6.1. | Un dîner muy caliente : l'Espoir est un salaud
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☾6.1☽
UN DÎNER MUY CALIENTE : L'ESPOIR EST UN SALAUD
interview de Camille
« Euh...? »
❝&$&!$#!!!❞
Tous les dîners chez les Bourgeois suivaient cet ordre : visite guidée de leur appartement duplex hors de prix, puis venait l'interminable moment du repas avant de s'achever par une heure de papotages et de performances. Autant dire que pour notre chère Camille, qui s'était lassée de tous ces rites superficiels, c'était d'un ennui épouvantable. Mais ce soir, cette demoiselle — à l'apparence quelque peu frêle — n'aura pas l'occasion de s'ennuyer tant la présence de son ange envoûtant, Gabriel Richard, un brin serré dans son jean délavé gris et sa chemise blanche, accentuera sa migraine.
Hélas, notre soirée muy caliente était loin de s'être terminée...
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CAMILLE
L'Espoir est un salaud, et il avait décidé de ne pas m'accorder de paix. Honnêtement, je ne saurais quoi penser de cette situation insolite et embarrassante. Non mais qui l'aurait cru ? Moi, Camille Bourgeois, en train de faire visiter mon appart à Gabriel... Je veux dire, c'était déjà assez fou d'être tombée sur lui dans un rayon de trois cents mètres autour de mon lieu d'habitation ! Le karma n'avait pas besoin de s'affaisser plus sur mon crâne, sérieusement. Et dire que je commençais tout juste à me réhabituer à mon quotidien.
J'avais pris les devants, Michel et Gabriel à ma suite. Les Bourgeois raffolaient de l'extraordinaire, tout ce qu'on n'était pas susceptible de trouver dans un logement parisien, quoique le nôtre était déjà plus que spacieux. Quoi qu'il en soit, les maisons des Bourgeois empestaient le luxe vieillot de l'aristocratie française mélangé aux valeurs bohémiennes, mais ce fait ne les rendaient pas éligibles à un home tour.
Pour ainsi dire qu'il n'y avait rien de si époustouflant à montrer à nos invités, à moins que ceux-ci s'interrogeaient sur le prix du lustre scintillant décorant le plafond du salon. (C'est de la pacotille). Cependant, Hélène Hulot vouait un culte si considérable envers son ingéniosité en matière d'agencement, qu'il fallait à tout prix en faire des éloges. Elle avait en effet aménagé une pièce en ce qu'on surnomme dans ma famille, une "chambre de travail divertissante". No comment.
— Vous devez certainement avoir faim, entamai-je lorsque nous arrivions devant la fameuse chambre. (Je pivotai d'un quart vers les deux hommes qui me suivaient de près). Alors, vous savez quoi ? On va raccourcir cette espèce de home tour ! m'exclamai-je avec le peu d'engouement qui me restait.
— Pour tout te dire, je suis au bord de l'agonie ! plaisanta Michel en encerclant théâtralement son estomac de ses bras.
Je gloussai devant son cinéma, conquise par la personnalité du quadragénaire encore en bonne forme. Mes iris couleur cacahuète se perdirent une fraction de seconde dans ceux d'un Gabriel inanimé. Il ne faisait rien pour agir normalement, bon sang. Son aura était repoussant, empreint d'agacement et de colère, et cela se voyait à des kilomètres.
Nous pénétrions dans la pièce après cette minute de détente, et j'arborai de nouveau mon masque des Bourgeois qui était synonyme de froideur, soit d'inexpressivité.
— Voici l'endroit phare de la maison, la "Chambre de travail divertissante". Le concept, crée par ma mère, est simple comme son nom l'indique : faire fonctionner son cerveau tout en se relaxant. Tu veux essayer le juke-box ? proposai-je à Michel en faisant volontairement fi du jeune homme qui m'envoyait des éclairs dans le dos.
Michel s'enthousiasma, prit place sur un des fauteuils, puis s'empressa de porter le casque relié à la machine. Je sélectionnai le premier morceau venu et le quadragénaire se mit instantanément à remuer la tête.
— Ça alors, vous écoutez du Beatles dans cette maison ?! s'exclama Michel plus qu'étonné.
— Mon père, déclarai-je avec fierté comme si je parlais de mon enfant.
Tous les Bourgeois avaient eu au moins une période de leur vie durant laquelle rébellion et voyage sur des sentiers interdits les émoustillaient. La mienne n'avait duré que trois mois, mais sans façon.
— Et Hélène, elle, doit être plus soft, j'imagine. Je suis sûre qu'elle adore hum...
— Oh te tracasse pas, elle écoute un peu de tout, l'interrompis-je en pouffant. M'enfin, du moment que les paroles ne sont pas une incitation à l'indiscipline, l'émeute, désobéissance...
— Je vois. Donc, elle n'écoute pas du Beatles, en conclut l'homme aux cheveux poivre plaqués à la George Clooney dans la pub de Nespresso.
Michel grimaça un tantinet, ce qui me décocha un rictus. Bon sang, il m'était impossible de rester sérieuse plus de deux minutes avec lui ! Quel homme sympathique.
— Je vous laisserais bien tenter l'espace "lecture vocale d'un document" ou la machine à café, mais nous manquons de temps.
— Vanité des vanités, tout est vanité, articula soudainement Gabriel en me foudroyant ouvertement du regard. (Il eut un rictus amer). C'est pas un peu superficiel et inutile, tout ça ? Y a quand même des sans-abris qui rêveraient de dormir dans un pauvre studio. Je dis ça, je dis rien.
