☾9☽| Des actes pour traduire nos sentiments
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♫ 𝘪𝘯𝘵𝘳𝘰 & 𝘸𝘰𝘯𝘥𝘦𝘳 - 𝘚𝘩𝘢𝘸𝘯 𝘔𝘦𝘯𝘥𝘦𝘴 ♫
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DES ACTES POUR TRADUIRE NOS SENTIMENTS
interview de Camille
« c'est quoi l'amour pour toi ? »
❝ Hum, dis Siri, c'est quoi l'amour ? ❞
L'Amour, ce sentiment tant redouté que désiré des humains, qu'était-il réellement ? Eh bien, je dirais simplement que l'Amour était indescriptible, même pour notre Cigogne blanche et notre Pigeon voyageur angélique !
Alors vous, sauriez-vous définir l'Amour dans toute sa splendeur et sa laideur ?
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CAMILLE
En patientant devant la Cabriolet de Gabriel, j'avais l'impression d'un déjà-vu. Seulement cette fois-ci, la nuit était plus fraîche et qu'en l'occurrence, je n'étais pas en train de claquer des dents tout en me tenant sur des talons hauts, uniquement réchauffée par la surchemise d'un inconnu dont je venais de faire la rencontre. Non, aujourd'hui, j'avais mon propre manteau adapté à la température et avais opté pour des bottines plates en guise de chaussures.
— J'ignore toujours pourquoi j'ai accepté de te suivre, sans blague, grommelai-je à l'intention de Gabriel qui semblait avoir enfin trouvé ce qu'il cherchait.
Celui-ci, qui était penché vers le siège avant de la voiture et farfouillant je-ne-sais-quoi dans le coffre de rangement se redressa enfin, et sans crier gare me présenta un soutien-gorge. Devant mon air confus, il annonça sur un ton empli de malice :
— Ça t'était sorti de la tête ? C'est le soutif que t'as laissé dans ma voiture à Rome.
Je manquai de m'étouffer en attendant ce qu'il venait de dire, ce qui n'échappa pas à Gabriel. Son sourire de vainqueur s'agrandit ainsi de plus en plus, et son expression faciale s'adoucissait au fur et à mesure par la même occasion quand tout à coup, le vide et la confusion naquirent dans ses yeux. Mes lèvres brûlaient d'envie de lui demander à quoi est-ce qu'il pouvait bien penser mais au fond de moi je connaissais déjà la raison de son trouble. Gabriel venait sûrement de se souvenir de la mauvaise sensation qu'il avait eu à son réveil en découvrant que je m'étais envolée.
— Merci d'avoir pris la peine de le garder pendant tout ce temps, lui souris-je vaguement en m'emparant du sous-vêtement en vitesse que je fourrai ensuite dans ma sacoche. Je dois quand même avouer que ça te donne des airs de pervers...! essayai-je de blaguer, ce qui fut un échec au vu du rire nerveux qui avait troublé le silence de notre bulle.
— Mouais. C'était censé être un souvenir... Maintenant que tu le dis, j'en sais trop rien, peut-être que c'était une erreur de le garder avec moi tout compte fait.
Je déglutis difficilement en le voyant dans un tel état pour la première fois. Il semblait peiné à mort et soudainement distant, comme dissocié de lui-même et du fait qu'il ait conservé mon sous-vêtement. Avait-il réellement l'intention de remettre le sujet sur le tapis ? Tout de suite là, en pleine rue ? J'étais une imbécile, c'en était une chose. Mais lui aussi s'était montré con envers moi lors de ce fameux dîner infernal avec ma famille.
— T'as raison, c'était une erreur, marmonnai-je avec dureté tout en le fixant intensément.
Ses yeux vacillèrent, le muscle de sa mâchoire se contracta, puis il ouvrit la bouche et la referma aussitôt, tout cela en une fraction de seconde, les mains profondément enfouies dans la grande poche avant de son sweat-shirt. À quoi jouais-je ? Pourquoi l'entendre douter de son attachement sentimental envers ce pauvre bout de tissu qui était parfumé de mon odeur m'irritait autant ? Je devrais être enfin soulagée qu'il commençât enfin à admettre qu'il devait peut-être m'oublier... Je devrais l'être, et pourtant...
Nous restions ainsi sans piper mots dans le silence le plus gênant qu'il soit, moi dans l'attente d'une réponse de sa part, ou d'une réaction quelconque, lui physiquement absent.
— Passe une bonne soirée, murmura-t-il tout soudain.
Il claqua la portière de son véhicule restée ouverte tout le long de notre échange glacial puis me contourna promptement. Quelques secondes plus tard, les phares de sa Cabriolet clignotèrent et émirent un couinement tandis que je restai toujours paralysée sur place, les deux mains serrant fermement l'anse de mon sac. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine comme s'il s'apprêtait à aller à la poursuite de Gabriel alors que ma raison jubilait de voir la distance s'agrandir entre lui et moi. Car je le sentais au fond de moi, cet instant allait être cruciale dans mes relations futures avec mon coup d'un soir...
Allions-nous nous en tenir à de simples rapports humains entre voisins ou continuer à nous tourner autour comme des fauves excités ? Telle était la question qui me tourmentait en ce moment même alors que Gabriel s'éloignait davantage de moi. Cette expression faciale neutre qui reflétait sa décision de tirer un trait sur l'intérêt qu'il me portait, ajouté au fait qu'il venait de prendre la poudre d'escampette — comme je l'avais fait à Rome — ne présageaient certainement rien de bon.
