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II- Ha-na 1/2


Mardi 14 Novembre 2023

Les mains sur les hanches, Ha-na faisait face au grand tableau blanc recouvert de notes autocollantes colorées devant elle. Elles étaient le résultat des interviews qu'avaient mené ses stagiaires, et sur chacune d'elles figuraient les réponses des interviewés. Un kaléidoscope de données qualitatives qu'elle devait à présent décortiquer, interpréter et condenser en une synthèse cohérente.

Expirant un bon coup pour se préparer à la lourde tâche qui l'attendait, elle retira sa veste qu'elle cala sur le dossier d'un siège, et s'empara d'un crayon qu'elle glissa entre ses lèvres.
La tête rejetée en arrière, elle glissa ses doigts dans le carré lisse de sa chevelure ombrée, les soulevant en une torsade négligée qu'elle fit tenir en y insérant le morceau de bois.

Derrière elle, les murmures suggestifs des membres masculins de son équipe se firent entendre. Elle savait qu'ils la déshabillaient du regard mais elle préféra ne pas y accorder d'importance.

Sa récente promotion comportait un revers de médaille auquel elle peinait encore à s'habituer.

Elle était désormais à la tête d'une équipe d'hommes et de femmes à peine plus âgés qu'elle, qui pensaient mériter sa place.

Quand ses collègues masculins ne louchaient pas sur la commissure de son chemisier, c'étaient ses consœurs qui racontaient à qui voulait l'entendre que son physique avantageux était le véritable escalier de son ascension. 
                                                                                    Après tout, elle sortait avec un ingénieur renommé, courtisé par les géants de la Tech et pilier d'une start-up de premier plan.

Et les coïncidences professionnelles alimentaient les spéculations.

Le fait qu'ils travaillaient tous les deux dans le même milieu ne faisait qu'attiser les suppositions selon lesquelles son petit ami avait joué un rôle dans sa soudaine évolution de carrière.

Et c'était bien vrai. La carrière d'Ha-na avait pris un tournant radical lorsqu'elle avait rencontré Jeon Jungkook. Mais les choses ne s'étaient pas passées comme tout le monde semblait le croire.

_Je pense qu'on peut faire l'impasse sur ce groupe, lança une de ses collègues, pointant du doigt le coin supérieur du tableau.

En une heure, ils avaient regroupé des réponses de plus de deux-cent cent interviewés et les avaient dispersés sur le tableau par groupe d'affinités.

_ Pourquoi ? l'interrogea Ha-na, les yeux plissés, sceptique.

_Ils disent tous qu'ils préfèrent des interfaces intuitives plutôt que d'avoir à les personnaliser. Ça n'a pas de sens. Comment on rend une interface intuitive sans la personnaliser un minimum ?

Ha-na savait que son interprétation était erronée, mais elle savait aussi que la contredire devant tout le monde allait alimenter ses foudres et créer plus de tension auprès du reste de l'équipe. Alors elle décida d'interroger la plus réfléchie du groupe, en espérant que celle-ci serait assez professionnelle pour ne pas soutenir son amie dans son erreur, malgré leur animosité commune envers elle.

_ Ji-won, qu'est-ce que tu en penses ? s'enquit Ha-na en se tourant vers la jeune stagiaire.

La concernée se raidit, sentant le piège se refermer sur elle, ses yeux amplifiés derrière le vert de ses lunettes trahissant son conflit intérieur. Elle lança un regard suppliant à son amie, lui faisant comprendre qu'elle devait dire la vérité.

_ Euh..., Su-min, articula-t-elle hésitante, je crois que tu confonds l'intuitivité et la personnalisation. C'est vrai qu'ils peuvent parfois se chevaucher mais c'est deux concepts totalement différents.

_ Peu importe, reprit Su-min, non sans avoir jeté un regard de braise à sa complice habituelle. La personnalisation est ce sur quoi nous devons nous concentrer, ça a toujours fonctionné que ce soit dans ce domaine ou dans un autre. Je vous rappelle que les gens sont assez stupides pour acheter un coca-cola juste parce qu'il y a leur nom dessus.

