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♫ 𝘮𝘪𝘥𝘯𝘪𝘨𝘩𝘵 𝘴𝘬𝘺 - 𝘔𝘪𝘭𝘦𝘺 𝘊𝘺𝘳𝘶𝘴 ♫

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UN ANGE DANS UN BAR

interview de Gabriel
« tu penses avoir pris Cam dans tes filets ? »

❝ il ne s'agit pas de ça.
je veux juste qu'elle arrête
de se mentir à elle-même. ❞

« est-ce que tu l'aimes ? »
❝ pardon...? ❞

Des pintes et encore des pintes de bières par-ci et par-là pour évacuer le stress de la vie, ou à certaines occasions comme il était question ici, célébrer des retrouvailles ! Parce que oui, pour la toute première fois depuis qu'il était de retour en France, notre cher Ange pas si angélique qu'il faisait croire avait donné signe de vie sur ses différents réseaux sociaux en faisant ainsi le bonheur — et rien que le bonheur — de son cercle d'amis le plus restreint. Si Camille Bourgeois pourrait incarner l'Intello froide et agaçante dans ces séries et films d'ados typiquement américains, Gabriel lui, serait certainement le Populaire-non-Bad-boy...

Ou pas tout compte fait.

꒱࿐♡ ˚.*ೃ
GABRIEL

Il était plus de vingt deux heures mais les terrasses de la Bastille, quartier situé sur la Rive droite de la Seine, regorgeaient de parisiens et de parisiennes coincés malgré eux dans l'engrenage des festivités de fin d'année. Parmi eux, il y avait mon groupe d'amis et moi qui discutions depuis près de deux heures sur une table intérieure d'un des cafés-bars de la Bastille. Deux heures durant lesquelles nous avions rattrapé un an d'absence en quelques échanges de nouvelles, bonnes comme mauvaises, et de ragots.

— Je souhaite encore lever mon verre au grand retour de l'Archange Gabriel ! s'écria Côme avant de venir faire claquer son verre de bière, rempli à ras bord, contre le mien que j'avais en main dans un mouvement brusque.

Le grand brun et frêle, était emmitouflé dans un cardigan noir de chez Uniqlo. Celui-ci camouflait presque l'ébène de sa peau mais soulignait toutefois la nitescence de ses pupilles. Côme était mon meilleur ami depuis l'école maternelle, et derrière ses dreadlocks et son visage creux et fin se cachait un petit Chien de l'Enfer. Quoique, il était plutôt calme et réservé pour un Cerbère du monde des vivants... M'enfin, quand il était encore lucide.

— Qu'est-ce que t'es chiant parfois ! râlai-je en essuyant d'un geste furtif les goutes du liquide jaunâtre qui venaient de m'éclabousser.

Ma chaise manqua de se renverser suite à mon action prompt pour éviter le carnage.

— Non mais regardez moi cette chochotte ! Bla-bla-bla oh Côme t'as mouillé mon hoodie blanc bec préféré ! me nargua-t-il en prenant une voix plus aiguë que la normale.

La tablée s'esclaffa tandis que je me contentai de lever les yeux au ciel avant de prendre une gorge de ma boisson. Mon attention se dirige inconsciemment sur Daniel et Shaïma dont les rires redescendent, harmonieusement, en décrescendo. Quelque chose avait changé entre eux, je le sentais.

— Le vêtement blanc est fait pour rester blanc bec comme tu dis, ouais. Ce sont des précautions, toi qui n'y connais que dalle, répliquai-je dans le but de le taquiner.

— Y a rien à savoir dans ce que tu racontes, intervint soudainement Daniel en empêchant Côme de déblatérer une nouvelle fois des propos puérils contre moi. C'est le lave-linge qui fait tout le boulot.

— On va sérieusement passer notre soirée de retrouvailles à discuter du lave-linge ? Non mais sérieux, les gars ! Ria Shaïma en tapant dans ses mains, ce qui faisait rebondir ses magnifiques boucles noires.

— Je suis d'accord, dis-je du tac au tac. Il se passe quoi entre vous deux ?

J'effectuai un va-et-vient entre elle et Daniel, un air interrogatif surplombant le regard tout de même espiègle que je leur lançais. Daniel, qui ne savait pas mentir, se mit à rougir et pour dissimuler son mal à l'aise, effectuait des gestes maladroits en tentant de dompter sa crinière blonde. Comme espéré, Shaïma n'y alla pas par quatre chemins et préféra lâcher le morceau sans devoir se battre inutilement (non sans avoir d'abord avalé une grosse gorgée de son cocktail).

