne permettrai à qui que ce soit d'avoir un écart de conduite, ou de langage envers elle. Est-ce clair ?
Elle dégluti difficilement en écarquillant légèrement les yeux de frayeur face au ton froid que j'avais utilisé. Elle voyait dans mon regard toute la retenue dont je fais preuve à cet instant, et c'est tant mieux. Je ne permettrai à personne de manquer de respect à ma femme. Sans faire attention à elle, je la contournai afin d'atteindre la rambarde pour chercher du regard mon bien le plus précieux. Carla la tenait par la main à jusqu'au bar. Elle en évitait de toucher qui que ce soit, en regardant timidement autour d'elle, tel un agneau sacrificiel au milieu des loups. Je voyais les regards lubriques que les hommes portaient sur les courbes généreuses de son corps.
- Goûtes moi ça, fit John en interrompant la croissance de ma sombre jalousie. C'est une bouteille de quarante-huit ans d'âge. Tu ne vas quand même pas la gaspiller, ajouta t'il devant ma grimace.
Avec sa mine sérieuse, John ne cessait de fixer Christopher les lèvres pincées, afin donc d’éviter un moment durant lequel il allait se plaindre de voir son meilleur ami gâcher une si bonne bouteille en refusant de boire, Christopher pris le verre qu’on lui tendait en soupirant d’exaspération, tandis que John souriait satisfait.
- À la tienne, et à tous ceux qui n'ont pas pu être présent ce soir. Fit-il à l’intention de Christophe. - Au fait, qu'est-ce que tu as bien pu dire à l’une de mes rares cousines pour qu'elle puisse être dans cette état. La dernière fois que je l'ai vu aussi énervée c'est lorsqu’elle avait raté l'occasion de s'acheter une des robes les plus cher de la collection privée d’Armani.
- Rien. Je l'ai juste expliqué de la façon la plus claire qui soit, qu'il n'y aura jamais de nous en parlant d'elle et moi.
- Et je suppose que la douceur n'était pas au rendez-vous lors de ce petit éclaircissement.
- Que veux-tu que je te dise, je ne sais pas faire dans la dentelle.
- C'est là que tu te trompes. Avec elle tu n'es pas le même, contra John en indexant Alexandra plus bas. Tu es tellement doux que tu en deviendrais presque méconnaissable.
- Avec elle ce n'est pas pareil, je sens que je n'ai pas besoin de faire un effort. Je n’ai pas besoin de jouer un rôle, je découvre depuis que je l’ai rencontré que je peux devenir une autre personne, une meilleure version de celui que j’ai été. Être avec Alexandra, c'est comme avoir l'opportunité de tout recommencer en bien. Elle ne sait pas celui que j'ai pu être, ou tout ce que je possède en valeur immobilières ou mobilières, mais elle aime celui que je suis, cette nouvelle personne avec qui moi-même je suis en phase. Je suis en paix à ses côtés John. Affirma Christopher en regardant Alexandra comme si nul autre être n’existait en ce lieu. - J'aime être celui qui la fait rire, celui pour qui ses pupilles si particulières brillent, être celui qu'elle cherche chaque matin avant même d'ouvrir les yeux. Et par-dessus tout j'aime savoir qu'avec moi elle est bien. Mon plaisir découle du fait qu'elle soit entièrement heureuse et comblée.
- C’est bien plus grave que ce que je croyais mon frère. La belle inconnue t'a complètement ensorcelé, et transporté au pays des Bisounours. Tu es maintenant de la fratrie de ceux qui parlent de leur compagne en souriant tels de sombres idiots ayant snifés des hallucinogènes.
- Si on veut, fit Christopher dans un rire franc, en voyant la mine de dégout feint que lui faisait John.
- Et tu as plus d'informations concernant les personnes qui ont détruit sa vie il y'a dix ans ?
Les traits tantôt joviaux de Christopher s'assombrirent brusquement à l'évocation des personnes qui étaient derrière ce qui était arrivé à Alexandra.