La jeune femme fit deux pas en direction de sa chef d'équipe, les bras croisés sur sa poitrine en une armure de défi, ses cheveux d'un roux flamboyant reflétant sa détermination.

_Je sais de quoi je parle parceque j'ai bien étudié ce concept. Je suis diplômée de l'UNS, vous vous souvenez ?

La jeune chef se rapprocha d'elle à son tour, comblant le vide qui les séparait, un sourire assuré ourlant ses lèvres.

_L'interprétation subjective est la première erreur à éviter quand vous faites une analyse de données qualitatives. Répliqua t-elle d'un ton calme mais ferme. Vous ne pouvez pas utiliser vos hypothèses pour rejeter les réponses qui contredisent vos attentes, au risque de laisser vos opinions fausser l'analyse. C'est une leçon de base qu'on apprend en première année, même dans mon humble université. Vous êtes diplômée de l'UNS et vous ne savez pas ça ?

Les rires contenus des deux membres masculins de l'équipe, témoins attentifs de l'échange, se firent entendre. L'irritation piquant ses traits, la rousse pinça ses lèvres charnues pour contenir sa frustration.

_ Du coup c'est vous qui allez décider de ce qu'on garde et de ce qu'on jette, c'est ça ? renchérit t-elle, sur un ton sarcastique.

Ha-na se détourna d'elle en soufflant d'exaspération, lui indiquant qu'elle ne gaspillerait pas une seconde de plus en querelles futiles.

_ Non, la décision finale ne repose pas que sur moi, souligna la jeune chef, se penchant vers le tableau pour reprendre le classement des notes. C'est bien pour ça qu'on est une équipe.  Nous allons débattre, échanger nos points de vue, et parvenir à un accord commun.

A peine eut t-elle finit de parler que la rousse se désolidarisa du groupe, sous le regard peiné de sa fidèle alliée. Elle s'isola dans un coin tranquille de la salle, où un pouf moderne et un porte-revues métallique côtoyaient une grande fenêtre, offrant une vue sur la ville animée en contrebas.
Elle saisit un magazine au design épuré et s'affala sur le siège, croisant nonchalamment ses jambes fines, et plongeant dans les pages avec une indifférence feinte qui masquait mal son irritation.

En son for intérieur, Ha-na éprouva un soulagement discret face à son retrait. Son absence avait, comme par magie, insufflé un esprit de collaboration parmi les autres, accélérant la conclusion productive de leur session de travail.
                                                                               
Quand ils eurent terminé et planifié ensemble les prochaines étapes du projet, Ha-na se retira dans son bureau, laissant échapper un soupir de lassitude en se laissant tomber sur le fauteuil. Elle en profita pour retirer ses escarpins d'un geste libérateur et  se masser ses tempes, regrettant l'époque où elle travaillait en freelance.
                                           
Tout avait commencé lorsque Ae-cha, sa sœur ainée, l'avait embarquée dans ce projet fou de création d'une boutique de vêtements en ligne.

Pour enrichir son portfolio, Ha-na avait créé le concept et imaginé le design des interfaces après avoir minutieusement interviewé de potentiels clients. C'est ainsi qu'elles avaient créé Indigo, dont le concept était rapidement devenu viral sur les réseaux sociaux. Il avait permis à sa sœur d'écouler son premier stock en un temps record.

Ce succès avait permis à Ha-na de se faire un petit nom dans le milieu, et lui avait ouvert les portes de projets de plus grande envergure.

Et puis un jour, elle avait été contactée par l'équipe de Jeon Jungkook, et s'était retrouvée en face de lui.

Ha-na se souvenait encore de la première fois qu'il avait posé les yeux sur elle.

Elle avait trouvé son regard saisissant.

Pas de ceux qui intimident, mais de ceux qui vous attendrissent par leur innocence.