— Ça fait un moment, mouais, marmotta-t-elle.
— De quoi ça fait un moment ? Sois plus clair, voyons, lui souris-je bêtement.
— Qui se ressemble s'assemble, marmonna-t-elle en roulant des yeux. T'es aussi casse-noisettes que Côme, c'est pas vrai !

Je me perdis en rires devant le silence de Daniel et l'embarras de Shaïma qui d'ordinaire ne mâchait pas ses mots.

— Quelqu'un peut m'expliquer ce qui se passe ? demanda Côme, aussi pompette que lorsqu'on avait fêté sa majorité. J'ai l'impression d'avoir été mis à l'écart, là. C'est pas cool, franchement, les amis... Pas cool du tout.

— Je suis en couple avec Shaïma, balança Daniel d'une traite.

— Oh... Vraiment ? questionna le dreadlocksé, dubitatif. Attendez, c'est pas une blague ? Vous sortez réellement ensemble ? C'est fou, ça ! (Il m'indexa, un peu trop fier de lui) Je t'avais bien dit qu'ils finiraient par s'envoyer en l'air un de ces quatre ! Waouh, dès le premier jour, je l'ai su ! Putain, je suis un devin...

Côme n'avait pas tord sur ce coup. Les deux amoureux étaient déjà très complices à l'époque où nous les avons rencontrés au lycée. Ces derniers se levèrent de leurs chaises, muets comme des carpes en prenant la direction du comptoir. Mais, avant qu'ils ne se fussent énormément éloignés, j'entendis Daniel murmurer à sa petite amie, un brin énervé :

— C'est ça que je voulais éviter à tout prix. Déjà qu'il arrêtait pas de nous dire à quel point on formerait un beau couple.

— C'est rien, t'inquiète. C'est juste Côme un peu bourré comme on le connaît si bien, gloussa la jeune femme en me faisant un clin d'œil.

꒱࿐♡

Minuit avait sonné ses cloches, et traîner dehors pendant un solstice d'hiver était de loin la pire idée que Côme ait jamais eu. Mes tibias criaient au chaud tandis que mes orteils congelés dans mes Stan Smith juraient de me faire la peau une fois de retour à la maison. Le taxi que j'avais commandé se gara enfin devant nous, et sans attendre une seconde de plus, je fis glisser Côme dans la véhicule et le suivit de très près, trop impatient de pouvoir être enfin au chaud après un quart d'heure d'attente dans le froid glacial.

— Ils sont passés où nos deux amours ? ricana péniblement Côme à peine que le chauffeur Uber eut appuyé sur l'accélérateur.

— Ils sont rentrés en métro en disant que t'étais mon "job à temps partiel", soupirai-je, dépassé par mon meilleur ami qui malgré ses exploits au lycée, continuait d'avoir une faible tolérance à l'alcool. Ton organisme refuse tout simplement de s'habituer à toi, mon pauvre Côme !

— ... T'étais plutôt calme aujourd'hui, murmura-t-il d'un timbre mi-endormi mi-éveillé, la tête excessivement rejetée en arrière sur les appuie-têtes de la banquette.

— Tu sous-entends que je suis une pipelette en temps normal ? le questionnai-je en riant.

— Tu sembles avoir l'esprit ailleurs ces temps-ci. Et j'arrive toujours pas à croire que tu m'aies zappé pendant des semaines après ton retour en France... Connard.

Le chauffeur Uber me dévisagea un instant dans le rétroviseur puis reporta son attention sur la route.

— C'était juste le temps de me réhabituer à la couleur locale de Paris, tu sais... Eh oh, une minute ! Je t'ai chopé pleins de contacts d'Italiennes, tu peux pas me traiter de connard !

Côme s'esclaffa, passa une main sur sa figure avant tourner la tête vers moi.

— Et dans tout ça tu veux me faire croire qu'aucune Italienne n'a volé ton cœur ? haussa-t-il un sourcil inquisiteur.

— Bof Bof.
— T'as eu que des Italiennes ?
— Une Française..., susurrai-je en m'enfonçant dans la banquette. 
— T'as baisé une Française à Rome ? s'étonna Côme.
— Pas exactement... Je dirais plutôt que je lui ai fait l'amour, lui confiai-je sans m'en rendre compte.
— Toi ? Gabriel Richard ?
— Ta gueule.