- Oui, répondit-il de sa voix sourde en se souvenant du jour où Weller était venu dans son bureau avec un nom, ainsi qu’une condition à laquelle il n’avait, ni ne voulait échapper.
- Et depuis combien de temps tu le sais ?
- Quelques mois.
- Quelques mois ? s'insurgea John complètement ahurie. Tu l'as dit à Alexandra, est-elle au courant que tu détiens des réponses qui pourraient l’en dire plus sur son passé ?
- Non, répondit-il sèchement.
John attendait que Christopher s'épanche un peu plus sur le sujet, mais ce dernier venait de se refermer comme une huître et avait de nouveau revêtu son masque fait de blocs de pierres. Repenser à ça, le mettait dans un puissant mélange de rage et de peur. C'est certain qu'il devait lui dire vérité, mais si jamais elle l'apprenait...
Il ne pouvait pas prendre ce risque. Pour le moment, personne ne devait savoir ce qui lui savait. Personne…
- Je ne veux plus en discuter, ajouta Christopher pour sonner le glas de la fin de cette conversation. Il but d'une traite le contenu de son verre sans quitter Alexandra du regard. Tu comptes m'enivrer ou quoi demandais-je quand John remplit de nouveau mon verre.
- Je n'ai aucun intérêt à le faire répondit ce dernier avec son éternel petit sourire. - Je sais que tu as horreur de parler de ta vie privée, mais comment peux-tu être certain que c'est la bonne. Tu sais que j'aime bien Alexandra, c'est quelqu'un d'adorable, mais, ce n'est pas rien de décider d'unir son existence à une fille que l'on ne connait que depuis moins de sept mois.
John revenait vers des sujets moins sensibles afin de me dérider un peu, il avait compris au fil du temps que peu importait mon état, me faire parler d'Alexandra m'apaisait immédiatement.
- Je ne suis sûr de rien, je dirais même que c’est ce sentiment d’insécurité qui fait que je me bats pour ne pas la perdre. Quelque fois, j’entends cette voix en moi qui me chuchote qu'un jour elle peut décider de s'en aller afin d'enfin découvrir un monde qu'elle n'a jamais connu, et que je me retrouverais de nouveau seul. Murmura mélancoliquement Christopher, plus pour lui-même que pour John. Son cœur se comprimait rien qu'en évoquant un hypothétique départ d'Alexandra. - Ce n'est pas de tout repos tu sais. Avec son passé difficile je suis quelques fois obligé de marcher sur des œufs. Mais en dépit de tout ça, je sais aussi que je ne vois pas d'avenir radieux sans elle. Et si je veux être honnête, je ne vois pas d'avenir tout court, conclut-il en portant pensivement le verre de whisky à ses lèvres.
Tout comme moi, je regardais Alexandra porter à ses lèvres sa deuxième gorgée d'alcool. Et si j'en crois la forme du verre utilisé, c'était de la vodka. Elle en était à son deuxième verre. J’irais l’arrêter avant son troisième verre, mais je sens qu’avec ces deux seulement, elle serait pompette.
- Pourquoi cette question ? Tu es tombée amoureux demanda Christopher avec un petit sourire moqueur.
- Ha ha ha, très drôle Christopher. Plaisanta John avec sarcasme. À moi il faudrait un miracle pour que je tombe un jour amoureux.
- Et bien je te souhaite de rencontrer tout comme moi ton miracle, et ta seconde chance cher ami, je te le souhaite ardemment.
- À mes futures amours alors. Déclara John en soulevant son verre vers le mien.