Ses yeux étaient aussi pétillants que ceux d'un enfant à qui on venait d'offrir un nouveau jouet, et qui était curieux de connaître comment il fonctionnait.

Leur conversation initiale avait gravité autour d'Indigo. Le succès de la boutique résidait dans son concept innovant : permettre aux utilisateurs de sélectionner des vêtements, accessoires, et chaussures assortis pour composer l'outfit idéal et l'acheter à la fin.

Jungkook, voulait connaitre la méthode de travail qui avait permis sa création. Et à chaque fois qu'elle lui expliquait, l'éclat de ses yeux s'illuminait, telle une pluie d'étoiles sous le voile de la nuit.
                                                                                  
Indigo n'était qu'une modeste boutique en ligne, très loin des logiciels et applications complexes et sophistiquées qu'il avait déjà développées.

Mais, il l'avait regardé comme si elle était quelqu'un d'important et elle en avait été troublée.

Même s'il l'avait complimenté sur son physique, cela n'aurait pas eu le même effet.

A la fin de leur échange, elle qui s'était jurée de ne plus tomber amoureuse après l'échec de sa dernière relation, se sentait irrémédiablement attiré par cet homme au charme singulier. Ce charme qui tenait autant à son allure virile qu'à son visage doux aux traits innocents.

Quand ils s'étaient serrés la main, et que les lèvres parfaites du jeune homme lui avaient adressé un sourire timide, elle avait su que cet homme lui plaisait...
 
Secouant la torpeur qui l'envahissait, Ha-na attrapa son téléphone et fixa l'écran.

Aucune nouvelle de lui.

Leur dernière conversation remontait au jour de son départ inopiné pour Busan. Et d'ailleurs, ses allers retour entre sa ville natale et la capitale, et le silence qui s'en suivait, étaient devenus fréquents ces trois derniers mois. Si elle ne le connaissait pas aussi bien, elle aurait pu croire qu'il y voyait quelqu'un d'autre. Mais Jungkook n'était définitivement pas ce genre d'homme.

Pourtant, quelque chose clochait. Il était distant, secret, absent même quand ils étaient tous les deux. Cette distance lui rappela douloureusement la fin de sa précédente relation, qui avait suivi exactement le même schéma.

Des idées sombres vinrent alors tourmenter son esprit.

S'était t-il déjà lassée d'elle ? Prévoyait t-il de rompre ?

De toute façon, elle l'avait toujours trouvé trop bien pour elle. Peut-être s'en était t-il rendu compte ?

Ou peut-être pensait t-il lui aussi qu'elle était un boulet ?

Ha-na chassa cette idée de ses pensées. C'était impossible qu'il pense ça.

Elle ne lui avait jamais parlé de son handicap, et elle ne permettrait jamais qu'il le découvre.

Le pas décidé, elle se dirigea vers la porte de son bureau qu'elle verrouilla soigneusement. Les volets se refermèrent, plongeant la pièce dans une semi-obscurité.

Elle déboutonna son chemisier, libérant sa peau des contraintes du tissu. Le soutien-gorge suivit, et ses cheveux, jusqu'alors retenus par un crayon, s'épanouirent en une cascade sombre autour de son visage.

Et là, elle fit ce qu'elle faisait toujours à chaque fois qu'elle avait besoin d'un boost de confiance en elle. Devant la caméra de son téléphone, elle prit la pose la plus suggestive qu'elle pouvait se permettre.

La seconde d'après, la photo avait été envoyée à son petit ami.
Guettant sa réaction, elle se rhabilla sans lâcher son écran des yeux.

Plus les secondes passaient, et plus fort elle se mordillait le pouce, avec tant de nervosité qu'elle en venait à regretter son geste, se convainquant qu'il trahissait un désespoir trop évident.

Heureusement, comme pour mettre fin à son supplice, le nom de son petit ami apparut sur son écran et elle s'empara de l'appareil avec une rapidité fébrile.