Qui l'eut crû ? Gabriel était un mauvais joueur, et de surcroît, un homme qui ne tenait pas sa parole. Qu'est-ce qu'il n'avait pas compris dans "Jouons les inconnus", et en l'occurrence, qu'il devait mettre sa haine envers moi de côté le temps d'une soirée ? Et je tiens à rappeler que c'est lui le premier à avoir remis le sujet sur le tapis en évoquant notre accord, bien que je fusse partie pour le faire. Quel causeur de migraine.
Je bataillai pour dissimuler au mieux ma frustration, mais quelque chose me disait que ma maîtrise de soi était de sortie depuis que ma boîte de Pandore m'avait fait face, encore plus rayonnante que jamais. Elle brillait de mille feux, et me donnait envie de continuer notre liaison dangereuse, mais vous savez ce qu'on dit, tout ce qui brille n'est pas or.
— Je suis désolée, murmurai-je d'une petite voix, le visage incliné vers le sol et le front lamentablement appuyé sur mes doigts parfaitement manucurés. J'ai un soudain mal de tête atroce.
J'ignorais ce qui me prenait tout d'un coup, mais j'étais à bout. Ces dix minutes en présence de Gabriel m'avaient plus angoissée que je ne le pensais. Il était réellement une source de stress et de peur pour moi. Cela pouvait paraître insignifiant ou encore anodin pour d'autres, mais j'étais réellement terrifiée à l'idée que mes parents apprennent pour mon comportement frivole à Rome.
Sans avoir même eu le temps de comprendre ce qui m'arrivait, une larme glissa sur ma joue. Un rire nerveux me broya subitement l'estomac alors que je me confondais en excuses devant les deux hommes. Michel s'empressa de me tendre un mouchoir, un peu embarrassé. Je cherchai à éviter d'accrocher les iris sombres de Gabriel lorsque celui-ci réduit la distance qui nous séparait et vint se placer à mes côtés, préférant plutôt accorder mon attention à son père.
— Désolée d'avoir créé ce malaise, murmurai-je après avoir reniflé alors que j'essuyais mes pleurs. La visite aura été beaucoup plus écourtée que ce que j'avais prévu ! J'aurais aimé vous montrer mes tableaux.
— Waouh, nous avons une peintre dans le voisinage ! blagua Michel.
— Je ne me considère pas encore comme une peintre ha ha. C'est un titre à mériter selon moi. Pour l'instant, je vois cette activité comme une passion, je n'ai pas l'intention d'en faire mon métier...
— Tu dois être talentueuse, me sourit-il. T'as des allures d'un génie de la peinture, crois-moi ! dit-il quand nous traversions de nouveau le couloir pour nous rendre dans la salle de séjour.
Face à tant de compliments, mes joues se réchauffèrent d'un seul coup, et à en croire la rapidité par laquelle ma température avait augmentée, j'en déduisis que ma figure devait être rose bonbon en ce moment même. Gabriel, de retour à son humeur froide, nous devança non sans m'avoir légèrement bousculée au passage.
— J'aurais dû m'en douter, chuchota le quadragénaire en s'arrêtant devant un de mes tableaux qui étaient accrochés un peu partout dans le duplex. C'est une de tes œuvres, n'est-ce pas ?
Il pointait de l'index une œuvre d'une peintre allemande de la seconde moitié du 19e siècle dont le thème était la nature morte. Deux pauvres prunes avec leurs feuilles, deux abricots dont l'un n'était qu'à moitié et une vieille mouche trônaient misérablement sur une table drapée. Tous ces fruits étaient en pleine décomposition.
— Non, ça c'est une reproduction sur toile de Prunes et Abricots d'Émilie Preyer, lui répondis-je gentiment. C'est pas trop mon rayon, la nourriture !
— Ah, dommage. J'aurais aimé voir une de tes créations.
J'étais sur le point de l'annoncer avec regrets que la plupart de mes tableaux se trouvaient soit dans mon atelier soit à l'étage du dessus lorsque la mémoire me revint.
J'indexai ainsi un point quelconque au bout de l'allée, droit devant nous, où était dorénavant accroché ma dernière toile avec fierté.
— À vrai dire..., susurrai-je avec joie tout indexant un point quelconque au bout de l'allée où était dorénavant fièrement accrochée ma dernière toile, juste avant d'accéder au salon.
Michel haussa un sourcil inquisiteur.
— À vrai dire, repris-je de plus belle, il y en a une tout juste au-
Mon cerveau s'ébouillanta subitement, et je fus prise d'une chair de poule qui chatouilla le corps de haut en bas. Mes lèvres qui formaient jusque-là un magnifique sourire clownesque, retombèrent petit à petit. J'effectuai un demi-tour sur moi-même, le cœur battant à la folie, en même temps qu'une frayeur embrassait mon âme.
À quelques dizaines de pas de Michel et moi, Gabriel, les bras ballants, était immobile devant ma peinture. Notre "œuvre" artistique visible de tous, mais uniquement connue de nous deux pour la simple et bonne raison que nous en étions les modèles : M.S.O.N.S.
Je me prononce une nouvelle fois, l'Espoir est un salaud, mais le Karma, lui, l'est davantage.
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chapitre un peu long, sorry x)
sinon, comment l'avez-vous
trouvé ? Des hypothèses
pour la suite ? >•<
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