Carla entrainait dorénavant Alexandra au milieu de la piste de danse, en veillant à ce que personne ne touche Alexandra. Poussée par son amie, ses mouvements qui se faisait timides, devinrent plus rythmique. Un petit attroupement s'était formé autour des deux jeunes femmes qui mettaient le feu à la piste de danse. Elle releva les yeux dans ma direction, et c'est comme si elle dansait uniquement à moi. Les stroboscopes éclairaient par intermittence tantôt son visage, tantôt son corps, corps que j'avais été le seul à posséder. Je ne voyais plus personne, si ce n'est-elle. Le feu présent sur le dancefloor, avait maintenant élu domicile dans mon Jeans, et je ne voulais qu’une seule chose : mettre tout le monde dehors afin de me retrouver seule avec elle sur cette piste de danse. Mais toutes mes belles pensées furent balayées du revers de la main par le décor qui se mit en place plus bas.
- Oh merde, fit alors John en entrevoyant déjà la fin difficile de cette soirée.
Et il avait raison. Car le type apparemment éméché qui venait de prendre en main la longue mèche de cheveux d'Alexandra afin de l'attirer de force vers lui, ne savait pas l’énorme erreur qu’il venait de commettre. Outre le fait que chaque partie d'Alexandra soit à moi, il y'avait aussi le poids de son passé. À cause du traumatisme qu'elle avait subie, je ne pouvais même pas imaginer dans quel état émotionnel ce simple geste l'avait plongé. Je laissai tomber inconsciemment le verre que je tenais à mes pieds afin d'aller chercher une meilleure proie pour mes poings serrés.
- Non, Christopher, laisse-moi aller régler ça, me demandait John.
Mais c'était trop tard. Je m'étais déjà élancé à pas très rapides en direction de cet homme avec dans la tête une très forte envie de meurtre.
- Je vais tuer cette espèce de sale enflure grogna méchamment Christopher dans sa barbe.
- Allé Alex, vient...
- Non, non, et non Carla, et ne me fait pas tes yeux doux. J'ai déjà succombée en acceptant de boire ces deux verres de vodka. J'ai la gorge et le corps en feu. Donc ne compte pas sur moi pour aller là-dedans ! fis-je en montrant du doigt la foule en transe. Il y'a trop de monde et il fait trop chaud.
- Alex, ne fait pas ta rabat joie. Tu ne sentiras plus la chaleur une fois lancée. En plus à quoi ça sert de prendre des cours de danse si on ne les met pas en pratique.
- Mais ce n'est pas pareil. Je ne sais pas danser ça moi.
- Mais c'est le même principe. Ferme les yeux et laisse-toi aller à l’instinct. Pas besoin de trop réfléchir pour danser.
Elle déposa son verre, et m'entraîna une fois de plus dans la direction qu'elle souhaitait. Voilà comment je m’étais retrouvée au milieu de toutes ces personnes au sang chaud. Plus le temps passait et plus l'effet des deux verres de vodka ajouté au champagne me relaxaient. L’envie de remonter trouver Angel, et fuir cet endroit que je trouvais bondé disparaissait grâce à l’alcool, et cette fièvre qui m’entourait prit le control de mes sens engourdis, mon corps se détendait et je me laissais enfin aller.
- Tu vois que ça fait du bien, et connaissant ton homme, je suis certaine qu'il ne te lâche pas du regard actuellement, cria-t-elle par-dessus la musique pour que je l'entende.
Automatique je relevai les yeux vers Angel. L'étage que je cherchais des yeux était trop sombre pour que je le vois, et je ne sais pas si lui me voyait, mais je préférais penser que c'est le cas. Et sans le vouloir, c'est comme si je dansais pour lui. Chacun de mes mouvements lui étaient adressés.
Alexandra était complètement immergée dans l'univers qu'elle partageait inconsciemment avec Christopher. Elle comprenait et ressentait le plaisir que toutes les personnes autour d’elle venaient chercher dans un endroit comme celui-ci. Il n’y avait plus de contraintes, plus de réflexions, juste un moment où on pouvait sauter, crier, hurler, en d’autres mots, elle relâchait une pression qu’elle arrivait à cacher au reste du monde. Puis brusquement elle se reconnecta à l'instant présent quand elle sentit une présence inconnue se faire plus présente dans son dos. Elle essaya de s'en éloigner mais cette présence tira sur sa queue de cheval pour l'immobiliser.