Ni une ni deux secondes de plus, je m'élançai à la poursuite de mon aventure d'un soir de Rome devenu mon voisin comme si ma vie en dépendait. Au loin, la grande porte noire vitrée de l'immeuble se refermait déjà derrière lui, une brise violente se rabattit de plein fouet sur mon visage en me donnant la désagréable impression d'être lacérée de partout. Sur mes épaules, mon manteau en fausse fourrure de léopard paraissait subitement peser gros et je regrettai presque d'avoir dénigré les exercices de sprints en sport au collège voyant comment ma respiration se faisait déjà sifflante.
Qu'est-ce que je fus rassurée d'atteindre enfin l'entrée du bâtiment !
— Hé Cam !
Mes doigts se figèrent sur la poignée de porte tandis que je tentais en vain de reprendre mon souffle. Il était trop tard pour faire quoi que ce soit dorénavant... Trop tard pour rattraper Gabriel et déverser toutes mes émotions sur la table. Quand je fus assez calmée, je passai fébrilement mes deux mains sur mon visage jusqu'à faire balancer toutes mes mèches en arrière dans un mouvement de dépit.
Je fis un demi-tour sur mes jambes puis adressai un large sourire à Jeanne et Lola qui attendaient que je les rejoignisse dans le taxi. Et me voilà partie pour l'une des boîtes de nuit les plus branchées de la ville, tout cela dans le plus grand des secrets.
Ce soir, spécialement cette nuit, je délaissais mon masque des Bourgeois sous ma couette et ressortais celui de la bonne vieille Camille de Rome le temps d'une seule soirée de folie entre filles pour célébrer les fêtes de fin d'année. C'était le deal avant de retourner aux repas de famille extrêmement cérémonieux.
— Oh mon Dieu ! J'ai bien cru que t'allais jamais pointer le bout de ton nez ! grogna Lola en exagérant ses gestes telle la drama queen qu'elle était.
— Pour une fois que j'étais à l'heure devant chez Lola, rajouta Jeanne en gloussant. Tes parents ont tardé à s'endormir ?
— Pas spécialement, répliquai-je peu disposée pour avoir une conversation.
— J'arrive toujours pas à croire qu'ils continuer d'associer les boîtes de nuit populaires à las putas ! formula Lola en croisant les bras sur sa poitrine. Les Bourgeois sont bien gentils mais parfois j'ai envie de les- grrr...!
Jeanne pouffa de rire en secouant légèrement sa tête comme dépassée de la manière de s'exprimer de Lola dont les origines latines ne manquaient pas de refaire surface par moments.
— Je te le fais pas dire, surtout que les meilleurs clubs de la ville sont pas forcément les plus chics ! rajouta Jeanne. Parfois, j'ai dû dépenser une somme importante dans la boisson juste pour finir par somnoler sur C'est beau la bourgeoisie de Discobitch...!
— Sans blague ! s'exclama Lola en écarquillant les yeux.
— Eurk, je te jure, il n'y avait pas plus embarrassant que ça.
— Non, je voulais dire, t'as vraiment payé tes boissons ?
— Ouais, pourquoi ? Tu ne le fais pas, toi ? questionna Jeanne. Et toi, Cam ?
J'haussai les épaules en guise de réponse.
— Moi c'est pas le cas, reprit Lola ensuite, sinon ce n'est plus un concept.
— Qu'est-ce que t'as encore inventé, Lola, se marra Jeanne.
— Vider les poches de la gente masculine !
Tandis que les filles se tordaient de rires moi, je collai mon front contre la vitre du véhicule et poussai un soupir inlassable sans m'en rendre compte. Jeanne qui était à mes côtés le remarqua aussitôt et ne manqua pas de s'inquiéter directement pour moi.
— Ça va ? T'as l'air fatiguée.
Elle venait à l'instant de s'incliner outrageusement du côté de la vitre rien que dans le but d'être dans mon champs de vision. Je me tournai vers Jeanne et analysai plus amplement son maquillage. Son smoky eye bleu-noir accentuait davantage ses yeux typiques de l'Asie de l'Est et l'odeur de fraise que dégageait son gloss me fit esquisser un sourire.
— Quoi ? T'en as déjà ras le bol de nous ? blagua Lola qui était apparue derrière Jeanne.
La chevelure blonde de celle-ci était retenue dans un chignon un peu décoiffé, et son corps baignait dans un accoutrement quoique présentable composé d'un jean délabré et d'une grosse veste en cuir.
Puis, alors que je les dévisageais toutes deux, je me souvins tout à coup de la manière dont je les avais traitées. Je les qualifiais de meilleures amies pourtant je n'avais pas hésité à leur cacher mon aventure avec Gabriel et toute cette histoire uniquement par peur que mes parents finissent par être au courant. À croire que je voyais mes meilleures amies comme des pipelettes, sérieusement.
Finalement, c'était moi la fautive dans notre amitié, et sûrement dans l'éloignement de Gabriel également car en fin de compte, j'étais devenue addict à l'attention que ce dernier témoignait à mon égard. Pendant tout ce temps, je me mentais à moi-même. Oui, c'était bien là la triste vérité propre aux Bourgeois : parfois on se voilait la face pour contenir une attitude caractéristique de notre univers sérieux et prestigieux.
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