_Baek-Ha-na, l'appela-t-il, sa voix rauque et son rire traversant la ligne, et provoquant un frisson qui parcourut son échine. Tu sais que j'aurais pu mourir étouffé ?

Le soulagement qui inonda la jeune femme fut presque palpable. La tension qui avait noué ses épaules se relâcha d'un coup, et un sourire se dessina sur ses lèvres.

_Je suis désolée, répondit-elle dans un murmure qui se voulait à la fois doux et taquin. Ça t'a perturbée ? Pourtant il n'y a rien que tu n'aies pas déjà vu.

Elle avait choisi ses mots avec soin, espérant évoquer les souvenirs de leur intimité partagée, mais surtout lui faire comprendre qu'il lui manquait sans lui crier son désespoir.

Mais cela ne sembla pas avoir eu l'effet escompté, vu qu'il changea aussitôt de sujet.

_Tu as pris ta journée ?

La jeune femme s'affala dans son fauteuil, lâchant un soupir pour masquer sa déception.

_ Non. C'est la folie ici avec le projet sur lequel je bosse, je ne peux pas me le permettre.

_ Ça veut dire que n'importe lequel de tes collègues pourrait te voir aussi peu vêtue ?

A l'entente de ses mots, elle se redressa vivement et arqua les sourcils. Était-ce une pointe de jalousie qu'elle décelait dans sa voix ? Cela ne lui ressemblait pas.

Mais sur le moment, c'était tout ce à quoi elle pouvait se raccrocher. Savoir qu'il tenait encore à elle l'avait rassurée. Elle le rassura donc à son tour et exprima ce qu'elle ressentait.

_ Non, ça veut dire que je suis toute seule, enfermée dans mon bureau, les volets baissés, que je pense à toi et que je me demande pourquoi je n'ai pas eu des nouvelles de toi depuis une semaine. Kookie, quand est-ce que tu rentres à Séoul ?

Pour seule réponse, elle n'eut que son silence. Un silence qui s'imposa pendant plusieurs secondes avant qu'elle ne se décide à le rompre.

_Jungkook, rentres s'ilteplait, je vais devenir folle si je passe encore une journée sans toi et que tu ne m'expliques pas ce qui se passe.

_ J'en ai encore pour quelques jours ici, répondit-il, tout simplement.

Comme s'il n'avait rien écouté de ce qu'elle avait dit, comme s'il n'avait pas entendu son désespoir.

_Je te promets que tu comprendras bientôt tout, avait t-il repris, je vais..., je vais tout préparer.

_ Jungkook, de quoi tu parles ? Dernièrement j'ai du mal à te suivre.

Maintenant qu'elle y repensait, il lui était arrivé à plusieurs reprises de dire des phrases qui n'avaient aucun sens. Elle se rappela aussi qu'une lourde charge de travail pesait actuellement sur ses épaules.

Était-il possible qu'il fasse une crise de Burn-out ?

_Ha-na, tu me laisses te rappeler s'ilteplait ?

Elle voulut vérifier sa théorie mais réalisa que si c'était bien ce à quoi elle pensait, il valait peut être mieux de le laisser se reposer.

Quand elle eut raccroché, Ha-na passa une main fébrile dans ses cheveux. Elle fit les cents pas dans son bureau, le pouce entre les dents et les méninges en surchauffe.
        
Il faisait forcément une crise de burn-out, tout concordait. Son épuisement, ses propos décousus, son besoin de s'éloigner...

Elle en fut un instant convaincue.

Mais une autre question fit irruption dans ses pensées.

Si ce n'était qu'une crise de burn out pourquoi voudrait-il le lui cacher ? Pourquoi mettrait t-il volontairement de la distance entre eux ?

Fatiguée de se torturer l'esprit, la jeune femme lâcha un cri de frustration.

La solution était simple.

Si elle voulait des réponses elle devait le confronter directement.

Et s'il ne rentrait pas, c'est elle qui irait le retrouver.

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