- Alors ma belle, tu ne veux plus danser pour moi, railla l'inconnu dans son oreille en vaporisant sur sa joue sa chaude haleine alcoolisée.
Le dégout passé, une vague de peur électrisa le long de son épine dorsale. Si elle n'avait pas vécu ce qu'elle avait vécu, elle aurait sans doute pu se dégager mais là, la peur l'immobilisait de l'intérieur. Ses yeux s'humidifiaient au fur à mesure que les secondes s'égrenaient et sa gorge trop serrée pour qu'un son puisse en sortir. Les yeux écarquillés, elle n’arrivait plus à faire le moindre mouvement, pas même respirer.
- Lâche ma femme sale fils de pute rugit Christopher en abattant durement son poing gauche sur la pommette du concerné, sans autre forme de procès.
L’inconnu tangua, et alla buter contre l’une des colonnes centrales fixée au sol. Prit en sandwich entre le béton, et Christopher, il ne put faire autre chose qu’encaisser les lourds aller-retour que faisaient les poings de Christopher sur son visage dorénavant en compote. Certains avaient cessé de danser pour observer la scène en se demandant ce qui avait bien a pu se passer. Des cris d'encouragement et des petits sursauts de peur fusaient à chaque fois que l'un des points de Christopher s'abattait sans aucune retenue sur le malheureux qui avait eu pour erreur d’approcher la mauvaise jeune femme.
- Christopher, c'est bon. Je crois qu'il a compris, lui parla John en posant une main sur son épaule. Vient plutôt t'occuper d'Alexandra, elle semble ne pas aller bien et elle ne veut pas qu'on la touche. Je m'occupe de la suite.
Cette scène me rappela ma dernière altercation avec l’un des rares hommes qui avait approché Alexandra d’une manière que je n’avais pas dument approuvée. Avec elle, tous mes bons côtés étaient révélés, mais mon sombre caractère était lui aussi mise à jour, voir même exacerbé. Les hommes présents fuyaient mon regard pendant que je me dirigeais vers Alexandra, et c'était tant mieux ainsi. Cet homme sans le vouloir, avait servi d'avertissement pour tous ceux qui avait un regard baladeur sur ma femme.
Immobile telle une statue, le visage livide, Alexandra ne me voyait pas, même si j'étais arrêté en face d'elle. C'est comme si elle regardait à travers moi. Elle sursauta quand je pris sa main dans la mienne, mais elle ne se dégagea pas pour autant. Doucement, je me rapprochai jusqu'à la prendre dans mes bras, mais elle n'était toujours pas réceptive. J’avais l’impression de tenir une statue de glace tant elle était froide. J’aurai dû écouter ma première idée, et ne pas l’amener dans un lieu pareil. Il y’avait trop de monde, et trop de paramètres aléatoires que je ne pouvais tous prendre en compte.
- Alexandra, mon amour c'est moi, Angel. Lui murmura tendrement Christopher la joue posée sur la sienne. - Tu peux revenir, je suis là et j'ai régler le problème. Cet homme ne te fera pas de mal. Personne ne te fera de mal.
Mon ange roux, revient moi.
Je t'aime tant...
Malgré la présence de la musique, Christopher n'entendait plus rien. Son esprit s’échauffait en extrapolation. Si jamais elle ne revenait pas, il lui faudrait tout recommencer avec elle en espérant que ça marche. Le temps qui passait semblait durer des heures. Les autres les avaient oubliés et dansaient joyeusement sans se soucier d'eux. John et Carla les avaient laissés seuls, afin qu’il puisse la calmer, mais la belle traumatisée semblait s’enfoncer encore un peu plus dans les abimes de son passé. Attendant avec crainte, Christopher était lui, suspendu entre deux respirations, guettant le moindre des réactions physique d’Alexandra, avant de se décider à la faire sortir de cet endroit bruyant pour de la ramener dans un endroit où elle se sentait en sécurité. Une fois dans la voiture, Alexandra fixait continuellement, sans cligner de l’œil le vide devant elle, cet état de replie sur elle-même mettait Christopher dans un état de nervosité sans nom. Il arrêta donc la voiture sur le bas de la route au milieu de nulle part, et descendit lui ouvrir la portière. Elle réagissait telle une automate, et il n’aimait pas non plus la voir ainsi. La Alexandra qui riait encore il y’a encore moins d’une heure avait comme disparut, et l’ancienne, celle qui avait menacé de se suicider était de retour. Comme un piqué, Alexandra les bras figés le long de son corps, se tenait sur la route. Elle ne sentait plus le froid même sans son trench. Doucement, Christopher la prit de nouveau dans ses bras, et la réchauffa de sa présence, il ne pouvait pas attendre d’être à la maison pour aller la chercher, il ne tiendrait pas jusque-là.
- Je suis là mon ange, revient. Lui dit-il d’une voix suppliante en la serrant beaucoup plus fort.
Ensemble l’un contre l’autre au milieu de cette route déserte, au milieu du froid, Christopher attendit plusieurs minutes, minutes pendant lesquelles il lui parlait, la suppliait avec des mots tendres de revenir. Compte tenu de l’heure tardive, et du fait que cette voie soit très peu fréquentée, ils étaient les deux seules âmes vivantes à plusieurs kilomètres à la ronde. Le froid montait en crescendo à chaque minute qui filait, mais le seul froid qu’il ressentait était celui de la distance émotionnelle qu’avait mis la jeune femme. Puis brusquement, Alexandra clignant des yeux, et ses larmes se mirent à couler abondamment.
- Angel ? l'appela-t-elle comme pour s'assurer qu'il était vraiment là.
- Oui mon amour, c'est moi. Je suis là... lui dit-il soulagé.
Elle étouffa un sanglot avant de resserrer à son tour ses frêles bras diaphanes autour de Christopher.
- Je suis là... répéta-t-il. Soulagé de la savoir de retour.
- Il a essayé de… commença Alexandra avant de s’arrêter à cause de la force de son sanglot.
- Je sais. Mais il ne te fera plus de mal. Personne ne t’en fera plus jamais.
Elle acquiesça avant de s’écarter de lui en regardant d’un air perdu l’endroit où elle était.
- On n’est où ? fit-elle en s’essuyant les larmes d’une main tremblante.
- Sur le chemin de la maison. Je ne supportais pas de te savoir aussi silencieuse, j’ai alors arrêté la voiture. Tu veux qu’on rentre ?
Alexandra fit oui de la tête en regardant craintivement cette route qui ressemblait à celle sur laquelle elle était tombée il y’a quelques mois de cela. Cette route qui avait failli être son cimetière.
- Tu ne veux pas qu’on danse d’abord ?
Elle releva les yeux vers Christopher, surprise.
- Danser ?
- Oui.
- Ici ?
- Oui.
- Mais il n’y a pas de musique
- Mais moi je suis là.
- Il fait froid ajoute-t-elle.
- Moi je suis là. Reprit Christopher d’une voix sereine.
- Il fait nuit, et on n’est au milieu de nulle part, au beau milieu de la route. Contra-t-elle de nouveau.
- Et moi je suis toujours là Alexandra.
La jeune femme le regarda en comprenant où il voulait en venir avec cette phrase, et tout doucement, elle fit oui de la tête, puis avec un sourire rassurée, elle fit un pas vers lui, se lova contre son torse, et au beau milieu de la nuit, sur une route déserte, traversant un endroit tout aussi désert, ils se mirent à bouger en suivant un rythme langoureux que seuls eux deux entendaient, et le plus beau dans l’histoire, c’est que cette personne qui la tenait fermement ancré dans cette vie était un merveilleux homme de parole qui lui promettait d’être toujours là pour abattre tous ce qui pourrait se dresser contre elle.
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